Récital B. Bernheim/E-M. Hubeaux/A. Palloc - Eléphant Paname - 12/11/2018

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Récital B. Bernheim/E-M. Hubeaux/A. Palloc - Eléphant Paname - 12/11/2018

Message par HELENE ADAM » 10 nov. 2018, 12:27

Récital du 12 novembre à l'Eléphant Paname

Benjamin Bernheim, ténor
Eve-Maud Hubeaux, mezzo-soprano
Antoine Palloc, piano


PROGRAMME
Henry Février (1875-1957)
Carmosine « Personne ici... toi qui fus douce … » - BB

Jules Massenet (1842-1912)
Manon « En fermant les yeux … » - BB

Gaetano Donizetti (1797-1848)
L’Elixir d’amour « Una furtiva lagrima … » - BB

Wolfgang Amadeus Mozart
Die Zauberflöte «Dies Bildnis ist bezaubernd schön» - BB

Piotr Ilitch Tchaikovsky (1840-1893)
Eugene Onegin «Kuda, kuda … » - BB

Charles Gounod (1818-1893)
Le Tribut de Zamora « Que puis-je à présent regretter... » - BB

Giuseppe Verdi (1813-1901)
Don Carlo « O don fatale … » - EMH

Benjamin Godard (1849-1895)
Dante « Tout est fini pour moi sur la terre ... » - BB

Jules Massenet (1842-1912)
Werther « Oui, je reviens et pourtant ... Pourquoi me réveiller ... n’achevez pas ...» - BB & EMH


Bis :
Berlioz : Les Troyens - "Nuit d'ivresse et d'extase infinie" - BB et EMH
Offenbach - Les Contes d'Hofmann - "Il était une fois à la cour d'Eisenach" - BB

Image

photo Elephant Paname, Benjamin Bernheim

http://www.elephantpaname.com/fr/centre ... nt-lyrique

(détails sur les chanteurs...)
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère

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Re: Récital Benjamin Bernheim-E.M Hubeaux/Antoine Palloc - Elephant Paname- 12/11/2018

Message par JdeB » 10 nov. 2018, 12:31

Depuis deux ans et son premier récital ici-même dont nous avions rendu compte (viewtopic.php?f=6&t=18115&p=298965&hili ... im#p298965), la carrière de Benjamin Bernheim, d’abord essentiellement limitée à la Mitteleuropa de culture germanique (Berlin, Dresde, Salzbourg, Vienne), avec Zurich comme port d’attache et axe-pivot, a pris une ampleur géographique nouvelle puisque le ténor s’est produit avec grand succès aux USA (Washington et Chicago) et à Londres, tout en triomphant en France à Paris comme au TCE ainsi qu’à Bordeaux qui semble devenir, à l’instar de Zurich, le laboratoire de ses futures prises de rôles (Des Grieux et Roméo). Notons que le programmateur de l’Eléphant Paname et le directeur de casting de l’Opéra national de Bordeaux ne font qu’un en la personne de Julien Benhamou et la présence de Marc Minkowski à ce récital.

Sur le plan vocal, la technique de Bernheim apparaît aujourd’hui superlative, par la noblesse du phrasé, l’art de varier les dynamiques et de nuancer comme en se jouant, l’aisance insolente d’un registre aigu éclatant et solaire, un vrai talent de coloriste.

D’abord un peu froid et manifestant trop de retenue, cet anti-Grigolo de nature, un peu trop souvent extérieur à ses personnages, parvient aujourd’hui à mieux les caractériser même ceux qu’il n’a pas encore incarnés sur scène comme Hoffmann et Werther.

Nous tenons donc avec lui un vrai grand ténor d’aujourd’hui qui se bonifie à vue d’œil et atteint déjà des sommets.
Dans un programme qui alterne des airs illustres et quelques rares pépites (pas toujours encore suffisamment muries par contre), préfigurant le programme de son futur disque sous l’égide du Palazetto, il éblouit plus qu’il ne touche sauf en Lenski et en Werther.

Eve-Maud Hubeaux confirme, hautement, qu’elle est bien la plus grande mezzo de sa génération, avec Marianne Crebassa, même si son Don fatal sonne moins tellurique qu’à Lyon en mars dernier. Elle campe avec rien, des gestes apeurés, un port de tête et des regards éperdus, une Charlotte déjà bien singulière et de grand relief. Hélas, le duo des Troyens perd beaucoup d’être accompagné au piano même par un spécialiste aussi doué qu’Antoine Palloc.

La soirée, mémorable, nous a permis d’entendre à nouveau, peu de temps après leur exhumation, des extraits du Dante de Godard et du Tribut de Zamora et, surtout, de découvrir un air de Carmosine. Grâce au succès international de sa Monna Vanna(1909). Henry Février (1875-1957), qui a étudié avec Fauré, Messager et Leroux, était déjà très connu en février 1913 lorsqu’il crée, à La Gaité-Lyrique des frères Isola, ce nouveau « conte romanesque » qui nous transporte dans le monde des troubadours siciliens de Boccace révisé par Alfred de Musset d'abord (dont la pièce éponyme était alors très régulièrement à l’affiche, notamment à la Comédie Française) puis par les librettistes Henri Cain et Louis Payen. Mais Carmosine, très bien accueilli pourtant par la critique, ne fut pas le triomphe espéré, bien loin de la gloire de Monna Vanna, et il fallut attendre fort longtemps pour que l’ouvrage ne rentre au répertoire de l’Opéra-Comique, pour 11 représentations seulement, en juin 1941. Entre temps, il avait fait une bien jolie carrière en province, dans le Nord (Lille, Tourcoing), mais aussi à Montpellier, en janvier 1914, avec dans le rôle-titre une certaine Fernande Kossa, le futur premier professeur de Régine Crespin. Le compositeur et son librettiste, Louis Payen, ayant fait le voyage dans l’Hérault pour superviser cette création locale. L’ouvrage fut donné aussi en avril 1920 à Bordeaux avec un autre futur professeur de Régine Crespin, Suzanne Cresbron, et là encore Février fut ovationné.

Comme le furent ce soir, dans une salle bondée et chavirée, nos trois artistes tant aimés.

Jérôme Pesqué.

Je rappelle les interviews ODB de
Eve-Maud Hubeaux
http://www.odb-opera.com/joomfinal/inde ... ud-hubeaux

Benjamin Bernheim
joomfinal/index.php/les-dossiers/48-les ... n-bernheim

et Antoine Pälloc
http://www.odb-opera.com/joomfinal/inde ... ine-palloc
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Récital Benjamin Bernheim-E.M Hubeaux/Antoine Palloc - Elephant Paname- 12/11/2018

Message par HELENE ADAM » 12 nov. 2018, 18:15

Ceux qui ne pourront pas être sur place pourront suivre le concert en vidéo via le site Facebook de Benjamin Bernheim.
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
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Re: Récital Benjamin Bernheim-E.M Hubeaux/Antoine Palloc - Elephant Paname- 12/11/2018

Message par jacques3654 » 12 nov. 2018, 22:30

Sur Instagram également....

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Re: Récital Benjamin Bernheim-E.M Hubeaux/Antoine Palloc - Elephant Paname- 12/11/2018

Message par HELENE ADAM » 13 nov. 2018, 08:35

Beau récital du jeune ténor français très bien accompagné par Antoine Palloc au piano. Un choix original dans son programme où les spectateurs pouvaient découvrir des raretés comme "« Personne ici... toi qui fus douce … » de l'opéra Carmosine de Février (1913) ou deux extraits puisés dans le fond récemment remis au goût du jour par le PBZ, « Que puis-je à présent regretter... » issu du Tribut de Zamora de Gounod ou « Tout est fini pour moi sur la terre ... » extrait du Dante de Godard.

Le répertoire français est donc à l'honneur chez un ténor qui a un beau phrasé et une diction parfaite ce qui fait qu'il est possible de se passer de tout support écrit sans rien perdre du texte.

Le reste du récital est plus classique permettant au ténor de monter son aisance dans plusieurs répertoires et plusieurs langues :toujours en français avec Gounod encore avec "la petite chambre", Massenet avec Werther (en partie en duo avec Eve Marie Hubeaux, excellente Charlotte), en russe avec le très beau "Kuda, Kuda" de Lenski dans Eugène Onéguine, en allemand avec le célèbre extrait du Tamino de Mozart dans la Flûte enchantée « Dies Bildnis ist bezaubernd schön », en italien enfin avec "Una furtiva lacrima" (il chante en ce moment Nemorino à Vienne).

Eve-Marie Hubeaux nous proposait quant à elle un très beau "Don Fatal" issu de Don Carlos (en français donc).

Deux bis : le duos des Troyens, et un Kleinzack royal chanté par un Bernheim très à l'aise et montrant ses capacités évidentes pour incarner Hoffmann tant dans ses aspects drôles que dans ses sentiments plus tristes. L'ensemble est de très bonne facture et le public n'a pas ménagé ses ovations dans la salle à rotonde de l'éléphant Paname, bondée et qui a du refuser du monde (d'où la retransmission en direct sur les réseaux sociaux).

Globalement la prestation du ténor m'a cependant laissée un peu sur ma faim surtout au regard de son précédent récital dans cette même salle.
Je l'ai trouvé souvent un peu "extérieur" à son chant, peu investi dans son personnage et chantant tout d'une manière un peu monolithique avec quelques nuances mais bien peu, sans utiliser la mezza voce là où pourtant elle lui permettrait les caractérisations nécessaires du rôle, et finalement colorant assez peu son chant et globalement manquant un peu de lyrisme. Sans doute tous ces extraits, courageusement choisis, ne correspondent pas encore à des rôles qu'il a étudié et qu'il connait bien, ce qui conduit à certaines précautions, mais concernant Werther par exemple, qu'il chante souvent en récital, je l'ai trouvé en régression "paresseuse" au regard de prestations passées.

Il reste qu'il est l'un des meilleurs ténors de sa génération et que certaines de ses incarnations sont extraordinaires : outre son Hofmann, je retiendra son Lenski qu'il devrait absolument chanter entièrement....

Ajoutons aussi que Benjamin Bernheim est doté d'un instrument très puissant, projection impressionnante, et chantait globalement un tout petit peu trop fort pour la salle et le simple... accompagnement piano. Curieusement, pour moi, cela atténue un peu l'émotion plutôt que de la sublimer....
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Re: Récital Benjamin Bernheim-E.M Hubeaux/Antoine Palloc - Elephant Paname- 12/11/2018

Message par Il prezzo » 13 nov. 2018, 09:47

Ton commentaire sur Bernheim m'évoque ce qu'on avait dit de son Faust au TCE: superbes timbre et diction, musicalité, projection, un très agréable moment lyrique.
Mais le chanteur reste assez extérieur à son personnage. Il reste quelqu'un d'attachant, qui, vu son âge, ne peut que progresser dans le comblement de cette relative lacune.
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Re: Récital Benjamin Bernheim-E.M Hubeaux/Antoine Palloc - Elephant Paname- 12/11/2018

Message par JdeB » 13 nov. 2018, 09:58

HELENE ADAM a écrit :
13 nov. 2018, 08:35
Globalement la prestation du ténor m'a cependant laissée un peu sur ma faim surtout au regard de son précédent récital dans cette même salle.
et bien moi c'est l'inverse...J'ai préféré ce qu'il a fait hier soir
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Re: Récital Benjamin Bernheim–È.-M. Hubeaux/Antoine Palloc – Éléphant Paname – 12/11/2018

Message par Efemere » 13 nov. 2018, 18:51

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Re: Récital Benjamin Bernheim-E.M Hubeaux/Antoine Palloc - Elephant Paname- 12/11/2018

Message par JdeB » 14 nov. 2018, 12:35

je viens de publier ma critique (presque) en tête de ce fil.
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Récital Benjamin Bernheim-E.M Hubeaux/Antoine Palloc - Elephant Paname- 12/11/2018

Message par Il prezzo » 14 nov. 2018, 19:09

Le visionnage du seul duo final de Carmen (sur son site) me laisse perplexe. Je sais bien que le piano seul est loin de constituer un cadre sonore fidèle à ce sublime moment musical de Bizet, mais je l'y trouve là complètement gauche et peu crédible, sans me rendre bien compte évidemment de l'impact vocal en salle qui transcendait (peut-être) sa prestation...
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