Rossini- Il Barbiere di Siviglia- Gamba / Rousseau- ONR - 09/2018
Rossini- Il Barbiere di Siviglia- Gamba / Rousseau- ONR - 09/2018
Chef d'orchestre Michele Gamba
Metteur en scène Pierre-Emmanuel Rousseau
Décors, Costumes Pierre-Emmanuel Rousseau
Lumières Gilles Gentner
~
Le comte Almaviva Ioan Hotea
Figaro Leon Košavić
Rosina Marina Viotti
Bartolo Carlo Lepore
Basilio Leonardo Galeazzi
Berta Marta Bauzà
Fiorello Igor Mostovoi
Nouvelle coproduction avec Opéra de Rouen-Normandie
Strasbourg, le 18 septembre 2018.
Il faut qu’une porte-fenêtre soit ouverte ou fermée.
L’Opéra du Rhin qui a servi les répertoires les plus divers, du baroque au contemporain, avec beaucoup de bonheur a un peu négligé Rossini même si on relève deux productions de La Cenerentola (1998 et 2013), une Italiana in Algeri au printemps 2004 et le fort rare Maometto II en janvier 2002. Le Barbier a été donné, lors du festival de Strasbourg, en juin 1992 dans la fameuse production de Jérôme Savary avec un excellent quatuor : Jennifer Larmore, Marc Barrard, Ramon Vargas et Gabriel Bacquier.
La nouvelle production de Pierre-Emmanuel Rousseau est appelée, elle aussi, à devenir un classique. D’emblée ! Lisible à l’extrême, profondément fidèle à la lettre et à l’esprit de ce chef-d’œuvre, fortement ancrée dans son hispanité (procession, vierge baroque, gamme chromatique empruntée aux couleurs de la tauromachie, azulejos, patio…), elle fourmille de mille détails qui font mouche. Elle oppose deux mondes, celui des barbons (Basilio, Bartolo et ses valets en grande livrée cacochymes) et celui de la jeunesse (Figaro, Almaviva, Rosina) dans un hôtel particulier où les frontières entre extérieur et intérieur se brouillent. Figure centrale et en même temps marginale, Figaro avec ses espadrilles rouges, ses tatouages, son débardeur un peu sale et son baluchon militaire y préfigure un Marlon Brando méridional et baroudeur. Le jeu de scène d’Una voce e poco fa est tordant avec une Berta particulièrement maladroite qui coiffe sa maîtresse, se crispant sous ses coups d’épingles et de peigne intempestifs et qui redouble alors de vocalises expressives ! Le personnage de Basilio devient une caricature drolatique de grand rapace assoiffé d’intrigue et d’or aux doigts à la Nosferatu. Tout est vif, frais et enlevé, seules les scènes de groupe, traitées comme pour une comédie musicale, manquent d’originalité. La réussite n’en est pas moins remarquable d’autant que Pierre-Emmanuel Rousseau, véritable homme-orchestre, déploie aussi un vrai talent de décorateur et de costumier ce qui confère à sa production une parfaite cohérence et à ses rouages quelque chose de parfaitement huilé.
Le plateau vocal n’offre que des satisfactions. Après son formidable Figaro mozartien à Liège au printemps dernier, Leon Košavić effectue ses débuts en France avec brio et se montre l’un des meilleurs acteurs chantants qui soit. Son timbre superbe au grain serré et rare fait le reste et le qualifie dans le trio de tête des Figaro du circuit, moins somptueux vocalement que Florian Sempey et sans son aisance dans l’aigu, mais avec infiniment plus de nuances et une caractérisation plus fouillé et originale.
Après Orange cet été, le ténor roumain Ioan Hotea endosse à nouveau le costume du comte et se montre meilleur acteur, moins stressé, moins inégal vocalement mais moins virtuose d’autant qu’il ne chante pas ici le rondo « Cessa di piu resistere »
En Basilio de haute tradition, Leonardo Galeazzi brule les planches. Il fait valoir une voix large, superbement projetée, une technique très au point et le style idoine.
On peut en dire autant de Marina Viotti qui étincelle en Rosina d’une voix pulpeuse et sensuelle, corsée aussi, avec une probité stylistique admirable et un réel abattage.
Michele Gamba, qu’on avait beaucoup apprécié à Montpellier dans Armida du même Rossini, contribue largement au triomphe de la soirée avec une direction aussi raffinée qu’alerte, attentive à une myriade de détails savoureux sans perdre de vue la vive pulsation globale et l’architecture si complexe de l’ensemble.
Cette ouverture de saison avec une production d’un classicisme haute couture alla Ponnelle prend à contre-pied ceux qui voyaient en Eva Kleinitz la prisonnière d’une chapelle néo-Regie Theater et comble le public venu en masse.
On attend déjà avec impatience sa reprise à Saint-Étienne en décembre prochain et à Rouen, en septembre 2019, avec Lea Desandre.
Jérôme Pesqué
Photos Klara Beck
Metteur en scène Pierre-Emmanuel Rousseau
Décors, Costumes Pierre-Emmanuel Rousseau
Lumières Gilles Gentner
~
Le comte Almaviva Ioan Hotea
Figaro Leon Košavić
Rosina Marina Viotti
Bartolo Carlo Lepore
Basilio Leonardo Galeazzi
Berta Marta Bauzà
Fiorello Igor Mostovoi
Nouvelle coproduction avec Opéra de Rouen-Normandie
Strasbourg, le 18 septembre 2018.
Il faut qu’une porte-fenêtre soit ouverte ou fermée.
L’Opéra du Rhin qui a servi les répertoires les plus divers, du baroque au contemporain, avec beaucoup de bonheur a un peu négligé Rossini même si on relève deux productions de La Cenerentola (1998 et 2013), une Italiana in Algeri au printemps 2004 et le fort rare Maometto II en janvier 2002. Le Barbier a été donné, lors du festival de Strasbourg, en juin 1992 dans la fameuse production de Jérôme Savary avec un excellent quatuor : Jennifer Larmore, Marc Barrard, Ramon Vargas et Gabriel Bacquier.
La nouvelle production de Pierre-Emmanuel Rousseau est appelée, elle aussi, à devenir un classique. D’emblée ! Lisible à l’extrême, profondément fidèle à la lettre et à l’esprit de ce chef-d’œuvre, fortement ancrée dans son hispanité (procession, vierge baroque, gamme chromatique empruntée aux couleurs de la tauromachie, azulejos, patio…), elle fourmille de mille détails qui font mouche. Elle oppose deux mondes, celui des barbons (Basilio, Bartolo et ses valets en grande livrée cacochymes) et celui de la jeunesse (Figaro, Almaviva, Rosina) dans un hôtel particulier où les frontières entre extérieur et intérieur se brouillent. Figure centrale et en même temps marginale, Figaro avec ses espadrilles rouges, ses tatouages, son débardeur un peu sale et son baluchon militaire y préfigure un Marlon Brando méridional et baroudeur. Le jeu de scène d’Una voce e poco fa est tordant avec une Berta particulièrement maladroite qui coiffe sa maîtresse, se crispant sous ses coups d’épingles et de peigne intempestifs et qui redouble alors de vocalises expressives ! Le personnage de Basilio devient une caricature drolatique de grand rapace assoiffé d’intrigue et d’or aux doigts à la Nosferatu. Tout est vif, frais et enlevé, seules les scènes de groupe, traitées comme pour une comédie musicale, manquent d’originalité. La réussite n’en est pas moins remarquable d’autant que Pierre-Emmanuel Rousseau, véritable homme-orchestre, déploie aussi un vrai talent de décorateur et de costumier ce qui confère à sa production une parfaite cohérence et à ses rouages quelque chose de parfaitement huilé.
Le plateau vocal n’offre que des satisfactions. Après son formidable Figaro mozartien à Liège au printemps dernier, Leon Košavić effectue ses débuts en France avec brio et se montre l’un des meilleurs acteurs chantants qui soit. Son timbre superbe au grain serré et rare fait le reste et le qualifie dans le trio de tête des Figaro du circuit, moins somptueux vocalement que Florian Sempey et sans son aisance dans l’aigu, mais avec infiniment plus de nuances et une caractérisation plus fouillé et originale.
Après Orange cet été, le ténor roumain Ioan Hotea endosse à nouveau le costume du comte et se montre meilleur acteur, moins stressé, moins inégal vocalement mais moins virtuose d’autant qu’il ne chante pas ici le rondo « Cessa di piu resistere »
En Basilio de haute tradition, Leonardo Galeazzi brule les planches. Il fait valoir une voix large, superbement projetée, une technique très au point et le style idoine.
On peut en dire autant de Marina Viotti qui étincelle en Rosina d’une voix pulpeuse et sensuelle, corsée aussi, avec une probité stylistique admirable et un réel abattage.
Michele Gamba, qu’on avait beaucoup apprécié à Montpellier dans Armida du même Rossini, contribue largement au triomphe de la soirée avec une direction aussi raffinée qu’alerte, attentive à une myriade de détails savoureux sans perdre de vue la vive pulsation globale et l’architecture si complexe de l’ensemble.
Cette ouverture de saison avec une production d’un classicisme haute couture alla Ponnelle prend à contre-pied ceux qui voyaient en Eva Kleinitz la prisonnière d’une chapelle néo-Regie Theater et comble le public venu en masse.
On attend déjà avec impatience sa reprise à Saint-Étienne en décembre prochain et à Rouen, en septembre 2019, avec Lea Desandre.
Jérôme Pesqué
Photos Klara Beck
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
Odb-opéra
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Re: Rossini- Il Barbiere di Siviglia- Gamba / Rousseau- ONR - 09/2018
Hotea-Kosavic c'est déjà l'assurance d'étincelles. Belle distribution !
Re: Rossini- Il Barbiere di Siviglia- Gamba / Rousseau- ONR - 09/2018
et les premières images de la scénographie sont très alléchantes !
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Rossini- Il Barbiere di Siviglia- Gamba / Rousseau- ONR - 09/2018
je viens de publier ma critique en tête de ce fil
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Rossini- Il Barbiere di Siviglia- Gamba / Rousseau- ONR - 09/2018
J'ai découvert Galeazzi en août à Saint-Céré dans une Traviata très intéressante. Son Germont m'avait bluffé. C'est un artiste à suivre (et très humble en plus).
Re: Rossini- Il Barbiere di Siviglia- Gamba / Rousseau- ONR - 09/2018
Sa voix doit être longue. Il ne me semble pas qu'il y ait beaucoup de chanteurs à avoir chanté ces deux rôles dont les tessitures ne sont pas tout à fait semblables.Markossipovitch a écrit : ↑21 sept. 2018, 21:16J'ai découvert Galeazzi en août à Saint-Céré dans une Traviata très intéressante. Son Germont m'avait bluffé. C'est un artiste à suivre (et très humble en plus).
Re: Rossini- Il Barbiere di Siviglia- Gamba / Rousseau- ONR - 09/2018
Ah ça, ça m'énerve! Je ne comprends pas qu'en 2018, après tous les apports de la Rossini-renaissance et enfin la restauration un peu partout dans le monde de cet air magnifique, on en soit encore dans certaines productions du Barbiere di Sigilia à le couper surtout quand son interprète l'a chanté à Orange quelques semaines auparavant!
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- Ténor
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Re: Rossini- Il Barbiere di Siviglia- Gamba / Rousseau- ONR - 09/2018
Oui la voix de Galeazzi est longue : l'aigu est très clair, ténorisant, le grave très ambré, pas du tout forcé. Et il sait être émouvant, alors que la plupart du temps il chante du buffo.