Elizabeth Kulman - la femme c'est moi - Prinzregenten Teater Munich 12.07.2018

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Loïs
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Elizabeth Kulman - la femme c'est moi - Prinzregenten Teater Munich 12.07.2018

Message par Loïs » 12 juil. 2018, 16:46

Soliste & création:Elizabeth Kulman
Musiciens: Aliosha Biz, Franz Bartolomey, Herbert Mayr, Gerald Preinfalk, Maria Reiter, Eduard Kutrowatz, Aliosha Biz

Elisabeth Kulman, qui a étudié à Vienne et y a fait ses débuts en Pamina devient rapidement mezzo (voire contralto) et se fait tout de suite remarquer par Hambourg, Berlin, Moscou, Paris (Orphée à Garnier et un concert Mahler) et Tokyo, ainsi qu’aux festivals de Salzbourg et Lucerne.
Puis brusquement, elle bifurque (ou plutôt se spécialise) à la quarantaine vers de Liederabend, abandonne les grands rôles qu’elle avait déjà inscrit à son répertoire (notamment Carmen) et comme Hélène Delavault il fut un temps organise des programmes mêlant opéras, pop et lieder, programmes racontant une histoire.

Adresse du site dédié à son programme de tournée qu’elle débute ce soir à Munich : http://www.lafemmecestmoi.com/en/

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Re: Elizabeth Kulman - la femme c'est moi - Prinzregenten Teater Munich 12.07.2018

Message par Loïs » 13 juil. 2018, 11:18

Un sentiment de saturation me faisant annuler Arabella et passer visiblement à côté de Mefistofele, j’ai remis le pied à l’étrier avec incontestablement mon genre préféré en lyrique : le concert où s’échangent toutes les musiques et tous les chants autour d’une histoire. Cela suppose une rare intelligence artistique et culturelle et une personnalité hors norme. Hélène Delavault (il faudra un jour que j’écrive quelquechose pour crier mon amour pour cette femme), Véronique Dietschy, Anna-Sophie von Otter, François Leroux ou Patricia Racette (et j’en fait le pari demain : Joyce di Donato) s’y illustrent magistralement ainsi que Milva ou Ute Lemper en périphérie.
Une nouvelle venue, autrichienne, que je ne connaissais pas , Elizabeth Kulman rejoint ce club. Si elle présentait ce programme pour la première fois hors de son pays, elle le rode depuis un an à Graz ou Vienne.
Sous son nom figurent les mots : Soprano, Mezzo-soprano, Alto. Je pensais que cela correspondait à une évolution de voix (elle débuta en Pamina puis s’orienta vers Carmen) mais non : elle chante chaque air dans la tonalité originale ! Carmen, Dalila, Eboli mais aussi Pamina et la Maréchale. Seules la reine de la nuit et la Walkyrie seront rabaissées mais elles encadraient Fricka. Il faut bien entendu préciser qu’elle chante en voix de mélodie avec 7 instrumentistes et que tous les airs ne sont pas forcément chantés en entier : elle saute de l’un à l’autre (voir les mélange pour les Wagner) par une liaison composée par Aliosha Biz ou en parlant au public (qui se pâme), prolongeant ou introduisant ses textes.
Au-delà de la maestria vocale (il est stupéfiant de remarquer que dès la première note de chaque air, l’émission est parfaitement en place) et qui montrera juste quelques menues limites en Escamillo & Eboli, ce que l’on retient (et ce qui vous emporte) c’est une personnalité forte, chaleureuse, émouvante, passionnante (et quelles communicante !) qui vous ouvre et tourne les pages du livre de la femme , dans ses sentiments (Schubert), ses amours (Dalila), ses courages(Carmen) et ses peurs (vieillir avec la Maréchale et John Lennon) en première partie puis dans ses combats, plus politiques ou sociétaux en seconde partie où l’on peut s’amuser dans les portraits « extrémistes » wagnériens mais où les tripes se nouent avec Weill (le sommet émotionnel de la soirée).
Enfin on finit avec Piaf (je ne regrette rien), histoire de faire lever l’intégralité de l’assistance.
Les bis ? un très beau lied de Liszt mais avant une conclusion ahurissante falstafienne : elle s’incline devant le public en empruntant à Miss Quickly ses « Reverenza » puis entonne le « quando era paggio » avant de finir avec la fugue finale où elle chante les cinq entrées avec toutes les tonalités, passant de Falstaff à Nanetta.
Je suis tombé amoureux éperdu. Il est évident que l’opéra a perdu une voix mais il ne s‘agit que d’une mezzo de moins alors que l’art lyrique a gagné une étoile.
Immense coup de chapeau à donner aux instruments (violon, alto, violoncelle, contrebasse, accordéon, saxo, piano), deux d’entre eux issus du Philharmonique de Vienne dont le premier violoncelle, qui feront un bœuf en conclusion du toast d’Escamillo mais qui sauront remplacer les partenaires vocaux, les autres instruments dans l’espièglerie puis quand il le faut dans la gravité.

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Re: Elizabeth Kulman - la femme c'est moi - Prinzregenten Teater Munich 12.07.2018

Message par Philippes » 13 juil. 2018, 14:09

Ça donne vraiment envie !
Elisabeth Kulman est la meilleure Fricka qu'il m'ait été donné d'entendre.

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Re: Elizabeth Kulman - la femme c'est moi - Prinzregenten Teater Munich 12.07.2018

Message par micaela » 13 juil. 2018, 14:43

Très alléchant en effet. J'ai aperçu cette chanteuse dans un gala lyrique diffusé sur Classica , où elle interprétait des airs pour mezzo. J'avais trouvé la voix belle, mais j'étais loin de me douter qu'elle pourrait accomplir de telles prouesses.
Le sommeil de la raison engendre des monstres (Goya)

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