Moussorgski - Boris Godounov - Jurowski/Van Hove - ONP - 06/07 - 2018

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enrico75
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Re: Moussorgski - Boris Godounov - Jurowski/Van Hove - ONP - 06/07 - 2018

Message par enrico75 » 14 juin 2018, 06:30

David-Opera a écrit :
13 juin 2018, 23:11
Alexander Tsymbalyuk qui incarnait déjà Boris Godounov à Munich au printemps 2013, dans la mise en scène de Calixto Bieito et dans la version de 1869. A 'Boris Godunov' to Die For, comme titrait le New York Times à l'époque.

https://www.nytimes.com/2013/02/27/arts ... mis27.html

j en avais déja parlé ici pour la reprise à Munich avec Vasili Petrenko et souligné que c'était un des meilleurs Boris actuels :?

Piem67
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Re: Moussorgski - Boris Godounov - Jurowski/Van Hove - ONP - 06/07 - 2018

Message par Piem67 » 14 juin 2018, 13:16

J'avais vu la création de cette production que j'avais détestée... Tsymbaluk, alors tout jeune, ne m'avait pas emballé malgré la beauté de la voix... Tant mieux s'il est plus convaincant à présent...

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HELENE ADAM
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Re: Moussorgski - Boris Godounov - Jurowski/Van Hove - ONP - 06/07 - 2018

Message par HELENE ADAM » 14 juin 2018, 13:33

Retour sur la séance du 13 juin

Hier à Paris, sur l’imposant plateau de la Bastille, l’unité de vues entre Jurowski à la baguette, Van Hove à la mise en scène et Moussorgski, m’a semblé parfaite. Un alignement des planètes qui donne force et sens à l’ouvrage et scotche sur son siège le spectateur qui épouse ce point de vue, pris alors dans la tourmente d’un règne, contesté et critiqué, où se croisent les figures habituelles de la Russie éternelle : le fou, le pope, le soldat, le gardien, l’intrigant de palais, la nourrice, l’enfant.
Ni or, ni costumes d’époque, Van Hove choisit la sobriété : costumes gris actuels, vestes rouges de l’enfant assassiné, bientôt accompagné de sa dizaine de clones, qui cassent cette uniformité grise et marrons dominantes. Les trois femmes portent également des robes de couleur plus vives et plus gaie. La foule est celle du peuple, bigarrée mais sans couleurs vives ou celle des boyards, uniformes et gris. Les personnages sont campés : le moine Pimème et sa longue barbe et sa longue robe de bure, par exemple, la jeune et fraîche Xénia en robe rouge.
Le décor est dominé par ce fameux escalier qui descend sous la scène et n’est tendu de rouge qu’après l’avènement de Boris. Gloire et sang. Tapis rouge symbole du pouvoir et du crime originel.

Image

Le fond de scène est un écran à trois faces où défilent des images : de paysages désolés, de friches industrielles en noir et blanc dans la première partie, puis de superbes paysages de campagnes en couleur, lumière dorée baignant alors la scène, lors des récits sur la grandeur de la Russie et de l’empire des tsars. La foule s’invite régulièrement en gros plan tout comme le crime, le meurtre, le sang répandu.
Je me suis demandée si Van Hove n’avait eu l’intention, dans ce dispositif, de prévoir des incrustations en direct, mais la beauté et l’efficacité des vidéos ainsi utilisées, ne posait pas problème.
Disons que la mise en scène n’a rien de remarquable, sans être pour autant à contre sens et finalement elle s'impose comme partie prenante de la performance d'ensemble.
La direction musicale précise et inspirée de Jurowski est d’une immense qualité dans l’interprétation de cette partition assez complexe. C’est même sans doute avec la brochette de très bons chanteurs, l’atout principal d’une œuvre, je le répète, difficile à aborder.
Les chœurs sont très sollicités, au moins autant que les solistes. Et je les ai trouvés excellents, très engagés avec un très impressionnant « tableau vivant » dans la scène où la foule crie misère et réclame du pain, venant jusqu’au bord du plateau dans un mouvement collectif menaçant.
L’ensemble des solistes est de très grande qualité, d’abord du fait d’un Boris tout à fait exceptionnel, en la personne de la basse Ukrainienne, Alexander Tsymbalyuk, coutumier du rôle et qui remplaçait Ildar Abradzakov. Outre un physique très avantageux, Alexander est grand et plus svelte qu’Ildar, c’est un très bel homme- ce Boris a du génie sur le plan vocal : le timbre est beau, se projette très bien dans le grand hall de la Bastille, domine sans peine orchestre (avec un Jurowski qui veille sur ses chanteurs comme le lait sur le feu), et chœurs, exprime tout avec une justesse dans le ton et peut mettre une salle entière sous émotion presque incontrôlée, en chantant son désespoir et sa mort, allongé au sol, en mezzo voce parfaitement maitrisée. Sidérant.

Image

Je suis encore sous le choc de ce grand art du chant qui permet aux chanteurs les plus doués de vous faire partager la peine des héros qu’ils incarnent, en chuchotant… en vous murmurant à l’oreille. L’art du pianissimo en chant est un très grand art.
Je pense qu’en deuxième, il faut citer le Pimène de Ain Anger dont le long monologue passe comme une lettre à la poste tant il est bien « dit » avec cet art de la narration, fort difficile du fait de la partition, et dont il se tire si bien qu’on croirait revivre les événements qu’il narre alors. Mais l’innocent de Vasily Efimov, n’est pas loin de l’exploit lui non plus avec sa longue silhouette dégingandée, son corps nu et tatoué et sa voix magnifique de ténor léger à fleur de peau auquel ressemble finalement beaucoup l’Alejla de la Maison des morts. Il faut citer aussi le beau baryton Boris Pinkhasovich (Andrei Chtchelkalov, le clerc du conseil des Boyards), dont la belle prestance et le chant souverain fait apparaitre le rôle bien trop court, ou la délicieuse Xenia, (la fille de Boris) de Ruzan Mantashyan (plus de réserves pour Evdokia Malevskaya qui chante un petit Fiodor, peut-être un peu petit quand même en voix), et même le prince Chouiski de Maxim Paster, certes un peu inégal mais le plus souvent admirable. Et on en oublie forcément car ils tiennent tous de bien à très bien leur rôle de tous les points de vue.
On sent l’équipe, la fusion, la compréhension collective, le bonheur de chanter ensemble avec un chef aussi brillant d’une intelligence musicale rare.
La salle était remplie et une immense ovation finale a accueilli Boris d’abord puis l’ensemble des artistes. On peut discuter des qualités de l'oeuvre (très, très sombre et pas facile à aborder) mais si on veut la découvrir, cette distribution et cette exceptionnelle qualité donnée à Bastille en ce moment, sont la meilleure manière de le faire....

http://passionoperaheleneadam.blogspot. ... ra-de.html
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère

Mon blog :
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Re: Moussorgski - Boris Godounov - Jurowski/Van Hove - ONP - 06/07 - 2018

Message par Autolycus » 14 juin 2018, 15:14

Piem67 a écrit :
13 juin 2018, 16:24
Toi tu te fixes sur l'histoire avant tout. La musique semble peu t'intéresser finalement, tant qu'un opéra te raconte "une histoire" et que cette histoire "tienne debout".
Pour moi, un opéra, c'est aussi une partition, c'est même surtout ça. L'histoire a été fixée lors de la rédaction du livret (dont le compositeur n'est pas toujours responsable), ensuite, il y a la composition de la partition qui prend légèrement plus de temps. Et je ne vois pas pourquoi l'histoire aurait plus d'importance que la manière dont est racontée cette histoire.
Je pense, Autolycus, qu'on n'a ni les mêmes oreilles, ni les mêmes conceptions de ce qu'est un opéra. Voilà tout.
Je me "fixe sur l'histoire", car c'est pour raconter quelque chose que le compositeur d'un opéra s'est mis au travail.

Les livrets dont "le compositeur n'est pas responsable" sont moins fréquents qu'on ne le dit, et exceptionnels chez les grands qui - à l'instar de Verdi - font souvent souffrir leurs librettistes pour obtenir exactement ce qu'ils veulent.

Mais passons, puisque le cas de Moussorgski est particulièrement mal choisi pour ce genre d'argument, et vous le savez tout de même : non seulement a-t-il écrit lui-même tous ses livrets (il raconte donc exactement ce qu'il veut, et compose une musique idoine, tout en corrigeant son propre livret, loin d'être "fixé"), mais encore n'a-t-il composé que de la musique "à histoire", opéra, mélodies, Tableaux. Diriez-vous que "la musique semble peu l'intéresser finalement" ?

L'histoire n'a pas "plus d'importance que la manière de la raconter", mais la manière de raconter dépend de l'histoire qu'on raconte, et pas l'inverse. Connaissez-vous un seul opéra dont la musique avait été écrite à l'avance, et pour ce qui est de l'histoire - on verra bien quand ce sera fini ?

Moussorgski était un immense dramaturge, Boris et Khovanchtchina prouvent assez que, dans son esprit, la musique et le drame ne font qu'un et se construisent ensemble.

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Re: Moussorgski - Boris Godounov - Jurowski/Van Hove - ONP - 06/07 - 2018

Message par nikita » 14 juin 2018, 15:48

Autolycus a écrit :
14 juin 2018, 15:14
Connaissez-vous un seul opéra dont la musique avait été écrite à l'avance, et pour ce qui est de l'histoire - on verra bien quand ce sera fini ?
Combien d'opéras de Vivaldi, de Rossini, de Donizetti faut-il citer ? ...

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Re: Moussorgski - Boris Godounov - Jurowski/Van Hove - ONP - 06/07 - 2018

Message par PlacidoCarrerotti » 14 juin 2018, 16:34

nikita a écrit :
14 juin 2018, 15:48
Autolycus a écrit :
14 juin 2018, 15:14
Connaissez-vous un seul opéra dont la musique avait été écrite à l'avance, et pour ce qui est de l'histoire - on verra bien quand ce sera fini ?
Combien d'opéras de Vivaldi, de Rossini, de Donizetti faut-il citer ? ...
Il s'agit au pire de réemplois. Et il n'y en a pas beaucoup chez Donizetti.
Quant à Vivaldi et ses contemporains, il suffit de regarder les dizaines (centaines ?) d'ouvrages inspirés de la Jérusalem libérée....

Les anglo-saxons distinguent d'ailleurs les livrets et les lyrics : ces derniers sont écrits sur la musique.

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"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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Re: Moussorgski - Boris Godounov - Jurowski/Van Hove - ONP - 06/07 - 2018

Message par Autolycus » 14 juin 2018, 18:49

nikita a écrit :
14 juin 2018, 15:48
Autolycus a écrit :
14 juin 2018, 15:14
Connaissez-vous un seul opéra dont la musique avait été écrite à l'avance, et pour ce qui est de l'histoire - on verra bien quand ce sera fini ?
Combien d'opéras de Vivaldi, de Rossini, de Donizetti faut-il citer ? ...
Un seul suffit : où la musique est prête (d'éventuels emprunts décidés et retouchés, récitatifs écrits, etc) avant que le compositeur ne sache à quel scénario (fût-il mille fois utilisé) elle est destinée.

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Re: Moussorgski - Boris Godounov - Jurowski/Van Hove - ONP - 06/07 - 2018

Message par Windgassen » 14 juin 2018, 19:11

HELENE ADAM a écrit :
14 juin 2018, 13:33
Retour sur la séance du 13 juin

Hier à Paris, sur l’imposant plateau de la Bastille, l’unité de vues entre Jurowski à la baguette, Van Hove à la mise en scène et Moussorgski, m’a semblé parfaite. Un alignement des planètes qui donne force et sens à l’ouvrage et scotche sur son siège le spectateur qui épouse ce point de vue, pris alors dans la tourmente d’un règne, contesté et critiqué, où se croisent les figures habituelles de la Russie éternelle : le fou, le pope, le soldat, le gardien, l’intrigant de palais, la nourrice, l’enfant.
Ni or, ni costumes d’époque, Van Hove choisit la sobriété : costumes gris actuels, vestes rouges de l’enfant assassiné, bientôt accompagné de sa dizaine de clones, qui cassent cette uniformité grise et marrons dominantes. Les trois femmes portent également des robes de couleur plus vives et plus gaie. La foule est celle du peuple, bigarrée mais sans couleurs vives ou celle des boyards, uniformes et gris. Les personnages sont campés : le moine Pimème et sa longue barbe et sa longue robe de bure, par exemple, la jeune et fraîche Xénia en robe rouge.
Le décor est dominé par ce fameux escalier qui descend sous la scène et n’est tendu de rouge qu’après l’avènement de Boris. Gloire et sang. Tapis rouge symbole du pouvoir et du crime originel.

Image

Le fond de scène est un écran à trois faces où défilent des images : de paysages désolés, de friches industrielles en noir et blanc dans la première partie, puis de superbes paysages de campagnes en couleur, lumière dorée baignant alors la scène, lors des récits sur la grandeur de la Russie et de l’empire des tsars. La foule s’invite régulièrement en gros plan tout comme le crime, le meurtre, le sang répandu.
Je me suis demandée si Van Hove n’avait eu l’intention, dans ce dispositif, de prévoir des incrustations en direct, mais la beauté et l’efficacité des vidéos ainsi utilisées, ne posait pas problème.
Disons que la mise en scène n’a rien de remarquable, sans être pour autant à contre sens et finalement elle s'impose comme partie prenante de la performance d'ensemble.
La direction musicale précise et inspirée de Jurowski est d’une immense qualité dans l’interprétation de cette partition assez complexe. C’est même sans doute avec la brochette de très bons chanteurs, l’atout principal d’une œuvre, je le répète, difficile à aborder.
Les chœurs sont très sollicités, au moins autant que les solistes. Et je les ai trouvés excellents, très engagés avec un très impressionnant « tableau vivant » dans la scène où la foule crie misère et réclame du pain, venant jusqu’au bord du plateau dans un mouvement collectif menaçant.
L’ensemble des solistes est de très grande qualité, d’abord du fait d’un Boris tout à fait exceptionnel, en la personne de la basse Ukrainienne, Alexander Tsymbalyuk, coutumier du rôle et qui remplaçait Ildar Abradzakov. Outre un physique très avantageux, Alexander est grand et plus svelte qu’Ildar, c’est un très bel homme- ce Boris a du génie sur le plan vocal : le timbre est beau, se projette très bien dans le grand hall de la Bastille, domine sans peine orchestre (avec un Jurowski qui veille sur ses chanteurs comme le lait sur le feu), et chœurs, exprime tout avec une justesse dans le ton et peut mettre une salle entière sous émotion presque incontrôlée, en chantant son désespoir et sa mort, allongé au sol, en mezzo voce parfaitement maitrisée. Sidérant.

Image

Je suis encore sous le choc de ce grand art du chant qui permet aux chanteurs les plus doués de vous faire partager la peine des héros qu’ils incarnent, en chuchotant… en vous murmurant à l’oreille. L’art du pianissimo en chant est un très grand art.
Je pense qu’en deuxième, il faut citer le Pimène de Ain Anger dont le long monologue passe comme une lettre à la poste tant il est bien « dit » avec cet art de la narration, fort difficile du fait de la partition, et dont il se tire si bien qu’on croirait revivre les événements qu’il narre alors. Mais l’innocent de Vasily Efimov, n’est pas loin de l’exploit lui non plus avec sa longue silhouette dégingandée, son corps nu et tatoué et sa voix magnifique de ténor léger à fleur de peau auquel ressemble finalement beaucoup l’Alejla de la Maison des morts. Il faut citer aussi le beau baryton Boris Pinkhasovich (Andrei Chtchelkalov, le clerc du conseil des Boyards), dont la belle prestance et le chant souverain fait apparaitre le rôle bien trop court, ou la délicieuse Xenia, (la fille de Boris) de Ruzan Mantashyan (plus de réserves pour Evdokia Malevskaya qui chante un petit Fiodor, peut-être un peu petit quand même en voix), et même le prince Chouiski de Maxim Paster, certes un peu inégal mais le plus souvent admirable. Et on en oublie forcément car ils tiennent tous de bien à très bien leur rôle de tous les points de vue.
On sent l’équipe, la fusion, la compréhension collective, le bonheur de chanter ensemble avec un chef aussi brillant d’une intelligence musicale rare.
La salle était remplie et une immense ovation finale a accueilli Boris d’abord puis l’ensemble des artistes. On peut discuter des qualités de l'oeuvre (très, très sombre et pas facile à aborder) mais si on veut la découvrir, cette distribution et cette exceptionnelle qualité donnée à Bastille en ce moment, sont la meilleure manière de le faire....

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Bravo, TOUT est dit…
Je tiens à souligner encore l'EXCETIONNEL Boris en la personne de Alexander Tsymbalyuk
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Re: Moussorgski - Boris Godounov - Jurowski/Van Hove - ONP - 06/07 - 2018

Message par Piem67 » 14 juin 2018, 23:34

Autolycus a écrit :
14 juin 2018, 15:14
Je me "fixe sur l'histoire", car c'est pour raconter quelque chose que le compositeur d'un opéra s'est mis au travail.

Les livrets dont "le compositeur n'est pas responsable" sont moins fréquents qu'on ne le dit, et exceptionnels chez les grands qui - à l'instar de Verdi - font souvent souffrir leurs librettistes pour obtenir exactement ce qu'ils veulent.

Mais passons, puisque le cas de Moussorgski est particulièrement mal choisi pour ce genre d'argument, et vous le savez tout de même : non seulement a-t-il écrit lui-même tous ses livrets (il raconte donc exactement ce qu'il veut, et compose une musique idoine, tout en corrigeant son propre livret, loin d'être "fixé"), mais encore n'a-t-il composé que de la musique "à histoire", opéra, mélodies, Tableaux. Diriez-vous que "la musique semble peu l'intéresser finalement" ?

L'histoire n'a pas "plus d'importance que la manière de la raconter", mais la manière de raconter dépend de l'histoire qu'on raconte, et pas l'inverse. Connaissez-vous un seul opéra dont la musique avait été écrite à l'avance, et pour ce qui est de l'histoire - on verra bien quand ce sera fini ?

Moussorgski était un immense dramaturge, Boris et Khovanchtchina prouvent assez que, dans son esprit, la musique et le drame ne font qu'un et se construisent ensemble.
Mon cher Autolycus, tu deviens vraiment trop prise de tête et tu prends l'habitude de déformer mes propos, de les lire de travers ou d'y lire ce que tu veux et de détourner le débat. Par ailleurs, je ne pense vraiment pas que tu aies quelque chose à m'apprendre sur Moussorgsky. Bref, je suis las, et je pense que bien d'autres aussi.

Je te laisse donc à tes théories, crois ce que tu veux si ça peut te faire plaisir....

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Re: Moussorgski - Boris Godounov - Jurowski/Van Hove - ONP - 06/07 - 2018

Message par wababelooba » 15 juin 2018, 09:38

J'étais à la représentation du 13 , et désolé , mais comme MariaStuarda, je me suis assez farouchement ennuyé .Je pense que le dispositif très froid utilisé par Van Hove y est pour beaucoup. Lui , qui m'a tellement fait frémir avec ses Damnés à la Comédie Française , m'a paru fournir une lecture prudente , de bon goût, recyclable , sans aspérité. J'avais déjà ressenti ça avec Castellucci , Warlikowski, Tcherniakov , avec des Moses , BB et Iolanta finalement assez lisses. Là c'est un autre très grand qui m'a paru "Lissnérisé" .Sur cette immense scène , les intentions se perdent et on se lasse des zooms avant très lents sur les projections de fond , fort bien réalisées au demeurant. Les choeurs tant vantés ici même m'ont paru juste acceptables , et l'orchestre m'a semblé à des années lumière du brio des grandes versions.Le plateau était bon , sans être immense , avec les exceptions de l'excellent Pimène et du grand Boris de Tsymbalyuk. J'avoue que les 2 dernières scènes culminant avec la mort de Boris fonctionnent formidablement bien et qu'on sort sur une bonne impression.
Autant dire que cette soirée n'était pas exactement ma came.J'aurais dû aller voir la Nonne Sanglante . On m'a dit que Spyres avait fait un triomphe ( le vrai ,avec battements de pieds ) à la soirée de Mardi.

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