Verdi - Macbeth - Arrivabeni/Mazzonis di Pralafera - Liège - 06/2018

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Verdi - Macbeth - Arrivabeni/Mazzonis di Pralafera - Liège - 06/2018

Message par Egisthe » 11 juin 2018, 19:46

Macbeth
Opéra en 4 actes | Musique de Giuseppe VERDI | Livret de Francesco Maria PIAVE d’après Shakespeare | Créé à Florence, Teatro della Pergola, le 14 mars 1847

Nouvelle production

Direction musicale : Paolo ARRIVABENI
Mise en scène : Stefano MAZZONIS DI PRALAFERA
Décors : Jean-Guy LECAT
Costumes : Fernand RUIZ
Lumières : Franco MARRI
Chorégraphie : Rachael MOSSOM*
Chef des Choeurs : Pierre IODICE

Macbeth : Leo NUCCI
Lady Macbeth : Tatiana SERJAN*
Macduff : Gabriele MANGIONE*
Banco : Giacomo PRESTIA
Malcolm : Papuna TCHURADZE
Dama di Lady Macbeth : Alexise YERNA
Medico/Sicario : Roger JOAKIM
Un serviteur: Benoît DELVAUX
Un héraut: Alexei GORBATCHEV

Orchestre et Chœurs de l'Opéra Royal de Wallonie-Liège
Centro di Danza Balletto di Roma

*débuts à l'Opéra Royal de Wallonie-Liège

du 12 au 26 juin 2018

En direct le 14 juin à 20h00 sur culturebox.

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nugava
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Re: Verdi - Macbeth - Arrivabeni/Mazzonis di Pralafera - Liège - 06/2018

Message par nugava » 13 juin 2018, 21:01

Juste un petit mot sur Tatiana Serjan. C'est certainement une artiste exceptionnelle. Mais sa technique et le placement de sa voix m'effraient. Tout est engorgé, les aigus sont poussés, rien de résonne. C'est franchement inquiétant. Est-ce qu'elle pourra chanter comme ça des années ?

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Re: Verdi - Macbeth - Arrivabeni/Mazzonis di Pralafera - Liège - 06/2018

Message par Loïs » 13 juin 2018, 22:07

nugava a écrit :
13 juin 2018, 21:01
Juste un petit mot sur Tatiana Serjan. C'est certainement une artiste exceptionnelle. Mais sa technique et le placement de sa voix m'effraient. Tout est engorgé, les aigus sont poussés, rien de résonne. C'est franchement inquiétant. Est-ce qu'elle pourra chanter comme ça des années ?
Egisthe et moi nous lançons dans un CR à deux mains ce qui prend un peu de temps. Nos différences de génération et d'expérience, nos goûts (le gamin est quand même mal barré dans la vie : il avoue un amour coupable pour Gruberova, il ne dort pas dans le baroque et il peut supporter des ballets dans l'opéra, toute une éducation à refaire :mrgreen:) nous rendent cet exercice amusant.
En attendant pour revenir sur Serjan et sans trop déflorer nos commentaires, les différentes d'émissions de Serjan peuvent surprendre mais justement rien n'est engorgé. C'est justement parce qu'elle émet (plutôt haut d'ailleurs) en respectant sa voix (visiblement elle est très précautionneuse et vise la longévité) en adéquation avec la hauteur des notes que sa voix est tout sauf engorgée et les aigus absolument pas poussés (d'où cet flagrant écart de puissance)

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Re: Verdi - Macbeth - Arrivabeni/Mazzonis di Pralafera - Liège - 06/2018

Message par HELENE ADAM » 13 juin 2018, 22:20

Loïs a écrit :
13 juin 2018, 22:07
Egisthe et moi nous lançons dans un CR à deux mains ce qui prend un peu de temps. Nos différences de génération et d'expérience, nos goûts (le gamin est quand même mal barré dans la vie : il avoue un amour coupable pour Gruberova, il ne dort pas dans le baroque et il peut supporter des ballets dans l'opéra, toute une éducation à refaire :mrgreen:) nous rendent cet exercice amusant.
Et il a Lissner comme avatar :lol:
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère

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Re: Verdi - Macbeth - Arrivabeni/Mazzonis di Pralafera - Liège - 06/2018

Message par Loïs » 14 juin 2018, 20:49

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Re: Verdi - Macbeth - Arrivabeni/Mazzonis di Pralafera - Liège - 06/2018

Message par Loïs » 16 juin 2018, 15:18

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Re: Verdi - Macbeth - Arrivabeni/Mazzonis di Pralafera - Liège - 06/2018

Message par Oylandoy » 16 juin 2018, 15:31

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Re: Verdi - Macbeth - Arrivabeni/Mazzonis di Pralafera - Liège - 06/2018

Message par Oylandoy » 16 juin 2018, 15:33

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Re: Verdi - Macbeth - Arrivabeni/Mazzonis di Pralafera - Liège - 06/2018

Message par Loïs » 16 juin 2018, 15:38

Egisthe : Malheureusement en ce soir de première, bien des éléments manquent encore de précision et de lâcher prise. A commencer par les chœurs. Les sorcières qui passent leur temps à agiter leur long voile se présentent fort timides vocalement et imprécises, quand au troisième acte toutes loupent royalement le départ du chef. Même problème chez les hommes où l’équilibre est très fragile, l’intonation prudente et
réservée notamment dans les passages a capella. Quelques couacs aussi dans la fosse, en particulier à la trompette, dépassée par la vélocité du tempo au début du quatrième acte. Espérons que tout cela est dû au trac de la première. Mais même plus largement en cette soirée, l’orchestre peinera à se distinguer. La direction du maintenant ex-directeur musical de la maison, Paolo Arrivabeni, sonne là aussi très convenue et impersonnelle. Le travail est soigné et « professionnel » mais paraît bien passe-partout, peu inspiré et ne suscite guère l’étonnement. Les passages moins quelconques demeurent les finals où la fosse réussit à s’animer et à faire entendre enfin le feu verdien avec une certaine conviction.

Loïs: Si je rejoins Egisthe pour avoir parfois eu l’impression d’assister à une générale, j’ai beaucoup apprécié les couleurs de l’orchestre : le dernier tableau du second acte trouve son atmosphère dans des bois inquiétants (début) puis des cordes stridemment agressives (accompagnement de Lady)
i envahissante, Macbeth n’a d’autre possibilité que de se soumettre corps et âme, mené par la main hors de scène comme un petit garçon après le meurtre de Duncan. Le déséquilibre entre les deux personnages est peint à larges traits, et le malheureux roi devra attendre la mort de son
Bon point aussi pour ce tempo rapide, haletant comme si le temps courait (devant/derrière ?) le couple maudit.
Oui, on sent le métier chez Paolo Arrivabeni , et cela s’entend aussi dans son attention portée aux chanteurs tout comme au chœur vae un « patria oppressa » ciselé, nuancé te réellement poignant.

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Re: Verdi - Macbeth - Arrivabeni/Mazzonis di Pralafera - Liège - 06/2018

Message par Loïs » 16 juin 2018, 15:47

Egisthe : Pendant le premier acte, les voix paraissent bien fatiguées voire usées. Le duo Macbeth/Banquo sonne lourd et les voix bougent beaucoup. Tout s’arrange heureusement au deuxième acte, et après une première apparition trémmulante, Giacomo Prestia retrouve ses moyens pour livrer un « Come dal ciel precipita » tout à fait honnête et convaincant. Après avoir inquiété, le chanteur montre qu’il a encore de belles ressources et que l’on pourra certainement compter sur lui dans les années à venir.

Loïs: Prestia est un bon serviteur de son art. Les espoirs placés en lui au début nous annonçaient une grande basse verdienne, sa carrière sera celle d’un chanteur fiable et qui sait tenir sa place sur scène. On ne vibre pas mais la technique, l’outil et le style sont là et c’est déjà très bien. Seule limite de la soirée avec le choix d’un tempo rapide : son air perdra un peu de son autorité.


Egisthe: La Lady Macbeth de Tatiana Serjan met elle aussi le temps du premier acte à rentrer véritablement dans le spectacle en livrant un « Vieni ! T’affretta ! » soucieux, d’une voix qui n’est pas toujours bien assurée, et sans grande personnalité. Véritable soprano dramatique, elle se montre on ne peut plus convaincante par la suite dans « La luce langue » et encore davantage au quatrième acte. L’artiste prend le taureau par les cornes et s’impose comme une Lady de tout premier plan, investie et poussant son interprétation à un niveau impressionnant, devient moteur du spectacle et domine le plateau de sa présence ensorcelante. Le grave et le médium sont opulents, seul l’aigu est émis avec plus de précaution bien que totalement présent. Poussée dans les retranchements de la voix humaine, sa scène de somnambulisme relève de l’exploit, et rarement un rôle nous aura paru aussi central, abouti et cathartique. La tension grandit jusqu’à un paroxysme étourdissant pour une prestation absolument stupéfiante.

Loïs:Rien à rajouter sur le commentaire au dessus ; tout y est : enfin un Lady qui fait peur, qui domine et manipule, qui tient son mari par les c…. »andiamo al letto »
Je précise ma pensée sur l’inconfort de certains lors de son air d’entrée (commentaire valable aussi pour son Odabella au TCE). L’air et la caballette d’entrée sont monstrueusement écrits. Madame Serjan dispose d’entrée d’un médium et d’un grave phénoménaux (et quelles couleurs fauves !) mais préserve ses aigus (le grand passage parfaitement discernable) avec une émission excellente et sans forcer (mais aussi sans couleur). La différence de volumes et de couleurs expliquent des commentaires parfois en retrait alors qu’elle fait tout pour ne pas abîmer l’instrument (ok c’est parfois un peu chichiteux avec notamment certains petits ajustements mais une fois le tour de chauffe passé c’est ahurissant). Comme le note Egisthe le virage sera cette « luce langue » saisissante, la meilleure vue et entendue.
Un seul regret (et je crains que ce soit le fait de Serjan): j’ai toujours eu l’impression d’avoir deux chanteurs, formidables, chantant côte à côte mais rien ne fut fusionnel et l’on est passé à côté du si incroyable duo du premier acte.


Egisthe : Face à cette épouse aussi envahissante, Macbeth n’a d’autre possibilité que de se soumettre corps et âme, mené par la main hors de scène comme un petit garçon après le meurtre de Duncan. Le déséquilibre entre les deux personnages est peint à larges traits, et le malheureux roi devra attendre la mort de son épouse pour enfin investir la scène et réellement exister avant d’être précipité dans les abîmes par sa folie grandissante. En effet Leo Nucci paraît bien en retrait à tous point de vue durant la première partie. La présence pleine d’humanité de l’interprète sait être généreuse pour ne jamais cacher ses partenaires et les faire jouer au maximum. Mais vient bien sûr son moment, à l’extrémité de l’œuvre où dépouillé de tout masque social, il livre un poignant « Pietà, rispetto, amore » résonnant dans tout son être pour le genre humain. On pardonnerait tout à son Macbeth dont le regard presse les spectateurs d’une sincère compassion, avant que son bras tendu vienne remercier une inévitable ovation. Si la voix n’est plus très stable, elle n’en demeure pas moins pleine et vaillante en dépit des années. Et pour l’occasion, l’opéra ne se conclura pas sur le chœur victorieux de la deuxième version mais sur l’air final de la version de 1847, « Mal per me », prolongeant ainsi la pathétique déchéance du roi.

Loïs : La longévité vocale de Nucci c’est avant toute cette technique de projection où la voix n’est jamais poussée. Cela lui confère vaillance et jeunesse, loin de ces envahissants vibratos de fin de carrière. Bien sur le poids des ans s’est entendu à deux reprises avec un brusque, et bref, fléchissement mais du début à la fin Nucci et son public savent que le chant est là pour porter une émotion et Nucci n’est qu’émotion. Ce rôle de « pantin » dans les mains de sa femme et du destin prédit par les sorcières est extraordinairement rendu (même si oui le côté héroïque du personnage au début n’est plus assez accentué) et offre deux moments qui impriment votre mémoire : la fin du II et la fin du III. Et cette puissance qui monte dans « la morte o la vittoria » et explose dans l’air final (génial de l’avoir rajouté); Il n’y avait pas une seule molécule dans la salle qui ne soit son, pas un son qui ne fut émotion.
Mais pour moi, ce soir, à la voix de Macbeth se mêlaient les voix de Figaro, Nabucco, Rigoletto, Miller, etc….où je l’ai tant aimé et entendu.



Egisthe : Autour des interprètes principaux gravitent le Macduff de Gabriele Mangione à la technique sûre et à l’aigu rompu mais à l’expressivité aléatoire et à la présence fade, le discret Malcolm de Papuna Tchuradze, et le très homogène duo que forme Alexise Yerna et Roger Joakim en suivante et en médecin. La première possède une voix pure et un instrument subtil tandis que le deuxième la soutient avec netteté et élégance.

Loïs: Macduff avait la voix de Malcolm et Malcolm la voix du héraut ...
Il faudra que j’écrive un jour un fil dédié à ma déclaration d’amour pour Alexise Yerna (DULCINEA !!!!!!!)



Egisthe: Saluons enfin les danseuses et danseurs du Centro di Danza Balletto di Roma interprètes du très bienvenu ballet du troisième acte donné intégralement et chorégraphié avec beaucoup de fantaisie, de sens dramatique et de pertinence face à la musique par Rachael Mossom, qui constitue l’unique moment purement frais et réjouissant de la soirée.

Loïs:« Frais et réjouissant », exactement ce que l’on attend dans Macbeth !!!!
Il y a au bas mot un tiers de la partition à jeter : toutes les scènes des sorcières qui débutent en Offenbach et finissent dans un ballet emmerdatoire (Verdi étant probablement au ballet ce que Clayderman fut à l’écriture symphonique).
Je sais qu’il est impossible de gérer scéniquement tous ces passages où la musique ratée dessert toute tentative de représentation (tous les metteurs en scène s’y cassent le nez) alors prenons une bonne paire de ciseaux et ne gardons que "la substantifique moelle", le face à face monstrueux.



Signature : Théo Orlowski (Egisthe) & Loïs

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