Bellini- Norma - Rizzo / Livermore - Bilbao - 05/2018
- MariaStuarda
- Basse
- Messages : 7263
- Enregistré le : 13 févr. 2013, 14:33
- Localisation : Paris
- Contact :
Bellini- Norma - Rizzo / Livermore - Bilbao - 05/2018
Vincenzo Bellini
Norma
Chef d'orchestre : Pietro Rizzo
Metteur en scène : Davide Livermore
Scénographie : Giò Forma Studio*
Lumières : Antonio Castro
Costumes : Mariana Fracasso
Norma : Anna Pirozzi
Adalgisa : Silvia Tro Santafé
Pollione : Gregory Kunde
Oroveso : Roberto Tagliavini
Clotilde : Itxaro Mentxaka
Flavio : Vicenç Esteve
Orchestre symphonique de Bilbao
Choeur de l'opéra de Bilbao (Dir.: Boris Dujin)
Représentation du 19 mai 2018
L’opéra de Bilbao dont les saisons sont régulièrement excitantes (l’an prochain Angela Meade, Daniela Barcelona, Javier Camarena, Mariusz Kwiecien ou encore Jessica Pratt seront à l’honneur de la maison) permettait à Anna Pirozzi de faire sa prise de rôle dans Norma. C’est dans cette même maison que j’avais découvert cette belle artiste en 2015 en remplacement de Elena Mosuc dans Roberto Devereux. Norma est ce rôle monstre que toutes souhaiteraient aborder. Bien des sopranos l’assaisonnent à leur sauce. Certaines s’y cassent les dents faute d’en avoir les moyens nécessaires. On chante ici et là Casta Diva dans un exercice un peu vain à défaut de pouvoir parvenir, un jour, à camper l’histoire de la druidesse dans la totalité d’un marathon épuisant.
Anna Pirozzi a incontestablement les qualités requises. En plus de l’autorité propre aux Odabella, Lady Macbeth ou Abigaille qu’elle pratique régulièrement, elle possède la technique belcantiste, a un souffle impressionnant et ne recule devant aucun aigu. On aurait pu penser que la soprano aborderait le rôle avec prudence. Nullement, elle y va avec vaillance et exigence (ce qui lui vaudra semble t’il un moment de fatigue en milieu d’opéra), elle tente tout, ose la totalité des aigus comme pour exorciser dès sa prise de rôle les difficultés et franchir ainsi une étape décisive dans sa carrière. Bien sûr, tout cela peut être affiné; probablement Anna Pirozzi doit apprendre à gérer la longueur du rôle mais partant de cette magnifique prestation de sa première, on se dit qu’elle va marquer le rôle. Le Casta diva annonce dès le début qu’elle Norma elle va être, assez loin finalement des rôles de furies qu’elle a à son répertoire : une femme, une mère toute en douceur pour son peuple et ses enfants. L’air est subjuguant de beauté, s’étire comme une longue caresse qui enfle quand il le faut, air de prière, air encore dans l’équilibre d’une femme respectée qui va chavirer ensuite et devra se défendre dans son monde qui s’effondre inexorablement. Le début du 2e acte sera une longue complainte déchirante tout comme la fin qui montrera une femme exsangue et résignée juste soucieuse de sauver ses enfants.
Face à elle, Gregory Kunde est souverain dans le rôle de Pollione. Quelle élégance, quelle vaillance dans son air d’entrée, quelle constance dans la perfection tout au long de l’opéra ! Il est rare que cet artiste soit pris en défaut; il est ce soir dans son élément, le bel canto, et atteint les sommets.
Sylvia Tro Santafé est efficace comme toujours mais manque pour le coup, face à une Pirozzi décidée à ciseler le rôle, d’une plus grande subtilité qui aurait donné au duo de femmes, toutes deux blessées, une dimension plus tragique. La mezzo incarne une Adalgise trop monolithique et oblige trop souvent Pirozzi à un concours de décibels contradictoire, me semble t’il, avec l’option plus intimiste prise par la soprano.
Roberto Tagliavini est un Oroveso irréprochable.
La mise en scène de Davide Livermore repose sur une imagerie hasardeuse type bande dessinée. Le repère de Norma (et de ses enfants) est une immense souche trop souvent en mouvement et le recours à la vidéo donnent parfois de belles images (cette immense lune en fond de scène pendant Casta Diva) mais souligne trop les évidences de l’histoire. Certaines idées comme ce peuple d’esprits qui surgissent pour accompagner les morts sont séduisantes mais apparaissent finalement plus comme des gadgets faute de s’inscrire dans une cohérence d’ensemble.
Le chœur est de grande tenue et l’orchestre de l’opéra de Bilbao est dirigé efficacement sinon subtilement par Pietro Rizzo.
Paul Fourier
Norma
Chef d'orchestre : Pietro Rizzo
Metteur en scène : Davide Livermore
Scénographie : Giò Forma Studio*
Lumières : Antonio Castro
Costumes : Mariana Fracasso
Norma : Anna Pirozzi
Adalgisa : Silvia Tro Santafé
Pollione : Gregory Kunde
Oroveso : Roberto Tagliavini
Clotilde : Itxaro Mentxaka
Flavio : Vicenç Esteve
Orchestre symphonique de Bilbao
Choeur de l'opéra de Bilbao (Dir.: Boris Dujin)
Représentation du 19 mai 2018
L’opéra de Bilbao dont les saisons sont régulièrement excitantes (l’an prochain Angela Meade, Daniela Barcelona, Javier Camarena, Mariusz Kwiecien ou encore Jessica Pratt seront à l’honneur de la maison) permettait à Anna Pirozzi de faire sa prise de rôle dans Norma. C’est dans cette même maison que j’avais découvert cette belle artiste en 2015 en remplacement de Elena Mosuc dans Roberto Devereux. Norma est ce rôle monstre que toutes souhaiteraient aborder. Bien des sopranos l’assaisonnent à leur sauce. Certaines s’y cassent les dents faute d’en avoir les moyens nécessaires. On chante ici et là Casta Diva dans un exercice un peu vain à défaut de pouvoir parvenir, un jour, à camper l’histoire de la druidesse dans la totalité d’un marathon épuisant.
Anna Pirozzi a incontestablement les qualités requises. En plus de l’autorité propre aux Odabella, Lady Macbeth ou Abigaille qu’elle pratique régulièrement, elle possède la technique belcantiste, a un souffle impressionnant et ne recule devant aucun aigu. On aurait pu penser que la soprano aborderait le rôle avec prudence. Nullement, elle y va avec vaillance et exigence (ce qui lui vaudra semble t’il un moment de fatigue en milieu d’opéra), elle tente tout, ose la totalité des aigus comme pour exorciser dès sa prise de rôle les difficultés et franchir ainsi une étape décisive dans sa carrière. Bien sûr, tout cela peut être affiné; probablement Anna Pirozzi doit apprendre à gérer la longueur du rôle mais partant de cette magnifique prestation de sa première, on se dit qu’elle va marquer le rôle. Le Casta diva annonce dès le début qu’elle Norma elle va être, assez loin finalement des rôles de furies qu’elle a à son répertoire : une femme, une mère toute en douceur pour son peuple et ses enfants. L’air est subjuguant de beauté, s’étire comme une longue caresse qui enfle quand il le faut, air de prière, air encore dans l’équilibre d’une femme respectée qui va chavirer ensuite et devra se défendre dans son monde qui s’effondre inexorablement. Le début du 2e acte sera une longue complainte déchirante tout comme la fin qui montrera une femme exsangue et résignée juste soucieuse de sauver ses enfants.
Face à elle, Gregory Kunde est souverain dans le rôle de Pollione. Quelle élégance, quelle vaillance dans son air d’entrée, quelle constance dans la perfection tout au long de l’opéra ! Il est rare que cet artiste soit pris en défaut; il est ce soir dans son élément, le bel canto, et atteint les sommets.
Sylvia Tro Santafé est efficace comme toujours mais manque pour le coup, face à une Pirozzi décidée à ciseler le rôle, d’une plus grande subtilité qui aurait donné au duo de femmes, toutes deux blessées, une dimension plus tragique. La mezzo incarne une Adalgise trop monolithique et oblige trop souvent Pirozzi à un concours de décibels contradictoire, me semble t’il, avec l’option plus intimiste prise par la soprano.
Roberto Tagliavini est un Oroveso irréprochable.
La mise en scène de Davide Livermore repose sur une imagerie hasardeuse type bande dessinée. Le repère de Norma (et de ses enfants) est une immense souche trop souvent en mouvement et le recours à la vidéo donnent parfois de belles images (cette immense lune en fond de scène pendant Casta Diva) mais souligne trop les évidences de l’histoire. Certaines idées comme ce peuple d’esprits qui surgissent pour accompagner les morts sont séduisantes mais apparaissent finalement plus comme des gadgets faute de s’inscrire dans une cohérence d’ensemble.
Le chœur est de grande tenue et l’orchestre de l’opéra de Bilbao est dirigé efficacement sinon subtilement par Pietro Rizzo.
Paul Fourier
- MariaStuarda
- Basse
- Messages : 7263
- Enregistré le : 13 févr. 2013, 14:33
- Localisation : Paris
- Contact :
Re: Bellini- Norma - Rizzo / Livermore - Bilbao - 05/2018
Quelques photos fournies par l’opéra de Bilbao :
picture share
free photo hosting
upload image online
©E. Moreno Esquibel ALBAO-OLBE
picture share
free photo hosting
upload image online
©E. Moreno Esquibel ALBAO-OLBE
- MariaStuarda
- Basse
- Messages : 7263
- Enregistré le : 13 févr. 2013, 14:33
- Localisation : Paris
- Contact :
Re: Bellini- Norma - Rizzo / Livermore - Bilbao - 05/2018
Ceux qui ne jurent que par des Norma héroïques resteront sur leur faim avec celle de Anna Pirozzi qui compose un personnage de femme blessée plus qu’une prêtresse hystérique. Elle a néanmoins les qualités belcantistes, la longueur du souffle, les aigus et les pianissimi. En bref, elle a la voix du rôle, incarnant la druidesse avec ses propres moyens (et probablement quelques moments de fatigue dans ce rôle éprouvant). Du grand art qui ne peut que mûrir avec le temps. Espérons qu’Anna garde ce rôle, le peaufine, l’apprivoise. Une superbe performance en tous cas pour cette première.
Kunde impeccable.
Critique à suivre ...
Kunde impeccable.
Critique à suivre ...
Re: Bellini- Norma - Rizzo / Livermore - Bilbao - 05/2018
Tu connais des Norma " hystériques " ?
Perso je n'en ai jamais vu .
Bernard
Perso je n'en ai jamais vu .
Bernard
Sunt lacrymae rerum et mentem mortalia tangunt Énéide I v
Re: Bellini- Norma - Rizzo / Livermore - Bilbao - 05/2018
Ah si! Il y en a eu ... Par exemple Dimitra Theodossiou a donné à Norma une certaine forme d'hystérie assez pénible d'ailleurs ...
Re: Bellini- Norma - Rizzo / Livermore - Bilbao - 05/2018
Merci Jérôme , il vaut mieux que je ne l'aie j'avais vue.
Bernard
Sunt lacrymae rerum et mentem mortalia tangunt Énéide I v
- MariaStuarda
- Basse
- Messages : 7263
- Enregistré le : 13 févr. 2013, 14:33
- Localisation : Paris
- Contact :
Re: Bellini- Norma - Rizzo / Livermore - Bilbao - 05/2018
Ma critique est en tête de fil.
Re: Bellini- Norma - Rizzo / Livermore - Bilbao - 05/2018
Je me demande si ce n'est pas son problème tout court, quelque soit le rôle : déjà dans sa Leonora (Trovatore) au ROH il y a quelques années je me souviens de la déception à l'acte IV, qui dénotait une fatigue vocale à tous les niveaux, alors que les actes I et II avaient été très prometteurs.
- Hiero von Stierkopf
- Baryton
- Messages : 1786
- Enregistré le : 10 avr. 2016, 16:47
- Localisation : Gross-Paris
Re: Bellini- Norma - Rizzo / Livermore - Bilbao - 05/2018
Je sors du Palacio Euskalduna et je trouve que c'est une prise de rôle très réussie.
Il m'a juste manqué l'émotion au final du Il, celle qui ne s'explique pas mais qui donne irrésistiblement envie de chialer façon Yoncheva.
Mais pour tout le reste, j'ai trouvé la Norma de Anna Pirozzi très convaincante. Brava !
Admirable Kunde qui annonce la couleur avec sa cabalette d'entrée, reprise avec variations.
D'ailleurs, toutes les cabalettes ont été reprises pendant la soirée.
Chef attentif aux chanteurs.
J'ai passé une très bonne soirée.
Il m'a juste manqué l'émotion au final du Il, celle qui ne s'explique pas mais qui donne irrésistiblement envie de chialer façon Yoncheva.
Mais pour tout le reste, j'ai trouvé la Norma de Anna Pirozzi très convaincante. Brava !
Admirable Kunde qui annonce la couleur avec sa cabalette d'entrée, reprise avec variations.
D'ailleurs, toutes les cabalettes ont été reprises pendant la soirée.
Chef attentif aux chanteurs.
J'ai passé une très bonne soirée.
Comment ça, merde alors ?! But alors you are French !
- MariaStuarda
- Basse
- Messages : 7263
- Enregistré le : 13 févr. 2013, 14:33
- Localisation : Paris
- Contact :
Re: Bellini- Norma - Rizzo / Livermore - Bilbao - 05/2018
Décidément on fait les choses en sens inverse : moi je sors du Samson de Vienne
Bonne fin de soirée
Bonne fin de soirée