Histoires de doublures (et de remplacements)

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micaela
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Re: Histoires de doublures (et de remplacements)

Message par micaela » 26 févr. 2018, 23:29

la discussion sur les remplacements (dans le fil Traviata Bastillle) m'a fait penser que ce serait intéressant d'avoir un fil sur les remplacements dans des conditions plus ou moins rocambolesques. Finalement, au lieu d'ouvrir un fil, autant réveiller celui-ci, qui dormait gentiment dans les profondeurs du forum.
Remplacement de luxe : oct 2011 au ROH, pour une Traviata, Nucci annonce le matin même que, désolé, il n'est pas en mesure d'assurer la représentation du soir. Il faut donc trouver en urgence un Germont père. Ce fut Hvorostovsky (qui, en plus d'être disponible et déjà à Londres, connaissait la production). Nucci revint dès la représentation suivante (j'ai retrouvé les dates dans les archives du ROH).
C'est Opolais je crois, pour ses débuts au Met (?) qui fut appelée en urgence pour une Mimi, quelques heures à peine après sa précédente prestation.
Pour une Walkyrie, catastrophe, juste avant la représentation (ou presque), plus de Siegmund. C'est le mari de Eva-Maria Westbroek (qui jouait Sieglinde), juste venu suivre la représentation, qui reprit le rôle. Je crois que ce n'est pas le seul cas où ça s'est réglé façon "y a-t-il un chanteur dans la salle ?".
D'autres trucs ? Remplaçants de luxe , star remplacée par un inconnu (ou presque) dont ça "booste" la carrière, histoires franchement rocambolesques, comme pour les imprévus, les histoires ne doivent pas manquer...
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Egisthe
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Re: Histoires de doublures (et de remplacements)

Message par Egisthe » 27 févr. 2018, 09:31

Dans le genre rocambolesque, il y a le remplacement au pied levé de Katarina Dalayman dans Wozzeck à Bastille en 1999.

Week-end de Pentecôte, il reste deux représentations. Le jour-même d'une représentation, Dalayman qui chante Marie, prévient l'Opéra qu'elle est souffrante et ne pourra chanter. On lui envoie un médecin qui lui propose de la cortisone, elle refuse. Branle-bas de combat, plusieurs artistes et agents sont contactés. Susan Anthony a chanté dans Rienzi à Hanovre la veille, vient de rentrer chez elle et est prête à venir.
Malheureusement, le vol pour Paris est complet !

Angela Denoke qui est en répétition à Stuttgart répond dans l'après-midi et accepte de venir sauver la situation. Un billet d'avion lui avait heureusement été réservé à l'avance. Elle arrive à Paris deux heures avant le début du spectacle, l'assistant du metteur en scène lui explique ce qu'elle a à faire dans le taxi entre Roissy et Bastille. Le metteur en scène demande finalement à ce que Denoke chante depuis les coulisses, mais Hugues Gall s'y oppose. La chanteuse découvre rapidement la salle et la scène où elle n'a encore jamais chanté, mise en place rapide de ses déplacements, entrées/sorties, raccord costume.

Le public est informé du changement de distribution par une annonce du régisseur juste avant le lever du rideau. La représentation s'est déroulée sans aucun problème, ce fut paraît-il un triomphe pour Angela Denoke qui a ainsi fait ses débuts à l'Opéra de Paris.

Autrement, dans la série remplaçants de luxe, il y a eu la saison dernière le remplacement d'Anne Schwanewilms par Anja Harteros pour une représentation du Chevalier à la rose à Munich. C'est de bonne guerre ! :mrgreen:

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HELENE ADAM
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Re: Histoires de doublures (et de remplacements)

Message par HELENE ADAM » 27 févr. 2018, 09:36

micaela a écrit :
26 févr. 2018, 23:29
C'est Opolais je crois, pour ses débuts au Met (?) qui fut appelée en urgence pour une Mimi, quelques heures à peine après sa précédente prestation.
Relire le début du fil est amusant... :wink:
Quant à Kristine Opolais, elle a remplacé au pied levé Anita Hartig au MET en mars ou avril 2014, le jour... de la retransmission cinéma et alors qu'elle avait chanté la veille, toujours au MET, une Madame Butterfly, rôle pour lequel elle était présente à ce moment-là.

La soprano Lettone est tout à la fois pour ces dernières années :
- le symbole des carrières boostée par un remplacement (celui-ci l'a fait connaitre d'un coup très largement du public d'opéra, la Manon Lescaut à Londres l'été suivant avec JK a fait le reste),
- le symbole des remplacements "miraculeux" d'autre part, puisqu'elle a "sauvé" le Manon Lescaut "phare" de la saison 2014-2015 de l'opéra de Munich en remplaçant, encore au pied levé puisqu'à la veille de la Première, Anna Netrebko qui s'était retirée de la production pour désaccords avec le metteur en scène (Neunfels en l'occurrence) - notons que selon le principe de l'effet domino, c'est Sonya Yoncheva qui la remplaçait alors dans son engagement en cours, Mimi au MET... :wink:
- le symbole des carrières trop rapides avec des rôles inconsidérés pour une voix assez légère et plutôt adapté à Rusalka ou à Mimi qu'à Manon Lescaut ou à Tosca, ce qui l'a conduite à son tour à nombre d'annulations (dont le Tosca du Met de cette saison), et même à ne plus chanter depuis juillet 2017. On devrait la revoir en mars à Vienne en Madame Butterfly
- le symbole du fait que si le physique peut aider, il ne fait pas tout...sa dernière Tosca à Baden Baden et l'accueil glacial des critiques, l'a amplement prouvé. Elle a pourtant été durant deux ans, la coqueluche du MET, faisant la une des saisons "cinéma" et considérée comme "la soprano la plus demandée etc etc" (et elle aurait du encore cette saison être la vedette d'une des productions les plus en vue,mais c'est Sonya Yoncheva qui a profité de l'aubaine...)
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Re: Histoires de doublures (et de remplacements)

Message par zigfrid » 27 févr. 2018, 10:29

à Marseille en 89: j'assiste à une Tosca avec un Giacomini malade comme un chien; il est remplacé plus tard par Veriano Luchetti; juste après , c'est Giacomini qui remplace Luchetti pour Tosca à la Scala..Toujours à Marseille, Bruson qui remplace pour une matinée uniquement Alessandro Cassis dans Nabucco en 89 ou 90.(A la sortie, on lui demande s'il compte revenir à Marseille, il nous répond que pour ca, il faudrait augmenter les impots locaux...)

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Re: Histoires de doublures (et de remplacements)

Message par Franz Muzzano » 27 févr. 2018, 14:26

Auditorium de Radio France, saison 1983 ou peut-être 1984. Fidelio avec Marton et William Johns en version concert, j'ai une place acquise pour une bouchée de pain, j'arrive au dernier moment, salle loin d'être pleine. L'appariteur s'avance, on s'attend à une annonce du genre "Madame Eva Marton, souffrante, a tenu tout de même à..."...et on entend "Monsieur William Johns, aphone depuis ce matin, ne pourra malheureusement pas assurer le rôle de Florestan (brouhaha style "bon, il vont nous sortir qui de leur chapeau ?")...Il sera remplacé par Monsieur James King, qui a accepté de venir d'Allemagne dans l'après-midi".
Ou comment se retrouver vite fait au troisième rang plein centre pour être certain d'être bien placé à l'acte II pour entendre un fabuleux Florestan :D
Nous n'avons pas besoin d'artistes, nous avons besoin de gens qui ont besoin d'artistes...

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Re: Histoires de doublures (et de remplacements)

Message par PlacidoCarrerotti » 27 févr. 2018, 15:02

Un peu de théâtre.

La jeune Mary Marquet, de stature imposante, est présentée comme sa doublure à l’interprète titulaire d’Athalie :

« Ma doublure ? … Ma triplure, vous voulez dire ! ».
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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Re: Histoires de doublures (et de remplacements)

Message par micaela » 27 févr. 2018, 15:43

Franz Muzzano a écrit :
27 févr. 2018, 14:26
Auditorium de Radio France, saison 1983 ou peut-être 1984. Fidelio avec Marton et William Johns en version concert, j'ai une place acquise pour une bouchée de pain, j'arrive au dernier moment, salle loin d'être pleine. L'appariteur s'avance, on s'attend à une annonce du genre "Madame Eva Marton, souffrante, a tenu tout de même à..."...et on entend "Monsieur William Johns, aphone depuis ce matin, ne pourra malheureusement pas assurer le rôle de Florestan (brouhaha style "bon, il vont nous sortir qui de leur chapeau ?")...Il sera remplacé par Monsieur James King, qui a accepté de venir d'Allemagne dans l'après-midi".
Ou comment se retrouver vite fait au troisième rang plein centre pour être certain d'être bien placé à l'acte II pour entendre un fabuleux Florestan :D
Ah merci. J'ai failli citer cette anecdote, en faisant remonter le fil (je l'ai lue je ne sais plus où, sans doute noyée dans un fil dont ce n'était pas le sujet), mais je m'en rappelais trop peu de choses, juste l'arrivée surprise de James King. Du remplacement de grand luxe...
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Re: Histoires de doublures (et de remplacements)

Message par Hermangarde » 27 févr. 2018, 15:53

Cet été à Bayreuth, Catherine Foster se fait un claquage au mollet, au moment des saluts à la fin de l'acte 1 de Crépuscule. Au lever de rideau, annonce au micro, ce sera l'assistant de Castorf qui jouera, mais Foster chantera. L'assistant du metteur en scène c'était un grand gars. Grimé en Brünnhilde, il était assez hilarant. Foster était en fauteuil et se levait avec béquilles. Dans la mise en scène de Castorf, cela détonait à peine! Au moment de l'entrée en scène de Brünnhilde, au début de l'acte 2, cachée d'abord par Gunther, on pouvait croire que c'était la vraie mise en scène..... C'était la dernière représentation et la dernière aussi pour Foster. C'était émouvant à la fin de l'acte 3 de la voir dressée sur ses béquilles. Magnifique Brünnhilde.

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Re: Histoires de doublures (et de remplacements)

Message par Egisthe » 27 févr. 2018, 15:58

PlacidoCarrerotti a écrit :
27 févr. 2018, 15:02
Un peu de théâtre.

La jeune Mary Marquet, de stature imposante, est présentée comme sa doublure à l’interprète titulaire d’Athalie :

« Ma doublure ? … Ma triplure, vous voulez dire ! ».
N'était-ce pas Sarah Bernhardt ?

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Re: Histoires de doublures (et de remplacements)

Message par PlacidoCarrerotti » 27 févr. 2018, 16:51

Egisthe a écrit :
27 févr. 2018, 15:58
PlacidoCarrerotti a écrit :
27 févr. 2018, 15:02
Un peu de théâtre.

La jeune Mary Marquet, de stature imposante, est présentée comme sa doublure à l’interprète titulaire d’Athalie :

« Ma doublure ? … Ma triplure, vous voulez dire ! ».
N'était-ce pas Sarah Bernhardt ?
Ce serait étonnant. C'était une amie de la famille et Marquet était a maîtresse de Rostand.
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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