Cadeau de Noël

D'ou tu viens, pourquoi t'es là et autres civilités.
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Loïs
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Cadeau de Noël

Message par Loïs » 18 déc. 2017, 08:25

A l’époque où Youtube n’existait et où en province , on attendait les 4 ou 5 spectacles annuels (Montpellier en l’occurrence), les découvertes venaient de la radio :France Musique le samedi après-midi (c’est déjà un sujet sur le Forum) et radio Maguelonne (radio de l’Evéché) où un animateur présentait les diffusions avec énormément d’humour mettant en lumière le ridicule des livrets (ce qui est extrêmement facile) mais pour autant nous faisait aimer les œuvres. Je lui dois la découverte d’un de mes plus grands plaisirs coupables : la Gioconda.
Je vais essayer de reconduire l’expérience et l’offre en cadeau de Noël à ceux qui l’accepteront. Cet exercice n’a aucune prétention (donc pas la peine de se lancer sur une analyse détaillée des rapports sodomiques avec des diptères nécrophages) et ne se veut qu’une loïsserie de plus sur des noms qui me restent virtuels.



L’intrigue se déroule à Venise au XVIIème siècle, lieu de perdition et de snobe perversion pour de nombreux ODBiens si l’on en croit un fil dédié.

1er acte :
C’est le printemps et une foule se presse devant le palais des doges à Venise, pour assister à la traditionnelle régate.
Les éternels lyric trotters sont là. On reconnait les deux sexy hôtesses de l’air qui sont descendues à Marco Polo quelques heures avant du charter AF , bon pour autant elles ne ressemblent pas vraiment Natacha, Adalbéron toutes voiles dehors s’identifiant à Tadzio suivi à quelques millimètres par un Bernard qui nous joue les Von Aschenbach. Placido se demande si métamorphosé en Alida Valli il pourra prendre dans ses filets Granger à condition d’arrêter ses calembours. Plus loin Hélène s’est lancée dans une conférence en six volumes subdivisés en 54 titres eux mêmes comportant 372 chapitres de 1250 alinéas, chacun sur l’influence des soucoupes volantes dans le percement du Canale Grande ; Martine, Corinne et Ingrid en groupies écoutent captivées tout en tricotant assises sur des pliants, Romance a lâché le groupe pour aller nourrir les pigeons et on entend ses « petis petis petits », Micaela toute en voile de deuil cherche l’écho de la voix de son idole émanant de la lagune. Bien entendu Hiero réincarnation autoproclamée de Casanova joue à demeure mais se lamente de ne trouver que des vaches laitières bavaroises en goguette à la recherche d’Helmut Lotti. Exceptionnellement sorti de son trou lorrain mais rééditant un épisode de Candide situant Stanislas à Venise, Jérôme suit en trainant des pieds et maugréant.
Luigi di Barnaba, un espion de l’Inquisition se glisse dans la foule, et jette son dévolu et ses bas appétits sur la jeune et belle chanteuse de rue, la Gioconda , à l’allure léonesque, ne se vêtant que de blanc et de rouge et se lamentant à longueur de journée sur ses doigts gelés, flanquée de sa vieille mère aveugle, la Cieca, originaire des Carpates son vrai nom est Ciecarova, qui en plus d’être aveugle est sourde, notamment à sa propre voix. Protégeant de toutes ses forces son pucelage (dernier exemplaire vivant sur ODB), elle le repousse avec horreur car celui qu’elle aime c’est Enzo. Enzo, prince banni de Venise et dont le vrai nom n’est pas Santafiore comme écrit de manière erronée dans certains livrets mais TestadiToro, déguisé en capitaine dalmate. Enzo n’aime pas Giocanda la leonessa, mais Laura , toute de cuir et de chaines vêtue, épouse d’un des chefs de l’inquisition Giovanni-Alvise di Tolosa, pourfendeur de tout hérésie proustienne. Pour autant il ne faut pas oublier que ce fut pour Enzo-erone que Verdi composa à Venise la ballade du Duc de Mantoue et ne pas se fier à ses amours., voilà pourquoi on surnommait à Venise Laura l’Ephémère.
Traverse la scène en gigotant la foule qui scande « carnavale » sur l’air des lampions ; on reconnait au milieu de ce troupeau braillard italien (pléonasme ?) les tenues bariolés de Leporello84 et Truffaldino qui adorent cacher leur jeu, se font passer pour des jeunes gens très sérieux mais usent de pseudos ou de masques pour se défouler. Masque que porte aussi un certain Stefano, croyant qu’on ne l’a pas reconnu alors qu’il est toujours là.
Luigi -Barnaba, vexé comme un pou ou comme un Skipy que l’on aurait privé de ses disque de Grubie, se venge, le fourbe, en dressant la foule contre la Cieca en prétendant que cette dernière a jeté un sort au perdant de la régate. Ca commence à craindre un max et chauffer pour les matricules de Gioconda la leonessa et la Ciecarova. Heureusement l’éphémère Laura défend cette dernière auprès de son mari : »jamais une sorcière ne porterait un rosaire ». La vieille répond sur le thème principal de l’œuvre (le rosario, vous suivez toujours ?) avec un des plus sublimes airs de contralto surtout si vous êtes polonaise et que vous ne voulez pas vous cantonner à Rossini. Giovanni di Tolosa (Alvise, p. suivez !) la fait libérer. Pour la remercier, l’aveugle lui fait cadeau de son rosaire (d’un autre côté il y en a plein en plastique place Saint Marc pour 2 euros).
Pendant tout ce bordel (en opéra on appelle cela un ensemble) LauraEfemera a zieuté partout et a reconnu Enzo-Ierone. Que ces deux là veuillent se fouiller dans les chausses et vertugadins me surprend mais bon c’est l’histoire. Barnaba a lui aussi reconnu le banni et compte bien profiter de la situation : il propose à Enzo de retrouver sa maitresse le soir sur son bateau (alors là, on s’accroche car cela va être une partie de billard à trois bandes : il espère que Gioconda éconduite lui tombera dans les bras, qu’il se débarrassera de Laura pour conduite adultère et pourra ainsi garder l’inquisiteur pour lui tout seul (euh il sera pas un peu p…. le Luigi-Barnaba ?) et pourra envoyer Enzo TestadiToro moisir dans les geôles vénitiennes, réputées aussi accueillantes que les turques mais vous n’êtes pas obligé de coucher. Cela donne un duo qui s’avère être la version pauvre de celui de Iago-Otello, comme quoi choisir le même librettiste n’est pas une garantie.
Resté seul, l’indic dicte une lettre à son scribe (il faut prévoir un gros budget pour monter cet opéra, y a du monde) , afin d’informer l’inquisiteur qu’il est cocu et que ça va copuler sec ce soir sur le bateau d’Enzo-ciliIerone
Mais Giocanda a tout entendu et découvre en même temps que l’homme qu’elle aime n’est qu’un petit con priapique et qu’en plus elle va devoir le sauver.
Après toute cette animation, l’acte se termine calmement par une prière émanant d’une église voisine . On entend la voix du prêtre, Girolamo di B., issu de l’ordre très controversé des ODBiens canal historique, qui essaie de regrouper ses ouailles, principale occupation diurne de ce digne prélat qui s’épuise à contenir leurs débordements. Entre deux génuflexions il se fouette et resserre son cilice en punition d‘avoir reluqué de musculeux portefaix sur les quais.
Gioconda poitrine pendant ce temps sur son malheur.

Suite demain...

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Re: Cadeau de Noël

Message par Adalbéron » 18 déc. 2017, 13:41

:lol: :Jumpy:
« Life’s but a walking shadow, a poor player / That struts and frets his hour upon the stage / And then is heard no more. It is a tale / Told by an idiot, full of sound and fury, / Signifying nothing. »
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Re: Cadeau de Noël

Message par HELENE ADAM » 18 déc. 2017, 14:22

la suite, la suite :Jumpy:
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère

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Re: Cadeau de Noël

Message par micaela » 18 déc. 2017, 16:22

Ah oui. C'est pas bien de nous laisser ainsi en plan...
En attendant, merci du cadeau qui m'a permis de commencer la journée par un éclat de rire (malgré les voiles de deuil...)
Le sommeil de la raison engendre des monstres (Goya)

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Re: Cadeau de Noël

Message par Bernard C » 18 déc. 2017, 17:23

Oui enfin moi , mourir soit , le choléra le plus tard possible...stp

:partytime:

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Re: Cadeau de Noël

Message par romance » 18 déc. 2017, 21:07

Quant à moi, je suis perdue. J’erre de piazza en piazza, j’ai faim, j’ai froid, je me suis gamellée ds un rio, en suivant un abruti de pigeon qui ne voulait pas de mes graines. On m’en reparlera de Venise. Où sont-ils, Tudieu !

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Re: Cadeau de Noël

Message par Adalbéron » 18 déc. 2017, 21:15

romance a écrit :
18 déc. 2017, 21:07
Quant à moi, je suis perdue. J’erre de piazza en piazza, j’ai faim, j’ai froid, je me suis gamellée ds un rio, en suivant un abruti de pigeon qui ne voulait pas de mes graines. On m’en reparlera de Venise. Où sont-ils, Tudieu !
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Là-bas, romance !
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Re: Cadeau de Noël

Message par romance » 18 déc. 2017, 21:27

Tu en es sûr ? Ils ont fait comment ? Je vais m'asseoir et attendre.

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Re: Cadeau de Noël

Message par Bernard C » 18 déc. 2017, 21:41

romance a écrit :
18 déc. 2017, 21:27
Tu en es sûr ? Ils ont fait comment ? Je vais m'asseoir et attendre.
Malheureuse ! Ne t'assieds surtout pas !
C'est pas à toi que ça doit arriver !

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Re: Cadeau de Noël

Message par Adalbéron » 18 déc. 2017, 21:42

Ne reste pas trop longtemps : on sait comment ça finit, à Venise !

(Quelle synchronisation Bernard, on est deux pour la sortir de cette situation)
« Life’s but a walking shadow, a poor player / That struts and frets his hour upon the stage / And then is heard no more. It is a tale / Told by an idiot, full of sound and fury, / Signifying nothing. »
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