Mozart - Mitridate - Haim/Hervieu-Léger - TCE - 02/2016
Re: Mozart - Mitridate - Haim/Hervieu-Léger - TCE - 02/2016
Bien d'accord, sauf les aigus de Petibon et le volume de Devieilhe, mais j'étais dans une loge de galerie : le son serait-il différent là-haut, comme à Bastille ?
la mélodie est immorale
Nietzsche
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Re: Mozart - Mitridate - Haim/Hervieu-Léger - TCE - 02/2016
J'ai retrouvé les défauts habituels de l'opera seria : pas d’action, ou si peu, et beaucoup de redites.
La musique est belle, agréable, mais je m'ennuie quand même, moi aussi (la dame devant moi a regardé son téléphone au moins dix fois, en deuxième partie).
La musique est belle, agréable, mais je m'ennuie quand même, moi aussi (la dame devant moi a regardé son téléphone au moins dix fois, en deuxième partie).
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Re: Mozart - Mitridate - Haim/Hervieu-Léger - TCE - 02/2016
L'opéra seria peut être très dynamique, très prenant voire exaltant avec un grand chef (Rousset, Gardiner, Minko, Biondi)
Après, c'est une question de sensibilité bien sûr. Il y a très peu d'action dans Tristan & Isolde
Après, c'est une question de sensibilité bien sûr. Il y a très peu d'action dans Tristan & Isolde
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
Odb-opéra
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Re: Mozart - Mitridate - Haim/Hervieu-Léger - TCE - 02/2016
J'y étais également mardi et la soirée m'a semblé longue pour trois raisons: un livret insipide, une mise en scène nullissime et la direction sans flamme d'Emmanuelle Haïm.
Si Le Concert d'Astrée est impeccable, avec de très beaux soli instrumentaux (un grand bravo au cor!), l'ensemble manque cruellement d'énergie. Autant j'avais adoré sa lecture d'Idomeneo à Lille l'an dernier, autant ici je l'ai trouvé peu inspirée, les airs s'enchaînant sans tension; les cadences et variations aussi m'ont semblé anti-musicales au possible, mettant souvent les chanteurs en péril.
Quant à la "mise en scène", c'est un ratage total: costumes hideux, décors d'un gris pisseux déprimant et mise en abyme qui tourne court au bout de 10 min, l'idée n'étant plus du tout exploitée au-delà du 3ème air.
La direction d'acteurs, quand il y en a une, est d'un ridicule achevé (les 3 sbires qui retiennent Mitridate faisant mine de se jeter sur Aspasia, la chaise lancée au sol à plusieurs reprises...) et on s'ennuie ferme devant tant d'amateurisme.
La distribution est assez inégale, et deux interprètes se détachent du lot.
Tout d'abord Patricia Petibon, qui est apparue scéniquement assez sobre, loin de ses débordements habituels, campe une Aspasia résignée et touchante. Vocalement, le timbre a gagné en intensité et c'est de la plus belle eau.
Sabine Devieilhe dans le rôle ingrat d'Ismene réussit à séduire le public en trois airs enlevés de la plus belle manière. La projection est un peu limitée mais techniquement et stylistiquement c'est impeccable, des vocalises en cascades aux nuances diaphanes en passant par des suraigus affrontés crânement: je suis sous le charme!
Michael Spyres, après une entrée impressionnante d'aplomb dans la gestion des écarts meurtriers de son premier air, m'a laissé sur ma faim. Si le grave et le médium sont nourris et bien projetés, l'aigu part systématiquement en arrière et n'est jamais lancé à pleine voix, un phénomène frustrant sur le long terme. Le public ne s'y trompe d'ailleurs pas, applaudissant de plus en plus brièvement ses interventions à mesure que la soirée avance.
Myrtò Papatanasiu séduit au premier abord par un timbre corsé et une belle musicalité. Malheureusement la virtuosité reste scolaire et l'aigu forte est entaché de stridences très désagréables (ce détail ne m'avait pas frappé lors de son Alcina à l'OnP en 2014). Je l'ai de plus trouvée scéniquement empruntée, peinant à incarner un Sifare crédible.
Jaël Azzaretti fait également souffrir nos oreilles avec son timbre acide et ses aigus criards. Dommage car le style et les intentions sont exemplaires.
La voix de Christophe Dumaux m'a semblé méconnaissable. Il est vrai que je ne l'avais plus entendu depuis 2008 (Giulio Cesare à Marseille) mais ce soir le timbre était comme privé de chair, la projection faiblarde et l'aigu rétif.
Dommage car il est comme à l'accoutumée très bon acteur (même s'il en fait parfois trop), doublé d'un chanteur scrupuleux et élégant.
Cyrille Dubois tire son épingle du jeu lors de son unique air, affichant une belle virtuosité et un engagement louable.
Salle bien remplie, assez amorphe durant la soirée mais qui s'est réveillée aux saluts pour applaudir chaleureusement les protagonistes.
Si Le Concert d'Astrée est impeccable, avec de très beaux soli instrumentaux (un grand bravo au cor!), l'ensemble manque cruellement d'énergie. Autant j'avais adoré sa lecture d'Idomeneo à Lille l'an dernier, autant ici je l'ai trouvé peu inspirée, les airs s'enchaînant sans tension; les cadences et variations aussi m'ont semblé anti-musicales au possible, mettant souvent les chanteurs en péril.
Quant à la "mise en scène", c'est un ratage total: costumes hideux, décors d'un gris pisseux déprimant et mise en abyme qui tourne court au bout de 10 min, l'idée n'étant plus du tout exploitée au-delà du 3ème air.
La direction d'acteurs, quand il y en a une, est d'un ridicule achevé (les 3 sbires qui retiennent Mitridate faisant mine de se jeter sur Aspasia, la chaise lancée au sol à plusieurs reprises...) et on s'ennuie ferme devant tant d'amateurisme.
La distribution est assez inégale, et deux interprètes se détachent du lot.
Tout d'abord Patricia Petibon, qui est apparue scéniquement assez sobre, loin de ses débordements habituels, campe une Aspasia résignée et touchante. Vocalement, le timbre a gagné en intensité et c'est de la plus belle eau.
Sabine Devieilhe dans le rôle ingrat d'Ismene réussit à séduire le public en trois airs enlevés de la plus belle manière. La projection est un peu limitée mais techniquement et stylistiquement c'est impeccable, des vocalises en cascades aux nuances diaphanes en passant par des suraigus affrontés crânement: je suis sous le charme!
Michael Spyres, après une entrée impressionnante d'aplomb dans la gestion des écarts meurtriers de son premier air, m'a laissé sur ma faim. Si le grave et le médium sont nourris et bien projetés, l'aigu part systématiquement en arrière et n'est jamais lancé à pleine voix, un phénomène frustrant sur le long terme. Le public ne s'y trompe d'ailleurs pas, applaudissant de plus en plus brièvement ses interventions à mesure que la soirée avance.
Myrtò Papatanasiu séduit au premier abord par un timbre corsé et une belle musicalité. Malheureusement la virtuosité reste scolaire et l'aigu forte est entaché de stridences très désagréables (ce détail ne m'avait pas frappé lors de son Alcina à l'OnP en 2014). Je l'ai de plus trouvée scéniquement empruntée, peinant à incarner un Sifare crédible.
Jaël Azzaretti fait également souffrir nos oreilles avec son timbre acide et ses aigus criards. Dommage car le style et les intentions sont exemplaires.
La voix de Christophe Dumaux m'a semblé méconnaissable. Il est vrai que je ne l'avais plus entendu depuis 2008 (Giulio Cesare à Marseille) mais ce soir le timbre était comme privé de chair, la projection faiblarde et l'aigu rétif.
Dommage car il est comme à l'accoutumée très bon acteur (même s'il en fait parfois trop), doublé d'un chanteur scrupuleux et élégant.
Cyrille Dubois tire son épingle du jeu lors de son unique air, affichant une belle virtuosité et un engagement louable.
Salle bien remplie, assez amorphe durant la soirée mais qui s'est réveillée aux saluts pour applaudir chaleureusement les protagonistes.
« L’opéra est comme l’amour : on s’y ennuie mais on y retourne » (Flaubert)
Re: Mozart - Mitridate - Haim/Hervieu-Léger - TCE - 02/2016
J'ai assisté à la représentation de ce jeudi soir. Curieusement mes impressions sont presque inverses de celles que j'ai lues ici. Pour moi Myrto Papatanasiu domine largement la distribution féminine, c'est la seule qui n'ai pas une voix sous-dimensionnée et qui fasse preuve de brio. Les deux autres sont très propres, très classieuses (surtout Devieilhe), très musicales, mais ce sont des Despina complètement égarées dans ces rôles qui demandent des voix d'une toute autre dimension. Medium et graves inaudibles, aigus impeccablement ciselés mais trop souvent chantés en mode soubrette pianissimo. Toute la soirée je me suis pris à rêver à ce que des Grubi ou Anderson auraient fait de cette oeuvre... Ceci étant elles ont eu de très bons moments.
Côté distribution masculine j'ai été épaté par Christophe Dumiaux : Placido, je ne vois pas en quoi il aurait perdu ses harmoniques, le timbre ce soir était très riche. Et il a superbement chanté toute la soirée. A noter pour l'anecdote un gros trou de mémoire dans un récitatif de la 2e partie, impeccablement rattrapé par le claveciniste. Plus de peur que de mal...
Spyres est très chouette mais, comme vous l'avez tous mentionné, c'est dommage que la voix parte systématiquement en arrière à partir du la aigu, ça retire de l'impact à ses acrobaties. Mais globalement quelle prestation tout de même !!
Et Cyrille Dubois a été fantastique de virtuosité et de style, une découverte pour moi.
Mise en scène nulle mais éclairages suggestifs et dans l'ensemble rien ne m'a gêné. Dans la fosse, Emmanuelle Haim est trop monocorde, ça manque de contrastes, de couleurs et de nuances, mais l'ensemble a tout de même de la tenue.
Dans l'ensemble j'ai passé une très bonne soirée, malgré quelques longueurs surtout dans la 1ere partie.
Côté distribution masculine j'ai été épaté par Christophe Dumiaux : Placido, je ne vois pas en quoi il aurait perdu ses harmoniques, le timbre ce soir était très riche. Et il a superbement chanté toute la soirée. A noter pour l'anecdote un gros trou de mémoire dans un récitatif de la 2e partie, impeccablement rattrapé par le claveciniste. Plus de peur que de mal...
Spyres est très chouette mais, comme vous l'avez tous mentionné, c'est dommage que la voix parte systématiquement en arrière à partir du la aigu, ça retire de l'impact à ses acrobaties. Mais globalement quelle prestation tout de même !!
Et Cyrille Dubois a été fantastique de virtuosité et de style, une découverte pour moi.
Mise en scène nulle mais éclairages suggestifs et dans l'ensemble rien ne m'a gêné. Dans la fosse, Emmanuelle Haim est trop monocorde, ça manque de contrastes, de couleurs et de nuances, mais l'ensemble a tout de même de la tenue.
Dans l'ensemble j'ai passé une très bonne soirée, malgré quelques longueurs surtout dans la 1ere partie.
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Re: Mozart - Mitridate - Haim/Hervieu-Léger - TCE - 02/2016
Cet avis semble largement partagé et pourtant, combien le travail du metteur en scène semblait prometteur et réfléchi lors de la passionnante conférence qui présentait les tableaux du Louvre censés apporter un éclairage particulier à ce Mitridate. Il y a loin de la coupe aux lèvres.paco a écrit :Mise en scène nulle
Re: Mozart - Mitridate - Haim/Hervieu-Léger - TCE - 02/2016
oui, tout à fait d'accord avec toi Paco sur l'excellente soirée d'hier. C'est assez émollient jusqu'au Venga pur mais ensuite E. Haïm, même si elle reste trop lisse, se montre très convaincante, très probe, très fluide, et on ne s'ennuie plus une seconde. Il y a même beaucoup d'émotion.paco a écrit :J'ai assisté à la représentation de ce jeudi soir. Curieusement mes impressions sont presque inverses de celles que j'ai lues ici. Pour moi Myrto Papatanasiu domine largement la distribution féminine, c'est la seule qui n'ai pas une voix sous-dimensionnée et qui fasse preuve de brio. Les deux autres sont très propres, très classieuses (surtout Devieilhe), très musicales, mais ce sont des Despina complètement égarées dans ces rôles qui demandent des voix d'une toute autre dimension. Medium et graves inaudibles, aigus impeccablement ciselés mais trop souvent chantés en mode soubrette pianissimo. Toute la soirée je me suis pris à rêver à ce que des Grubi ou Anderson auraient fait de cette oeuvre... Ceci étant elles ont eu de très bons moments.
Côté distribution masculine j'ai été épaté par Christophe Dumiaux : Placido, je ne vois pas en quoi il aurait perdu ses harmoniques, le timbre ce soir était très riche. Et il a superbement chanté toute la soirée. A noter pour l'anecdote un gros trou de mémoire dans un récitatif de la 2e partie, impeccablement rattrapé par le claveciniste. Plus de peur que de mal...
Spyres est très chouette mais, comme vous l'avez tous mentionné, c'est dommage que la voix parte systématiquement en arrière à partir du la aigu, ça retire de l'impact à ses acrobaties. Mais globalement quelle prestation tout de même !!
Et Cyrille Dubois a été fantastique de virtuosité et de style, une découverte pour moi.
Mise en scène nulle mais éclairages suggestifs et dans l'ensemble rien ne m'a gêné. Dans la fosse, Emmanuelle Haim est trop monocorde, ça manque de contrastes, de couleurs et de nuances, mais l'ensemble a tout de même de la tenue.
Dans l'ensemble j'ai passé une très bonne soirée, malgré quelques longueurs surtout dans la 1ere partie.
Dumaux très en voix, bien mieux qu'à Amsterdam l'an dernier.
oui, la majorité des solistes est sous-dimensionné pour le Mozart seria mais tout le monde ne peut pas disposer, comme C. Rousset en mai 1998 pour ses deux concerts de légende à Lyon d'un quatuor de rêve : N. Dessay, C. Bartoli, G. Sabbatini, S. Piau qui a donné lieu à l'intégrale Decca que l'on sait. Son assistante d'alors ? E. Haïm
Ce même C. Rousset reprendra Mitridate à La Monnaie en mai (avec à nouveau M. Spyres et M. Papatanasiu) puis à Londres, pour ses débuts au ROH, en juin 2017. Comme j'ai hâte !
oui, comme PC l'a écrit plus haut, cette œuvre est jouissive. Que les dix-neuvièmistes avides de suraigus s'y ennuient ferme est très logique. C'est une toute autre sensibilité, un autre univers mental
G. Arquez était dans la salle et est passée en coulisses pour saluer ses collègues
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Mozart - Mitridate - Haim/Hervieu-Léger - TCE - 02/2016
oui, mais on ne voit aucun de ces tableaux dans ce spectacle ! Ce n''est pas avec des idées qu'on fait du théâtre mais avec un espace, des corps et des flux d'énergie. L'érudition est souvent vaine dans ce domainehouppelande a écrit :Cet avis semble largement partagé et pourtant, combien le travail du metteur en scène semblait prometteur et réfléchi lors de la passionnante conférence qui présentait les tableaux du Louvre censés apporter un éclairage particulier à ce Mitridate. Il y a loin de la coupe aux lèvres.paco a écrit :Mise en scène nulle
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Mozart - Mitridate - Haim/Hervieu-Léger - TCE - 02/2016
Je veux dire qu'à l'aveugle, je ne l'aurais jamais reconnu. Je ne dis pas qu'il chante mal ou que la voix est moche ou trop petite, etc., mais que ce n'est plus ce timbre qui m'avait frappé par sa richesse la première fois que je l'avais entendu.paco a écrit :Côté distribution masculine j'ai été épaté par Christophe Dumiaux : Placido, je ne vois pas en quoi il aurait perdu ses harmoniques, le timbre ce soir était très riche. Et il a superbement chanté toute la soirée.
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).
Re: Mozart - Mitridate - Haim/Hervieu-Léger - TCE - 02/2016
Aux saluts (18 fév.)