Les fans de ténors : vers une masculinisation ?

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JdeB
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Les fans de ténors : vers une masculinisation ?

Message par JdeB » 05 févr. 2007, 13:09

En lisant ODB je m'aperçois que certains hommes, souvent jeunes, sont de vrais fans de ténors. Une amie qui travaille pour des ténors depuis 35 ans et un sociologue avec lequel je discute régulièrement de son sujet, les fans d'opéras, me disent que c'est sans doute un phénomène nouveau.
Qu'en pensez-vous ?
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Re: Les fans de ténors : vers une masculinisation ?

Message par mcs » 05 févr. 2007, 14:38

JdeB a écrit :En lisant ODB je m'aperçois que certains hommes, souvent jeunes, sont de vrais fans de ténors. Une amie qui travaille pour des ténors depuis 35 ans et un sociologue avec lequel je discute régulièrement de son sujet, les fans d'opéras, me disent que c'est sans doute un phénomène nouveau.
Qu'en pensez-vous ?
le mien (d'homme) est fan des voix de ténors depuis 50 ans :) depuis (lui aussi) sa découverte de Mariano (dans le poste ....et au Châtelet ensuite !)

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Message par Ced » 05 févr. 2007, 14:54

Je pense aussi que, depuis quelques années, on assiste à ce que je qualifierais, si je n'avais pas peur d'exagérer, de déferlante de ténors: d'abord Alagna, puis sont arrivés les Cura, Alvarez, Florez, Villazon, Calleja, .... Il me semble que c'est sur ce type de voix que s'est focalisée l'attention des médias et majors du disque... Le ténor est à la mode!
Ces dames doivent se contenter de la portion congrue. En effet, les chanteuses -stars sont moins nombreuses, du moins me semble-t-il (Bartoli, Gheorghiu, Netrebko, Garanca...).

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JdeB
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Re: Les fans de ténors : vers une masculinisation ?

Message par JdeB » 05 févr. 2007, 15:11

mcs a écrit :
JdeB a écrit :En lisant ODB je m'aperçois que certains hommes, souvent jeunes, sont de vrais fans de ténors. Une amie qui travaille pour des ténors depuis 35 ans et un sociologue avec lequel je discute régulièrement de son sujet, les fans d'opéras, me disent que c'est sans doute un phénomène nouveau.
Qu'en pensez-vous ?
le mien (d'homme) est fan des voix de ténors depuis 50 ans :) depuis (lui aussi) sa découverte de Mariano (dans le poste ....et au Châtelet ensuite !)
Attention, lorsque je parle de "fan de ténor" je ne parle pas d'un intérêt même très vif pour ce type de tessiture (et des rôles écrit pour) mais d'une fascination pour tel ténor en tant que personne autant que comme artiste.
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Re: Les fans de ténors : vers une masculinisation ?

Message par mcs » 05 févr. 2007, 15:22

JdeB a écrit : Attention, lorsque je parle de "fan de ténor" je ne parle pas d'un intérêt même très vif pour ce type de tessiture (et des rôles écrit pour) mais d'une fascination pour tel ténor en tant que personne autant que comme artiste.
ma réponse allait effectivement avec fan de la tessiture et des rôles ecrits pour ! car pour nous on ne peut être fans d'un artiste lyrique sans être fan de sa voix

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Message par adecambrai » 05 févr. 2007, 15:36

Je note effectivement un engouement pour les ténors, dont je ne suis pas totalement exempt d'ailleurs. Pour essayer de creuser un peu la question, je dirai qu'il faut envisager l'aspect "visibilité" (je parle ici pour la grande majorité et non un public connaisseur).

Qui est connu parmi les soprani ? Callas. Et ? Ben personne d'autre, ou alors de manière sporadique. Un peu de Nathalie Dessay mais c'est plus récent et moins "écrasant". Sans dire qu'il y a moins de stars, je rejoins un peu l'idée de Ced, au moins concernant la médiatisation.

Les ténors ont bénéficié d'une publicité à plus grande échelle : on parle des "3 ténors", comme d'une sorte de cercle Jedi :lightsabre: représentant le parangon de la perfection, et il existe même des disques où ils chantent en commun. Sans compter les actions d'éclat : Pavarotti dont on sait la carrière médiatique, sur laquelle il n'est pas question ici de revenir, Rototo qui chante la marseillaise en 2002 et entre dans le très select club des peoples-qui-pètent-leur-câble, faisant ainsi les gros titres.

Tout cela pour dire que l'horizon d'écoute a été, il me semble, plus largement investi par la figure du ténor. Le fait qu'il y ait de belles voix ajoute au phénomène.
Même si l'on n'aime pas, on a forcément entendu "La Donna é mobile" par Pavarotti. Au point que certains croyaient que c'était un chanteur "de variété mais qui chante comme un chanteur d'opéra" et ont cru à une "reprise" quand je leur ai fait écouter la version de Bergonzi. :lol:

Quelqu'un qui connaît ces voix, ce répertoire, et tombe sur le "Best-Off" de Rototo, saura à quoi il s'attend et achetera plus facilement. Du coup la figure du ténor se développera mieux et l'auditeur abordera le champ lyrique à travers ce registre de voix.
Non qu'il puisse en changer après, mais au moins gardera-t-il toujours une sorte d'affection particulière. Et c'est d'autant plus vrai chez les jeunes qui ont connu le battage médiatique autour des "3 ténors". J'ai beau adorer les voix de femmes et les autres registres, j'ai découvert l'opéra en entendant le "Nessun Dorma" et ce Vinceeroooooooooooooooo (peu de "e" par respect pour MaitreLuther qui comprendra :wink: ) ne me quitte pas.
Depuis, j'ai aussi une oreille attentive pour les voix de ténors et mes "chouchous", y compris très contemporains : Alvarez, Rototo, Heppner, Diego Florez...

Cela ne prétend pas expliquer le phénomène, mais confirmer que, oui, les jeunes (cela vaut aussi pour mes amis et collègues amateurs d'opéra) sont plus naturellement orientés vers la figure du ténor. Et que, curieusement, tous ont été dans leur initiation au contact auditif avec l'un des "3 ténors".

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Message par maitreluther » 05 févr. 2007, 16:48

Merci pour le petit nombre de 'E'. 2 de plus et je m'etouffe!
:lol: :lol: :lol: :lol:
c'est pas parce qu'on a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule
(audiard)

Lily
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Message par Lily » 05 févr. 2007, 17:52

Attendez, je ne suis pas sûre de comprendre...

JdeB, tu parles bien d'un engouement des hommes (alors que l'on aurait plutôt envie de penser que ce sont les femmes qui sont sensibles au timbre de voix de ténor... et aux héros qu'ils incarnent) pour les voix de ténor, n'est-ce pas ?
Pas d'un phénomène de société global. Ou j'ai mal compris ?

Lily, perplexe.

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Message par JdeB » 05 févr. 2007, 20:52

Lily a écrit :Attendez, je ne suis pas sûre de comprendre...

JdeB, tu parles bien d'un engouement des hommes (alors que l'on aurait plutôt envie de penser que ce sont les femmes qui sont sensibles au timbre de voix de ténor... et aux héros qu'ils incarnent) pour les voix de ténor, n'est-ce pas ?
Pas d'un phénomène de société global. Ou j'ai mal compris ?

Lily, perplexe.
Oui, tu as compris. des observateurs avertis m'affirment que jusqu'à présent les hommes fans de ténor, (au sens de groupies, pas ceux qui aiment bien Faust, Werther, etc...) étaient fort rares mais qu'aujourd'hui ça évolue chez les jeunes amateurs.
J'ai moi même constaté autour de Domingo et de Pavarotti que j'ai beaucoup suivis une décennie durant que les femmes étaient ultra-majoritaires. (+ de 95 %).
Je vois bien en lisant ODB que des jeunes admirateurs ne jurent que par Alagna, Villazon, Florez, Alvarez, Cura etc...mais je ne voudrais pas généraliser à partir de ces exemples trop peu nombreux.

Pour moi le symptôme classique c'est l'usage systématique du prénom et le tutoiement du style "bravo Marcello pour tout ce que tu fais..."
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paco
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Message par paco » 06 févr. 2007, 00:24

ds les années 70, je voyais autant d'hommes hurler bravo pour Domingo et Pavarotti qu'aujourd'hui pour Alvarez ou Florez. Je n'ai pas l'impression d'assister à un phénomène de société. A Garnier, je me souviens de véritables hystéries de publics tant masculins que féminins pour Vickers, Kraus ou Domingo. A mon avis, Rien de neuf aujourd'hui.

Quant au tutoiement, il était banal depuis très longtemps en Italie et en Espagne. Je pense que ce phénomène aujourd'hui en France est + lié à une sorte d'internationalisation des comportements, peut-être même que ceux que vous avez vu hurler "Marcelo sei il migliore" sont des italiens ou des italo-argentins.

Que l'engouement pour les ténors soit fort tient aussi du fait qu'on sort d'une période de relative pénurie. A la fin des années 80, alors que les Pavarotti, Kraus et Domingo commençaient à 1) prendre beaucoup d'âge, 2) coûter trop cher pour les scènes parisiennes 3) abandonner certains rôles, ... on n'avait plus de très bons ténors à se mettre sous la dent, en dehors d'apparitions rares d'un Shicoff ou de jeunes espoirs très tôt décevants, comme par exemple Dano Raffanti.

Inversment c'était une époque glorieuse pour les divas : Anderson, Gasdia, Cuberli, Dupuy, Valentini Terrani, Lott, Stratas, Jones, Behrens, etc... étaient au sommet de leur gloire, les Verrett, Bumbry, Von Stade, Te Kanawa, M.Price, Popp, Kabaivanska, terminaient tout juste leur carrière phénoménale et faisaient encore délirer les salles. Il y avait alors un engouement plus fort pour les divas (je me souviens de spectateurs hurlant Kiriiiiiiiiiiiiii, aux saluts d'une Bohême parisienne en 1980).

Au milieu des années 80, l'apparition d'un Alagna, puis d'un Alvarez, ont été une bouffée d'espoir extraordinaire pour ceux qui attendaient le retour d'un Roméo ou d'un Alfredo dignes de ce nom, tant théâtralement que vocalement. Il est fort à parier que le jour où une soprano de la trempe d'une Caballé ou d'une Leontyne Price refera surface on observera un phénomène aussi massif pour les soprani qu'aujourd'hui pour les ténors.

La rareté provoque l'attente, et quand celle-ci est enfin satisfaite l'engouement vire à la passion.

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