Tansman -Le Serment - Maison de la Radio - 11/2004

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Clement
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Tansman -Le Serment - Maison de la Radio - 11/2004

Message par Clement » 14 nov. 2004, 16:26

bonjour à tous !

étais-je le seul hier soir à assister au concert gratuit des figures polonaises à la maison de la radio, qui programmait ce soir là les quelque 50 minutes d'un opéra de Tansman, "Le Serment" ?
en fait, ce petit opéra, composé en 1953 pour la radio, n'a rien de bien polonais, la facture en est typiquement française (pour autant que je m'y connaisse), et même de ce qui peut se faire de mieux ! la musique en est très intéressante, prenante, économe dans ses effets, et par là même très efficace. sans sobriété excessive, sans dramatisation outrancière, elle suggère magnifiquement les tensions, ambiances et états d'âme sans se montrer platement illustrative ou coller de façon dramatisante à un livret au texte bien médiocre et une intrigue des plus joyeuses : pensez donc, la contesse reçoit son amant, qui jure de l'aimer jusqu'à la mort. le conte arrive, l'amant est dans le placard. le conte fait jurer solennellement à la contesse que le placard est vide, et ensuite le fait murer, condamnant l'amant, qui, fidèle à son serment (comme la contesse reste prisonnière du sien), se tait et se laisse ensevelir. Sur ce canevas bien glauque, la musique n'a rien de vériste, il flotte une atmosphère onirique, avec frottements harmoniques et dissonances charmeuses et inquiétantes à la fois. une belle découverte.
j'ajoute que l'orchestre, les neuf choristes féminines et les quelques solistes étaient très bien. sauf le ténor Fabrice Dalis, dans le rôle de l'amant, au français très clair (comme tous d'ailleurs), mais dont on attend l'emmurement sans regrets.
Marie Devellereau a superbement chanté un rôle complexe, à la longue tessiture (plutôt aiguë et bien adaptée à ses moyens), tout en préservant l'intelligibilité du texte. le seul arioso de la partition lui échoit ; le méchant conte était Jean-Sebastion Bou, efficace dans une partie qui ne permet pas vraiment de se mettre en valeur. un mot sur Delphine Haidan, dans un petit rôle destiné à un vrai contralto qui ne lui sied pas toujours mais où elle se montre vite attachante.
l'opéra requiert également un récitant. Eric Génovèse, sociétaire de la comédie française, a parfaitement rendu les textes (pas terribles) en utilisant sa voix de façon instrumentale et parfaitement dosée, qui suggère une belle connaissance musicale (il suit d'ailleurs la partition), ce qui était certainement la meilleure approche.
vraiment une belle fin soirée, retransmise avant la fin du mois sur France Musique.

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