Ravel - L'enfant et les Sortilèges - Engel / Pont - Lyon - 11/19

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Ravel - L'enfant et les Sortilèges - Engel / Pont - Lyon - 11/19

Message par dge » 13 nov. 2019, 23:13

Maurice Ravel – L’Enfant et les Sortilèges

Fantaisie lyrique en deux parties sur un livret de Colette
Crée le 21 mars 1925 à l'Opéra de Monte-Carlo

Opéra de Lyon - novembre 2019


Direction musicale : Titus Engel
Concept et vidéo : Grégoire Pont
Décors et costumes : Thibault Vancraenenbroeck
Mise en espace : James Bonas
Lumières : Christophe Chaupin
Cheffe des Chœurs : Karine Locatelli

Solistes du Studio, Orchestre et Chœurs de l'Opéra de Lyon


L'Enfant : Clémence Poussin*
Bergère, Chouette : Beth Moxon*
Feu, Pastourelle, Chauve-Souris : Erika Baikoff
Rossignol, Princesse : Margot Genet
Maman, Tasse chinoise, Libellule : Claire Gascoin
Pâtre, Chatte, Ecureuil : Eira Huse
Théière, Petit vieillard, Rainette : Kaëlig Boché
Horloge comtoise, Chat : Christoph Engel
Fauteuil, Arbre : Matthew Buswell

* : Pour certaines représentations, il y a alternance des rôles entre ces deux artistes



Représentation du 19 novembre


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L’Opéra de Lyon reprend la production crée en 2016 par Grégoire Pont et James Bonas (cfviewtopic.php?f=6&t=18053&p=297381&hili ... es#p297381

L’œuvre d’une cinquantaine de minutes est présentée seule, non couplée à une autre œuvre courte comme c’est généralement le cas et à un horaire avancé. Des ingrédients pour cibler un public jeune et il est vrai qu’en cette soirée les têtes blanches sont largement minoritaires.

C’est à l’initiative de Jacques Rouché, directeur de l’Opéra de Paris que Colette rédige en 1916 le livret d’une féerie-ballet Divertissement pour ma petite fille. Ravel sollicité par défaut du fait du désistement de plusieurs compositeurs finit par accepter d’en rédiger la partition. Le texte initial remanié à sa demande deviendra L’enfant et les sortilèges. Privilégiant d’autres projets, le travail de composition traîna beaucoup et ce n’est qu’en 1924 qu’il s’y plongea activement. L’œuvre sera finalement crée à Monte-Carlo sur une chorégraphie de Georges Balanchine et sous la direction de Victor De Sabata.

Grégoire Pont fait largement appel aux ressources vidéographiques pour nous proposer un spectacle qui magnifie l’atmosphère féerique de l’œuvre mais la dimension théâtrale est réduite à un complément des images ce qui nuit un peu à la lisibilité de l’action. Il précise dans sa note d’intention : « Ma volonté est d'utiliser l'animation comme de la matière vivante. Pas de projeter des séquences vidéos sur un écran comme il en existe souvent en concert. Mais que l'animation arrive dont on ne sait où. Comme quelque chose qui envahit les corps, qui s'échappe d'une bouche, qui danse comme un motif de robe animé... » L’orchestre est en fond de scène, masqué par un tulle faisant office d’écran, rendu plus ou moins transparent selon les éclairages et qui se prête aux projections qui enveloppent les personnages ou commentent l’action. Il y a très peu de décors, les animations sont projetées sur les chanteurs ou jouent avec eux comme des effets spéciaux. Il y a une alternance de moments spectaculaires et de moments plus intimes. On admire la créativité, la parfaite synchronisation avec la musique et le rythme incessant de nouvelles images, le plus souvent en noir et blanc dans la première partie, très colorées dans la deuxième, celle de la forêt, qui nous entraine dans un vertige de couleurs. Et quand l’animation devient gaguesque, comme dans le duo des chats, le jeune public n’hésite pas à exprimer son contentement par quelques rires sonores.

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Comme en 2016, ce sont les solistes du Studio de l’Opéra qui se voient confier l’ensemble des rôles.
D’une voix claire et bien projetée, Clémence Poussin incarne parfaitement cet enfant capricieux puis repentant. Claire Gascoin à la voix de mezzo sombre et superbement timbrée donne beaucoup de relief aux rôles de la Maman, de la Tasse chinoise et de la Libellule. Margot Chenet séduit plus en Princesse qu’en Rossignol ; la voix est souple mais le suraigu manque de netteté. Erika Baikoff (le Feu, Pastourelle, la Chauve-souris) possède une belle voix de soprano et une belle technique mais son texte manque d’intelligibilité. Kaëlig Boché est très convaincant en Théière, Petit Vieillard et Rainette et il réussit très bien sa scène de l’Arithmétique. Beth Moxon (Bergère et Chouette) Eira Huse ( Le Pâtre, la Chatte et l’Ecureuil) Christophe Engel ( l’Horloge comtoise, Le Chat) et Mathieu Buswell ( Le Fauteuil, l’Arbre) sont aussi parfaits d’engagement dans une production qui séduit aussi par l’ homogénéité de son plateau.


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Les Chœurs de l’Opéra de Lyon sont excellents dans leurs interventions. Titus Engel dirige l’ Orchestre de l’Opéra de Lyon et met bien en valeur les raffinements de l’orchestration ravélienne dans ce patchwork de genres musicaux allant de l’écriture classique au ragtime. Il est simplement dommage que les sonorités de l’orchestre, de là où il est placé, nous arrivent un peu étouffées.


Gérard Ferrand

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Re: Ravel - L'enfant et les Sortilèges - Engel / Pont - Lyon - 11/19

Message par Luc ROGER » 16 nov. 2019, 18:19

L'art de Grégoire Pont enchante L'Enfant et les sortilèges à l'Opéra de Lyon

L'Opéra de Lyon reprend pour sept représentations l'Enfant et les sortilèges de Maurice Ravel qui avait connu sa première en 2016 dans le concept vidéo de Grégoire Pont. L'oeuvre, de courte durée (moins d'une heure), souvent couplée à l`Heure espagnole du même compositeur ou au Nain d'Alexander von Zemlinsky, est ici présentée seule, sans doute pour permettre l'initiation à l'opéra d'un jeune public auquel la thématique du conte de Colette, qui en avait écrit le livret, convient particulièrement bien, avec son argument très simple combiné à la modernité de la musique du compositeur.

L'oeuvre, bien connue pour sa composition, est ici magnifiée par l'ingénieuse animation vidéo de Grégoire Pont projetée surtout sur un immense écran transparent de 11 mètres sur 7, derrière lequel est installé l'orchestre baigné dans une douce lumière mordorée. Peu ou pas de décors, des costumes gris simples et sobres, faits de matières réfléchissantes conçues pour recevoir au mieux les animations surtout projetées sur ou autour les chanteurs, des animations qui semblent émaner des chanteurs ou jouer avec eux, tourner autour d'eux ou assaillir le protagoniste, ce méchant enfant que sa mère fait bien de corriger en l'enfermant dans sa chambre, le livrant ainsi aux fantasmagories des objets qui s'animent pour dénoncer les dégâts qu'il a commis et le morigéner pour finalement le consoler quand il se repent de ses mésactions et tente d'en réparer les dommages. Le travail de Grégoire Pont, conjugué à la mise en espace de James Bonas, est confondant de précision et d'inventivité, il suit le tempo et les rythmes de la musique et du chant qu'il visualise et souligne. Ses lignes d'animation sont très simples et légères, ses images fantômatiques enchantent et captivent pendant toute la durée de la représentation et nous entraînent au pays des merveilles de Colette et de Ravel, magiciens du verbe et de la musique.

C'est à un ange philosophe que l'Opéra de Lyon a confié la direction de son orchestre. Titus Engel, qui étudia autrefois la musicologie et la philosophie, a trouvé dans la musique la meilleure expression de sa recherche du sens et de l'harmonie. La production extrêmement visuelle de Lyon a dû aussi rencontrer son amour du cinéma, - le chef suisse se serait en effet bien vu réalisateur de films. La chimie, l'alchimie assurément, ont visiblement bien passé entre le chef, l'orchestre et le concepteur vidéo, si l'on en croit les ors et les sortilèges de la représentation et le rendu du chef d'oeuvre d'orchestration qu'est la partition de L'Enfant et les sortilèges.

La distribution a donné l'occasion de découvrir les talents des jeunes solistes de l'opéra studio, le rôle de l'Enfant étant alternativement chanté par Clémence Poussin (excellente lors de la première de cette saison) et Beth Moxon, qui chantait ce soir-là la bergère et la chouette. Cette belle jeunesse fut soutenue par un public enthousiaste, composé pour la plus grande partie de jeunes qui n'ont pas vu passer la petite heure d'un spectacle qui fut un enchantement tant visuel que musical.

(CR du 14 novembre)

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Re: Ravel - L'enfant et les Sortilèges - Engel / Pont - Lyon - 11/19

Message par dge » 21 nov. 2019, 15:54

CR en tête de fil.

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