Mozart - Don Juan - Grazioli / Delvert - Saint Etienne- 11/2019

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perrine
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Mozart - Don Juan - Grazioli / Delvert - Saint Etienne- 11/2019

Message par perrine » 12 nov. 2019, 14:18

LIVRET DE LORENZO DA PONTE
INSPIRÉ DU MYTHE DE DON JUAN
CRÉATION LE 29 OCTOBRE 1787 AU THÉÂTRE DES ÉTATS (PRAGUE)

DIRECTION MUSICALE GIUSEPPE GRAZIOLI
MISE EN SCÈNE LAURENT DELVERT
DÉCORS PHILIPPINE ORDINAIRE
COSTUMES FRÉDÉRIC LLINARES
LUMIÈRES NATHALIE PERRIER
CHORÉGRAPHIE SANDRINE CHAPUIS

DON GIOVANNI MICHAL PARTYKA
LEPORELLO GUILHEM WORMS
DONNA ANNA CLÉMENCE BARRABÉ
DONNA ELVIRA MARIE-ADELINE HENRY
DON OTTAVIO CAMILLE TRESMONTANT
LE COMMANDEUR ZIYAN ATFEH
ZERLINA NORMA NAHOUN
MASETTO MATTEO LOI

ORCHESTRE SYMPHONIQUE SAINT-ÉTIENNE LOIRE
CHOEUR LYRIQUE SAINT-ÉTIENNE LOIRE

NOUVELLE PRODUCTION DE L’OPÉRA DE SAINT-ÉTIENNE
DÉCORS ET COSTUMES RÉALISÉS PAR LES ATELIERS DE L’OPÉRA DE SAINT-ÉTIENNE

Opéra de Saint-Etienne, vendredi 10 novembre 2019

Dans sa note d’intention, le metteur en scène Laurent Delvert explique qu’il a souhaité travailler sur la rugosité et la violence du personnage de Don Juan, et de la société en général qui « broie l’individu ». Il nous propose donc une transposition qui se veut noire et sombre. Les jardins et les rues Sévillanes sont transformés en environnement de gare, de place bétonnée, d’arcades, de bouche d’égout fumante. Escalator, pollution informative et publicitaire font également partie du tableau, avec un semblant de verdure et de banc sur une passerelle dominant les scènes qui se passent en dessous.

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Pendant l’ouverture, la servante de Donna Anna se fait agresser, Don Ottavio arrive à séduire Donna Anna, des loubards, ou péripatéticiennes vont et viennent. L’agression de Zerline par Don Juan est retransmise en « live » par les convives qui sont tous à regarder et filmer la scène avec leurs portables. Au deuxième acte, les écrans publicitaires sont remplacés par une cabine téléphonique, dont les vitres sont tapissées d’images à la Nemo.

L’idée générale est bonne et à l’ouverture du rideau la curiosité est totale. Mais le discours s’essouffle vite, avec notamment la difficulté à aller au bout de ses idées, laissant souvent les chanteurs esseulés, chantant raides comme des piquets face au public.

Côté costumes, trop de mélanges embrouillent encore. Don Juan porte au début une veste en cuir, type rockeur. Leporello veste, bonnet sur la tête est un homme passe-partout. Le couple Zerline / Masetto est habillé de manière actuelle après leur apparition sur scène en EVJF/EVJG, déguisés en lapins. Mais déjà le couple Donna Anna / Don Ottavio parait sortir du XVIIIème siècle. Elle, chanteuse lyrique qui donne un récital à l’opéra de Séville, robe de concert et collier, lui en costume sombre avec une cape noire. Les invités à la fête sont recouverts de cape, et portent un masque noir. Bref, trop de mélanges qui empêchent une lecture efficace de son propos.

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En ce soir de première, l’équilibre fosse – orchestre n’est pas respecté dans la première partie, les chanteurs étant souvent écrasés. Mais l’ajustement en deuxième partie est immédiatement trouvé. Giuseppe Grazioli, chef principal de l’opéra de Saint-Etienne depuis avril dernier, sait toutefois mener de manière précise et énergique son orchestre.

Côté vocal, il semble que la plupart des chanteurs (hormis Zerline et Leporello, remarquables de bout en bout) aient souffert du stress de la « première », apparaissant plus libérés vocalement et scéniquement après l’entracte.

Michal Partyka est un Don Juan correct et homogène, mais manquant d’éclat et changeant parfois inopinément de style. Le vibrato est excessif dans La ci darem la mano, mais sa sérénade est pour le moins convaincante et phrasée.

Guilhem Worms prend de fait le dessus sur Don Juan, non seulement pour son abattage scénique, mais également pour ses qualités vocales de baryton-basse. Le timbre est soyeux, agréable, et le chant aisé.

Le duo Donna Anna et Don Ottavio s’accorde bien. L’aigreur du timbre de Clémence Barrabé est complètement gommée en seconde partie, et elle laisse alors parler sa pureté pour incarner son personnage avec des pianis superbement filés. Camille Tresmontant est un jeune ténor qui commence à prendre sa place sur les scènes françaises. Le timbre est agréable et souple. Gagner en puissance lui permettrait probablement de gagner encore un cran.

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Donna Elvira est parfois imprévisible. L’instrument de Marie-Adeline Henry est absolument magnifique, avec une vraie empreinte vocale, des médiums splendides et une belle puissance. Mais elle souffre parfois de bien le maitriser se laissant emporter dans du lyrisme excessif, et dans des attaques dans les aigus trop percutantes.

Norma Nahoun (Zerline) s’impose d’emblée comme la pièce maîtresse du déroulé du drame qui se trame. Sa fraîcheur et sa douceur font mouche et sa belle présence concentre l’intégralité du propos sur elle. Son amoureux jaloux (à raison), Masetto de Matteo Loi, livre une prestation correcte.

Enfin, le commandeur de Ziyan Atfeh est imposant.

La qualité du chant étant montée en puissance au fil de la soirée, les représentations du dimanche et du mardi devraient gagner en équilibre et en intensité.


Perrine
Le problème quand on trouve une solution, c\'est qu\'on perd une question.

Iphigenie42
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Re: Mozart - Don Juan - Grazioli / Delvert - 11/2019 Saint Etienne

Message par Iphigenie42 » 12 nov. 2019, 16:43

J étais à la représentation de dimanche.
La mise en scène est très sombre ce qui peut se justifier. Mais cela gomme aussi le côté grand seigneur jouisseur débauché de don Giovanni. Le transformer en loubard est réducteur.
Et je suis d accord avec Perrine, l idée ne fonctionne pas si on laisse les chanteurs livrés à eux-mêmes plantés comme des piquets !
Mais ce qui m a le plus gênée c est la direction d orchestre. C était poussif tout le 1er acte. Cela manquait de peps.
Par contre très bien chanté avec le Leporello de Guilhem World et la Zerlina de Norma Nahoun qui dominaient la distribution. J ai aussi beaucoup aimé l Elvira de Mary Adeline Henry et le don Ottavio de Camille Tresmontant.
Michal Partyka est un bon don Giovanni mais le valet domine le maître.....

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micaela
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Re: Mozart - Don Juan - Grazioli / Delvert - 11/2019 Saint Etienne

Message par micaela » 12 nov. 2019, 17:10

Juste une question : pourquoi ça s'appelle Don Juan, et non Don Giovanni ? Ca fait partie du projet ?
Le sommeil de la raison engendre des monstres (Goya)

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