Concert Campra/Lully/Couperin/Rameau-Les Surprises/L.N.Bestion-Ambronay 19/09/2019

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petitchoeur
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Concert Campra/Lully/Couperin/Rameau-Les Surprises/L.N.Bestion-Ambronay 19/09/2019

Message par petitchoeur » 26 sept. 2019, 20:45

Amour et Bacchus
Cantates et airs à boire
André Campra (1660-1744) :
Énée et Didon, cantate mise en concert
Jean-Baptiste Lully (1632-1687)
Rochers vous êtes sourds
Louis Couperin (1626-1661) :
Sarabande
Michel Lambert (1610-1696) :
D’un feu secret je me sens consumer
Michel Pignolet de Montéclair (1667-1737) :
Chaconne
Joseph Bodin de Boismortier (1689-1755) :
Pleurez mes tristes yeux
Lorsque je bois
Laissons là dormir Grégoire
Menuets et Tambourin

Jean-Philippe Rameau (1683-1764) :
Les Surprises de l’Amour - Anacréon (Airs et danses extraits) :
Symphonie et Chœur "Règne, Ô divin Bacchus"
Air "Nouvelle Hébé"
Passepied
Air "Point de tristesse, buvons sans cesse"
Sarabande
Air et chœur "Sans Vénus et sans ses flammes"
Loure
Menuet Tambourin


Ensemble Les Surprises :
Eugénie Lefebvre soprano
David Witczak baryton
Gabriel Ferry violon
Xavier Miquel hautbois & flûte
Lucile Tessier flûte & basson
Juliette Guignard viole de gambe
Etienne Galletier théorbe & guitare
Louis-Noël Bestion de Camboulas direction & clavecin


Prieuré de Blyes, près d'Ambronay le 19 septembre 2019

En France au XVIIIème siècle la mythologie grecque est l'inspiratrice essentielle des artistes, qu'ils soient écrivains, peintres, sculpteurs ou musiciens. Amour et ses flèches décochées sur les amants, Bacchus et ses ivresses sont très souvent mis en musique. Le programme de ce soir est construit autour d'oeuvres en partie inédites provenant du fond musical de la Bibliothèque de l'Arsenal. Particulièrement Enée et Didon de Campra. Cantate à l'origine mais mise en concert par Campra lui-même. Il complète sa cantate d'une ouverture, de parties instrumentales et de danses afin de lui donner l'allure d'un petit opéra. C'est en résumé, ce qu'exprime, dans le programme de salle, Louis-Noël Bestion de Camboulas, chef et fondateur avec Juliette Guignard, gambiste, de l'ensemble Les Surprises. Programme d'oeuvres françaises des XVIIème et du XVIIIème siècles rarement données.
Enée et Didon de Campra est écrite pour un petit orchestre, une soprano et un baryton. Sur un texte très baroque de Louis Fuzelier (1672?-1752). « J'ai tâché, dit Campra de cette cantate, autant que j'ai pu, de mêler avec la délicatesse de la musique française, la vivacité italienne ». Belle page pleine de lyrisme qui s'ouvre sur l'orage qui permet à Enée de vaincre Carthage et Didon et s'achève sur un duo en l'honneur de leurs noces prochaines. Alternent des airs à da capo qui multiplient les mélismes et des récitatifs accompagnés au continuo, viole de gambe, théorbe et basson. David Witczak est un Enée convaincant à la prononciation impeccable. Eugénie Lefebvre une Didon d'abord réticente puis une amoureuse à la voix pulpeuse dans  vous régnez sur Didon, commandez à Carthage, devenez en ce jour mon époux et son Roi . La partie vocale se termine par un duo dans lequel éclate le bonheur des amants. L'oeuvre s'achève par la musique dansante d'un menuet.
Suivent des musiques du XVIIème siècle. Eugénie Lefebvre chante avec beaucoup de finesse et de tristesse, accompagnée par le théorbe et la viole de gambe Rochers, vous êtes sourds de Lully. Et en duo avec David Witczak D'un feu secret de Michel Lambert : mieux vaut aimer sans retour que cesser d'aimer. L'orchestre seul joue une sarabande de Louis Couperin (XVIIème s.) puis une chaconne de Michel Pignolet de Montéclair (XVIIIème s.). Deux chansons de Joseph Bodin de Boismortier célèbrent Bacchus avec humour et fantaisie tandis que Pleurez mes tristes yeux fait chavirer les cœurs.
Anacréon, de Jean-Philippe Rameau, sur un texte de Gentil-Bernard, est un ballet rajouté en 1757 aux Surprises de l'Amour crées en 1748. Les vrais plaisirs ne sont pas dus qu'à l'ivresse des corps mais aussi à celle des âmes. Louis-Noël Bestion de Camboulas, les instrumentistes et les chanteurs des Surprises nous enivrent. David Witczak honore Bacchus avec talent et se laisse séduire par l'Amour et Vénus dans le grand air final chanté par Eugénie Lefebvre d'une voix bien projetée au timbre chaleureux et très à l'aise dans les vocalises du da capo.
La dernière « entrée » des Indes Galantes, premier opéra-ballet de Rameau (1735), qui est une reprise des Sauvages, pièce pour clavecin de 1728, est donnée en bis. Le public ravi est invité à l'issue du concert à célébrer Bacchus en … goûtant les vins du Bugey !
Un programme original plein de surprises tel qu'on le pratiquait dans les salons et à la cour au XVIIIème siècle dans le joli cadre du prieuré de Blyes.

Pierre Tricou

PS: L'ensemble Les Surprises dirigé par Louis-Noël Bestion de Camboulas a bénéficié d'une résidence à Ambronay en 2012 et est associé au label Ambronay Editions avec trois CD : Rebel père et fils (2013), Les Eléments (2016), L'héritage de Rameau (2017). Leur nouveau disque, le premier enregistrement mondial d'Issé, pastorale héroïque d'André Cardinal Destouches sortira en novembre prochain sous le même label.

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