Leoncavallo/Mascagni-Pagliacci/Cavalliera Rusticana-L.Viotti/Carsen-Amsterdam-09/2019

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Bernard C
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Re: Leoncavallo/Mascagni-Pagliacci/Cavalliera Rusticana-L.Viotti/Carsen-Amsterdam-09/2019

Message par Bernard C » 12 sept. 2019, 15:42

JK nous manquait dans cette discussion sur le spectacle d'Amsterdam. :mrgreen: :lol:

C'est vrai qu'il est plus difficile à caser dans le fil Einstein ....

Bernard
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HELENE ADAM
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Re: Leoncavallo/Mascagni-Pagliacci/Cavalliera Rusticana-L.Viotti/Carsen-Amsterdam-09/2019

Message par HELENE ADAM » 12 sept. 2019, 15:58

Bernard C a écrit :
12 sept. 2019, 15:42
JK nous manquait dans cette discussion sur le spectacle d'Amsterdam. :mrgreen: :lol:

C'est vrai qu'il est plus difficile à caser dans le fil Einstein ....

Bernard
:lol:

Et pourtant, ce n'est pas moi qui l'ait introduit si je puis dire... :wink:
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère

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Re: Leoncavallo/Mascagni-Pagliacci/Cavalliera Rusticana-L.Viotti/Carsen-Amsterdam-09/2019

Message par enrico75 » 12 sept. 2019, 16:56

++ :lol: :lol: :lol: :lol: l 'atmosphère est quand mème plus détendue sur ce fil que sur celui des Puritani,ça fait plaisir.

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Re: Leoncavallo/Mascagni-Pagliacci/Cavalliera Rusticana-L.Viotti/Carsen-Amsterdam-09/2019

Message par paco » 12 sept. 2019, 21:37

J'étais certain que ce spectacle serait chaud, même OdB est contaminé ... :lol:

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Re: Leoncavallo/Mascagni-Pagliacci/Cavalliera Rusticana-L.Viotti/Carsen-Amsterdam-09/2019

Message par philopera » 15 sept. 2019, 22:43

De retour d'Amsterdam assez ravi
Je ne reviens pas sur la mise en scène qui a déjà été bien décrite et qui fonctionne très bien pour Pagliacci et à mon avis pas du tout pour Cavalleria ( quelle idée un peu prétentieuse de vouloir unifier ces deux drames dans une même idée ...)
Vocalement Anita Rachvelishvili surplombe tout le monde et de très haut : c'est vraiment formidable ,une immense Santuzza !
Brian Ladge confirme la bonne impression de son passage à Paris avec une voix puissante ,des aigus énormes mais tout de même une pauvreté dans les nuances et la mise en valeur du texte. En tous cas au niveau decibels il avait ce qu'il fallait pour affronter une Anita déchainée dans le grand duo! très grand moment d'opéra où on oublie les références passées
En revanche difficile d'oublier les glorieux Canio du passé devant Brandon Jovanovich ( Pavarotti notamment) qui est cependant très convaincant par son jeu de scène et son engagement mais hélas beaucoup moins par sa voix : timbre sans séduction, aigus "rentrés"... Heureusement dans ce répertoire ça peut fonctionner très bien quand même et j'ai été complètement embarqué me retrouvant tétanisé d'émotion quand le rideau est tombé. Que demander de plus ! C'est grace aussi à Ailyn Pérez qui joue à la perfection une Nedda aguicheuse à souhait avec une voix joliment timbrée aux aigus bien épanouis. Enfin très belle découverte personnelle du baryton Roman Burdenko ; sur le plan strictement vocal il se place en excellence derrière Anita sur le podium
PS : le chef n'était plus Viotti mais le néerlandais assistant du chef d'orchestre Aldert Vermeulen
"Gérard Mortier a raison d'offrir Elektra sans entracte"
( Eric Dahan Libération 25/06/2005)

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Re: Leoncavallo/Mascagni-Pagliacci/Cavalliera Rusticana-L.Viotti/Carsen-Amsterdam-09/2019

Message par Hiero von Stierkopf » 16 sept. 2019, 07:33

J’étais moi aussi à la matinée d’hier et mon ressenti est assez proche de celui de philopera. C’est une belle production avec une très bonne distribution.

Je retiendrai en premier lieu la fabuleuse Santuzza d’Anita Rachvelishvili. Graves et aigus hallucinants, timbre envoûtant, puissance, nuances, force dramatique, quelle voix magnifique. Elle justifie à elle seule le déplacement.
J’ai frissonné dès son entrée en scène. Très beau Regina coeli où elle domine le chœur avec une aisance déconcertante. Un type a lancé un Bravaaaaa assez malvenu après son très beau Voi lo sapete. Bien qu'il s'agisse d'une fin de scène, cette intervention ayant suscité par ricochet quelques applaudissements a brisé le tension dramatique.
J'ai ressenti avec sa Santuzza à la fois admiration et émotion.
Elle est une immense chanteuse !

Jagde confirme tout ce qu’on percevait déjà avec son Alvaro. Ce n’est pas particulièrement nuancé mais l’instrument est impressionnant, l’aigu est puissant et aisé.
La confrontation avec Anita vaut franchement le détour. Ça envoie du lourd de toute part et Rachvelishvili y est également bouleversante.
Il est scéniquement plutôt pas mal en comparaison de qu'il avait montré à Bastille.

A ce sujet, si la mise en scène est moins intéressante et réussie pour Cavalleria Rusticana que pour Pagliacci, j'ai été assez frustré par le fait que les chanteurs sont à plusieurs moments placés loin de l'avant scène, sur un plateau large, profond et relativement vide, venant affecter leur impact vocal. Par ailleurs, les artistes chantent parfois dos à la salle comme par exemple le Bada! poitriné de Rachvelishvili à la fin du duo mais il y a d'autres exemples.

Dans la même veine, j'ai trouvé l'impact vocal de Burdenko beaucoup plus faible en Alfio qu'en Tonio probablement en raison de la configuration du plateau. Ce baryton est une belle découverte, il est très bon dans Pagliacci.

Très bonne surprise avec Ailyn Perez. Le timbre est assez joli et la projection remarquable. Elle est aussi excellente scéniquement. Bravo.

J'ai été un peu déçu sur le plan vocal par Jovanovich qui est un chanteur que j'apprécie malgré des aigus souvent difficiles.
Son Vesti la giubba m'a semblé beaucoup trop chargé en accents sanglotants pas très bienvenus à mon sens.
Mais il est comme d'habitude formidable scéniquement.

J'étais assis au rang juste derrière les chœurs de Pagliacci. On m'avait prévenu avant de ce qui allait se passer si bien que je les ai observés pendant de longues minutes avant le début du spectacle.
On n'y voit que du feu car ils se comportent comme des spectateurs (tenues vestimentaires diverses, consultation du programme, des smartphone, ils font semblant de ne pas se connaître, certains arrivent avec un peu en retard, font mine de regarder leur billet, etc.) à tel point que j'ai pensé un instant qu'on m'avait raconté des craques.
Comment ça, merde alors ?! But alors you are French !

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Re: Leoncavallo/Mascagni-Pagliacci/Cavalliera Rusticana-L.Viotti/Carsen-Amsterdam-09/2019

Message par PlacidoCarrerotti » 16 sept. 2019, 08:42

philopera a écrit :
15 sept. 2019, 22:43
De retour d'Amsterdam assez ravi
Je ne reviens pas sur la mise en scène qui a déjà été bien décrite et qui fonctionne très bien pour Pagliacci et à mon avis pas du tout pour Cavalleria ( quelle idée un peu prétentieuse de vouloir unifier ces deux drames dans une même idée ...)
C'est le cas dans la production de Damiano Michieletto à Londres et ça marche très bien. C'est en revanche complètement artificiel.
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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Re: Leoncavallo/Mascagni-Pagliacci/Cavalliera Rusticana-L.Viotti/Carsen-Amsterdam-09/2019

Message par enrico75 » 16 sept. 2019, 09:25

L'idéal eut été un ténor avec la puissance de Jagde et l'engagement scénique de Jovanovich :wink:
Quid de la direction de Vermulen?!

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Re: Leoncavallo/Mascagni-Pagliacci/Cavalliera Rusticana-L.Viotti/Carsen-Amsterdam-09/2019

Message par Wim » 22 sept. 2019, 20:10

Représentation du 18 septembre.

Grosso modo d'accord avec Philopera et Hiero

Très impressionné par Viotti, l'orchestre et les chœurs (massifs).
Si jeune et déjà un très grand chef. La dynamique, les nuances, le rubato, richesse des sons, etc. Proche du miracle.

Anita superlative. Elle n'atteint pas encore les sommets de Garanča mais elle s'en approche. Anita plus amante enragée, Elina plus amante blessée. C'était p ex évident dans ´io piango' où l'on sent qu'Anita ait envie de chanter plutôt : io sono in colera.

Ma grosse déception vient de Carsen qui fait primer le spectacle aux dépens du chant avec cette grande (énorme, comme Bastille) scène vide la plupart du temps. Bien sûr, la voix d'Anita surmonte tout mais les autres étaient souvent à la peine (j'exagère un peu mais pas beaucoup ). La faute entièrement de la mes. Ainsi, le contraste était flagrant entre le Prologue et Alfio, chante par un excellent Burdenko. Prologue chanté devant le rideau, super puissant. Alfio plus en retrait sur scène et donc moins perceptible.

Jovanovich aussi excellent, surtout porté par sa crédibilité scénique plus que vocale.

Perez fait de très beaux et impressionnants suraigus.

En fait le plateau vocal était globalement très bon. Pas vraiment de point faible.

La mes fonctionne mieux dans Pag que Cav alors que musicalement je préfère Cav. Dans ce sens ( garder le meilleur en dernier), cet ordre inverse n'était pas mal.

paco
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Re: Leoncavallo/Mascagni-Pagliacci/Cavalliera Rusticana-L.Viotti/Carsen-Amsterdam-09/2019

Message par paco » 22 sept. 2019, 20:50

J'ai assisté à la représentation d'hier soir (samedi 21). Equipe désormais bien rodée, ... et public chauffé à blanc dès le début, avec ovation spontanée pour Burdenko à l'issue de son Prologue vraiment superlatif à tous points de vue !

Je suis en phase avec tout ce qui a été dit sur cette production. Le point faible est la mise en scène de Cavalleria, où Carsen est vraiment aux abonnés absents. Rien ne fonctionne : absence d'idées, de drame, lieu improbable (entre loges d'artistes et pressing). C'est dommage car la tension très forte qui a prévalu pendant Pagliacci suscite, à l'entracte, une attente énorme pour la 2e partie, or le soufflet retombe complètement et fait psscht. Heureusement les interprètes compensent partiellement.

Dans Pagliacci (où là la mise en scène fonctionne formidablement bien, avec une direction d'acteurs très soignée, vive, pleine d'idées neuves, c'est vraiment très très bien), comme philopera, j'ai été tétanisé par le "Vesti la giubba" de Jovanovich : il se lâche complètement, transformant cet air en sorte de déclamation désespérée (déclamation bien chantée, pas hurlée), investissant toute son énergie comme jamais je ne l'ai entendu dans cet air. Mes références live mémorables sont Domingo 77 Vérone, inoubliable, et Vickers à Garnier. Evidemment sur le plan vocal Jovanovich n'a rien à voir, mais ce qu'il réalise avec ses propres moyens est scotchant. Mes cheveux se sont dressés sur la tête comme traversés d'un circuit électrique, j'ai frissonné de partout, et cela a été crescendo dans le dernier tableau. Une expérience à la fois inattendue et anthologique !

Pour le reste, je suis en phase avec tous les autres commentaires : Anita et Jagde superlatifs (ce dernier également très bon acteur). J'ai trouvé la Santuzza d'Anita particulièrement émouvante, pas seulement une énorme voix mais aussi beaucoup de lyrisme et de volupté dans son chant. En revanche la diction est une bouillie de chat, j'ai dû lire les surtitres à plus d'une reprise. Exemple : au lieu de dire "Resta", elle dit "Resto", donc au lieu de dire "Reste !", elle dit "Je reste !" ...

Burdenko effectivement à peine audible dans Cavalleria (la faute à Carsen), mais formidable en Tonio. Mattia Olivieri un Silvio très crédible théâtralement, en revanche ce rôle lui convient assez peu vocalement, la tessiture est trop élevée, Olivieri étant plus un Marcello ou un Alphonse qu'un Papageno, vocalement s'entend. Comme dit plus haut, il est temps qu'il soit engagé dans des rôles faits pour lui (ce qui était le cas ici à Amsterdam lorsqu'il est venu chanter Marcello justement).

Concernant Viotti je suis plus partagé. L'orchestre est extraordinaire évidemment, mais tous les orchestres qui défilent au Nationale Opera sont superlatifs, je pense que même une vache pourrait les diriger le résultat serait de toute façon miraculeux. J'aime beaucoup le fait qu'il ose des parti-pris, comme cet Intermezzo de Cavalleria pris larghissimo, étirant le tempo pour rendre les phrases encore plus envoûtantes. Ou encore comme le Brindisi du même Cavalleria, pris à un tempo absolument délirant. Toutes sortes de licences que j'adore (mais qui auraient surement été méchamment sanctionnées par le loggione de la Scala tant elles s'éloignent de la tradition). Il dirige également Pagliacci avec une excellente tension du début à la fin. Bref, beaucoup de très bonnes choses et une personnalité incontestable!
En revanche, je trouve que sa battue manque de nerf, de ce "balzo" indispensable dans l'opéra italien, cette pulsation nerveuse qui m'a manqué plus d'une fois hier soir (et du coup je comprends les critiques de sa Carmen à l'ONP - que je n'ai pas vue-, qualifiée par certains de soporifique). Bref, hier ce fut magnifique, mais le même chef avec un orchestre plus moyen, comme par exemple celui du ROH, je ne suis pas certain que le résultat aurait été aussi entrainant.

Au global je suis très content de ma soirée et je pense que ce spectacle restera gravé dans ma mémoire comme un Cav & Pag de référence pour cette décennie, malgré la mise en scène de Cavalleria.

Côté anecdotes :
- j'étais assis juste derrière Mattia Olivieri. Si ce fil ne m'avait pas expliqué la mise en scène, je pense que j'aurais paniqué en le voyant devant moi, j'aurais pensé qu'il était aphone et serait remplacé, qu'il venait juste assister au spectacle en spectateur ...
- curieusement, pour Cavalleria les 3 premiers rangs sont occupés par de vrais spectateurs et non plus le choeur. D'où viennent-ils ? Ont-ils pris des places juste pour Cavalleria ? Ce ne sont pas des replacements d'entracte car j'ai clairement vu qu'ils avaient un billet avec le numéro du fauteuil concerné. Enigme ...

En tous cas, je recommande vivement aux OdBiens belges ou lillois de se précipiter aux dernières représentations de cette production (et je le recommande aussi aux lyricophiles compulsifs d'ailleurs prêts à prendre un Thalys et casser leur tirelire ... Hélène, Placido, Snobinart, ... ;-) ...

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