Verdi- Simon Boccanegra- Schønwandt/Hermann- Montpellier- 06/2019
Verdi- Simon Boccanegra- Schønwandt/Hermann- Montpellier- 06/2019
Michael Schønwandt : direction musicale
David Hermann : mise en scène
Christof Hetzer : décors, costumes
Fabrice Kebour: lumières
Luc Joosten : dramaturgie
Giovanni Meoni : Simon Boccanegra
Myrtò Papatanasiu : Amelia
Jean Teitgen: Jacopo Fiesco
Vicenzo Costanzo : Gabrielle Adorno
Leon Kim : Paolo Albiani
Paolo Battaglia: Pietro
Charles Alves da Cruz : Capitaine
Alexandra Dauphin : Une servante
Noëlle Gény : chef de chœur
Chœur Opéra national Montpellier Occitanie
Orchestre national Montpellier Occitanie
Montpellier, Le Corum, 16 juin 2019
Peu de villes ont aussi bien servi Verdi que Montpellier ! Depuis 50 ans, le public a pu y applaudir pas moins de 19 ouvrages du Maître dont des raretés comme la version française du Trouvère adaptée pour l’Opéra de Paris en 1857, I Masnadieri, Giovanna d’Arco, Oberto, I Vespri siciliani, Ernani. La Traviata a bénéficié de quatre productions différentes avec à l’affiche des ténors du calibre de G. Aragall, R. Alagna et R. Villazon. Il en est de même pour Rigoletto qui a vu se succéder dans le rôle-titre E. Blanc, M. Manuguerra , A. Agache et A. Fondary. On y a monté deux productions de Don Carlo, deux de Luisa Miller et autant pour Un Ballo in maschera. Antonio Pappano y a dirigé Macbeth (avec le débutant Ramon Vargas), Alain Altinoglu Aïda et Riccardo Muti le Requiem. Et le jeune Roberto Alagna y a chanté les romances pour orchestre (dans la version Berio) sous la baguette d’Emmanuel Krivine.
Simon Boccanegra y a été donné en avril 1992 dans une production venue du Grand-Théâtre Genève signée Humbert Camerlo avec Alain Fondary, Yoko Watanabe, Fabio Armiliato et John Macurdy
Au terme d'un fastidieux jeu de piste sous le signe de la contradiction le lecteur du programme de salle réussira peut-être à découvrir qu'on donne cette fois la seconde version de l'ouvrage, remaniée en 1882 et créée par Victor Maurel.
David Hermann sera sans nul doute un excellent metteur en scène dès qu'il apprendra à épurer ses spectacles d'ajouts inutiles et kitsch quitte à ce que sa marque se fasse moins tangible. Sa vision christique avec décalque de la Cène de Leonardo da Vinci et l'ostensoir sur la table de banquet du palais du doge ont beaucoup de mal à convaincre de leur pertinence et suscitent plutôt les rires de la salle que l'adhésion. Mais les rires sont encore plus forts lors des conversations téléphoniques...On aurait pu éviter aussi de placer derrière le bureau du Doge un gros extincteur rouge vif bien trivial. Et puis un élément consubstantiel de cet opéra fait défaut, la mer, même si, in fine, les vagues de fumées qui envahissent le bureau directorial en tiennent lieu, brièvement.
A ces quelques scories près, ce spectacle fluide et fort est une vraie réussite sous-tendue principalement par l'accent mis sur l'ombre portée du passé sur l'intrigue en cours avec des porosités temporelles rendues évidentes par l'emploi de costumes d'époque diverses et surtout par une direction d'acteur remarquable.
Sur le plan dramatique, Myrtò Papatanasiu atteint des sommets d'expressivité et foudroie d'émotion. La musicienne est raffinée et multiplie les nuances du meilleur goût mais le timbre, hormis dans le grave, est assez ingrat, parfois aigrelet et étriqué pou un tel emploi, tandis que les aigus fusent claironnants mais avec un léger vibrato.
Giovanni Menoni campe un doge de fière allure, à l'autorité indiscutable, très émouvant, au style idoine et avec une articulation très incisive. Sa voix est vraiment belle sans égaler toutefois celle des grands titulaires du rôle.
Jean Teitgen se montre comme toujours excellent même si on peut lui reprocher un certain manque d'italianità.
La soirée offre deux révélations : le très jeune ténor Vicenzo Costanzo qui, après un début fort hésitant, déploie un timbre agréable, un souffle long, de beaux aigus dardés tandis que Leon Kim impressionne par la noirceur de son timbre et l'ampleur de ses moyens.
Mais le grand triomphateur de cette première est incontestablement le chef titulaire Michael Schønwandt qui met en lumière de manière magistrale tous les raffinements de la partition et toute sa modernité en servant le drame avec une force superbe et qui galvanise ses chœurs et son orchestre meilleurs que jamais.
Jérôme Pesqué
David Hermann : mise en scène
Christof Hetzer : décors, costumes
Fabrice Kebour: lumières
Luc Joosten : dramaturgie
Giovanni Meoni : Simon Boccanegra
Myrtò Papatanasiu : Amelia
Jean Teitgen: Jacopo Fiesco
Vicenzo Costanzo : Gabrielle Adorno
Leon Kim : Paolo Albiani
Paolo Battaglia: Pietro
Charles Alves da Cruz : Capitaine
Alexandra Dauphin : Une servante
Noëlle Gény : chef de chœur
Chœur Opéra national Montpellier Occitanie
Orchestre national Montpellier Occitanie
Montpellier, Le Corum, 16 juin 2019
Peu de villes ont aussi bien servi Verdi que Montpellier ! Depuis 50 ans, le public a pu y applaudir pas moins de 19 ouvrages du Maître dont des raretés comme la version française du Trouvère adaptée pour l’Opéra de Paris en 1857, I Masnadieri, Giovanna d’Arco, Oberto, I Vespri siciliani, Ernani. La Traviata a bénéficié de quatre productions différentes avec à l’affiche des ténors du calibre de G. Aragall, R. Alagna et R. Villazon. Il en est de même pour Rigoletto qui a vu se succéder dans le rôle-titre E. Blanc, M. Manuguerra , A. Agache et A. Fondary. On y a monté deux productions de Don Carlo, deux de Luisa Miller et autant pour Un Ballo in maschera. Antonio Pappano y a dirigé Macbeth (avec le débutant Ramon Vargas), Alain Altinoglu Aïda et Riccardo Muti le Requiem. Et le jeune Roberto Alagna y a chanté les romances pour orchestre (dans la version Berio) sous la baguette d’Emmanuel Krivine.
Simon Boccanegra y a été donné en avril 1992 dans une production venue du Grand-Théâtre Genève signée Humbert Camerlo avec Alain Fondary, Yoko Watanabe, Fabio Armiliato et John Macurdy
Au terme d'un fastidieux jeu de piste sous le signe de la contradiction le lecteur du programme de salle réussira peut-être à découvrir qu'on donne cette fois la seconde version de l'ouvrage, remaniée en 1882 et créée par Victor Maurel.
David Hermann sera sans nul doute un excellent metteur en scène dès qu'il apprendra à épurer ses spectacles d'ajouts inutiles et kitsch quitte à ce que sa marque se fasse moins tangible. Sa vision christique avec décalque de la Cène de Leonardo da Vinci et l'ostensoir sur la table de banquet du palais du doge ont beaucoup de mal à convaincre de leur pertinence et suscitent plutôt les rires de la salle que l'adhésion. Mais les rires sont encore plus forts lors des conversations téléphoniques...On aurait pu éviter aussi de placer derrière le bureau du Doge un gros extincteur rouge vif bien trivial. Et puis un élément consubstantiel de cet opéra fait défaut, la mer, même si, in fine, les vagues de fumées qui envahissent le bureau directorial en tiennent lieu, brièvement.
A ces quelques scories près, ce spectacle fluide et fort est une vraie réussite sous-tendue principalement par l'accent mis sur l'ombre portée du passé sur l'intrigue en cours avec des porosités temporelles rendues évidentes par l'emploi de costumes d'époque diverses et surtout par une direction d'acteur remarquable.
Sur le plan dramatique, Myrtò Papatanasiu atteint des sommets d'expressivité et foudroie d'émotion. La musicienne est raffinée et multiplie les nuances du meilleur goût mais le timbre, hormis dans le grave, est assez ingrat, parfois aigrelet et étriqué pou un tel emploi, tandis que les aigus fusent claironnants mais avec un léger vibrato.
Giovanni Menoni campe un doge de fière allure, à l'autorité indiscutable, très émouvant, au style idoine et avec une articulation très incisive. Sa voix est vraiment belle sans égaler toutefois celle des grands titulaires du rôle.
Jean Teitgen se montre comme toujours excellent même si on peut lui reprocher un certain manque d'italianità.
La soirée offre deux révélations : le très jeune ténor Vicenzo Costanzo qui, après un début fort hésitant, déploie un timbre agréable, un souffle long, de beaux aigus dardés tandis que Leon Kim impressionne par la noirceur de son timbre et l'ampleur de ses moyens.
Mais le grand triomphateur de cette première est incontestablement le chef titulaire Michael Schønwandt qui met en lumière de manière magistrale tous les raffinements de la partition et toute sa modernité en servant le drame avec une force superbe et qui galvanise ses chœurs et son orchestre meilleurs que jamais.
Jérôme Pesqué
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Verdi- Simon Boccanegra- Schønwandt/Hermann- Montpellier- 06/2019
Je viens de publier ma critique de la représentation d'hier ci-dessus
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Re: Verdi- Simon Boccanegra- Schønwandt/Hermann- Montpellier- 06/2019
Tiens oui cela fait longtemps que je n'entendais plus parler d'elleJdeB a écrit : ↑14 juin 2019, 07:56Sur le plan dramatique, Myrtò Papatanasiu atteint des sommets d'expressivité et foudroie d'émotion. La musicienne est raffinée et multiplie les nuances du meilleur goût mais le timbre, hormis dans le grave, est assez ingrat, parfois aigrelet et étriqué pou un tel emploi, tandis que les aigus fusent claironnants mais avec un léger vibrato.
Re: Verdi- Simon Boccanegra- Schønwandt/Hermann- Montpellier- 06/2019
Giovanni Meoni est effectivement un beau baryton Verdi, capable à la fois d'autorité et de subtilité. Je suis toujours étonné qu'en cette période de disette de barytons Verdi (où en dehors de Tézier et Salsi on a bien du mal à citer des noms ...) cet artiste ne fasse pas une carrière plus développée en dehors de l'Italie.
Re: Verdi- Simon Boccanegra- Schønwandt/Hermann- Montpellier- 06/2019
Il sera dans Alzira à Liège en avril 2020 (où je l'avais entendu en Ezio), il a déjà chanté Boccanegra au Liceo
Sa notice dit qu'il s'est produit au Met, à Zurich, Sofia, Moscou, Bruxelles, Munich, Amsterdam, Tokyo, Londres, Baltimore, Hong Kong, ...
Sa notice dit qu'il s'est produit au Met, à Zurich, Sofia, Moscou, Bruxelles, Munich, Amsterdam, Tokyo, Londres, Baltimore, Hong Kong, ...
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Verdi- Simon Boccanegra- Schønwandt/Hermann- Montpellier- 06/2019
Vous oubliez quand même Juan Jesus Rodriguez, sublime Boccanegra à Marseille, un des très grands barytons d'aujourd'hui...assez au-dessus de Meoni à mon sens.
Re: Verdi- Simon Boccanegra- Schønwandt/Hermann- Montpellier- 06/2019
Meoni a aussi chanté Ezio au Met.
Il s'est produit pas mal de fois en France et à Liège.
Je l'ai personnellement entendu en Luna à Liège et dans Macbeth à Toulon.
C'était très bien chanté, avec une voix longue, à l'aigu facile et assez claire de timbre.
Mais rien de marquant, pas de quoi en faire une star de premier plan en tout cas.
Re: Verdi- Simon Boccanegra- Schønwandt/Hermann- Montpellier- 06/2019
franchement, ils me semblent du même niveau, c'est à dire appartenant tous les 2 à la catégorie juste après les meilleurs.Markossipovitch a écrit : ↑17 juin 2019, 12:10Vous oubliez quand même Juan Jesus Rodriguez, sublime Boccanegra à Marseille, un des très grands barytons d'aujourd'hui...assez au-dessus de Meoni à mon sens.
Meoni joue un peu mieux je trouve et mène une carrière très supérieure
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Verdi- Simon Boccanegra- Schønwandt/Hermann- Montpellier- 06/2019
assez claire ? non, pas forcément très sombre ni vraiment claireDelBosco a écrit : ↑17 juin 2019, 14:39Meoni a aussi chanté Ezio au Met.
Il s'est produit pas mal de fois en France et à Liège.
Je l'ai personnellement entendu en Luna à Liège et dans Macbeth à Toulon.
C'était très bien chanté, avec une voix longue, à l'aigu facile et assez claire de timbre.
Mais rien de marquant, pas de quoi en faire une star de premier plan en tout cas.
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Verdi- Simon Boccanegra- Schønwandt/Hermann- Montpellier- 06/2019
oui, très probable qu'il ne devienne jamais une star ni un artiste de tout premier plan mais excellent malgré toutDelBosco a écrit : ↑17 juin 2019, 14:39Meoni a aussi chanté Ezio au Met.
Il s'est produit pas mal de fois en France et à Liège.
Je l'ai personnellement entendu en Luna à Liège et dans Macbeth à Toulon.
C'était très bien chanté, avec une voix longue, à l'aigu facile et assez claire de timbre.
Mais rien de marquant, pas de quoi en faire une star de premier plan en tout cas.
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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