Mozart- Don Giovanni- Jordan/Van Hove-ONP-06-07/2019

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Loïs
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Re: Mozart- Don Giovanni- Jordan/Van Hove-ONP-06-07/2019

Message par Loïs » 01 juil. 2019, 13:11

Entre deux rv je jette un coup d'oeil et n'ai malheureusement pas le temps de répondre tout de suite car bien entendu j'entends, et j'approuve, ce que tu dis. Mais en même temps comme dirait Manu cette gémellite existe aussi. Je répète le côté fascinant de cette oeuvre à lecture mutilple donc @ plus....
Je me suis amusé à taper sur web : mozart don giovanni gemellite et oh surprise un livre a été écrit sur le sujet par une Annie Paradis. A priori c'est en ligne je vais y jeter un coup d'oeil.
Il s'agit de Don Giovanni ou la trajectoire du lièvre

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philopera
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Re: Mozart- Don Giovanni- Jordan/Van Hove-ONP-06-07/2019

Message par philopera » 01 juil. 2019, 22:40

Je ne sais pas si Mozart a voulu que les chanteurs soient interchangeables mais moi ce soir j'aurai bien échangé Jacquelyn Wagner contre Elsa Dreisig ( ou contre n'importe qui en fait :evil: )
A part cette mauvaise surprise sur laquelle je ne m'étendrai pas ( surtout avec mon vocabulaire animalier :lol: ) , je rejoins l'enthousiasme de Lois sur la qualité de la mise en scène et de la direction d'acteur. Je crois que la scène du banquet final est la plus fascinante que j'ai jamais vue.
J'ai beaucoup aimé ce soir Nicole Car dans Elvira ( alors qu'elle m'avait laissé indifférent dans Micaela ) et parmi les hommes sur le plan strictement vocal la palme à Stanislas de Barbeyrac .
Très belle soirée
"Gérard Mortier a raison d'offrir Elektra sans entracte"
( Eric Dahan Libération 25/06/2005)

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Re: Mozart- Don Giovanni- Jordan/Van Hove-ONP-06-07/2019

Message par Autolycus » 02 juil. 2019, 14:51

Loïs a écrit :
01 juil. 2019, 13:11
Je me suis amusé à taper sur web : mozart don giovanni gemellite et oh surprise un livre a été écrit sur le sujet par une Annie Paradis. A priori c'est en ligne je vais y jeter un coup d'oeil.
Il s'agit de Don Giovanni ou la trajectoire du lièvre
Merci, j'ai retrouvé ce texte. Désolé, mais à ce niveau d'extase herméneutique, j'ai le vertige et je sors mon rasoir (d'Ockham). Comme dirait Hamlet : the lady protests too much.

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Re: Mozart- Don Giovanni- Jordan/Van Hove-ONP-06-07/2019

Message par Loïs » 02 juil. 2019, 17:36

Autolycus a écrit :
02 juil. 2019, 14:51
Loïs a écrit :
01 juil. 2019, 13:11
Je me suis amusé à taper sur web : mozart don giovanni gemellite et oh surprise un livre a été écrit sur le sujet par une Annie Paradis. A priori c'est en ligne je vais y jeter un coup d'oeil.
Il s'agit de Don Giovanni ou la trajectoire du lièvre
Merci, j'ai retrouvé ce texte. Désolé, mais à ce niveau d'extase herméneutique, j'ai le vertige et je sors mon rasoir (d'Ockham). Comme dirait Hamlet : the lady protests too much.
Homme de peu de foi! Tu restes insensible devant une telle extase avilesque et ne cille pas devant sa transverbération par les flammes de l'ouverture :wink:

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Re: Mozart- Don Giovanni- Jordan/Van Hove-ONP-06-07/2019

Message par micaela » 02 juil. 2019, 18:05

Moi j'hallucine. Je pensais me trouver devant une étude sur la gémellité des deux personnages (genre "les deux faces d'une même pièce" comme je l'avais dit) je me retrouve devant ce texte assez allumé, qui finalement n'aborde pas tellement le thème , du moins sur ce que j'en ai lu, le début m'ayant découragée (du coup, le patronyme qui témoigne de la gémellité , je n'ai pas trop capté).
Les explications sur le mythe du lièvre en général, c'est intéressant, mais c'est un peu hors sujet.
PS En appelant son personnage Leporello, Da Ponte a sans doute tout simplement repris un procédé utilisé dans Volpone : donner aux personnages des noms d'animaux collant plus ou moins à leur caractère.
Le sommeil de la raison engendre des monstres (Goya)

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Re: Mozart- Don Giovanni- Jordan/Van Hove-ONP-06-07/2019

Message par Autolycus » 02 juil. 2019, 20:04

Loïs a écrit :
02 juil. 2019, 17:36
Homme de peu de foi! Tu restes insensible devant une telle extase avilesque et ne cille pas devant sa transverbération par les flammes de l'ouverture :wink:
J'en suis tout transvertébré.

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Re: Mozart- Don Giovanni- Jordan/Van Hove-ONP-06-07/2019

Message par Piero1809 » 04 juil. 2019, 14:51

Vu Don Giovanni sur France V.
La production de l'opéra Garnier est aux antipodes de celle de l'ONR. A la complexité, l'audace et la surcharge de l'une, http://www.odb-opera.com/viewtopic.php?f=6&t=21878, la simplicité, le classicisme et la quasi nudité de l'autre. Un soirée reposante et une histoire parfaitement agencée avec quelques moments forts: les ensembles Zerlina et Masetto, avec un duetto Batti, batti bel Masetto, d'anthologie, aussi réussi au plan vocal qu'au plan instrumental (magnifique solo de violoncelle). La scène de la mort de Don Giovanni est impressionnante sans être inoubliable (trombones en retrait) mais c'est un sommet de cette production. Le décor était assez réussi bien que donnant une impression de déjà vu (Agrippina de Carsen).

Remarquable plateau vocal dans lequel j'ai remarqué tout particulièrement Elsa Dreisig pour la performance scénique, Stanislas de Barbeyrac pour la voix, Don Ottavio quasiment héroïque, Ain Anger, Commendatore monumental. J'ai bien aimé aussi Nicole Car avec un superbe Mi tradi et Etienne Dupuis avec un personnage titre sortant de la norme.

A propos de la gémellité Don Giovanni, Leporello, j'ai constaté que dans l'article d'Annie Paradis, il n'en est apparemment pas question mais plutôt d'une gémellité Da Ponte, Mozart et à ce propos Anne Paradis cite Levi-Strauss. Selon ce dernier, le premier produit du sens , le deuxième du son....L'exécution de l'oeuvre permet cette fusion de deux moitiés séparées mais jumelles.

Concernant Leporello dont le patronyme signifie petit lièvre, j'avais remarqué déjà (avant d'avoir lu Anne Paradis) qu'avant de s'appeler Da Ponte, le librettiste s'appelait Conegliano, nom d'une ville de Vénétie. Or coniglio veut dire en italien lapin. Ainsi je me risque à faire l'hypothèse que du petit lapin Da Ponte au petit lièvre Leporello, il y aurait une relation qui n'est peut-être pas le fait du hasard.

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Re: Mozart- Don Giovanni- Jordan/Van Hove-ONP-06-07/2019

Message par micaela » 04 juil. 2019, 16:38

C'est très possible. Sinon, pour la gémellité Mozart/ Da Ponte, ne s'agirait-il pas surtout d'une osmose entre le compositeur et son librettiste ? Je sais, c'est moins glorieux que "les parties séparées mais jumelles", mais la période de collaboration reste relativement courte, et les trajectoires personnelles des deux hommes assez dissemblables.
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Re: Mozart- Don Giovanni- Jordan/Van Hove-ONP-06-07/2019

Message par Piero1809 » 05 juil. 2019, 18:08

micaela a écrit :
04 juil. 2019, 16:38
C'est très possible. Sinon, pour la gémellité Mozart/ Da Ponte, ne s'agirait-il pas surtout d'une osmose entre le compositeur et son librettiste ? Je sais, c'est moins glorieux que "les parties séparées mais jumelles", mais la période de collaboration reste relativement courte, et les trajectoires personnelles des deux hommes assez dissemblables.
C'est d'autant plus vrai qu'au moment de rédiger le livret de Don Giovanni, Da Ponte avait deux autres fers au feu, L'Arbore di Diana pour Martin i Soler et Axur re d'Ormus pour Salieri.

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Re: Mozart- Don Giovanni- Jordan/Van Hove-ONP-06-07/2019

Message par Loge Arythme » 13 juil. 2019, 08:29

A quelques heures de la dernière représentation , je ne résiste pas au plaisir de vous faire part de mes impressions ressenties en salle à Garnier mercredi dernier . Je tacherai de ne pas trop répéter ce qui a déjà été dis et comme tout a été dit ...
 
Évidemment en premier lieu la mise en place scénique ;décor actif composé d'un plateau incliné encadré par trois volumes bâtis . Ceux ci définissent deux ruelles se rejoignant sur une placette (dispositif quasi obligé de toutes les mises en scène lorsque l'on veut bien faire comprendre que l'action se passe dans une ville d’Europe du Sud) . Les volumes bâtis pivotent à vitesse plus ou moins lente selon les événements , preuve qu'ils font partie intégrante du drame . Les volées d'escalier entrecroisées représentent les circonvolutions intérieures des personnages . Curieux détail : l'expression « béton armé » des constructions (que l'on aurait attendue en enduit ocre ou en parpaing gris sale ) donne un aspect très propre a l'ensemble (équivalent des façades en verre de Hanecke) . La référence graphique aux loges de Max Escher est évidente , ainsi qu'aux perspectives à la Chirico ; les arcades des parties hautes se référent aux architectures du quartier EUR de Rome , décor de la Dolce Vita .

Un collage , donc , dans lesquels les personnages vont se mouvoir et se cacher / apparaître / disparaître ; un vrai théâtre donc . Le parti pris de van Hove est clair : l’identité entre DG et Leporello (le petit lapin et le gros lapin ? ) , au point qu'il n'est pas nécessaire de faire l'obscurité pour la scène de la substitution . Pendant la scène du bal , pour bien nous montrer que tout n'est qu'apparence et déguisements , que ça se passe bien aujourd'hui , et que l'on est dans une soirée costumée comme il s'en pratique aujourd'hui dans toutes les bonnes maisons , on laisse traîner quelques mannequins en habit dans les galeries .

Et les personnages dans tout ça ? On est plutôt chez les bobos chics des hauteurs montmartroises , ou plutôt chez les cadres d'un parti politique (à Séville normalement ), plus question d'aristo libertin versus les gens du peuple (hé oui , il faut s'y faire) ; Donna Elvira a un vague air de Callas (même tailleur , même coiffure , presque même distinction ) faisant des scènes de jalousie à DG parce qu'il est attiré par d’autres chanteuses qu'elle (est-ce une esquisse de mise en abîme ironique de l'opéra lui-même ? ) . Les garçons oscillent , eux , entre costume de cadre financier ou politique ( costume cintré foncé ) et costume d’employés de la finance ou de la politique ( chemise sans costume ) .

Tout ce monde là s'agite en accélérant vers la fin jusqu'au coup de théâtre final que nous ne sur-divulgacherons pas (ça a déjà largement été fait par ailleurs je crois) en disant que les choses rentrent dans l'ordre une fois que l’infâme macho-facho a été supprimé - éradiqué - envoyé aux enfers ; et « que cent fleurs s'épanouissent » , et la vie , la vraie , simple et écologique pourra apparaitre ( mais attention , Leporello-le-double-DG a survécu et l'histoire peut recommencer ! ) Je ne suis pas sûr que cela soit au second degré dans ce qui nous est montré . Je ne partagerai pas l'enthousiasme de certains posteurs car tout cela est à la fois démonstratif et ambigu ; peut-être van Hove , qui sait se montrer si inventif et radical au théâtre , semble t'il au contraire faire des concessions ,et ne pas aller au bout du propos , ne pas montrer vraiment une situation d'abus de pouvoir masculin / féminin bien d'aujourd'hui , anecdotique ,cra-cra,et tout .

Pour ce qui est des voix , la Donna Elvira de N. Car , après une première partie peu convaincante , a eu un regain de puissance et d'expression dans la deuxième partie . Les autres étaient bien mais on n'est pas sorti enthousiasmé ; et P Jordan et/ou l'orchestre ce soir là ont joué l'ouverture plutôt comme du Berlioz ( sans doute sous l'influence du décor qui fait penser à celui des récents Troyens de Tcherniakov ) - fatigue de fin d'année ou manque d'entrain ? Je dirais que tout ça est plutôt dû au choix de mise en scène qui banalise tous les personnages et les aplatit socialement et humainement . Le contraste social était respecté dans la multinationale de Hanecke , et ça marchait beaucoup mieux . Alors , pas de DG possible dans une société sans classe ?

Enfin dernier point , je ne sais pas si vous êtes comme moi mais à Garnier je me sens comme les vénitiens a Venise : une partie du décor , réduit a ma condition de fond de selfie ...

Bon été à tous dans vos festivals respectifs .

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