Strauss-La femme sans ombre-Thielemann/Huguet- Wiener Staatsoper -05-06/2019

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HELENE ADAM
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Re: Strauss-La femme sans ombre-Thielemann/Huguet- Wiener Staatsoper -05-06/2019

Message par HELENE ADAM » 26 mai 2019, 08:47

Il prezzo a écrit :
25 mai 2019, 21:25
Oui c'est vrai ce 3e acte n'est pas le moins réussi, résultat habituellement difficile à atteindre, avec toutes ses allusions ésotériques. Ici, simplement mais magnifiquement illustrées. Avec ce poignant, et pour ma part jamais entendu, solo parlé de l'impératrice au pied de son aimé pétrifié.
De très belles images (et c'est vrai Hélène beaucoup moins de psychanalyse que dans notre expérience berlinoise -mais ça se tenait aussi là bas...). Mais Stemme m'a beaucoup plus bouleversé que la "simplement très impressionnante" Pankratova.
Heureux les spectateurs de cette production.
Vivement son dvd, que l'on emmènera sur son île déserte.
Mais même Camilla Nylund m'a paru supérieure à ce qu'elle avait donné à Berlin en Kaiserin. Je n'apprécie pas Thielemann dans tout ce qu'il dirige mais là, il m'a paru lui laisser davantage de respiration ne l'obligeant pas à être à la limite de ses belles possibilités, et lui permettant de déployer un très beau timbre avec des aigus absolument souverains. D'ailleurs, en retransmission, les trois femmes m'ont vraiment impressionnée et j'étais ravie de revoir Evelyn Hertlitzius en aussi bonne forme après quelques difficultés passées récentes. Quant à Nina Stemme, oui c'est un rôle qu'elle habite avec un talent incroyable, elle a la voix et le style pour incarner une teinturière moins "rombière" que pas mal de ses consoeurs, plus fine, plus subtile, plus touchante aussi. Et je dois dire que ses dialogues avec le Barak de Wolfgang Koch respectent une progression dramatique remarquable (de la "légèreté" de leurs querelles de la première scène où elle est un peu harpie tandis qu'il est bonhomme à leurs retrouvailles finales du happy end) sans jamais rien laisser au hasard.
Nous étions là dans la très, très grande qualité, assez rare finalement à ce haut niveau dans une oeuvre aussi difficile à interpréter et aussi éprouvante pour ses interprètes.
Ajoutons, ce qui est le propre des productions sérieuses, que les seconds rôles sont tous admirables (ah les trois frères de Barak !)
Et j'ai beaucoup aimé la mise en scène....
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère

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Re: Strauss-La femme sans ombre-Thielemann/Huguet- Wiener Staatsoper -05-06/2019

Message par HELENE ADAM » 26 mai 2019, 09:28

Efemere a écrit :
18 mai 2019, 16:00
Pour cet opéra, ce seront, pour plusieurs chanteurs, des prises de rôles (et de direction musicale quant à Thielemann) au Wiener Staatsoper –
Oui le WSO annonce les prises de rôle dans son théâtre mais certains chanteurs avaient déjà très souvent chanté leur rôle comme Camilla Nylund en Kaiserin par exemple et Thielemann a déjà dirigé cette oeuvre ( j'en profite pour dire que ces "interludes" musicaux étaient de toute beauté et l'orchestre magnifique).

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Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
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Re: Strauss-La femme sans ombre-Thielemann/Huguet- Wiener Staatsoper -05-06/2019

Message par Bernard C » 02 juin 2019, 07:59

Excursus :
En préparant le spectacle j'ai approfondi la part d'Hofmannsthal dans la genèse de l'œuvre.
Parallèlement à l'écriture du livret de l'opéra de Strauss, il écrit un roman , une version en prose de la femme sans ombre , conte allégorique achevé en 1919.
( l'opéra est fini d'écrire en 1917 et créé en 1919 à Vienne ., La Wiener Staastoper fête le centenaire de la création de l'oeuvre dans ses murs)

"Opposant le couple formé par l’empereur et l’impératrice au modeste ménage du teinturier et de la teinturière, le conte suit l’itinéraire initiatique, à travers les différents règnes de la création, de quatre personnages dont chacun devra découvrir une part méconnue de lui-même pour accéder pleinement à l’humanité et vaincre la stérilité du cœur.
Toute une tradition issue du romantisme trouve ici son aboutissement, en même temps que se déploient dans leur pleine complexité les grands thèmes propres à Hofmannsthal : la préexistence des âmes, le salut par la métamorphose, la dimension mystique du désir".

nous dit Jean Yves Masson qui traduit l'ouvrage en 1992 (Verdier éditeur)

Pour une idée du style très particulier ( j'avoue que la musique straussienne nous épargne beaucoup d'adjectifs) , ce passage de la transformation de l'empereur en statue de pierre :

L’impératrice vit que ce lieu où on l’avait conduite était une salle de bains, plus belle, et plus princière même, que n’était celle de son propre palais. Elle se perdit, rien qu’un instant, dans le sentiment de cette solitude inattendue et mystérieuse, et dans la contemplation du merveilleux bassin sur le bord duquel elle se tenait. Ce bassin ressemblait à la roche dans laquelle étaient creusés les murs, il jetait des lueurs de temps à autre ; non que la pierre fût parcourue de veines étincelantes : non, c’était un flamboiement mat qui émanait de la masse même de la pierre, comme des lueurs d’orage dans l’épaisseur informe d’une masse nuageuse. L’impératrice n’eût pas sans crainte risqué un pied sur ce sol. Mais, à ce moment, un sentiment de bien-être céleste descendit sur elle, s’empara d’elle comme s’il se fût insinué dans tout son être avec le parfum de la torche. Elle tomba à genoux sur le bord du bassin, dans l’attente et dans la crainte, comme une fiancée. Il fallait que son bien-aimé fût tout près d’elle, bien plus proche qu’elle ne le croyait. Toujours, c’était lui qui était venu à elle, mais à présent, c’était elle qui venait à lui dans ces lieux élus. À cette pensée, un « ah ! » vint sur ses lèvres, pudique et en même temps plein de désir : et ce souffle sorti de sa propre bouche et devenu audible la fit rougir de la tête aux pieds. La contrainte de ses membres se relâcha : elle tendit les bras vers le bassin ; le sol vacillait sous ses pieds comme une sombre masse brumeuse éclairée par-dessous. Venus du fond, les flots obscurs d’une eau noire et dorée jaillirent soudain, pour retomber tout aussi brusquement avec un sombre bruit, pareil au roucoulement des colombes. Elle aurait voulu se précipiter dans ce jaillissement et cette chute aux reflets obscurs comme dans un regard d’amour. « Viens, viens ! » cria-t-elle. L’eau d’or monta, et son essor puissant forma une colonne ; lorsque la lumière de la torche vint la frapper, cette colonne rendit un son qui allait en s’enflant, et dont la sonorité manqua briser le cœur de l’impératrice. Mais, déjà, la colonne d’eau retombait sur elle-même, n’était plus qu’une surface brillante à l’éclat doré qui remplissait le bassin, et au-dessus de laquelle jouait un brouillard, doré lui aussi. Au beau milieu, un noyau de ténèbres que la colonne avait soulevé avec elle continuait de flotter, immobile : il semblait pesant comme l’effigie d’airain d’un monument funéraire bâti au centre du bassin. C’était la statue de l’empereur gisant, couchée là sur une sombre pierre carrée. Il était dépouillé de toutes ses armes et ne portait plus que la légère armure de chasse, comme une simple parure ; même les jambières à mailles d’argent qui pouvaient le protéger contre les défenses du sanglier ou les dents du lynx avaient été enlevées, et il avait les jambes nues, véritablement comme de marbre ; il en était de même des épaules et du cou : le manteau qui les couvrait était tombé à terre.
L’impératrice poussa un cri, et elle se jeta dans le bassin aux eaux dorées doucement frémissantes ; comme un cygne aux ailes levées, elle glissa vers son bien-aimé dans un léger bruit d’eau. Elle se pencha sur lui mais elle n’osa pas l’embrasser. Il gisait là, au-dessous d’elle, immobile, indiciblement beau mais indiciblement absent. Chacun de ses traits était là, ceux de l’homme fait et ceux du jeune homme, le prince, le chasseur, le bien-aimé, l’époux – mais rien de tout cela non plus n’était présent. Elle resta penchée sur lui, elle ne sut pas combien de temps ; elle ne faisait pas le moindre mouvement. Elle ressemblait à une statue, à une figure de plus sur le monument funéraire. Son souffle ne soulevait pas sa poitrine, son œil ne trahissait pas ce qu’elle ressentait ; deux larmes de cristal tombèrent de son visage.
(op.cité )


Bernard
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Re: Strauss-La femme sans ombre-Thielemann/Huguet- Wiener Staatsoper -05-06/2019

Message par Bernard C » 02 juin 2019, 18:05

Représentation du 2 juin 2019

Premier acte

Brochette de voix plus Kolossales que straussiennes ( exceptés les merveilleux teinturiers)
J'y reviendrai
Mise en scène classique , anodine.
Direction tonitruante.


Un truc tout de même hors du temps !

Bernard
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Re: Strauss-La femme sans ombre-Thielemann/Huguet- Wiener Staatsoper -05-06/2019

Message par Il prezzo » 02 juin 2019, 18:51

...mais tu aimes les mes classique,?!
Quanto?
- Il prezzo !
Gia, mi dicon venal, ma, a donna bella io non mi vendo a prezzo di moneta.

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Re: Strauss-La femme sans ombre-Thielemann/Huguet- Wiener Staatsoper -05-06/2019

Message par Bernard C » 02 juin 2019, 19:26

Grandiose second acte .

Gould m'envahit d'une émotion par son " Falke, Falke, du wiedergefundener "qui explose enfin ma poitrine.

Énorme, unique, il n'y en a pas deux au Monde , l'Empereur.

Stemme phénoménale trouve là une de ses plus grandes prises de rôle de ces dernières années... elle détrône définitivement Jones de mon panthéon des Teinturières , la voix est plus grande, plus sûre sur l'ensemble de la tessiture que jamais et le personnage lui convient admirablement.

Sa très grande forme ressentie à Chicago dans Elektra est ici pleinement confirmée.

Nylund est une bonne Impératrice..
Enfin elle n'est jamais impératrice elle est femme d'emblée ...on en reparlera.

Bernard
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Re: Strauss-La femme sans ombre-Thielemann/Huguet- Wiener Staatsoper -05-06/2019

Message par Hiero von Stierkopf » 02 juin 2019, 19:29

Je suis complètement sous le choc après le II.
C’est fabuleux !!!
Comment ça, merde alors ?! But alors you are French !

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Re: Strauss-La femme sans ombre-Thielemann/Huguet- Wiener Staatsoper -05-06/2019

Message par Bernard C » 02 juin 2019, 19:36

Hiero von Stierkopf a écrit :
02 juin 2019, 19:29
Je suis complètement sous le choc après le II.
C’est fabuleux !!!
Je t'aurais bien salué :wink:

Bernard
chemisette très colorée
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Re: Strauss-La femme sans ombre-Thielemann/Huguet- Wiener Staatsoper -05-06/2019

Message par Loïs » 02 juin 2019, 20:20

Bernard C a écrit :
02 juin 2019, 19:36

Bernard
chemisette très colorée
Non sans blague? Pas la peine de preciser tes tenues de président americain a la retraite sont proverbiales🤣

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Re: Strauss-La femme sans ombre-Thielemann/Huguet- Wiener Staatsoper -05-06/2019

Message par Hiero von Stierkopf » 02 juin 2019, 21:24

Ah dommage Bernard. J'avais un costume bleu, comme le teinturier !

Soirée extraordinaire pour moi, probablement la meilleure depuis le début de la saison.

Nina Stemme est exceptionnelle, j'étais sur une autre planète après le II. Mais j'ai trouvé l'ensemble du plateau absolument excellent malgré quelques limites.
Et quelle musique magnifique.
C'est pour vivre ça que je vais à l'opéra.

J'ai rarement vu des applaudissements aussi homogènement nourris pour l'ensemble du cast.
Comment ça, merde alors ?! But alors you are French !

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