Berlioz - La Damnation de Faust- vc -Nelson- Strasbourg- 04/2019

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JdeB
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Berlioz - La Damnation de Faust- vc -Nelson- Strasbourg- 04/2019

Message par JdeB » 23 avr. 2019, 07:25

John Nelson direction

Joyce DiDonato (Marguerite)
Michael Spyres (Faust)
Nicolas Courjal (Mephisto)
Alexandre Duhamel (Brander)

Orchestre Philharmonique de Strasbourg
Coro Gulbenkian
Jorge Matta chef de chœur
Les Petits Chanteurs de Strasbourg -
Maîtrise de l'Opéra national du Rhin
Luciano Bibiloni chef de chœur

Strasbourg, Palais des la Musique et des Congrès, le 26 avril 2019

Michael Spyres et Nicolas Courjal ont déjà partagé l’affiche d’une Damnation de Faust mémorable. C’était au festival Berlioz le 31 août 2014 sous la direction de FX Roth et aux côtés d’AC Antonacci.

Cinq ans après, Michael Spyres s’est imposé comme un grand spécialiste du répertoire français romantique, avec force intégrales chez Opera Rara et dans la collection dédiée du Palazetto Bru Zane. Son français est plus pur, son aisance encore supérieure dans un rôle qu’il semble faire sien et où il éblouit par une interprétation très fouillée, très personnelle et d’une rare probité stylistique, avec un engagement émotionnel assez irrésistible mais moins bouleversant néanmoins que lors de la soirée « chez » Berlioz qu’il avait fini les larmes aux yeux et nous aussi.

A mille lieues des Méphisto monolithiques et tout en muscles, Nicolas Courjal semble prendre vie d’un film de Méliès. Moins en voix en première partie (où sa voix semble un peu rêche et sa projection limitée) qu’après l’entracte, il étonne par sa présence énorme, sa manière de ciseler chaque phrase, ses mille tours de mélodiste au service d’un texte dont il tire une symphonie de nuances et de mimiques, tour à tour enjôleur et faussement enjoué, doucereux puis tranchant, servile puis brutalement d’un autoritarisme implacable, toujours sur le fil du rasoir de l’ironie et de l’onction, du sarcastique et de la noirceur.

Joyce Didonato, qui a presque tout chanté de ce que Berlioz a écrit pour sa voix entre le disque et la salle, apporte à cette version son prestige, sa poésie et une forme de présence-absence assez ophélienne. La voix sonne assez somptueuse malgré quelques subtiles tensions mais au total elle n’imprime guère de son sceau ce rôle si souvent magnifié par ses plus illustres consœurs.

Alexandre Duhamel campe un Brander de grand luxe et de grand relief.

Ce concert renvoie pour moi aussi à un second souvenir lié à une autre Damnation, celle du 25 avril 2008 déjà sous la direction de John Nelson (et N. Gubisch, P. Groves, W. White), à la fondation Gulbenkian de Lisbonne où une large baie vitrée laissait entrevoir la nature et où on éclairait le parc lors du grand air de Faust « Nature immense ». C’est en effet les chœurs de cette institution portugaise que le grand chef a invité ici et qui triomphent hautement avec une vision acérée et en technicolor qui rend pleinement justice à l’ironie mordante du propos avec un enthousiasme débridé et totalement communicatif.

John Nelson porte cette grande fresque tellurique avec un sens magistral de l’architecture, des contrastes et de la narration, en ménageant une vraie progression dramatique de plus en plus prenante, qui emporte l’adhésion pleine et entière d’un public chaviré qui réserve à tous une ovation comme on en voit fort peu en Alsace.

Et comme un bonheur ne vient jamais seul, ces deux concerts (celui de ce soir et celui de la veille) serviront de support à une intégrale discographique Erato, deuxième volet d’un triptyque berliozien, inauguré l’an dernier avec des Troyens grandioses et qui se poursuivra l’an prochain avec Roméo et Juliette.

Signalons enfin, par souci d’érudition, que le créateur du rôle-titre, le ténor Gustave Roger, qui créa aussi le Prophète de Meyerbeer, a chanté à Strasbourg en juillet 1844 trois opéras : La Dame blanche, La Juive et La Favorite.

Jérôme Pesqué.
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Berlioz - La Damnation de Faust- vc -Nelson- Strasbourg- 04/2019

Message par Markossipovitch » 24 avr. 2019, 14:11

Les concerts auront lieu les jeudi 25 et vendredi 26 avril à 20h au Palais des Congrès et de la Musique, salle Erasme.

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Re: Berlioz - La Damnation de Faust- vc -Nelson- Strasbourg- 04/2019

Message par Piem67 » 25 avr. 2019, 23:53

.
Pour ma part, déception.

Tout d'abord à cause de Nelson que j'ai trouvé assez mou et lisse, avec par ailleurs des tempi lents, surtout dans la première partie.
Pour moi qui ai surtout Markévitch dans l'oreille (que voilà un grand berliozien, avec Munch), pas d'emballement (mais je ne m'attendais pas à quelque chose d'extraordinaire de toute façon de sa part). Orchestre beau mais présentant tout de même des fragilités, dont certaines sont je pense dues à la battue incompréhensible de Nelson (grosse admiration pour les musiciens qui arrivent à partir ensemble avec une telle gestique... - ce n'est d'ailleurs pas toujours le cas), d'ailleurs, les chanteurs très à l'avant-scène ne cherchent jamais à le regarder.

Spyres somptueux dans la première partie puis, hélas (et comme l'an dernier dans la deuxième représentation des Troyens), perd son aigu en cours de deuxième partie, du moins n'arrive plus à les faire comme il voudrait (mixés) et en sort donc quelques-uns en force... (la voix change de volume de manière subite, c'est étonnant). Je ne suis pas sûr que ce rôle lui convienne. L'orchestre berliozien est "immense" (notamment dans "Nature immense") et Spyres est parfois un peu noyé dans la masse (bon, faut dire que l'acoustique du Palais de la musique et des congrès n'est pas idéale du tout, peut-être certains autres ODbiens auront eu un autre ressenti).

Di Donato superbe comme d'habitude. Un cran en-dessous cependant de sa Marguerite à Baden-Baden avec Rattle au Festival de Pâques il y a quelques années.

Personnellement, je n'ai jamais été emballé par Courjal. Je n'aime pas ces voix trémulantes, au large vibrato. Il en fait un peu trop par ailleurs dans l'incarnation. Aigus un peu limites parfois. José Van Dam, Michel Roux, Jules Bastin, revenez !

Duhamel très bon.

Chœurs magnifiques, c'est ce qu'il y avait de mieux dans la soirée pour moi.

Je ne sais pas comment Spyres va pouvoir rechanter demain soir....

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Oylandoy
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Re: Berlioz - La Damnation de Faust- vc -Nelson- Strasbourg- 04/2019

Message par Oylandoy » 26 avr. 2019, 00:08

Trémulant ? Vibrato ? Courjal ?
Je l'ai vu le 6 novembre dans le même rôle et je me demande si nous parlons du même chanteur...
la mélodie est immorale
Nietzsche

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Re: Berlioz - La Damnation de Faust- vc -Nelson- Strasbourg- 04/2019

Message par Piem67 » 26 avr. 2019, 00:10

Question de goût.
Tu mets Michel Roux, Van Dam, Tézier dans le même rôle, le chant est + "net". Avec Courjal, j'ai l'impression d'entendre un vieux chanteur ou un chanteur qui fait "la grosse voix", ça me paraît très artificiel. Bref, je n'aime pas du tout cette voix.

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Re: Berlioz - La Damnation de Faust- vc -Nelson- Strasbourg- 04/2019

Message par srourours » 26 avr. 2019, 09:50

Pour l'avoir entendu deux fois dans le rôle je trouve au contraire que Courjal sonne à l'ancienne avec une diction remarquable, parfois à la limite de la préciosité.

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Re: Berlioz - La Damnation de Faust- vc -Nelson- Strasbourg- 04/2019

Message par enrico75 » 26 avr. 2019, 23:17

Pour moi ce vendredi magnifique soirée devant un public enthousiaste avec une belle standing ovation finale.
Orchestre et chœurs très impliqués dirigés avec fougue et beaucoup de contrastes par J.Nelson.
Excellent Faust de M.Spyres qui conjugue une diction française remarquable , une musicalité idéale avec une amplitude qui lui permet d'assumer sans problème les suraigus du duo avec Marguerite.
J.DiDonato incomparable et émouvante comme à Baden Baden Il y a quelques années.
Courjal me pose un problème :la voix est belle et puissante mais pourquoi surjout t'il en permanence un Mephisto qui devient caricatural(on dirait un comédien qui déclame du Racine à la comédie française dans les années 30)
Duhamel excellent Brander
Beaux effets de spatialisation des fanfares et des choeurs bien que les choeurs d'enfants finaux étaient difficilement audibles(placés dans la salle à mi hauteur )et la voix céleste inaudible.
Pour moi c'était supérieur à la Damnation de Dutoit à la philharmonie même si l'orchestre National était meilleur.

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Re: Berlioz - La Damnation de Faust- vc -Nelson- Strasbourg- 04/2019

Message par muriel » 27 avr. 2019, 08:42

Oylandoy a écrit :
26 avr. 2019, 00:08
Trémulant ? Vibrato ? Courjal ?
Je l'ai vu le 6 novembre dans le même rôle et je me demande si nous parlons du même chanteur...
Trémulant lui va bien, je le trouve instable, vibrant, chevrotant même
La voix est extrêmement vieillotte malgré des qualités indéniables
Je ne comprends pas qu'on le distribue autant (à Marseille c'est un supplice)

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Re: Berlioz - La Damnation de Faust- vc -Nelson- Strasbourg- 04/2019

Message par Piem67 » 27 avr. 2019, 08:47

muriel a écrit :
27 avr. 2019, 08:42
Oylandoy a écrit :
26 avr. 2019, 00:08
Trémulant ? Vibrato ? Courjal ?
Je l'ai vu le 6 novembre dans le même rôle et je me demande si nous parlons du même chanteur...
Trémulant lui va bien, je le trouve instable, vibrant, chevrotant même
La voix est extrêmement vieillotte malgré des qualités indéniables
Je ne comprends pas qu'on le distribue autant (à Marseille c'est un supplice)
Je partage tout à fait ton avis, il a en effet des qualités indéniables de prestance, d'incarnation (même si ça fait, comme le disait enrico "vieille école") mais je suis allergique à ce type de voix. A Marseille, l'an prochain, tu l'auras - au moins - en Grémine ! Bon, là, pour ce rôle, sa voix correspondra bien au personnage non ?! :Jumpy:

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Re: Berlioz - La Damnation de Faust- vc -Nelson- Strasbourg- 04/2019

Message par Piem67 » 27 avr. 2019, 08:50

enrico75 a écrit :
26 avr. 2019, 23:17
Beaux effets de spatialisation des fanfares et des choeurs bien que les choeurs d'enfants finaux étaient difficilement audibles(placés dans la salle à mi hauteur )et la voix céleste inaudible.
Jeudi, ces moments avec fanfares et chœurs n'étaient pas en place, bon, faut dire que c'est terrible ce passage... (je n'ose imaginer comment c'était joué à l'époque...). Même chose pour jeudi : voix céleste toute petite petite petite... Ca m'a terriblement manqué (d'autant que Neslon n'a pas donné le départ pour sa première intervention et personnellement je n'ai - faiblement - entendu que "Ri-ta"...).

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