Verdi-Otello-Mehta/Wilson-Baden Baden-04/2019

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enrico75
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Verdi-Otello-Mehta/Wilson-Baden Baden-04/2019

Message par enrico75 » 14 avr. 2019, 09:37

Nouvelle production du Festival de Pâques

Direction Musicale:Zubin Mehta
Mise en scène:Robert Wilson

Otello:Stuart Skelton
Desdémone:Sonya Yoncheva
Iago:Vladimir Stoyanov
Cassio:Francesco Demuro
Emilia:Anna Malavasi
Rodrigo:Gregory Bonifatti
Ludovico:Frederico Sacchi
Montanaro:Giovani Furnaletto
Harold:Mathias Tongues.

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Wim
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Re: Verdi-Otello-Mehta/Wilson-Baden Baden-04/19

Message par Wim » 14 avr. 2019, 14:11

Yoncheva était excellente hier soir. De beaux aigus, d’impressionnants graves. Ceci dit, même si elle a chanté l’air du saule avec une voix plus ronde que Harteros, je dois avouer qu’elle m’a moins touché. La mes n’aidant pas. Mais il est clair que c’est complètement subjectif.

J’ai dû me pincer quelques fois, tellement j’ai parfois eu l’impression d’être dans le Turandot de Wilson vu à Madrid. Avec les mêmes gestes stylisés rappelant l’art japonais limitant le pouvoir d’expression des chanteurs ou au moins donnant cette impression au spectateur. Donc Wilson a fait du Wilson avec une scène très dépouillée jouant abondamment avec les lumières et un jeu d’acteurs rituel. C’est assez beau à voir même si le procédé m’a un peu lassé à la fin.
Aussi, à Londres et Munich on a surtout vu une lecture psychologique d’Otello et ça m’a franchement mis mal à l’aise dans le sens où j’ai vraiment eu de la peine pour Desdemona. Ici la mes m’a laissé froid, aucun impact vraiment.
La surprise de la soirée était l’excellent Iago de Stoyanov. Moins malicieux que Finley, plus fin que Vratogna, il s’est imposé des le début.
Skelton a généralement chanté très bien, malgré des problèmes de volume dans les aigus en général et d’intonation dans les aigus pp. Comme vous le savez, c’est un habitué de Wagner. Je le préfère à Gould et cela s’est confirmé pour moi.
Les Berliner, du luxe pur bien sûr . La joie de les réentendre. Excellente direction de Mehta.

Applaudissements vifs pour les chanteurs et mixtes pour Wilson, les huées plutôt noyées.

enrico75
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Re: Verdi-Otello-Mehta/Wilson-Baden Baden-04/2019

Message par enrico75 » 17 avr. 2019, 07:31

Énorme frustration à la sortie de cet Otello du 16 avril à Baden Baden.
La faute à Wilson :
Pour moi c'était une version de concert avec effets spéciaux.
De plus la direction molle,métronomique et lisse de Zubin Mehta, si elle ne mettait pas les chanteurs en péril, a complètement bridé le Philharmonique de Berlin méconnaissable après un incroyable 5ème symphonie de Tchaikovsky la veille dirigée par K.Petrenko. :mrgreen: :mrgreen:
Détails à suivre.

paco
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Re: Verdi-Otello-Mehta/Wilson-Baden Baden-04/2019

Message par paco » 17 avr. 2019, 08:46

enrico75 a écrit :
17 avr. 2019, 07:31
Énorme frustration à la sortie de cet Otello du 16 avril à Baden Baden.
La faute à Wilson :
Pour moi c'était une version de concert avec effets spéciaux.
Ben c'est toujours comme ça Wilson non ? Vous avez déjà vu une de ses productions qui ne soit pas du nô japonisant ? Pour moi Wilson = la fumisterie la plus spectaculaire du XXe/XXIe siècle ... et la plus réussie car de tous temps il a bénéficié d'une idolâtrie auprès de la boboïtude, que je ne m'explique pas. Ce qui est certain, c'est que son entreprise est très rentable : un concept unique depuis 30 ans, décliné en mode copier/coller quelle que soit l'oeuvre, ce n'est pas fatigant pour ses neurones, et il a pu l'industrialiser comme une fabrique de produits standardisés. Financièrement c'est un modèle très intéressant à étudier pour le monde artistique. Artistiquement, passé le coup de génie de ses premières productions, le reste est du grand foutage de gueule.

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Re: Verdi-Otello-Mehta/Wilson-Baden Baden-04/2019

Message par micaela » 17 avr. 2019, 08:49

C'est vrai que s'il y a un metteur en scène dont le travail est reconnaissable au premier coup d'œil c'est bien lui. On peut même se douter de à quoi ressembleront les spectacles, sans les avoir vus…
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Re: Verdi-Otello-Mehta/Wilson-Baden Baden-04/2019

Message par PlacidoCarrerotti » 17 avr. 2019, 09:19

paco a écrit :
17 avr. 2019, 08:46
enrico75 a écrit :
17 avr. 2019, 07:31
Énorme frustration à la sortie de cet Otello du 16 avril à Baden Baden.
La faute à Wilson :
Pour moi c'était une version de concert avec effets spéciaux.
Ben c'est toujours comme ça Wilson non ? Vous avez déjà vu une de ses productions qui ne soit pas du nô japonisant ? Pour moi Wilson = la fumisterie la plus spectaculaire du XXe/XXIe siècle ... et la plus réussie car de tous temps il a bénéficié d'une idolâtrie auprès de la boboïtude, que je ne m'explique pas. Ce qui est certain, c'est que son entreprise est très rentable : un concept unique depuis 30 ans, décliné en mode copier/coller quelle que soit l'oeuvre, ce n'est pas fatigant pour ses neurones, et il a pu l'industrialiser comme une fabrique de produits standardisés. Financièrement c'est un modèle très intéressant à étudier pour le monde artistique. Artistiquement, passé le coup de génie de ses premières productions, le reste est du grand foutage de gueule.
Tout à fait d’accord.
Je boycotte d’ailleurs la Butterfly de Bastille que je ne supporte plus.
Néanmoins, il arrive (par hasard) que le concept marche. Par exemple, j’ai trouvé que la Femme sans ombre était très satisfaisante, d’autant que c’est un opéra extrêmement difficile à mettre en scène AMHA.
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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Re: Verdi-Otello-Mehta/Wilson-Baden Baden-04/2019

Message par raph13 » 17 avr. 2019, 10:13

ça marchait extrêmement bien pour Turandot à Madrid en décembre dernier également, mais il est vrai que le concept est vu et revu, même si toujours séduisant visuellement.
« L’opéra est comme l’amour : on s’y ennuie mais on y retourne » (Flaubert)

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Message par PlacidoCarrerotti » 17 avr. 2019, 10:52

raph13 a écrit :
17 avr. 2019, 10:13
ça marchait extrêmement bien pour Turandot à Madrid en décembre dernier également, mais il est vrai que le concept est vu et revu, même si toujours séduisant visuellement.
Tout à fait. De toute façon, pour les occidentaux, le côté japonisant convient à la Chine ;-).
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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Re: Verdi-Otello-Mehta/Wilson-Baden Baden-04/2019

Message par paco » 17 avr. 2019, 11:52

PlacidoCarrerotti a écrit :
17 avr. 2019, 09:19
Par exemple, j’ai trouvé que la Femme sans ombre était très satisfaisante, d’autant que c’est un opéra extrêmement difficile à mettre en scène AMHA.
Oui c'est la seule fois où j'ai trouvé que le concept "collait" à peu près, même si le statisme qui caractérise ses productions a, là aussi, créé de longs tunnels et atténué les tensions dramatiques par rapport à de vraies mises en scène théâtrales.

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Re: Verdi-Otello-Mehta/Wilson-Baden Baden-04/2019

Message par enrico75 » 18 avr. 2019, 14:47

Grande frustration à la sortie de cette représentation d'Otello.
Salle remplie à peine à 70 % (ce qui m'a permis un replacement au 10 éme rang du parterre à la pause),faute sans doute à une politique tarifaire de plus en plus lourde.
La séance débute par une vidéo d’environ 5 minutes sur l'agonie d'un éléphant dans la brousse sur un fond sonore de blizzard. :?:
Image

Cette mise en scène de R.Wilson ne colle pas du tout avec cet opéra:
esthétiquement c'est trés beau avec des magnifiques effets de lumières ,de couleurs (qui changent selon l'humeur des chanteurs)de fumée ,de structures stylisées et symboliques qui se baladent sans arrêt des cintres au plancher mais cette utilisation systématique du théâtre japonais finit par devenir lassante.Les chanteurs ,les choeurs ,immobiles la plupart du temps ou figés dans des positions caricaturales,à des mètres les uns des autres peinent à convaincre l'auditoire et je pense aussi eux mèmes, et cela s'est ressenti dans leur chant.Pour moi c'était une version de concert améliorée d'autant que le chef ne les a pas aidé.

Image


Stuart Skelton Otello a les moyens vocaux d'un tel rôle,belle puissance de la voix,timbre "viril" projection correcte pour cette grande salle ,mais guère de nuances ,aigus difficiles et quand il essaie d'en faire, en voix de tète a la fin du duo du 1er acte, ça tourne à la catastrophe.La mort n'est pas plus réussi (si je peux me permettre), aprés avoir symboliquement étranglé Desdémone, il se fait harakiri bien entendu mais chante tout forte...
Sonya Yoncheva Desdémone si elle a gagné en largeur , en couleur et en puissance dans le médium et le grave , a de plus en plus de problémes dans l'aigu devenu hésitant et métallique ,elle n'a vraiment convaincu que dans l'air du saule et l'ave maria final remarquable de phrasé et d'émotion.A sa décharge ,comme d'ailleurs tous les chanteurs,elle n'est pas aidé par la direction d'acteur de Wilson qui leur impose de chanter en permanence a dix mètres les uns des autres en regardant le public dans d'horribles contorsions...
Vladimir Stoyanov Iago, est la bonne surprise vocale de cette représentation,beau timbre de baryton basse sans excès vériste dans l'air du début du 2eme acte.
Demuro trés moyen Cassio aux aigus aigrelets.
Mais la grande déception de cette soirée est sans conteste la direction lisse ,type musique de film de Bollywood(bien sur j'exagère) de Zubin Mehta .Certes il ménage bien les chanteurs ne les couvrant jamais,mais quel ennui,pas un accord au dessus de l'autre ,le Philharmonique de Berlin est méconnaissable,comme endormi,(la veille pourtant acclamé aprés une 5éme symphonie époustouflante de Tchaïkovski dirigée K.Petenko) seul moment de grâce :le tapis sonore somptueux de l'air du saule de Desdémone.
Pourtant sur le site du festival on peut lire :c est le seul endroit au monde ou le Berliner Philharmoniker se produit dans une fosse d'opéra.
Quand ça veut pas :x :x :x

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