Massenet - Manon - Minkowski/Py- Bordeaux- 04/2019

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JdeB
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Massenet - Manon - Minkowski/Py- Bordeaux- 04/2019

Message par JdeB » 03 avr. 2019, 07:37

Direction musicale Marc Minkowski
Mise en scène Olivier Py
Collaboration à la mise en scène et chorégraphie Daniel Izzo
Décors et costumes (réalisation) Pierre-André Weitz
Lumières Bertrand Killy

Manon Nadine Sierra / Amina Edris (7 et 8 avril)
Le Chevalier des Grieux Benjamin Bernheim / Thomas Bettinger (7 et 12 avril)
Lescaut Alexandre Duhamel
Guillot de Mortfontaine Damien Bigourdan
Le Comte des Grieux Laurent Alvaro
Monsieur de Brétigny Philippe Estèphe
Poussette Olivia Doray
Javotte Adèle Charvet
Rosette Marion Lebègue

Orchestre National Bordeaux Aquitaine
Chœur de l'Opéra National de Bordeaux
Direction du Chœur Salvatore Caputo

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Bordeaux, Grand Théâtre, le 8 avril 2019

En relisant ma critique de la création genevoise de cette production, je me trouve un peu sévère :
viewtopic.php?f=6&t=17818&hilit=Manon+Gen%C3%A8ve
Une discussion avec Marie-Aude Roux m'a convaincu aussi que cette reprise a permis au spectacle de se bonifier, de se condenser, d'atténuer ses faiblesses tout en exaltant sa force même si elle a été assurée par Daniel Izzo et qu'Olivier Py n'est venu que cinq jours à Bordeaux.

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Cette montée en puissance est due bien évidemment à une distribution totalement renouvelée et globalement bien supérieure avec les débuts en Europe de la sensationnelle Amina Edris qui remplaçait ce soir Nadine Sierra alors qu'elle l'avait déjà chantée la veille ! Cette Égyptienne, ancienne élève du lycée français du Caire, s'impose d'emblée comme la plus crédible des Manon du circuit mondial, la seule qui parvienne à nous faire croire à l'extrême jeunesse du personnage mais avec une voix parfaitement projetée, au registre aigu d'une rare facilité et d'une réelle amplitude, un jeu très naturel et très physique, un français idiomatique. C'est une pure flamme !
Elle formera sans doute d'ici peu, avec son compagnon Pene Pati, présent ce soir dans la salle, le couple le plus brillant de la jeune génération.
Jamais Benjamin Bernheim n'a paru aussi libéré, aussi idéal dans un personnage, qu'en Chevalier Des Grieux, avec un engagement total, un abandon et une inspiration de tous les instants sans renoncer à l'extrême raffinement de son chant si nuancé et si noble. Du grand art absolument irrésistible.

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Alexandre Duhamel ne leur cède en rien. Avec une voix toujours plus impressionnante, il impose ici, dans le personnage d'un Lescaut proxénète et interlope, une figure inquiétante prête à tous les excès, à toutes les dérives crapuleuses avec une ardeur pour l'or et le plaisir qui est de famille puisque c'est ce qui caractérise aussi Manon, sa cousine. Il atteint des sommets dramatiques dans la scène de l'Hôtel de Transylvanie lorsqu'il s'efforce de maîtriser Des Grieux, hors de lui au moment où Guillot assouvit sa vengeance en faisant intervenir la garde.
Laurent Alvaro campe le plus zen et le plus mur, le plus élégant de ligne aussi, des Comte. Il semble sortir d'un autre temps, le fossé de génération étant ici marqué très clairement par le port, la démarche, l'articulation, le quant à soi non dénué d'humanité, altier, cornélien et bienveillant sous des dehors ironiques.
Damien Bigourdan dessine le plus pervers, le plus vipérin, le plus débauché des Guillot de Mortfontaine avec une émission singulière d'un fort impactant. Il semble prendre vie d'une version inédite des Liaisons dangereuses.
Le Brétigny de Philippe Estèphe ne se hisse pas sur ces cimes mais est loin de démériter tandis que le trio des comédiennes courtisanes tapine allégrement.

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Marc Minkowski, le seul ou presque qui n'aborde pas la partition à Bordeaux puisqu'il l'a déjà dirigée à Monte-Carlo, en livre une lecture très dynamique et contrastée, une force qui va, inexorable, d'une rare âpreté parfaitement accordée au propos de Py qui nous montre Manon sous une lumière crue et sadienne. Mais d'un Sade au carnaval...

Une soirée exaltante, sensiblement supérieure à celle du Théâtre des Champs-Elysées deux jours plus tôt, qui voit surtout le triomphe d'un style et d'une langue.

Jérôme Pesqué

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Amina Edris
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Re: Massenet - Manon - Minkowski/Py- Bordeaux- 04/2019

Message par Efemere » 09 avr. 2019, 07:28

JdeB a écrit :
03 avr. 2019, 07:37
(...)
Manon Nadine Sierra / Amina Edris (12 avril)
(...)
Amina Edris n'était initialement programmée que le 7 avril, et pas le 12 avril, en dehors de son remplacement de Sierra d'hier soir.

Il me semble que l'ONB n'a pas affiché sur place, ni diffusé d'annonce à propos de l'annulation de Sierra, alors que celle-ci était confirmée dès 15 h d'après ce que Minkowski a dit au public d'hier.


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Re: Massenet - Manon - Minkowski/Py- Bordeaux- 04/2019

Message par Markossipovitch » 11 avr. 2019, 07:19

Grandiose représentation hier soir à Bordeaux, où sous la baguette amoureuse de Marc Minkowski ce furent peut-être non pas deux mais trois stars qui ont porté le spectacle, Alexandre Duhamel rejoignant Nadine Sierra et Benjamin Bernheim sur les sommets, aidé par la mise en scène de Py qui fait de Lescaut un personnage plus étoffé qu'à l'accoutumée .
J'en dirai plus un peu plus tard.

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Re: Massenet - Manon - Minkowski/Py- Bordeaux- 04/2019

Message par JdeB » 11 avr. 2019, 09:56

je viens de publier ma critique de la soirée avec Amina Edris en tête de ce fil.
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Re: Massenet - Manon - Minkowski/Py- Bordeaux- 04/2019

Message par Piem67 » 11 avr. 2019, 09:57

Je ne sais pas si c'est la première fois que Laurent Alvaro chante à Bordeaux, au Grand Théâtre, mais ça a dû être pour lui une émotion particulière, lui qui fut élève, comme je le fus, du Conservatoire de cette ville et qui allait au Grand Théâtre en tant que spectateur... Réaliser un tel rêve, et être devenu un chanteur de cette valeur, c'est un sacré beau parcours.

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Re: Massenet - Manon - Minkowski/Py- Bordeaux- 04/2019

Message par JdeB » 11 avr. 2019, 10:00

oui, c'est émouvant.
Il a déjà chanté à Bordeaux le Mephisto de Berlioz et Oreste mais ce n'était pas au Grand Théâtre me semble-t-il
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Re: Massenet - Manon - Minkowski/Py- Bordeaux- 04/2019

Message par Oylandoy » 12 avr. 2019, 10:30

Photos du CR de JdeB : Eric Bouloumié et Vincent Bengold
la mélodie est immorale
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Re: Massenet - Manon - Minkowski/Py- Bordeaux- 04/2019

Message par Markossipovitch » 16 avr. 2019, 09:53

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© Opéra de Bordeaux

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Re: Massenet - Manon - Minkowski/Py- Bordeaux- 04/2019

Message par Markossipovitch » 16 avr. 2019, 10:07

La salle était fort pleine et on se serrait sur les minuscules sièges bleu clair du Grand-Théâtre de Bordeaux mercredi 10 avril pour la quatrième représentation de Manon de Massenet dans la reprise d’une production créée à Genève deux ans plus tôt par Olivier Py et Pierre-André Weitz.
Avant même d’entrer, on avait pu apercevoir de grandes banderoles sur le frontispice du théâtre, où les photos de Nadine Sierra, de Benjamin Bernheim et d’Alexandre Duhamel nous donnaient un avant-goût du spectacle à venir, avec une intéressante indication symbolique : cette Manon mettrait en avant Lescaut comme troisième star du plateau.

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© Isabelle Camus

Olivier Py a voulu donner quelques phrases à réciter à son Des Grieux avant les premier et quatrième actes : une citation célèbre de Kant (« le ciel étoilé au-dessus de moi… ») faisant référence au décor de ciel étoilé qui revient plusieurs fois durant la représentation, avant la scène finale où il prend de l’importance au vu du texte chanté (Manon ironise sur sa fatale coquetterie en comparant une étoile à un diamant), et un extrait de la Bible (Lettre première de Saint-Paul aux Corinthiens, «si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien »). Cela ne sert à rien qu’à souligner inutilement ce que l’on comprend très bien de nous-mêmes.


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© Eric Bouloumié

Le parti-pris d’Olivier Py est net : pas de jeune fille naïve au premier acte, Manon arrive tout de suite dans un hôtel de passe aux hauts murs noirs où son cousin entremetteur la met vite au parfum : on ne manque rien de la plastique de Nadine Sierra quasi-nue avant qu’elle revête une nuisette de soie rouge (peu originale), et Lescaut est près de la violer d’entrée de jeu. Il est évident qu’on y perd en termes d’évolution du personnage, les penchants de Manon pour les plaisirs se révélant peu à peu chez Massenet. Ici, dès « Je suis encor toute étourdie », la belle est déniaisée. Mais cela aura tout de même un avantage : quand à la fin du second acte Manon devra choisir entre la richesse et son amour, elle donnera presque l’impression de sauver son naïf amant d’elle-même, renversement assez intéressant. Par ailleurs Py creuse le personnage velléitaire de Lescaut, qui traditionnellement oscille entre son amour du jeu et ses déclarations paternalistes (« Je suis le gardien de l’honneur de la famille »). Ici il est plus cynique et désabusé, assumant l’opposition entre ses paroles et ses actes (il est presque moqueur, en train de fumer une cigarette, quand il annonce à Des Grieux au cinquième acte que ses hommes ont fui et que Manon ne peut espérer aucun secours) et Py enfonce le clou en ajoutant au personnage de Lescaut des répliques dévolues habituellement à d’autres personnages, ce qui étoffe le rôle et en fait un protagoniste essentiel. Seul Des Grieux est vu de façon traditionnelle, habillé souvent de blanc, éperdu d’amour, sauf lors de son passage à la prêtrise.

Tout cela ne va pas sans excès faciles, que Py aurait pu nous épargner : les délires fantasmatiques de Des Grieux au quatrième acte, pendant le grand air « Ah, fuyez, douce image », d’abord présentés en ombres chinoises derrière une lune de circonstance viennent ensuite sur la scène (hommes nus à têtes d’animaux, femme nue), et à la fin de la partie à Cours-la Reine (partie assez convenue au demeurant, qui se déroule dans une revue de music-hall), une sorte de bouffon portant une énorme tête de roi nous gratifie d’un salut au plateau vu de dos, ce qui nous fait voir son fessier nu et provocant, bien inutilement. Pire, Olivier Py refuse le sentimentalisme jusqu’à nous gâcher un vrai moment de grâce lors de la mort de Manon, quand elle ironise sur son penchant pour les diamants en voyant l’étoile : des Grieux la revêt d’un bracelet, d’un collier de brillants…

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© Eric Bouloumié

Mais heureusement, cette mise en scène se double d’un vrai travail d’acteurs, et tous les personnages en sortent vivifiés.

Benjamin Bernheim incarne un Des Grieux vocalement parfait. C’est d’abord par le placement de la voix, par une projection extrêmement aisée et une diction de rêve qu’il nous ravit, ces éléments lui permettant d’offrir une palette de nuances extraordinaire, du fortissimo jamais outré au pianissimo délicat, utilisé toujours dans un but pertinent. Sa classe, sa distinction, en font le chevalier idéal. On le compare aujourd’hui au jeune Alagna et c’est mérité, même si ce n’est pas tout-à-fait exact. Tous deux ont en commun une diction merveilleuse et des « r » non roulés, ainsi que quelques rôles (quoique Bernheim chante aussi des rôles en allemand, d’Eginhard à Tamino, qu’Alagna n’a jamais abordés), mais ils diffèrent sensiblement par le timbre (plus de soleil et de couleur dorée chez le franco-sicilien, un timbre plus opalescent chez le franco-suisse) et par l’émission, plus pure chez Bernheim, le médium d’Alagna ayant très tôt été élargi dans une émission plus basse. Mais Bernheim est d’abord lui-même, et révèle même des ressources d’acteur épatantes à l’hôtel de Transylvanie, lors des moments de violence avec Guillot et Lescaut, où il se donne sans compter.

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© Eric Bouloumié

Les deux grands airs trouvent ce Des Grieux à son meilleur, en totale apesanteur dans le Rêve, douloureux et puissant sans excès dans « Ah, fuyez, douce image ». Mais c’est dans chaque phrasé, chaque dosage de dynamique qu’il peint un portrait délicat et subtil du chevalier, dont Py ne creuse guère la psychologie, et c’est aussi dans les duos qu’il se révèle, ne tirant jamais la couverture à lui, et épousant les contours du chant d’une Manon délicate qu’il aurait pu, sans cela étouffer. « Nous vivrons à Paris », toute la scène de la mort le révèlent pleinement.

Car le calibre de Nadine Sierra est celui d’une Manon délicate et fragile, menue de corps comme de voix, comme une fleur qu’on pourrait écraser en l’étreignant trop, cette fragilité apparente servant le personnage et le rendant très émouvant. Car curieusement ce n’est pas là où on l’attendait qu’elle nous a le plus charmés. Cette Gilda, cette Lucia, on l’attendait dans la Gavotte bien sûr, et dans les parties brillantes d’un rôle qui ne manque pas de fioritures vocales. Mais, si elle s’y révèle plutôt à l’aise, c’est cependant dans les moments lyriques qu’elle réussit à nous émouvoir, surtout l’adieu à la petite table et « N’est-ce plus ma main » au dernier acte, avant une mort d’une grande pudeur et d’un impact d’autant plus fort. Dans toutes ces pages, elle joue à merveille des irisations de son timbre, de ses ressources de couleurs, malgré un petit accent qui peut soit charmer soit incommoder. L’actrice n’est pas en reste et évite tout geste convenu, captant l’attention et la retenant jusqu’au bout. Du grand art.

Les affiches l’annonçaient, Lescaut est dans cette production autre chose qu’un comparse, et les talents vocaux et dramatiques d’Alexandre Duhamel en font un personnage de grand relief, qu’on n’oublie pas. Habillé d’un simple costume sombre, il dessine un Lescaut viveur, jouisseur, quelque peu satyre, et tire le meilleur parti de l’opposition entre ce qu’il chante et les situations qu’il a à jouer. Assez léger au début, il devient plus inquiétant au fur et à mesure des actes, donnant lui aussi un fort relief aux violences de l’hôtel de Transylvanie, et étoffe son personnage avec les ajouts de texte dus à Py, mêlant le bouffe au tragique, quand il est affublé d’une perruque blonde et travestit sa voix (ce qui ne manque pas de nous rappeler son impayable vice-roi de La Périchole). Vocalement, il est tout aussi impressionnant, timbre de chocolat chaud rappelant Friedrich Schorr, aigus éclatants et faciles, dosant la dynamique (son dernier « soyez gentille» en voix mixte est une merveille), parachevant le portrait de son personnage au début du troisième acte dans un air de Rosalinde admirablement phrasé et projeté, véritablement épatant. Le public ne s’y trompe pas, et le gratifie aux saluts d’une ovation égale à celle de la soprano.

Et dire que ces trois-là faisaient leur prise de rôle ! On n’oubliera pas de citer aussi un Guillot de Morfontaine splendide et étonnant : loin des guipes habituelles, Damien Bigourdan, jeune, le crâne rasé, campe un personnage qui transpire la rage des faibles. Plus d’une fois ridiculisé, et violenté même, il explose de rancœur vengeresse à l’hôtel de Transylvanie, après nous avoir régalés auparavant d’un ténor puissant, lumineux, à la projection étonnante, d’une émission peu orthodoxe mais efficace.

Quant à Laurent Alvaro, il incarne un Comte très émouvant, jouant à la perfection le mélange de droiture aristocratique et de faiblesse due à la honte qui sont propres au personnage, projetant un timbre sombre, soyeux et émouvant et distillant de remarquables nuances dans toutes ses phrases parlées comme chantées, jusqu’à son air du quatrième acte (« Epouse quelque brave fille ») où il émeut encore jusque dans les fragilités d’un registre aigu dont le pianissimo est aujourd’hui la limite.

Tous s’expriment de façon extrêmement intelligible, il faut le souligner, sans quoi l’opéra français ne peut être porté aussi haut.

Enfin, comment ne pas finir sur la direction de Marc Minkowski, que son splendide orchestre suit comme un seul homme, et comment ne pas louer cette direction vive, souple, inventive, colorée ? Comment surtout ne pas dire notre contentement face à un chef qui sait suivre ses chanteurs et s’efforce sans cesse de ne pas les couvrir ? Ce n’est pas si fréquent. Chez Massenet comme chez Meyerbeer et Offenbach, il est sans rival. Il est un des artisans majeurs de la réussite d’une production mémorable, et s’il lui est impossible dans sa position de directeur-chef d’orchestre de vouloir ajouter sa photographie à celles des chanteurs principaux sur la colonnade du Grand-Théâtre, il mériterait cependant de l’y voir déployée.

AUDIBERT
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Re: Massenet - Manon - Minkowski/Py- Bordeaux- 04/2019

Message par AUDIBERT » 16 avr. 2019, 12:42

Merci pour ce bel article qui nous fait regretter de n avoir pu être parmi les spectateurs qui ont eu le privilège d assister à ces représentations !Le préambule nous expliquant la vision et le travail du metteur en scène,Mr Py,dont je dois reconnaître,je ne suis pas un admirateur inconditionnel,a le mérite de mettre en lumière le troisième personnage de ce drame,( faisant souvent figure de parent pauvre si je puis dire ) et l on imagine combien jubilatoire a pu être,avec tout le talent scénique et vocal,l incarnation de ce personnage par Alexandre Duhamel !De mes lointains souvenirs je garde en mémoire une merveilleuse représentation à l ONP avec Renée Flemming,très à l aise dans ce rôle qui demande un soprano lyrique virtuose tendu vers le leggero,mais comme on nous le fait remarquer fort justement,Nadine Sierra parvient avec l instrument et la technique dont elle dispose,à donner une image plus sobre et émouvante d l' héroïne!Enfin des éloges plus que mérités pour Benjamin Bernheim,ainsi que la direction toujours subtile ,élégante de Maestro Minkowski,qui a su mettre en relief la brillante palette orchestrale du compositeur !Une bien belle soirée que nous avons vécue par la grâce de votre plume !

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