Page 1 sur 2

Strauss - Arabella - Trinks / vc - TCE - 11/1/2019

Posté : 09 janv. 2019, 14:58
par Oylandoy
Arabella Richard Strauss

Anja Harteros Arabella
Kurt Rydl Le Comte Waldner
Doris Soffel Adelaïde
Hanna-Elisabeth Müller Zdenka
Michael Volle Mandryka
Daniel Behle Matteo
Dean Power Le Comte Elemer
Sean Michael Plumb Le Comte Dominik
Callum Thorpe Le Comte Lamoral
Sofia Fomina Fiakermilli
Heike Grötzinger Une diseuse de bonne aventure
Sebastian Schmid Welko
Nikolaus Coquillat Djura

Constantin Trinks direction
Bayerisches Staatsorchester
Chor der Bayerischen Staatsoper

Production Théâtre des Champs-Elysées
Production présentée par la Bayerische Staatsoper

Arabella Strauss BSO
Encore une excellente soirée au TCE grâce à des interprètes d’exception : Constantin Trinks, Anja Harteros, Michael Volle, Kurt Rydl, Hanna-Elisabeth Müller
Encore une fois, au risque de se répéter, le démarrage a été laborieux. Non que les interprètes ne soient à la hauteur, mais l’œuvre ne se prête guère aux grands élans lors de sa mise en place. Oh, le joli tunnel pour le duo des deux sœurs ! On s’endormirait presque. Mais dès le début de l’acte II, les réserves tombent, et les merveilleux interprètes s’en donneront à cœur joie. Tout d’abord, Kurt Rydl, voix très sonore pour incarner un comte Waldner truculent. Puis, la soirée est véritablement lancée par Michel Volle, extrêmement convainquant dans le rôle de Mandrika qui nécessite puissance et souffle. Excellent jeu d’acteur aussi. Peut-être peut-on lui reprocher de manquer de nuances dans la longue colère/jalousie qui l’occupe une grande partie de l’acte III, laquelle est quelque peu pesante au niveau du développement. Même Otello est moins lourd…
Bien sûr, la grande triomphatrice de la soirée est Anja Harteros, dont on connaît le talent, et la superbe voix veloutée jusque dans les aigus les plus claironnants, qui incarne une Arabella splendide et touchante. Et quel phrasé ! Du très grand art. On peut toutefois remarquer une moins grande aisance dans la partie basse de la tessiture. Et constater combien elle est plus le personnage dans Arabella que dans Tosca. Et ces longues notes tenues et puissantes lui conviennent fort bien. Même le jeu d’actrice est brillant : quand elle virevolte de bonheur, comme la jeune fille est bien représentée ! Elle remportera la palme des applaudissements, devant Michel Volle, et Hanna-Elisabeth Müller, qui fait merveille dans le rôle de Zdenko/Zdenka. Daniel Behle obtient aussi son moment de gloire malgré une projection limitée et un timbre peu gracieux, mais avec une vaillance irréprochable. Petite ovation également pour Sofia Fomina pour son numéro de colorature bien enlevé et son ton gouailleur.
Constantin Trinks est un habitué de ce répertoire, et sait mettre en valeur toute la musique de Strauss, de façon claire et expressive, sans exagération dans les forte. Le piège est évité, ce qui n’est pas si fréquent… Il évite ainsi de couvrir les voix, qui d’ailleurs ne se laissent pas couvrir aisément.
Il s’agissait d’une version de concert, avec une mise en espace minimale, mais efficace et sérieuse. Trop sérieuse, peut-être, surtout si on songe à celle de la veille…

Jean Yves Courtiau

Re: Strauss - Arabella - Trinks / vc - 11/1/2019

Posté : 10 janv. 2019, 10:16
par HELENE ADAM
Loïs a écrit :
10 janv. 2019, 10:07
HELENE ADAM a écrit :
09 janv. 2019, 17:14
Un seul fil c'est possible pour cette reprise puisque la "première" est ce déplacement de l'ensemble de la distribution à Paris mais, ensuite, il s'agit bien de la reprise de la version scénique à Munich les 14, 18, 22 et 25 janvier. Il faut donc opérer une légère modification du titre et de la présentation (le metteur en scène est Andreas Dresen, voir le fil de la précédente reprise à Munich ci-dessous).
la scénographie est assurée par Matthias Fischer-Dieskau: homonyme ou fils de?
Fils de... :D
J'avais assisté lors de la création de cet "Arabella" à Munich à la présentation faite pour toute nouvelle création à l'opéra un dimanche matin et il était venu expliquer sa conception de dramaturge. Bachler l'avait salué comme étant le fils de....
(quelques minutes plus tard je suis tombée sur Anja Harteros elle-même dans la rue devant l'entrée des artistes et j'ai parlé quelques minutes avec elle...à propos de cet Arabella justement notamment....)

Re: Strauss - Arabella - Trinks / vc - TCE - 11/1/2019

Posté : 11 janv. 2019, 23:04
par HELENE ADAM
Strauss joué et chante comme ça c'est merveilleux 😍

Re: Strauss - Arabella - Trinks / vc - TCE - 11/1/2019

Posté : 13 janv. 2019, 10:37
par HELENE ADAM
À l'inverse de mes impressions sur le Don Giovanni de la veille je saluerai d'abord l'exceptionnelle performance de l'orchestre de l'opéra de Bavière parfaitement à son aise dans ce répertoire et qui nous a offert un véritable tapis musical de grand luxe prenant garde à ne jamais donner dans la facilité du torrent de décibels noyant les chanteurs comme c'est parfois le cas dans Richard Strauss. Nous avons eu au contraire la lecture subtile de la partition sous la baguette de Trinks, maestro d'une très grande musicalité que j'avais déjà entendu diriger cette œuvre à Munich.
Je soulignerai aussi qu'on voit de plus en plus ces versions concerts avec une mise en espace donnant du sens à la pièce et que vendredi soir c'était également le cas pour une distribution exceptionnelle qui va d'ailleurs continuer en version scénique à Munich pour quelques représentations. Anja Harteros est la meilleure Arabella actuelle à mon sens,capable de donner son caractère primesautier à cette jeune fille qui porte la lourde responsabilité de sauver ses parents de la faillite en faisant un beau mariage. Le chant comme le jeu sont souverains et la santé vocale notamment dans les aigus, en impose malgré la succession récente de ses très brillantes Desdemone. Anne Élisabeth Muller est toujours depuis ses débuts dans ce rôle aux côtés de Fleming et Hampson, la toujours plus impressionnante Zdenka. Sa voix s'élargit et s'enrichit de manière impressionnante et les duos des deux sœurs sont magnifiques. Mais la vraie valeur ajoutée par rapport à Munich ce sont les deux voix masculines et au premier chef l'eblouissant Mandryka de Volle qui emportait tout sur son passage. Bon Matteo de Behle un ténor avec beaucoup de caractère. Bref une soirée comme on en voudrait beaucoup et un beau tiercé pour le Tce avec le récital de Sierra le lendemain...

Re: Strauss - Arabella - Trinks / vc - TCE - 11/1/2019

Posté : 13 janv. 2019, 11:16
par PlacidoCarrerotti
+1 sur presque tout.

Petits bémols sur Dean (low) Power, assez tendu en première partie et sur l’air un peu trop souvent bovin de la belle Anja (et comme souvent un peu de difficultés dans le seul et court passage sollicitant l’aigu). Behle superbe (mais il a aussi triché sur son suraigu).
Pour moi, le formidable Volle « steal the show » comme disent les anglo-saxons. Il donne tout à fond, chante et joue superbement.

PS : quel livret lamentable !

Re: Strauss - Arabella - Trinks / vc - TCE - 11/1/2019

Posté : 13 janv. 2019, 11:25
par philipppe
HELENE ADAM a écrit :
13 janv. 2019, 10:37
À l'inverse de mes impressions sur le Don Giovanni de la veille je saluerai d'abord l'exceptionnelle performance de l'orchestre de l'opéra de Bavière parfaitement à son aise dans ce répertoire et qui nous a offert un véritable tapis musical de grand luxe prenant garde à ne jamais donner dans la facilité du torrent de décibels noyant les chanteurs comme c'est parfois le cas dans Richard Strauss. Nous avons eu au contraire la lecture subtile de la partition sous la baguette de Trinks, maestro d'une très grande musicalité que j'avais déjà entendu diriger cette œuvre à Munich.
Je soulignerai aussi qu'on voit de plus en plus ces versions concerts avec une mise en espace donnant du sens à la pièce et que vendredi soir c'était également le cas pour une distribution exceptionnelle qui va d'ailleurs continuer en version scénique à Munich pour quelques représentations. Anja Harteros est la meilleure Arabella actuelle à mon sens,capable de donner son caractère primesautier à cette jeune fille qui porte la lourde responsabilité de sauver ses parents de la faillite en faisant un beau mariage. Le chant comme le jeu sont souverains et la santé vocale notamment dans les aigus, en impose malgré la succession récente de ses très brillantes Desdemone. Anne Élisabeth Muller est toujours depuis ses débuts dans ce rôle aux côtés de Fleming et Hampson, la toujours plus impressionnante Zdenka. Sa voix s'élargit et s'enrichit de manière impressionnante et les duos des deux sœurs sont magnifiques. Mais la vraie valeur ajoutée par rapport à Munich ce sont les deux voix masculines et au premier chef l'eblouissant Mandryka de Volle qui emportait tout sur son passage. Bon Matteo de Behle un ténor avec beaucoup de caractère. Bref une soirée comme on en voudrait beaucoup et un beau tiercé pour le Tce avec le récital de Sierra le lendemain...
Quand tu dis qu Harteros est la meilleure Arabella actuelle, tu la compare à quelles autres interprètes ?

Re: Strauss - Arabella - Trinks / vc - TCE - 11/1/2019

Posté : 14 janv. 2019, 11:35
par Lucas
Pas de chance pour moi, je me faisais une joie d'assister à cette Arabella pour entendre en vrai, pour la première fois de ma vie, Anja Harteros. C'était sans compter sur un état fébrile et des maux de tête terribles qui mont laissé "dans un état proche de l'Ohio". Fort heureusement, les choses se sont un peu tassées à l'entracte mais mes impressions sont donc probablement à relativiser.

Globalement, j'ai trouvé cela très beau sans jamais être transporté. Et pourtant, il n'y avait rien à reprocher au tandem Arabella/Mandryka. La ligne, très élégante, était remarquablement tenue et les nuances en voix mixte, notamment dans leurs deux duos étaient ineffables sous la direction très viennoise et enlevée de Constantin Trinks.

Mais ce qui manque à Anja Harteros et Michael Volle, c'est la signature vocale. Je pense que je serais proprement incapable de les reconnaître en aveugle tant leurs voix respectives sont un peu passe-partout.

Et c'est probablement ce qui fait toute la différence avec le couple Mattila/Hampson qui m'avait bouleversé vingt ans plus tôt au Châtelet.

Ce sentiment fut renforcé dès l'entrée du prince Dominik. le jeune Sean Michael Plumb, finaliste au dernier concours Opéralia et qui possède tout ce qui manque à Michael Volle : une voix somptueuse et cuivrée parfaitement identifiable.

Ce fut donc lui le roi de la fête et nul doute qu'il aurait avantageusement remplacé le baryton allemand :

Image

Re: Strauss - Arabella - Trinks / vc - TCE - 11/1/2019

Posté : 14 janv. 2019, 11:46
par raph13
Lucas a écrit :
14 janv. 2019, 11:35
Mais ce qui manque à Anja Harteros et Michael Volle, c'est la signature vocale. Je pense que je serais proprement incapable de les reconnaître en aveugle tant leurs voix respectives sont un peu passe-partout.
Volle n'a peut être pas le timbre le plus personnel qui soit, mais Harteros dispose à mes oreilles d'une réelle "signature" vocale, tant dans le timbre que dans sa manière de chanter.

Re: Strauss - Arabella - Trinks / vc - TCE - 11/1/2019

Posté : 14 janv. 2019, 11:59
par Lucas
raph13 a écrit :
14 janv. 2019, 11:46

Volle n'a peut être pas le timbre le plus personnel qui soit, mais Harteros dispose à mes oreilles d'une réelle "signature" vocale, tant dans le timbre que dans sa manière de chanter.
La manière de chanter, indiscutablement mais le timbre est d'une grande banalité.

J''ai l'impression qu'aujourd'hui la mode est aux voix assez neutres et métalliques (Harteros ou Netrebko) ou stridentes dans l'aigu (Yoncheva ou Radva)

Rien à voir avec le velours (Leontyne Price, la jeune Rysanek, Te Kanawa, Fleming, Gheorghiu, Mattila) ou le cristal (Caballé, Janowitz, Margaret Price) de mes chanteuses préférées.

Re: Strauss - Arabella - Trinks / vc - TCE - 11/1/2019

Posté : 14 janv. 2019, 12:52
par Ernesto
Reprocher à Volle d' être" sans signature vocale" est proprement absurde. Au contraire, il s'agit d'un véritable acteur-chanteur dont l'interprétation ne laisse pas indifférent. Un chanteur véritable n'est pas, pour moi, qu'un "beau son". Fléming a une voix de velours mais on l'entendait bien peu lors de sa dernière Arabella à Bastille.
Placido parle du livret stupide. C'est vrai que cette "course à la dot", ici inversée, par rapport à celle des hommes aristocrates du XIXe siècle, est un sujet de théâtre de boulevard. Zdenka obligée de se faire passer pour un garçon,cela nous change des cadettes envoyées au couvent,mais c' est assez absurde. Mais on passe là dessus grâce à ces airs et duos magnifiques.
Je rejoins plusieurs contributeurs, c'était un très beau concert.