Vivaldi - Nisi Dominus - Planète Sinkovsky - Ambronay 29/09/2018

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perrine
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Vivaldi - Nisi Dominus - Planète Sinkovsky - Ambronay 29/09/2018

Message par perrine » 05 oct. 2018, 18:50

PLANÈTE SINKOVSKY
La Voce Strumentale
Dmitry Sinkovsky violon, contre-ténor, direction

Luca Pianca luth
Mariia Krestinskaia, violon, viole d’amour
Elena Davydova, Svetlana Ramazanova, Kristina Traulko violon
Polina Babinkova, Poziumskii Rustik alto
Igor Bobovich violoncelle
Grigorii Krotenko contrebasse
Alexandra Koroneva clavecin

Georg Philipp Telemann
Concerto pour trois violons et basse continue en fa majeur TWV 53:F1
« Musique de table, Partie 2 »
Pietro Locatelli
Concerto grosso en mi bémol majeur op. 7 n° 6 « Il pianto d’Arianna »
Jean-Sébastien Bach
Concerto n°1 en la mineur BWV 1041
Antonio Vivaldi
Concerto pour violon en mi mineur "Il Favorito" op. 11 N°2 RV 277
Concerto pour viole d'amour et luth en ré mineur RV 540
Nisi Dominus pour alto, cordes et basse continue RV 608



Abbaye d’Ambronay, samedi 29 septembre 2018

Un vent de fantaisie souffle ce soir dans l’abbaye d’Ambronay. Dmitry Sinkosky, violoniste virtuose, chef d’orchestre pétillant et haute-contre émérite, régale ce soir l’auditoire. Déjà acquis à sa cause suite à son succès l’an passé dans les 4 saisons survoltées de Vivaldi, le public renouvellera ce soir son enthousiasme avec un programme tournant autour des origines du genre concertant et du violon.

Petit chignon, veste Mao bleu sombre, pantalon noir, le programme commence par un concerto pour 3 violons. Le message est clair : certes il est soliste et chef d’orchestre, mais il partage et n’hésite pas à mettre sur le devant de la scène les membres de son ensemble. Cette « musique de table » de Telemann nous permet de nous installer confortablement et de profiter des mets qui vont nous être servis tout au long de la soirée par lui et ses pairs. Parmi les spécialités du chef, la virtuosité, l’expressivité, la prise de risque à bras les cordes, la délicatesse et la précision nous invitent à casser beaucoup de codes tout en gardant une réelle ligne de conduite. Les choix sont audacieux et innovants mais jamais dénués de sens artistique.
Dans les autres concerto, il aura ce double rôle de soliste et de chef. Ne battant jamais la mesure dans les parties tutti, il se tourne, dos au public, vers son orchestre, redonnant quelques coups d’archet, ou respirant profondément pour redonner les attaques et l’esprit de la phrase musicale suivante. La gravité (dans tous les sens du terme) du concerto « Il pianto d’Arianna » de Locatelli nous laisse en suspension, flottant dans les airs, ou pleurant avec son violon. La sonorité qui sort de son Francesco Ruggeri (1675) est une pure merveille, et les notes semblent s’en envoler toutes seules. Le concerto de Bach en la mineur sera très propre mais moins inspiré alors que les reprises fougueuses et bondissantes de celui de Vivaldi en mi mineur relancent la machine après la pause.
Il s’éclipse alors pour aller enfiler son costume de Contre-Ténor, laissant la place au concerto pour viole d’amour et luth de Vivaldi où les jeux de question-réponse entre les deux instruments sont charmants.
Depuis 2007, Dmitry Simkovsky a décidé de travailler sa voix de contre ténor et il a choisi d’intégrer à son programme le Nisi Dominus. Cheveux lâchés et costume strict, il ne se retournera vers ses musiciens que pour donner un ou deux départs, les laissant tenir les rennes du morceau. Malgré un démarrage un peu court en souffle, il fait preuve petit à petit d’une belle élasticité, et de nuances fines. Le seul point faible concerne les vocalises qui sont savonnées. Le souci du détail est le même que celui qu’il a du bout de son archet. Les piani filés ou susurrés sont savamment distillés et les intentions précises. Le timbre est masculin, chaud et joliment cuivré. C’est assurément une interprétation d’un très bon niveau.

« Planète Sinkovsky » le titre est bien choisi car effectivement cet artiste débarque d’une autre planète, vous convie à un voyage sidéral et vous place en orbite tout au long du concert.

Perrine et Pseudodile
Le problème quand on trouve une solution, c\'est qu\'on perd une question.

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