Gounod - Faust – Ettinger/Ollé – Madrid (Teatro Real) - 09-10/2018
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Gounod - Faust – Ettinger/Ollé – Madrid (Teatro Real) - 09-10/2018
Faust
Charles Gounod (1818-1893)
Opera en cinq actes
Livret de Jules Barbier y Michel Carré, basé sur l’oeuvre Faust et Marguerite (1850) de Michel Carré et l’oeuvre (1808) de Johann Wolfgang Goethe
Première au Théâtre Lyrique de Paris le 19 mars 1859
Première au Teatro Real le 18 janvier 1865
Nouvelle production du Teatro Real, en coproduction avec De Nationale Opera & Ballet de Amsterdam
Choeur et orchestre titulaires du Teatro Real
Direction musicale : Dan Ettinger
Mise en scène : Àlex Ollé (La fura dels Baus)
Scénographie : Alfons Flores
Figurines : Lluc Castells
Lumières : Urs Schönebaum
Direction des chœurs : Andrés Máspero
Dr. Faust : Piotr Beczala
Méphistophélès : Luca Pisaroni
Marguerite : Marina Rebeka
Valentin : Stéphane Degout
Wagner : Isaac Galán
Siébel : Serena Malfi
Marthe : Sylvie Brunet-Grupposo
Représentation du 22 septembre.
Une exaltation de la damnation
Donner Faust, un des opéras les plus joués au monde, est à la fois, un passage obligé (qui remplit bien les salles) et une gageure en matière de mise en scène.
L’opéra est incontestablement génial, tout en ne respectant que de loin l’œuvre de Goethe et manquant parfois de cohérence notamment du fait de la disparition de certaines scènes clés et aux nombreux remaniements de Gounod. Pour le coup, confier au brouillon, fantasque et provocateur Alex Ollé - n’a-t_il pas déclenché une polémique indépendantiste le soir de la première ? - cet opéra à la fois comique et dramatique relève presque du génie : le côté diabolique ne pouvant qu’exciter le metteur en scène catalan.
Du laboratoire de recherches curieuses et visiblement eugénistes, on bascule vite dans le monde des fantasmes de Faust, peuplés de blondes peroxydées, autres bimbos surexcitées et de soldats harnachés prêts à descendre Ben Laden. Faust est notre contemporain : il évolue dans notre monde, bestialement écartelé entre un environnement guerrier et son attirance pour le sexe. Artificiel, vulgaire, imparfait et tape à l’œil, l’ensemble fonctionne si sûrement qu’il flatte nos instincts les plus bas et notre voyeurisme si humain. D’autant que, lorsqu’on regarde dans les détails, rien n’est gratuit, l’histoire reste intègre et le ton parfaitement juste.
La réussite du spectacle tient, également, grâce à la direction fantastique d’acteurs, dans laquelle un Luca Pisaroni déchainé campe un Mefisto de pacotille, déboulant sur scène comme le ferait subitement un pauvre hère aussi inattendu que roublard, capable de vous entortiller et vous emmener, sans logique cartésienne, sur les chemins de l’improbable.
Musicalement, l’ensemble du « show » est totalement en phase avec la mise en scène placée sous le signe d’une tension qui ne retombe jamais.
Dan Ettinger déploie, parfois avec une certaine trivialité, une direction puissante, enfiévrée qui colle aux outrances de Ollé quand il décrit, avec jubilation, la marche infernale du diable et de sa chose. On peut concevoir que cette direction puisse être considérée comme grossière mais elle est en phase avec ce qui se passe sur scène.
Il n’y a là ni noblesse ni juste milieu : on adore (ce fut mon cas) ou on déteste.
Le monde selon ce Faust est d’une médiocrité souvent vulgaire et la nuit de Valpurgis, interprétée à la manière des délires d’Hamlet et de sa troupe de saltimbanques, renvoie en pleine face au docteur la trivialité de ses motivations.
L’énergie repose enfin sur l’engagement jouissif des interprètes lorsqu’ils incarnent soit un Mefisto trash soit une dame Marthe aux outranciers et artificiels attributs mammaires.
Côté vocal, on est aux anges dès le prologue ! Les voix sont au diapason de la tension déployée et mues par une âpreté bien loin des timbres en l’occurrence très propres, qui ont fait la gloire des enregistrements studio.
Piotr Beczala, qui ne nous convainquait guère à Paris en 2015, est devenu un Faust de référence. Les aigus sont parfois “tirés” et le vibrato sensible en début d’opéra, mais la voix est celle de l’écorché vif qui rend cet anti-héros si proche de nous.
Marina Rebeka est une jeune Marguerite, jamais oie blanche, qui assure cette partition redoutable avec une santé étonnante, paradant crânement dans l’air des bijoux puis hurlant son désarroi sans faillir lors de l’éprouvant final. Rappelons qu’elle va, dans les prochains mois, enchainer Marguerite, Bolena, Imogene, Violetta et Nedda et qu’elle vient d’enregistrer un disque de bel canto qui sortira en novembre. La soprano nous fascine par sa gourmandise de rôles et nous donne envie de suivre sa carrière.
Véritable transformiste d’un bastringue diabolique, tantôt cow-boy ringard, tantôt christ tatoué, Luca Pisaroni surprend par une voix puissante et assurée de bout en bout, déployant mille finesses malgré un grave parfois trop léger. On ne doute pas qu’Erwin Schrott, dans la seconde distribution, saura également épouser goulûment ce numéro avec son indécence habituelle.
Dès les premières notes, Stéphane Degout surprend par un Valentin plus nerveux qu’à l’accoutumé, comme pris dans la violence d’une vie promise à être trop courte. Du coup, sa voix semble poussée dans des retranchements inhabituels et le baryton interpelle par un engagement qui met presque mal à l’aise.
Bimbo désopilante, à fois Lolo Ferrari et catachrèse fantasmatique à la Tex Avery, Sylvie Brunet-Grupposo déploie sa voix chaude au service d’une voisine, certes « mûre », mais plantureuse. C’est d’ailleurs cette Dame Marthe de luxe que nous retrouverons, pour notre plus grand plaisir prochainement à l’opéra-comique de Paris dans Gertrude.
La distribution est complétée par le Siebel de Serfa Malfi, vaillant mais d’une voix un peu aigue pour le rôle.
Acteur omniprésent, le chœur du Teatro Real est exemplaire, notamment lorsqu’il chante à tue-tête lors des scènes de groupe déglinguées et colorées.
Ainsi fondée sur une conception aboutie mêlant en symbiose mise en scène, plateau vocal, direction orchestrale et chœur au diapason, cette production est une totale réussite qui nous frappe en dessous de la ceinture et éveille ces pulsions primaires qui font de chacun de nous soit un Faust jouisseur, soit une Marguerite sacrificielle. Choisissez votre camp, si vous n’y prenez garde, Alex Ollé et son équipe vous emmèneront dans les profondeurs de l’âme, là où la boue et le stupre éclaboussent. Reste à savoir si nous ne sommes damnés que pour ces 3h de spectacle ou pour l’éternité ... Damned !
Paul Fourier
Charles Gounod (1818-1893)
Opera en cinq actes
Livret de Jules Barbier y Michel Carré, basé sur l’oeuvre Faust et Marguerite (1850) de Michel Carré et l’oeuvre (1808) de Johann Wolfgang Goethe
Première au Théâtre Lyrique de Paris le 19 mars 1859
Première au Teatro Real le 18 janvier 1865
Nouvelle production du Teatro Real, en coproduction avec De Nationale Opera & Ballet de Amsterdam
Choeur et orchestre titulaires du Teatro Real
Direction musicale : Dan Ettinger
Mise en scène : Àlex Ollé (La fura dels Baus)
Scénographie : Alfons Flores
Figurines : Lluc Castells
Lumières : Urs Schönebaum
Direction des chœurs : Andrés Máspero
Dr. Faust : Piotr Beczala
Méphistophélès : Luca Pisaroni
Marguerite : Marina Rebeka
Valentin : Stéphane Degout
Wagner : Isaac Galán
Siébel : Serena Malfi
Marthe : Sylvie Brunet-Grupposo
Représentation du 22 septembre.
Une exaltation de la damnation
Donner Faust, un des opéras les plus joués au monde, est à la fois, un passage obligé (qui remplit bien les salles) et une gageure en matière de mise en scène.
L’opéra est incontestablement génial, tout en ne respectant que de loin l’œuvre de Goethe et manquant parfois de cohérence notamment du fait de la disparition de certaines scènes clés et aux nombreux remaniements de Gounod. Pour le coup, confier au brouillon, fantasque et provocateur Alex Ollé - n’a-t_il pas déclenché une polémique indépendantiste le soir de la première ? - cet opéra à la fois comique et dramatique relève presque du génie : le côté diabolique ne pouvant qu’exciter le metteur en scène catalan.
Du laboratoire de recherches curieuses et visiblement eugénistes, on bascule vite dans le monde des fantasmes de Faust, peuplés de blondes peroxydées, autres bimbos surexcitées et de soldats harnachés prêts à descendre Ben Laden. Faust est notre contemporain : il évolue dans notre monde, bestialement écartelé entre un environnement guerrier et son attirance pour le sexe. Artificiel, vulgaire, imparfait et tape à l’œil, l’ensemble fonctionne si sûrement qu’il flatte nos instincts les plus bas et notre voyeurisme si humain. D’autant que, lorsqu’on regarde dans les détails, rien n’est gratuit, l’histoire reste intègre et le ton parfaitement juste.
La réussite du spectacle tient, également, grâce à la direction fantastique d’acteurs, dans laquelle un Luca Pisaroni déchainé campe un Mefisto de pacotille, déboulant sur scène comme le ferait subitement un pauvre hère aussi inattendu que roublard, capable de vous entortiller et vous emmener, sans logique cartésienne, sur les chemins de l’improbable.
Musicalement, l’ensemble du « show » est totalement en phase avec la mise en scène placée sous le signe d’une tension qui ne retombe jamais.
Dan Ettinger déploie, parfois avec une certaine trivialité, une direction puissante, enfiévrée qui colle aux outrances de Ollé quand il décrit, avec jubilation, la marche infernale du diable et de sa chose. On peut concevoir que cette direction puisse être considérée comme grossière mais elle est en phase avec ce qui se passe sur scène.
Il n’y a là ni noblesse ni juste milieu : on adore (ce fut mon cas) ou on déteste.
Le monde selon ce Faust est d’une médiocrité souvent vulgaire et la nuit de Valpurgis, interprétée à la manière des délires d’Hamlet et de sa troupe de saltimbanques, renvoie en pleine face au docteur la trivialité de ses motivations.
L’énergie repose enfin sur l’engagement jouissif des interprètes lorsqu’ils incarnent soit un Mefisto trash soit une dame Marthe aux outranciers et artificiels attributs mammaires.
Côté vocal, on est aux anges dès le prologue ! Les voix sont au diapason de la tension déployée et mues par une âpreté bien loin des timbres en l’occurrence très propres, qui ont fait la gloire des enregistrements studio.
Piotr Beczala, qui ne nous convainquait guère à Paris en 2015, est devenu un Faust de référence. Les aigus sont parfois “tirés” et le vibrato sensible en début d’opéra, mais la voix est celle de l’écorché vif qui rend cet anti-héros si proche de nous.
Marina Rebeka est une jeune Marguerite, jamais oie blanche, qui assure cette partition redoutable avec une santé étonnante, paradant crânement dans l’air des bijoux puis hurlant son désarroi sans faillir lors de l’éprouvant final. Rappelons qu’elle va, dans les prochains mois, enchainer Marguerite, Bolena, Imogene, Violetta et Nedda et qu’elle vient d’enregistrer un disque de bel canto qui sortira en novembre. La soprano nous fascine par sa gourmandise de rôles et nous donne envie de suivre sa carrière.
Véritable transformiste d’un bastringue diabolique, tantôt cow-boy ringard, tantôt christ tatoué, Luca Pisaroni surprend par une voix puissante et assurée de bout en bout, déployant mille finesses malgré un grave parfois trop léger. On ne doute pas qu’Erwin Schrott, dans la seconde distribution, saura également épouser goulûment ce numéro avec son indécence habituelle.
Dès les premières notes, Stéphane Degout surprend par un Valentin plus nerveux qu’à l’accoutumé, comme pris dans la violence d’une vie promise à être trop courte. Du coup, sa voix semble poussée dans des retranchements inhabituels et le baryton interpelle par un engagement qui met presque mal à l’aise.
Bimbo désopilante, à fois Lolo Ferrari et catachrèse fantasmatique à la Tex Avery, Sylvie Brunet-Grupposo déploie sa voix chaude au service d’une voisine, certes « mûre », mais plantureuse. C’est d’ailleurs cette Dame Marthe de luxe que nous retrouverons, pour notre plus grand plaisir prochainement à l’opéra-comique de Paris dans Gertrude.
La distribution est complétée par le Siebel de Serfa Malfi, vaillant mais d’une voix un peu aigue pour le rôle.
Acteur omniprésent, le chœur du Teatro Real est exemplaire, notamment lorsqu’il chante à tue-tête lors des scènes de groupe déglinguées et colorées.
Ainsi fondée sur une conception aboutie mêlant en symbiose mise en scène, plateau vocal, direction orchestrale et chœur au diapason, cette production est une totale réussite qui nous frappe en dessous de la ceinture et éveille ces pulsions primaires qui font de chacun de nous soit un Faust jouisseur, soit une Marguerite sacrificielle. Choisissez votre camp, si vous n’y prenez garde, Alex Ollé et son équipe vous emmèneront dans les profondeurs de l’âme, là où la boue et le stupre éclaboussent. Reste à savoir si nous ne sommes damnés que pour ces 3h de spectacle ou pour l’éternité ... Damned !
Paul Fourier
Re: Gounod - Faust – Ettinger/Ollé – Teatro Real - 09-10/2018
Pourquoi? cela te rappelle tes sorties en boite?
Re: Gounod - Faust – Ettinger/Ollé – Teatro Real - 09-10/2018
Il a le don d'ubiquité Alex Ollé vu qu'il est à Lyon pour Mefisto...
Re: Gounod - Faust – Ettinger/Ollé – Teatro Real - 09-10/2018
La production avait été créée au DNO (10 mai–27 mai 2014), et avait collaboré à la mise en scène Valentina Carrasco, qui est présente au Teatro Real.
•–•–•–•–•–•–•–•–•–•–•–•–•
NB. La distribution des chanteurs complète :
▪Faust : Piotr Beczala (1), Ismael Jordi (2)
▪Méphistophélès : Luca Pisaroni (1), Erwin Schrott (3), Adam Palka (4)
▪Marguerite : Marina Rebeka (1), Irina Lungu (2)
▪Valentin : Stéphane Degout (1), John Chest (2)
▪Wagner : Isaac Galán
▪Siébel : Serena Malfi (1), Annalisa Stroppa (2)
▪Marthe : Sylvie Brunet-Grupposo (1), Diana Montague (2)
(1) 19, 22, 24, 28 sept. ; 1er, 4, 7 oct.
(2) 20, 23, 27, 30 sept. ; 3, 6 oct.
(3) 19, 22, 24, 28 sept. ; 1er, 4, 7 oct.
(4) 30 sept. ; 3 oct.
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Re: Gounod - Faust – Ettinger/Ollé – Teatro Real - 09-10/2018
Merci, j'ai en effet indiqué la distribution que je verrai mais si quelqu'un d'autre va voir la seconde distribution, je peux compléter dans mon post initial.Efemere a écrit : ↑18 sept. 2018, 13:52
NB. La distribution des chanteurs complète :
▪Faust : Piotr Beczala (1), Ismael Jordi (2)
▪Méphistophélès : Luca Pisaroni (1), Erwin Schrott (3), Adam Palka (4)
▪Marguerite : Marina Rebeka (1), Irina Lungu (2)
▪Valentin : Stéphane Degout (1), John Chest (2)
▪Wagner : Isaac Galán
▪Siébel : Serena Malfi (1), Annalisa Stroppa (2)
▪Marthe : Sylvie Brunet-Grupposo (1), Diana Montague (2)
(1) 19, 22, 24, 28 sept. ; 1er, 4, 7 oct.
(2) 20, 23, 27, 30 sept. ; 3, 6 oct.
(3) 19, 22, 24, 28 sept. ; 1er, 4, 7 oct.
(4) 30 sept. ; 3 oct.
On notera que Madrid a mis Schrott, fantastique Mefisto dans la seconde distribution, question probablement de ne pas mettre tous les œufs dans le même panier ...
Re: Gounod - Faust – Ettinger/Ollé – Teatro Real - 09-10/2018
Peut-être aussi le hasard des calendriers des artistes, et aussi une approche assez haut de gamme du casting. Cela rappelle, à un degré moindre, l'ONP de Liebermann où dans Verdi on avait Milnes en distribution A et Cappuccilli en distribution B...MariaStuarda a écrit : ↑18 sept. 2018, 15:19On notera que Madrid a mis Schrott, fantastique Mefisto dans la seconde distribution, question probablement de ne pas mettre tous les œufs dans le même panier ...
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Re: Gounod - Faust – Ettinger/Ollé – Teatro Real - 09-10/2018
Représentation enfiévrée hier soir à Madrid. Un bonheur brut.
J’y reviendrai dans ma critique.
J’y reviendrai dans ma critique.
Re: Gounod - Faust – Ettinger/Ollé – Teatro Real - 09-10/2018
J'étais au Teatro Real le 24 sept. (pour la cinquième représentation – troisième de la distribution A, donc la même que celle de MariaStuarda) et ai passé une très bonne soirée.
La salle semblait pleine à 90 %.
En attendant le compte-rendu de MariaStuarda, je vais me contenter de donner quelques-unes de mes impressions, sans trop de détails.
– Concernant la mise en scène :
Globalement, j'ai bien aimé la mise en scène et son esthétique (moins impressionnante que dans d'autres productions et sans surcharge de décors selon moi), qui s'intégraient à la musique ; j'ai apprécié aussi bien les scènes « intimistes » que les scènes d'ensemble (avec beaucoup de monde sur le plateau).
Le spectacle démarre sur la vue d'un laboratoire moderne, avec une pièce stérile derrière un panneau en verre où est inscrit « HOMUNCULUS PROJECT at the Amsterdam high-performance computer center of cell biology » .
Sur le site de la Fura dels Baus (ici) est donnée l'info suivante, « The stage is transformed in a laboratory where a group of researchers works on building a computer, a metaphor of the human brain and the complexity of thought », qui permet de comprendre que Faust cherche à concevoir un ordinateur dans le cadre du projet Homoncule (ce nom étant peut-être une allusion à l'homoncule fabriqué par Wagner dans le Faust II de Goethe).
Je ne sais si la suite suggère un pacte entre l'Homme et la technologie et son monde virtuel. Quoi qu'il en soit, les diverses scènes présentent Faust confronté à la double nature de l'humain, entre vertu et péché, bien et mal, dans des décors où domine le rouge bordeaux.
Contrairement aux autres productions de La Fura dels Baus que j'ai vues, pas de structures monumentales ou spectaculaires cette fois-ci, même si on a encore des cages et autres dispositifs descendant des cintres ou installés en hauteur, ainsi que de très beaux effets de lumières et quelques projections de textes en espagnol.
Contrastes visuels entre Marguerite (aux cheveux bleus, pourquoi cette couleur, pour dire qu'elle est vraie ou moderne ?) aux vêtements de jeune fille sage avec de longues chaussettes, et les autres femmes, de grandes poupées sexy aux longs cheveux blonds et des aguicheuses d'âge mûr aux décolletés dévoilant d'énormes seins (un peu comme ceux de Lolo Ferrari). Quant aux hommes, ce sont des supporters de football, des soldats et des fêtards grossiers. Faust, revêtu d'une blouse blanche au tout début, porte un costume sobre alors que Méphistophélès apparaît comme un multi-personnage aux tenues voyantes (sauf à la fin où il est habillé comme Faust).
– À propos de la distribution (parmi laquelle Ettinger, Rebeka, Degout, Brunet-Grupposo faisaient leurs débuts au Teatro Real, où, en outre, Beczała chantait pour la première fois dans une production scénique) :
Diction correcte des chanteurs dans l'ensemble, Degout ayant été parfaitement compréhensible, et Pisaroni, très bien aussi – j'ai dû saisir entre 50 % et 75 % de leur français, selon les rôles, sans l'aide du surtitrage.
• Dan Ettinger, direction bonne globalement, accompagnant bien la progression dramatique, mais, par moments, peut-être un peu trop forte ou pas assez colorée.
• Piotr Beczała, un jeu sobre (comme le requiert la m.e.s.), très bien vocalement, avec des aigus réussis et non forcés ; dans l'ensemble mieux, selon moi, qu'à l'OnP (où il m'avait ennuyée), même s'il ne m'a pas fait vibrer.
• Luca Pisaroni, très à l'aise sur le plan scénique, sa grande taille lui permettant de surcroît de dominer tout le monde ; chant correct, mais projection insuffisante par moments, et surtout, pour moi, voix pas assez sombre pour un Méphistophélès totalement convaincant – ses airs « Le veau d'or est toujours debout » et « Souviens-toi du passé » n'ont pas offert l'impact vocal et dramatique que j'escomptais. J'ai regretté de ne pas avoir eu E. Schrott.
• Marina Rebeka (qui m'avait également ennuyée dans La traviata du ROH et de l'OnP) m'a agréablement surprise ; musicale, voix ronde et puissante, avec des nuances et modulations, bon jeu scénique ; je ne l'ai pas du tout trouvée fade cette fois et elle a même réussi à m'émouvoir à la fin de l'ouvrage. Petits bémols : quelques aigus métalliques, absence de trilles et certaines notes graves laissant à désirer (en fait, essentiellement sur une phrase, avec un début inaudible et la suite un peu rauque et à la limite du parlé).
• Stéphane Degout (que je n'avais pas reconnu au début à cause de sa perruque), impeccable selon moi.
• Serena Malfi, Sylvie Brunet-Grupposo (très dynamique sur le plateau), Isaac Galán et les chœurs, bien.
· - · - · - · - · - · - · - · - · - · - · - · - · - · - · - · - · - · - · - · - · - · - ·
La représentation du 4 octobre, avec la distribution 'A', sera retransmise en direct par Mezzo Live HD et par Radio Clásica, en Europe via l'UER (Union Européenne de Radio-télévision).
Ultérieurement, l'enregistrement audio-visuel du 4 octobre sera diffusé dans certains cinémas et sur Palco Digital, et fera l'objet d'un DVD.
La salle semblait pleine à 90 %.
En attendant le compte-rendu de MariaStuarda, je vais me contenter de donner quelques-unes de mes impressions, sans trop de détails.
– Concernant la mise en scène :
Globalement, j'ai bien aimé la mise en scène et son esthétique (moins impressionnante que dans d'autres productions et sans surcharge de décors selon moi), qui s'intégraient à la musique ; j'ai apprécié aussi bien les scènes « intimistes » que les scènes d'ensemble (avec beaucoup de monde sur le plateau).
Le spectacle démarre sur la vue d'un laboratoire moderne, avec une pièce stérile derrière un panneau en verre où est inscrit « HOMUNCULUS PROJECT at the Amsterdam high-performance computer center of cell biology » .
Sur le site de la Fura dels Baus (ici) est donnée l'info suivante, « The stage is transformed in a laboratory where a group of researchers works on building a computer, a metaphor of the human brain and the complexity of thought », qui permet de comprendre que Faust cherche à concevoir un ordinateur dans le cadre du projet Homoncule (ce nom étant peut-être une allusion à l'homoncule fabriqué par Wagner dans le Faust II de Goethe).
Je ne sais si la suite suggère un pacte entre l'Homme et la technologie et son monde virtuel. Quoi qu'il en soit, les diverses scènes présentent Faust confronté à la double nature de l'humain, entre vertu et péché, bien et mal, dans des décors où domine le rouge bordeaux.
Contrairement aux autres productions de La Fura dels Baus que j'ai vues, pas de structures monumentales ou spectaculaires cette fois-ci, même si on a encore des cages et autres dispositifs descendant des cintres ou installés en hauteur, ainsi que de très beaux effets de lumières et quelques projections de textes en espagnol.
Contrastes visuels entre Marguerite (aux cheveux bleus, pourquoi cette couleur, pour dire qu'elle est vraie ou moderne ?) aux vêtements de jeune fille sage avec de longues chaussettes, et les autres femmes, de grandes poupées sexy aux longs cheveux blonds et des aguicheuses d'âge mûr aux décolletés dévoilant d'énormes seins (un peu comme ceux de Lolo Ferrari). Quant aux hommes, ce sont des supporters de football, des soldats et des fêtards grossiers. Faust, revêtu d'une blouse blanche au tout début, porte un costume sobre alors que Méphistophélès apparaît comme un multi-personnage aux tenues voyantes (sauf à la fin où il est habillé comme Faust).
– À propos de la distribution (parmi laquelle Ettinger, Rebeka, Degout, Brunet-Grupposo faisaient leurs débuts au Teatro Real, où, en outre, Beczała chantait pour la première fois dans une production scénique) :
Diction correcte des chanteurs dans l'ensemble, Degout ayant été parfaitement compréhensible, et Pisaroni, très bien aussi – j'ai dû saisir entre 50 % et 75 % de leur français, selon les rôles, sans l'aide du surtitrage.
• Dan Ettinger, direction bonne globalement, accompagnant bien la progression dramatique, mais, par moments, peut-être un peu trop forte ou pas assez colorée.
• Piotr Beczała, un jeu sobre (comme le requiert la m.e.s.), très bien vocalement, avec des aigus réussis et non forcés ; dans l'ensemble mieux, selon moi, qu'à l'OnP (où il m'avait ennuyée), même s'il ne m'a pas fait vibrer.
• Luca Pisaroni, très à l'aise sur le plan scénique, sa grande taille lui permettant de surcroît de dominer tout le monde ; chant correct, mais projection insuffisante par moments, et surtout, pour moi, voix pas assez sombre pour un Méphistophélès totalement convaincant – ses airs « Le veau d'or est toujours debout » et « Souviens-toi du passé » n'ont pas offert l'impact vocal et dramatique que j'escomptais. J'ai regretté de ne pas avoir eu E. Schrott.
• Marina Rebeka (qui m'avait également ennuyée dans La traviata du ROH et de l'OnP) m'a agréablement surprise ; musicale, voix ronde et puissante, avec des nuances et modulations, bon jeu scénique ; je ne l'ai pas du tout trouvée fade cette fois et elle a même réussi à m'émouvoir à la fin de l'ouvrage. Petits bémols : quelques aigus métalliques, absence de trilles et certaines notes graves laissant à désirer (en fait, essentiellement sur une phrase, avec un début inaudible et la suite un peu rauque et à la limite du parlé).
• Stéphane Degout (que je n'avais pas reconnu au début à cause de sa perruque), impeccable selon moi.
• Serena Malfi, Sylvie Brunet-Grupposo (très dynamique sur le plateau), Isaac Galán et les chœurs, bien.
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La représentation du 4 octobre, avec la distribution 'A', sera retransmise en direct par Mezzo Live HD et par Radio Clásica, en Europe via l'UER (Union Européenne de Radio-télévision).
Ultérieurement, l'enregistrement audio-visuel du 4 octobre sera diffusé dans certains cinémas et sur Palco Digital, et fera l'objet d'un DVD.