Fauré,Debussy,Poulenc : œuvres chorales- Aedes/Les Siècles/M.Romano-Vézelay 24/08/2018

Représentations
Répondre
petitchoeur
Alto
Alto
Messages : 422
Enregistré le : 19 sept. 2009, 23:00

Fauré,Debussy,Poulenc : œuvres chorales- Aedes/Les Siècles/M.Romano-Vézelay 24/08/2018

Message par petitchoeur » 02 sept. 2018, 20:03

Requiem de Fauré et œuvres vocales de Poulenc et Debussy

Francis Poulenc (1899-1963) :
Litanies à la Vierge Noire
Quatre prières de Saint François d’Assise

Claude Debussy (1862-1918) :
Trois Chansons de Charles d’Orléans
Francis Poulenc :
Messe en sol
Gabriel Fauré (1845-1924) :
Requiem, version originale de 1893


Ensemble Aedes
Anaïs Bertrand, alto
Agathe Boudet, soprano
Jérémie Delvert, baryton

Les Siècles
Mathieu Romano, direction

A Vézelay, basilique Sainte-Marie-Madeleine le 24 août 2018
En première partie trois œuvres de Francis Poulenc. Les Quatre Petites Prières de saint François d’Assise, chantées par le chœur d’hommes Aedes a capella, ont été écrites en 1948 à la demande d’un petit neveu, jeune religieux franciscain. Les paroles d’humilité du Poverello sont magnifiquement traduites par des mélodies simples et claires. Bouquet de saluts déposés aux pieds de la Vierge, Dame Sainte ; plénitude d’une louange au Dieu de bonté ; douceur de l’amour du Seigneur; gloire infinie promise par le Père .
Poulenc séjourne à Uzerche en 1936 quand il apprend la mort brutale du musicien Pierre-Octave Ferroud . Bouleversé il se rend à Rocamadour, sanctuaire de la Vierge Noire, qui est proche. En huit jours il écrit les Litanies à la Vierge Noire sur un texte récité par les pèlerins. Prières humbles mises en musique avec douceur ou éclat sans effusion et pourtant très expressives. Matthieu Romano, le chœur de femmes Aedes et Louis-Noël Bestion de Camboulas à l’orgue, nous en offre une version fervente et transparente.
Dans l’été 1937 Poulenc séjournant dans le Morvan écrit sa Messe en sol majeur pour chœur mixte a capella. Dans cette œuvre, là aussi, aucune surcharge, aucun effet théâtral ou dramatique. Cinq parties : un Kyrie énergique, un Gloria impérial, un Sanctus joyeux, un Benedictus serein, un Agnus d’une grande tendresse et d’une grande beauté grâce à la soprane du chœur Agathe Boudet. Les musiciens de ce soir nous en donne une interprétation pleine d’équilibre et de pudeur contenue.
Les Trois Chansons de Claude Debussy , sur des rondeaux écrits par Charles d’Orléans lors de sa captivité en Angleterre après la défaite d’Azincourt (1415), possèdent l’ élégance et le raffinement qui caractérisent les œuvres de Fauré et plus tard celles de Poulenc. Le chœur Aedes , Matthieu Romano ainsi que l’alto du chœur, Anaïs Bertrand, soliste de la seconde chanson : quand j’ai ouy le tambourin en cisèlent avec gourmandise tous les mots et toutes les inflexions.
En deuxième partie le Requiem de Fauré est donné dans sa version originale. Entendue sous la direction de Fauré lui-même en 1893 à la messe célébrée, comme chaque année à la Madeleine à Paris, le 21 janvier pour l’anniversaire de la mort de Louis XVI. L’orchestre est réduit : pas de violons (sauf pour le solo du Sanctus) mais six altos, cinq violoncelles, deux contrebasses, deux cors, trois trompettes, deux trombones, une harpe, des timbales et l’orgue. Cette orchestration permet à Fauré de donner à son Requiem une tonalité qui tend vers le grave et le medium. Les solos du baryton et de la soprane ne sont pas l’occasion d’effets vocaux spectaculaires et Fauré joue continuellement sur des variations de couleurs orchestrales en demi-teintes pour illustrer la mort qui, selon ses propres mots, est : «une délivrance heureuse, une aspiration au bonheur de l’au-delà, plutôt qu’un passage douloureux ». Belle et émouvante interprétation du chœur Aedes dirigé par son chef et fondateur Matthieu Romano, et de l’ensemble instrumental Les Siècles fondé par François-Xavier Roth en 2003. Louis-Noël Bestion de Camboulas tient l’orgue. Le Pie Jesu est chanté par Agathe Boudet, soprane du chœur, d’une voix d’une grande pureté, avec une finesse, une fraîcheur, une simplicité, une clarté toute séraphique. En contraste, Jérémie Delvert, baryton du chœur également, semble plus effacé dans l’Hostias et le Libera me. Tous les musiciens, chœur et orchestre, nous accompagnent avec grande sérénité dans l’In paradisum final .
Basilique pleine d’un public comblé que les musiciens enchantent encore en donnant le Cantique de Jean Racine en bis.

Pierre Tricou

Répondre