En ce qui me concerne, l'acte 1 de la Walküre, le réveil de Brünnhilde dans l'acte 3 de Siegfried, l'acte 3 de Götterdämerung, resteront comme les plus belles pièces de ce Ring globalement magnifique et qui tient toutes ses promesses, tant au travers de la beauté, de lisibilité, de l'intelligence de la mise en scène que de la magnificience de l'orchestre et de l'ensemble des solistes, le tout mené avec le génie modeste et inoui de ce chef qui a d'ailleurs fait monter l'ensemble de l'orchestre sur la scène à l'issue du Ring, s'effaçant au milieu de ses musiciens, derrière ses chanteurs.
C'est du Wagner sculpté thème après thème, on entend et on voit tous ces passages du Crépuscule qui annonce la fin d'un monde, les leitmotivs qui s'entremêlent, déformés mais reconnaissables, qui semblent parfois vouloir s'échapper de la masse orchestrale mais en restent prisonniers. Il faut un esthète comme Petrenko, un vrai chef d'opéra qui donne le signal à chacun de ses chanteurs et a le geste qui leur indique l'élan à prendre, le tempo à adopter, tout en dirigeant de l'autre main ses musiciens...pour atteindre à chaque instant le sublime.
Fascinant de sens et de beauté, l'émotion vous submerge en permanence au delà des grands moments cités plus haut.
Et puis pour cette dernière journée de l'anneau, chapeau bas à la seule Brünnhilde capable de garder tous ses fabuleux moyens à la fin d'un acte épuisant, et nous servir des nuances pour finir en beauté... Nina Stemme construit son personnage, de la petite Walküre, fifille à son papa, primesautière de la première journée, à la femme blessée, meurtrie et qui salue la fin d'un monde qui se détruit entièrement sous nos yeux, son hommage à Siegfried est sublime, et le retour à l'harmonie, la naissance d'un nouveau monde peut alors apparaitre quand nos jeunes gens du début du Prologue reviennent nager dans Rhin où les filles ont repris l'or volé, cause de tous les malheurs...
Saluts, dernier jour du Ring, photos du site du BSO
Alors on exulte, on applaudit pendant d'interminables minutes et puis on se retrouve, un peu mélancolique, parce que c'est fini, avec plein de sonorités dans la tête, plein d'images dans les yeux et l'ensemble du Ring qui redéfile : les filles du Rhin, les sarcasmes du grinçant Loge, les géants impressionnants et majestueux (et Huntig), le maléfique Alberich, le sombre et magnifique Siegmund et sa si incandescente Sieglinde, Wotan aux prises avec ses contradictions, Siegfried et son souffre douleur, le génial Mime, d'abord jeune impétueux avant d'être un héros trahi et malmené, Gunther (et Donner), les nornes, les Walkyries, et enfin, surtout bien sûr Brünnhilde...for ever.
PS : je reviendrai sur les détails de ce Crépuscule qui a été magnifiquement servi par tous les chanteurs, deux petites réserves cependant sur les personnages de Hagen et de Gutrune (à suivre)...Je n'ai aucune réserve par contre sur le Siegfried du Crépuscule, beaucoup plus heldentenor que celui de Siegfried et qui correspond mieux aux qualités vocales de Vinke (son jeu restant parfait).