Boito- Mefistofele- Stutzmann / Grinda- Orange- 07/2018

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Re: Boito- Mefistofele- Stutzmann / Grinda- Orange- 07/2018

Message par micaela » 10 juil. 2018, 11:32

Ce n'est apparemment même pas prévu sur culturebox.
Le sommeil de la raison engendre des monstres (Goya)

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Re: Boito- Mefistofele- Stutzmann / Grinda- Orange- 07/2018

Message par altini » 10 juil. 2018, 11:55

C'est d'autant plus curieux que ça rapporte des sous aux Chorégies. Peut-être que Grinda expliquera sa stratégie.
Et ça serait une bonne occasion de sortir des habituels Rigoletto, Traviata ou Carmen à Orange ou ailleurs.

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Re: Boito- Mefistofele- Stutzmann / Grinda- Orange- 07/2018

Message par srourours » 10 juil. 2018, 11:57

Et pour ceux qui ne pourront le voir à Orange, y'a rattrapage possible en octobre à l'opéra de Lyon ;)

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Re: Boito- Mefistofele- Stutzmann / Grinda- Orange- 07/2018

Message par jerome » 10 juil. 2018, 12:06

JdeB a écrit :
10 juil. 2018, 11:26
Grinda est en train de réussir son pari :D
Franchement tant mieux! :D

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Re: Boito- Mefistofele- Stutzmann / Grinda- Orange- 07/2018

Message par paco » 10 juil. 2018, 12:35

HELENE ADAM a écrit :
10 juil. 2018, 11:29
Je pense que les organisateurs devraient prévoir leurs propres moyens de rediffusion en streaming et cesser de compter sur des chaines TV ou radio qui font des choix sans imagination et sans talent.
C'est tellement plus efficace avec la publicité adéquate sur les réseaux sociaux...
+1

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Re: Boito- Mefistofele- Stutzmann / Grinda- Orange- 07/2018

Message par fomalhaut » 10 juil. 2018, 12:47

jerome a écrit :
10 juil. 2018, 11:10
Ah ben ça c'est le problème beaucoup plus général de BUM dans ses envies actuelles de répertoire. A vouloir se croire un grand soprano dramatique, elle va aller dans le mur et pas que dans celui d'Orange!
Tout à fait d'accord mais Orange, c'est quand même le plus beau mur !

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Re: Boito- Mefistofele- Stutzmann / Grinda- Orange- 07/2018

Message par Loïs » 10 juil. 2018, 12:57

Un mois sépare le Mefisto de Munich et celui d’Orange et je n’en sors pas dans le même état ; enthousiaste en Bavière, déçu en Provence.
Pour quelle(s) raisons(s) ?

Le choix de l’œuvre ? Surement pas ! La scène et le cadre grandiose du mur ne peuvent qu’offrir un magnifique écrin à cette œuvre ambitieuse et foisonnante, flambeau de la scapigliatura
Grand merci à Grinda de monter cet opéra si peu joué en France et d’interrompre la litanie des Carmen & Aida. On revient à une intelligence de programmation (à confirmer par la suite car Barbiere me laisse dubitatif mais oui pour Guillaume Tell, Samson, Don Giovanni)
La mise en scène ? Le lieu dicte ses propres règles. Il ne s’agit pas de recevoir le coup de poing de Schwab, avec notamment une vision terrifiante de l’Enfer, mais de savoir intelligemment remplir l’espace. Mission remplie avec un œil flatté, des mises en place réussies et des clins d’œil humoristiques à propos. La mise en scène respecte l’œuvre (même si je me moque usuellement des didascalies, Boito prit trop soin du livret pour l’ignorer) et surtout la partition. On a bien compris que le tapis volant suite à l’incident lors de la première soirée n’était plus utilisé, mais cela ne gênait pas vraiment (même s’i on aurait pu carrément retirer cet espèce de lampadaire ascensionnel). Précipités un peu longuet toutefois (franchement qu’apportaient ces échafaudages qu’il fallait tourner à vue et qui rappelaient un Trovatore in loco de sinistre mémoire il y a une vingtaine d’années ?)
Le rôle titre ? Il s’agit du même : Erwin Schrott. Pourtant cette force démoniaque qui m’a bluffé à Munich perdait de son intensité à Orange. La mise en scène qui exploite les ressorts comiques (celle de Munich flanquait la trouille) et où Schrott sentant la bride légère se lâche et n’évite pas le cabotinage mais aussi une voix dont le registre inférieur pas très percutant n’arrive pas à remplir l’espace (il est vrai qu’il faut un monstre vocal pour chanter ce rôle à Orange) affadissent sensiblement la prestation. Pour autant pour peu que l’on soit placé près de la scène, pas un frémissement de narine, un changement de lumière dans le regard, une contraction du corps ne permettent de douter : il est le Méphisto que nous attendions depuis Ramey, séducteur et inquiétant, d’une arrogance sure quant à son pouvoir.
Faust alors ? oh que non. Plusieurs voix s’étaient élevées ici même pour préjuger de l’adéquation de Borras au rôle et au lieu. Aucune réserve sur sa performance d’hier soir ; il m’offrit même de grands moments de plaisirs . Cette distinction un peu surannée du chant convient à merveille au vieux professeur, cette –si légère- fragilité rend justice au personnage romantique. Et bien entendu l’émotion était au rendez-vous lors du « giunto sul passo estremo ». la voix remplit l’espace et il faut attendre les dernières mesures des deux derniers tableaux pour trouver les limites de la vaillance. J’attendais impatiemment le moment de l’entendre enfin « pour de vrai », je suis conquis.
Marguerite-UriaMonzon partait avec un avantage face à la contreperformance de sa consoeur munichoise. Si le jardin de Marthe malgré d’énormes efforts d’allègement de l’émission nous la dévoile à côté de la plaque, la scène de la prison est un remarquable moment de justesse d’interprétation et enfin au bout de deux heures je connais le frisson lors de son duo final. Néanmoins son « altra notte » révèle qu’Orange ne sera pas sa meilleure scène pour ce rôle : comme souvent chez les mezzos qui évoluent sopranos, les graves manquent d’ampleur et sont ici peu audibles. Très intelligemment elle ne les force pas ce qui aurait détruit l’émotion de son interprétation (elle ne chante pas Marguerite, elle est Marguerite) mais dans un tel lieu, on aurait préféré quelque chose de plus spectaculaire.
Todo s‘en donne à cœur joie dans le rôle de Marthe où son abattage fait merveille mais (j’espère me tromper) le timbre me paraissait abimé.

Alors où le bât blesse t’il ?
Dès les première mesures, la direction tout en nuances et en clarté des pupitres éveille l’attention mais très rapidement j’en arrive à la conclusion que l’objectif est de ne pas effrayer les hirondelles et les cigales. Sans être sainte Thérèse d’Avila et ne voir la contemplation du Ciel qu’en pleine extase, je me dis que la description sonore manque singulièrement d’intensité ; on ne se croirait même pas au purgatoire, juste dans un ascenseur ou une salle d’attente. Le manque de souffle par la suite discrédite toute vision romantique voulue par Boito. A ce sujet je bouillonnais en entendant ces phrases musicales joliement déliées puis posées les unes à côté des autres sans continuité. Pendant toute la représentation j’ai assisté au même schéma : je fais ma jolie phrase puis je m’arrête , je regarde à droite et à gauche avant de traverser et tout doucement j’attaque la suivante.
Et enfin que dire des visions infernales : mon hantise fût que des criminels aient assisté à la représentation. Cette masse de guimauve qui nous fut servie ne les détournera pas de leurs noirs projets, l’Enfer parait d’un calme absolu. Il m’a aussi furieusement rappelé celui de Sartre, celui où l’on périt (ben non justement impossible) d’ennui entouré de gens avec qui vous n’avez rien à faire. Dans ce cas comment demander à Schrott de déployer son côté démonique quand vous êtes supporté par une direction molle et saturée de sucres (à moins que l’enfer soit réservé aux diabétiques ?) ?
Et puis surtout j’ai entendu trois orchestres jouer côte à côte : des cordes s’accordant un plaisir masturbatoire, des bois (oh mon Dieu ces attaques qui résonnaient comme du pipi de vieille fille dans un vase de nui t ébréché) et des vents cuivres en totale liberté (et je ne parle pas de l’erreur de démarrage de ce qui était censée être la voix de Dieu)

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Re: Boito- Mefistofele- Stutzmann / Grinda- Orange- 07/2018

Message par jerome » 10 juil. 2018, 13:31

Loïs a écrit :
10 juil. 2018, 12:57
Il m’a aussi furieusement rappelé celui de Sartre, celui où l’on périt (ben non justement impossible) d’ennui entouré de gens avec qui vous n’avez rien à faire.
L'enfer de Sartre ce n'est pas l'ennui! C'est l'insupportable présence obligatoire de l'autre (et de son regard) devant qui toute dissimulation et tout mensonge s'effondrent. C'est pas du tout la même chose!

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Il prezzo
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Re: Boito- Mefistofele- Stutzmann / Grinda- Orange- 07/2018

Message par Il prezzo » 10 juil. 2018, 14:36

Première représentation live pour moi de cet opéra, que je n’avais même jamais entendu en concert. Je n’en connaissais que l’Altra Notte, dans une compilation de Tebaldi, donc déconnectée de tout contexte, ainsi que le finale (trailer d’Orange) que je m’étais passé en boucle il y a peu, et que je trouvais d’une force peu commune.

Espoir immense donc hier soir, de me laisser surprendre par une « nouvelle œuvre » qui me sorte un peu des sentiers rebattus de nos compositeurs de génie.

Espoir immensément déçu, à peine atténué par l’analyse de Lois quant à la très mauvaise interprétation orchestrale qui pourrait me faire entrevoir une possible redécouverte future mieux réussie dans d’autres conditions.

Reçue par l’oreille du découvreur (que je prétends pourtant un minimum avertie …), cette soirée m’a semblé en tout cas beaucoup manquer de souffle (malgré le mistral ambiant), de tension, de noirceur, là où Gounod, et surtout Berlioz, vous emmènent d’emblée dans les profondeurs infernales ou les délires romantiques du héros. Beaucoup de lenteurs et de transitions ratées dans cette partition, d’absence de conclusions efficaces, malgré quelques bijoux pour Faust ou Marguerite, qui nous ont quand même produit le frisson dorsal attendu dans la très belle scène du III. Jean-François Borras a le timbre chaud et la projection voulue, il campe un Faust très attachant. L’Altra Notte de Béatrice Uria-Monzon, bonne actrice, ne rivalise évidemment pas avec ma référence, mais l’incarnation est crédible.
Erwin Schrott est très charismatique dans le rôle démoniaque, présence obsédante sur scène, cigare aux lèvres, tatouage avantageux (pour une fois !) sous le manteau de cuir. Vocalement un peu moins convaincant que dans son récent Attila du TCE, il prend à l’évidence beaucoup de plaisir au rôle de Mefistofele.

Mais les tableaux les plus forts de ce spectacle sont sans conteste ceux des chœurs, mis en valeur par le nombre et la rutilance des costumes : depuis les anges du chœur céleste du prologue, en passant par la foule de Pâques à Francfort, jusqu’aux sorcières de la Notte del sabba (dont la noirceur ne rivalise pas cependant avec deux petites minutes des stregge du Macbeth verdien !). L’immense mur d’Orange était alors utilisé au mieux dans ces scènes-là, avec de superbes projections de montagnes, nuages, feux d’artifices. Dommage que nos deux héros aient renoncé à emprunter la fameuse nacelle, ce qui aurait décuplé le très bel effet du final de l’acte I.

Soirée frustrante donc (trop d’espoir quant à la partition), sauvée par une très belle réalisation dont la magie ne peut se vivre qu’in loco (ne pleurez-donc pas trop à mon avis l’absence de retransmission).

Après lecture de certaines réactions des « valeurs sûres » d’ODB, j’acquitte néanmoins Boito au bénéfice du doute, ne demandant qu’à être convaincu par une interprétation musicale qui, en magnifiant les moments forts de la partition et en réveillant les transitions mollement écrites, m’en fasse oublier les faiblesses.
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Re: Boito- Mefistofele- Stutzmann / Grinda- Orange- 07/2018

Message par JdeB » 10 juil. 2018, 14:57

Je viens de publier ma critique en tête de ce fil
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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