Re: Verdi - Ernani - Foster/Grinda - Marseille - 06/2018
Posté : 19 juin 2018, 12:14
J'ai vu Ernani au Met il ya sept ou huit ans et j'étais sorti de là déçu malgré une distribution qui incluait Mead, Hvorostovsky, Furlanetto et De Biasio. Même sentiment d'inachevé avec la production de Grinda que j'ai vu à Monte-Carlo et à Marseille ou I Masnadieri vu également à Monte-Carlo cette saison. J'aime le théâtre depuis mon adolescence, j'ai vu plusieurs fois Hernani et les brigands de Schiller, pièces de théâtre que j'ai apprécié et qui présentaient une cohérence absente des transpositions lyriques. Le problème est que le temps de l'opéra n'est pas le temps du théâtre où les scènes ont le temps d'être développées. Je ne serais pas surpris que l'on ne retrouve pas plus de 30% d'une pièce de théâtre dans un opéra d'où pas mal d'incohérences. A mon avis je ne vois guère chez Verdi que deux bonnes transformations de pièces de théâtre en opéra, Falstaff et Don Carlo. Je ne mets pas Don Carlos où je m'ennuie même quand c'est chanté par Kaufmann, Tézier, Garanca... Pour revenir à l'Ernani de Marseille, il me semble qu'il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Certaines scènes étaient assez réussies comme celle du complot ou celle de la confrontation entre Ernani et Silva à la fin de la pièce. De là à parler de "néant"! Cette production d'Ernani a même donné à des amis l'envie de retourner à l'opéra. Comme quoi! Enfin, il faut remercier Maurice Xiberras pour avoir réuni une distribution de très haut niveau pour une ville de province.Parisseb a écrit : ↑18 juin 2018, 17:22Retour en quelques mots sur la soirée du 16 juin.
J'avais vu à Liège en 2015 cette production qui m'avait déjà paru bien faiblarde: le fait est que je l'ai trouvé encore plus mauvaise - je pèse mes mots - à Marseille.
La plus grande partie du spectacle se résume à deux, trois voire quatre chanteurs qui se tournent autour, sur un plateau vide, dans des postures convenues. C'était franchement pathétique et j'ai eu honte d'emmener un ami qui découvrait l'opéra et qui a trouvé cela statique. Ajouté à cela une histoire vraiment faiblarde, sans cohérence dramatique (plus une salle surchauffée: j'avais la tête farcie avant l'entracte): on obtient un ennui certain.
Alors certes la distribution est de très bon niveau (et c'est ce qui m'avait fait venir).
Grand gagnant à l applaudimètre - devant l'enfant du pays - A. Vinogradov, basse pour ma part découverte à Valence lors d'une somptueuse interprétation de Procida dans les vêpres siciliennes, confirme à Marseille son immense talent. Ligne de chant, souffle, graves profonds, retenue et dignité dans l'interprétation: on tient là une basse qui va assurément marquer le circuit lyrique dans les années à venir.
Ludovic Tezier campe lui un Carlo certes impérial avec les qualités qu'on lui connait de parfait baryton verdien mais son interprétation n'a pas complètement réussi à m'émouvoir (notamment à l'acte 3 où je l'ai trouvé extérieur dans son grand air, alors que le personnage est traversé d'une profonde réflexion - la seule de tout l'opéra - sur le sens de son existence).
Appréciation plutôt positive du ténor Francesco Meli: la voix est très sonore et claironnante et il prend le rôle à bras le corps. Mais cet engagement total , toujours forte malgré quelques tentatives d'allègement, finit lui aussi par ennuyer (et la mise en scène n'engage rien).
Hui He ne démérite pas, je m'attendais à une catastrophe qui objectivement n'a pas eu lieu et c'est tant mieux. Mais la voix est souvent forcée dans les aigus. L'interprète est pataude et se sent obligé de serrer le points pour passer les vocalises de son air d'entrée.
Rien à redire côté orchestre.
Au final, une soirée mitigée me concernant.
J'aurai préféré voir l’œuvre en version de concert - ça aurait moins indigeste - ou alors que l'opéra de Marseille qui réunissait une distribution de très haut niveau la programme sur une œuvre plus charpentée dramatiquement.
Sébastien.
PS1: Public manifestement ravi, et pourtant au restaurant après le spectacle, le couple - d'un certain âge - assis à la table à côté de moi a trouvé - je cite - "chiant".
PS2: Au dernière acte, le voile blanc étoilé tendu à Liège (je suis presque sur qu'il y était) ne figurait pas à Marseille (toujours ce fichu miroir). Modification entre les deux séries? Drap déchiré? technicien ayant fait une grosse tâche de sauce tomate? Mystère...
Pour autant, pas d’annonce de grève samedi soir, les épées et le cor étaient là et l'éclairage aussi.