L.Bernstein - Mass - Marshall - Philharmonie de Paris - 21&22/03/2018

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HELENE ADAM
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L.Bernstein - Mass - Marshall - Philharmonie de Paris - 21&22/03/2018

Message par HELENE ADAM » 22 mars 2018, 00:08

MASS

de Léonard Bernstein


Orchestre de Paris
Choeur de l'Orchestre de Paris
Choeur d'enfants de l'Orchestre de Paris
Ensemble Aedes

Wayne Marshall, direction
Jubilant Sykes, baryton
Lionel Sow, chef de choeur
Mathieu Romano, chef de choeur

Livret utilisant la liturgie de la messe romaine et des textes additionnels de Stephen Schwartz et Leonard Bernstein .


Ce concert est diffusé en direct sur le site live.philharmoniedeparis.fr où il restera disponible pendant six mois.

Image

Détails sur la genèse de l'oeuvre sur ce site :
https://leonardbernstein.com/works/view ... nd-dancers


Soirée du mercredi 21 mars

Très belle réalisation ce soir, pour cette oeuvre de révolte qui vient à point nommé fêter le cinquantième anniversaire de mai 68.
Léonard Bernstein avait écrit cette oeuvre en hommage à John Kennedy, en 1969, à la demande de Jacky Kennedy.
Mais c'est toute cette période d'agitation et de contestation que reflète cette oeuvre hybride, qui mêle toutes sortes de musique dans un ensemble foisonnant et très exaltant.

Cri de révolte contre un monde injuste, l'oeuvre qui est davantage un oratorio qu'une messe, évoque tout à la fois la guerre du Vietnam dans laquelle l'Amérique s'enlise, les émeutes raciales, les luttes pour l'égalité, l'hypocrisie de l'Eglise et la liberté de la jeunesse alors en révolte.

Musicalement c'est un très bel ensemble qui mêle musique électronique avec quelques instruments électriques, un énorme orchestre symphonique avec ses cuivres, un brass band qui assure les parties jazz, le choeur Aedes d'une vingtaine de très brillants chanteurs de "musical" en ensemble ou en solistes, un choeur d'enfants avec un émouvant très jeune soliste, des choeurs adultes hommes et femmes, et un soliste "dominant" le baryton Jubilant Sykes, qui est tout à la fois le récitant et un formidable comédien, qui met en scène littéralement son personnage, capable d'incarner successivement Paul Robeson, Elvis Presley et Léonard Cohen.

Il y a beaucoup de scènes façon West side story (claquements de doigts compris), des parties de jazz endiablés, des negro spirituals, mais aussi de grandes envolées symphoniques grandioses et prenantes.
Le mélange est permanent et très harmonieux. Ainsi ce joli solo de flûte auquel succède la voix d'ange du petit garçon chantant "Lauda" doublé par un chanteur de comédie musicale du groupe Aedes puis dans un fracas total, les choeurs tout entier l'accompagnent, orchestre, orgue, cloches, avant que le calme ne revienne quasi instantanément sur la voix du petit garçon.

Excellente direction de Wayne Marshall qui booste littéralement un orchestre de Paris en forme olympique qui semble vraiment prendre du plaisir à jouer cette belle partition.

Tout est possible à la PP et l'harmonie parfaite trouvée entre la musique sonorisée, les chanteurs de musical (dont le son est retransmis par un jeu de petits haut-parleurs très bien disposés) et la musique "directe" de l'orchestre et des choeurs, est un "must" que cette salle rend possible.
C'était déjà le cas pour l'oratorio "El nino" de John Adams donné l'an dernier.

Une disposition générale très impressionnante avait été prévue pour optimiser la complexité de l'oeuvre : orchestre classique en devant de scène avec cuivres regroupés à l'arrière droit et orgue à l'opposé, brass band en hauteur côté gauche. Juste derrière eux, les guitares électroniques et autre instruments amplifiés. A l'opposé toujours en hauteur l'ensemble Aedes des chanteurs de comédies musicale, très mobiles venant régulièrement dans le milieu de la scène notamment pour leurs solos. Le récitant déambulait dans le même couloir, traversant souvent l'orchestre.
Un escalier éclairé de bleu permet d'atteindre l'arrière scène où sont regroupés les choeurs d'enfants et les choeurs d'adulte.
Le petit garçon soliste descendait par ce escalier depuis le choeur pour venir chanter en solo au milieu de l'orchestre. C'est par ce chemin que le récitant arrive également au début.
Très beau jeu de lumière et de fumée durant tout le spectacle.

Deuxième représentation demain soir.

Le fil "El Nino"
http://odb-opera.com/viewtopic.php?f=6& ... it=El+Nino

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Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
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Re: L.Bernstein - Mass - Marshall - Philharmonie de Paris - 21&22/03/2018

Message par paco » 22 mars 2018, 19:13

C'est vraiment dommage que Wayne Marshall soit presque systématiquement cantonné au répertoire Gershwinn - Bernstein, car il excelle dans quantité d'autres répertoires, notamment Mahler, Brahms, Debussy, Rachma, ...
Clichés, quand tu nous tiens (il est black, donc forcément pour les agents il est dédié au répertoire New Orleans - Musicals...)

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Re: L.Bernstein - Mass - Marshall - Philharmonie de Paris - 21&22/03/2018

Message par Piem67 » 22 mars 2018, 22:17

J'ai pour ma part entendu Wayne Marshall dans un extraordinaire Concerto pour orgue de Poulenc à Strasbourg, grand souvenir !

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Re: L.Bernstein - Mass - Marshall - Philharmonie de Paris - 21&22/03/2018

Message par JdeB » 23 mars 2018, 08:30

j'avais beaucoup aimé cette œuvre découverte à Montpellier il y a 5 ans avec déjà le charismatique Jubilant Sykes

http://odb-opera.com/viewtopic.php?f=6& ... es#p202514
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Re: L.Bernstein - Mass - Marshall - Philharmonie de Paris - 21&22/03/2018

Message par Adalbéron » 23 mars 2018, 12:53

Je connaissais déjà l'oeuvre discontinuellement, mais ce concert m'a été assez pénible, la sonorisation me provocant un mal de tête terrible.
Les méditations à l'orchestre sont superbes et il y a de très beaux ensembles choraux. Le monologue qui suit la « fraction » du calice par le Célébrant est d'une grande émotion.
Pour moi, il s'agit en grande partie d'une oeuvre sur le doute, sur l'humanité misérable dans un monde sans Dieu (« now the Age of Gold is dead », comment ne pas entendre « God » et « Gold » à la fois ?) : tous ces décibels et ces provocations ont pour but premier de secouer le Très Haut, de faire monter un cri tonitruant jusqu'à Lui. Mais dans ce cri, évidemment, résonne également Woodstock, le sang versé lors de la guerre du Vietnam (derrière le canonique « holy, Lord of Hosts »), la révolte de la jeunesse (tout ce qu'ajoute à la célébration le street choir) et tout ce qui faisait le contexte politique et social du début des années 1970.
Je serais un peu plus réservé qu'Hélène sur la réalisation. La mise en espace et les éclairages sont bienvenus, la direction de Wayne Marshall est précise et énergique, le Choeur de l'OP est très bon. Les membres de l'Ensemble Aedes sont pleinement engagés mais le chant est inégal. Quelques imprécisions à l'orchestre (du côté des cordes graves surtout), mais dans l'ensemble, c'était pas mal. Jubilant Sykes (quel heureux prénom pour incarner le Célébrant !) fait montre d'un engagement total, mais le chant déçoit à certains moments. J'aurais aimé être emporté, j'ai tout trouvé paradoxalement tiède.

Je ronchonne un peu, je n'avais pas du tout l'impression d'être de la fête en réalité. La sonorisation m'a semblé d'une piètre qualité, tout était saturé et écrasé, péniblement, ça m'a exaspéré. J'ai jeté une oreille à la captation, c'est quand même beaucoup mieux que dans la salle (c'est tout de même aberrant...). De plus, j'avais une place de dernière minute (puisque Daphnis annulé), donc une invitation de parterre bradée, et c'était inconfortable au possible, avec en plus la vue d'un orchestre à plat, alors que j'aime pouvoir détailler des yeux l'orchestre depuis les balcons.
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Re: L.Bernstein - Mass - Marshall - Philharmonie de Paris - 21&22/03/2018

Message par salminen » 23 mars 2018, 13:11

j'y étais aussi (deuxième balcon, en face donc avec une vue super sur l'orchestre, ce qui important pour cette oeuvre) et j'ai eu les mêmes sensations que Adalbéron. merci pour ce compte rendu très fidèle
effectivement, au delà de la qualité des interprètes je suis ressorti avec des sentiments très mitigés de ce concert. J'ai même failli sortir au bout de 40 minutes par ennui ... j'ai pas pu car j'étais au milieu d'un rang. Par contre j'ai pu observer un nombre de sorties anormalement élevées.
la sonorisation a donné un côté cheap au concert. plus jamais ça par pitié !!!!!
concernant l'oeuvre elle même je reste dubidatif : effectivement il y a des moments d'émotion, mais ça me semble souvent superficiel et daté (il faut se rappeler continuellement le contexte de la création pour revenir à des sentiments positifs sur l'oeuvre).
bref une soirée qui ne sera pas à marquer d'une pierre blanche.
effectivement la captation est mieux
une dernière rmq : la m e s du concert a pas copié sur la version des proms de 2012 (visiblement sur youtube) et comme il y avait mois de moyens ça renforçait l'aspect cheap de la représentation...

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Re: L.Bernstein - Mass - Marshall - Philharmonie de Paris - 21&22/03/2018

Message par Adalbéron » 23 mars 2018, 13:35

C'était pourtant un triomphe au parterre, beaucoup de gens debout, c'est pour cela que je précise avoir eu le sentiment de ne pas être de la fête.
La sonorisation, on ne peut malheureusement pas l'éviter : Bernstein exige que certains morceaux soient enregistrés, et du moment qu'il y a des guitares basses et un orchestre qui éclate sans arrêt avec cuivres sonnant à tout berzingue, puisque on demande au chanteur d'avoir une voix de comédie musicale et non d'opéra, il faut les aider avec des micros. Mais tout paraissait écrasé et les enceintes sonnaient comme du matériel cheap, effectivement, alors que j'imagine que ce n'est pas n'importe quoi. Beaucoup d'ennui oui, et toute la palette, de la lassitude à l'agacement.
Ça devait en effet être plus plaisant d'être dans les hauteurs !

Ah, et puis le jeune garçon chantait faux et avait une diction médiocre, mais on pardonne tout à ceux dont les yeux donnent à Dieu des leçons d'innocence.
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Re: L.Bernstein - Mass - Marshall - Philharmonie de Paris - 21&22/03/2018

Message par Ouf1er » 23 mars 2018, 13:49

Dans les hauteurs c'était effectivement sûrement mieux qu'au parterre, mais j'ai eu la même impression d'une sonorisation ratée. Dans la captation pour arte, oui les equilibres sonores semblent bien meilleurs.
Content néanmoins d'avoir assisté à un moment fort, et une œuvre assez rarement donnée, mais comme Salminen, ça m'a paru bien daté, avec quelques remplissages et "trucs" émotionnels assez "cheap".

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Re: L.Bernstein - Mass - Marshall - Philharmonie de Paris - 21&22/03/2018

Message par HELENE ADAM » 23 mars 2018, 16:12

salminen a écrit :
23 mars 2018, 13:11
la sonorisation a donné un côté cheap au concert. plus jamais ça par pitié !!!!!
Comprends pas. C'est une œuvre mixte,ce n'est pas une œuvre classique.
La musique électronique est par définition amplifiée, tout comme les voix de chanteurs de "musical" ne sont pas des voix d'opéra. Ce n'est pas le même style et les partitions sont écrites en ce sens. Le style "voix" amplifiée demande une toute autre technique que j'ai trouvée au contraire parfaitement maitrisée dans le cadre d'une acoustique plutôt prévue pour la musique "directe".
Quand Bernstein fait le choix d'insérer un brass band entier pour évoquer la partie "jazzy" de son oratorio, le volume sonore de cet ensemble est tel qu'il n'est quasiment pas imaginable de faire cohabiter des chanteurs "d'opéra".
Il y a donc tout à la fois des styles de musique et de chant modernes, jazz, rock, pop, et du classique, essentiellement l'orchestre de Paris (en grande formation) et les chœurs.
Je ne vois pas ce que cela a de cheap, au contraire. C'est plutôt extrêmement luxueux quand c'est maitrisé à cette échelle.
Quant à dire que c'est une œuvre d'une certaine époque... ben oui, mais bon, quel est le problème ? Elle a gardé un caractère plus ou moins universel (les guerres, les révoltes, l'injustice, le racisme) qui ne la rend pas si datée que cela...
J'étais au parterre et je n'ai pas eu du tout vos impressions au contraire... :wink:
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
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Re: L.Bernstein - Mass - Marshall - Philharmonie de Paris - 21&22/03/2018

Message par micaela » 23 mars 2018, 16:45

Tout à fait (pour la présence de sonorisation pour une œuvre finalement hybride, puisant dans divers styles). Qu'elle ait été ratée, c'est un autre problème, qui existe d'ailleurs aussi dans les concerts rock et variétés , quelle que soit la taille du lieu . Quand elle est mal réglée dans une petite salle et qu'on entend surtout la batterie , ç'est même archi-pénible, encore plus que les grosses sonos des des stades.r
Le sommeil de la raison engendre des monstres (Goya)

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