Opéra en deux actes,
Livret de Felice Romani,
d'après la tragédie d'Alexandre Soumet "Norma ou l'Infanticide"
Création le 26 décembre 1831 à la Scala de Milan
Direction musicale : Renato Balsadonna
Mise en scène : Nicola Berloffa
Décor : Andrea Belli
Costumes : Valeria Donata Bettella
Lumières : Marco Giusti reprises par Marjolaine Uscotti
Norma : Yolanda Auyanet
Adalgisa : Alessandra Volpe
Clotilde : Karine Ohanyan
Pollione : Walter Fraccaro
Oroveso : Sergey Artamonov
Flavio : Marc Larcher
Orchestre Philharmonique de Nice
Chœur de l'Opéra de Nice dirigé par Giulio Magnanini
Production de l’Opéra de Saint-Gall
Représentation du 20 février 2018
Des places vides ce mardi 20 février à l’Opéra de Nice. Effet Carnaval ou vacances scolaires ? Le public semble assez exubérant, voire même plutôt bavard.
Bel canto, romantisme, Norma, Giuditta Pasta, Callas… Ou comment ces mots-là, ces noms-là, la musique de Bellini vivent aujourd’hui au-delà de l’histoire.
L’Histoire, justement. Ce soir, Nicola Berloffa, metteur en scène, a choisi de remplacer l’opposition Gaulois/Romains par l’occupation autrichienne du royaume d'Italie, au début du XIXème siècle. Le fait de changer d ‘époque change-t-il le fond du
drame ? Peut-il amener à considérer l’occupant autrement ? Les tourments de la passion autrement ? Évidemment, non, mais, en revanche, les références du texte aux Gaulois, aux Romains, à Irminsul, plutôt que de nous laisser vivre le drame, nous amènent à des « réajustements » superflus.
Le décor se résume essentiellement à un espace en ruines, clos par un vieux mur en arc de cercle, avec ouvertures occultées, des escaliers à droite, une tombe. Nous sommes parfois à l’extérieur, parfois à l’intérieur, en fonction des accessoires. Peu d’éclat, tout est sombre, terne, poussiéreux… Images suggérées d’une région arriérée (à défaut de la Gaule), des effets d’une occupation destructrice ? ou effet de mode ? Quant à la lune… Avec un effort, on peut déduire que certains éclairages derrière le mur laissent passer sa lumière, mais, pour autant, il ne s’agit pas d’un clair-obscur. Norma porte, brandit parfois, une large épée, l’épée à tout faire de toute Grande Prêtresse du XIXème siècle.
Une dernière remarque : Le feu purificateur dans lequel Norma doit être jetée est remplacé ici un lynchage à coups de poings d’une Norma tombée au sol quand Pollione lui, meurt, transpercé par une épée… Comprenne qui pourra !
Les costumes de Valeria Donata Bettella sont ceux du XIXème siècle, des uniformes militaires, de grandes robes satinées, imposantes, passablement hors-jeu lorsqu’il s’agit d’évoquer une prêtresse (ou de descendre des escaliers)... Mais, peut-être, le metteur en scène a-t-il souhaité créer un contraste entre ces femmes, frémissantes, et leur condition, figée dans une foi exigeante ?
Les lumières de Marco Giusti (reprises par Marjolaine Uscotti) réussissent à adoucir, voire à faire oublier parfois l'abandon suggéré par le décor ou accentuent certaines situations (telle celle de « guerra, guerra », appuyée par du rouge).
Tout commence avec une grande douceur. La direction de Renato Balsadonna donne à l’Introduction les nuances délicates de la lumière des premiers rayons de lune. L’orchestre est « au diapason ». La sensibilité, la magie de la musique de Bellini commencent à opérer... Pourtant, l’entrée de Pollione générera une telle vague de décibels que, sous la baguette de Balsadonna, l’orchestre va se déchaîner, finissant par couvrir trop souvent le plateau durant le premier acte. Soulignons, néanmoins, leur très bel accompagnement du duo Norma-Adalgisa et du trio brûlant de cet extraordinaire final.
Yolanda Auyanet (Norma) porte son rôle avec puissance et sensibilité. Prudente, au premier acte, avec une ligne de chant bien maîtrisée, elle nous donnera un second acte vibrant, où l’étendue de sa voix, son engagement scénique maintiennent en permanence au cœur du drame.
C’est très finement, que, dès les premières scènes, Alessandra Volpe dessine une Adalgisa magnifique qui réussit à nous faire ressentir son tourment intérieur. Sa technique et son engagement traduisent aussi bien les accents de la jeune prêtresse amoureuse que ceux de la femme déchirée.
Le rôle de Pollione est ici campé par Walter Fraccaro ; Son premier acte douloureux expose un timbre au départ ingrat et une absence de ligne de chant, avec un déluge de décibels meurtrissant nos oreilles. Bien-sûr, c’est un soldat et un occupant que Bellini destine à un ténor di forza mais sans le réduire pour autant à une caricature de guerrier fruste et musculeux. Il faudra, là-aussi, attendre le second acte pour qu’il délivre, enfin, un chant mieux maîtrisé, en accord avec l’ensemble du plateau, et, surtout, un beau duo avec Norma avant de culminer dans un final empreint d’émotion.
Bel Oroveso de Sergey Artamonov, basse russe au timbre profond et à la superbe projection.
Saluons aussi la Clotide, parfaitement interprétée, de Karine Ohanyan, fidèle à son talent, et l’excellence habituelle des Chœurs de l’Opéra de Nice.
Aurélie Beltrame-Cristiani
Photos ©Jaussein
Bellini–Norma- Balsadonna/Berloffa–Nice–02/2018
- MariaStuarda
- Basse
- Messages : 7263
- Enregistré le : 13 févr. 2013, 14:33
- Localisation : Paris
- Contact :
Re: Bellini–Norma- Balsadonna/Berloffa–Nice–02/2018
Merci pour ton CR, chanceuse !
Re: Bellini–Norma- Balsadonna/Berloffa–Nice–02/2018
Bernard
Sunt lacrymae rerum et mentem mortalia tangunt Énéide I v
Re: Bellini–Norma- Balsadonna/Berloffa–Nice–02/2018
et là, c'est quand j'ai fini