Verdi - Don Carlos - Jordan/Warlikowski - ONP - 10-11/2017

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Il prezzo
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Re: Verdi - Don Carlos - Jordan/Warlikowski - ONP - 10-11/2017

Message par Il prezzo » 12 nov. 2017, 15:12

faustin a écrit :
12 nov. 2017, 13:27
J'ai quant à moi été frappé par la froideur <<warlikowskienne>> de l'ensemble et je n'ai pas vu les belles images vues par Paco, j'ai trouvé que tout ça était déserté, mais sans doute volontairement, par la beauté.

Faustin
Warlikowski, c'est "Je te maudis, ô ma beauté..." 😉
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Re: Verdi - Don Carlos - Jordan/Warlikowski - ONP - 10-11/2017

Message par faustin » 15 nov. 2017, 19:29

Snobinart a écrit :
11 oct. 2017, 05:50

Je comprends ta remarque Franz, tout comme beaucoup des réserves émises par Paco (mais bon vous avez déjà vu un Don Carlos où les chœurs sont pas en rang d'oignon ?) mais pour moi ce travail marche bien avec une vraie belle cohérence. [...]

Ce flash back qui montre un Don Carlos totalement brisé, démissionnaire au point de tenter de se suicider est vraiment pénible, il ne rend pas justice à ce personnage, certes sensible et émotif mais qui au cours de l'opéra fait preuve d'un grand courage qui va jusqu'à la témérité et qui se sacrifie pour la cause qu'il a embrassée.

On ne peut pas dire que Posa manipule Don Carlos. Il y a de toute évidence une communauté d'esprit entre les deux personnages, qui est fraternelle autant que politique et rien de tel qu'une passion politique commune pour cimenter une amitié. Je ne vois pas comment un metteur en scène pourrait séparer les deux .


Il faut comprendre que si Don Carlos, l'infant, avait été envoyé en Flandres, il aurait été le chef, éventuellement en remlacement du Duc d'Albe, donc il n'aurait pas été trucidé.

La scène d'escrime, et la salle d'escrime qui remplace <<un site riant aux portes du couvent de Saint Just>>, est plus qu'incongrue.

La scène où le roi demande à Posa d'être son conseiller est tout sauf faiblarde , elle est la plus forte qui soit. C'est dans cette scène que le roi révèle sa complexité et sa stature politique. Il a sans doute entrevu l'échec prévisible de sa politique, il sait qu'il est entouré de courtisans malhonnêtes qui ne font que lui mentir et sans doute prépare-t-il, une ouverture. Il est roi, certes, mais il n'est pas tout puissant, c'est ce qu'on comprend quand il dit : <<allez et gardez-vous de mon inquisiteur>> .C'est très fort, il dit <<mon inquisiteur>>, à qui il pourrait donner des ordres et pourtant on comprend que l'inquisiteur est au-dessus de lui. L'inquisiteur représente ce qu'on appelerait aujourd'hui <<l'Etat profond>>.

Les passes d'escrime entre le roi et Posa au cours de leur discussion sont totalement déplacées. On ne peut pas à la fois tenir une discussion très serrée et faire joujou avec des épées.


<<Grande place devant la cathédrale de Valladolid>> Là, la mise en scène de Warlikowski me rend furieux, on est on est dans l'incohérence et l'affaiblissement systématique du propos des auteurs, Schiller, les librettistes et Verdi.


Pas de cathédrale (évidemment) donc l'association du trône et de l'autel, thème capital de l'oeuvre est passée à l'as. Dans le livret c'est le peuple est présent , or ce qu'on nous présente, c'est une assemblée qui semble quelque peu fantomatique. C'est,une nouvelle fois, la dimension politique de la scène qui s'estompe. Une seule personne est victime de l'auto-da-fé.


Le Roi, qui a quand même au cours de l'oeuvre une stature de souverain doué de caractère et une force de volonté, est si stressé qu'il ne cesse de se faire servir des petits verres d'alcool (xérès?) pour se remonter. Son accoutrement, avec cette immense traîne, en fait un personnage ridicule, un roi d'opérette. Roi rongé par son dépit amoureux ? Oui, certainement mais sans doute pas seulement, rongé aussi par l'échec prévisible de sa politique, qu'il ne peut manquer de percevoir, par l'insubordination de son fils, par la toute puissance de l'inquisiteur.

<<L'inquisiteur en prédicateur de télévision>>. Si c'est ça, l'incohérence est totale. Les télévangélistes, aussi fanatiques qu'ils puissent être, da,s certains cas, que je sache sont des protestants. L'inquisiteur est dans le rôle du directeur de conscience , notion qui ne peut exister que dans le catholicisme ; Si le personnage présenté n'est pas l'inquisiteur on se demande bien qui il peut être. Qui peut tenir des propos pareils, qui peut justifier l'assassinat du propre fils du roi par son père au nom du sacrifice de Jésus consenti par Dieu le Père ? Ça ne peut être qu'un fou, un cinglé. Si ce l'est pas l'inquisiteur, il faut le mettre sous haldol .

J suis d'accord que ces vastes espaces nus nuisent à la mise en scène et contribuent à la froideur du spectacle. C'est un des très nombreux défauts de cette scénograhie.


C'est qui Brie van de Kamp ?

Il y avait des chiottes dans la prison ? De là où j'étais, je n'en ai point vu.

Faustin

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Re: Verdi - Don Carlos - Jordan/Warlikowski - ONP - 10-11/2017

Message par faustin » 15 nov. 2017, 20:23

micaela a écrit :
12 oct. 2017, 22:45

L'escrime colle d'ailleurs particulièrement bien, puisque la vraie Eboli aurait perdu un oeil lors d'un duel (j'ignore s'il s'agit d'un vrai duel, ou d'une pratique sportive). Par contre, la mise en scène ne colle pas de bandeau à Eboli (ce qui est d'ailleurs rarement fait, même dans les mises en scène respectant la période historique). Troyanos ou Bumbry en portaient un dans la mise en scène du Met du début des années 80.
Je ne comprends pas. Pourquoi parce que la vraie Eboli aurait été une escrimeuse, il faudrait que là où, dans le livret il y a <<un site riant aux portes du couvent de Saint Just. Une fontaine, des bancs, du gazon, massifs d'oranger, de pins et de lentisques (connais pas). A l'horizon, les montagnes bleues de l'Estremadure. Au fond, la porte du couvent avec un perron de quelques degrés>> il faudrait, dis-je, voir arriver, sur des roulettes une salle d'escrime tout équipée, comme si on était dans autre film.

Les dames chantent, au début de ce tableau:
Qu'il fait bon, assis sous ces arbres
Ecouter bruire sous les marbres
La chanson de la source en pleur!
Qu'l fait bon à l'heure brûlante
Charmer du jour la marce lente
Parmi l'ombre et parmi les fleurs.

Tout ça pour dire que ce tableau commence sur une tonalité de douceur, de charme, d'exaltation de la nature, que la partition rend aussi, ô combien et qui doit bien avoir sa place dans l'économie de l'oeuvre puisqu'à cette détente succèdent des scènes dramatiques. Tout cela est écrasé. Cette salle d'escrime est incongrue et s'il y en a qui trouvent ça intéressant, moi, je la trouve déplacée.

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Re: Verdi - Don Carlos - Jordan/Warlikowski - ONP - 10-11/2017

Message par micaela » 15 nov. 2017, 20:28

Pur répondre à une question posée plus haut, oui, il y a des chiottes dans la "cage-prison" de Carlos. Mais à un bout de la cage, le lavabo à l'autre. Difficile, de la salle, de bien voir les deux : d'où j'étais (second balcon côté jardin) on voyait très bien le lavabo, assez mal les chiottes.
Brie (ou Bree) Van de Kamp est une héroïne de série télé (Desperate housewives). N'ayant pas suivi cette série (juste' vu quelques extraits), je ne sais pas ce qu'elle vient faire là.
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Re: Verdi - Don Carlos - Jordan/Warlikowski - ONP - 10-11/2017

Message par Markossipovitch » 15 nov. 2017, 20:32

Merci Faustin, de remettre un peu l'église au centre du village (si j'ose dire en l'occurrence)...

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Re: Verdi - Don Carlos - Jordan/Warlikowski - ONP - 10-11/2017

Message par Snobinart » 16 nov. 2017, 07:50

Oui enfin on la voit seulement si on met de belles œillères ;-)

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Re: Verdi - Don Carlos - Jordan/Warlikowski - ONP - 10-11/2017

Message par raph13 » 16 nov. 2017, 11:49

faustin a écrit :
15 nov. 2017, 19:29
C'est qui Brie van de Kamp ?

Il y avait des chiottes dans la prison ? De là où j'étais, je n'en ai point vu.

Faustin
Oui, un wc au fond de la cellule.
Bree van de Kamp est un personnage de la série TV "Desperate Housewives", mère au foyer républicaine, "pro-guns" et fervente presbytérienne, archétype de la WASP :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bree_Van_de_Kamp
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Re: Verdi - Don Carlos - Jordan/Warlikowski - ONP - 10-11/2017

Message par faustin » 16 nov. 2017, 12:30

paco a écrit :
12 oct. 2017, 21:32

Markossipovitch a écrit :
12 oct. 2017, 15:59
Elles ne donnent pas vraiment envie. (...) théâtre moribond.... C'est ce qui apparaît sur ces cours extraits. Kaufmann semble se caricaturer (...) la direction d'acteurs est faible
ben... euh,... oui
Mais j'ai l'impression, en lisant les louanges passionnées de beaucoup d'entre nous, que nous ne sommes pas très nombreux à avoir trouvé qu'il s'agissait d'un cru très moyen de la part de Warli (et d'ailleurs, contrairement à Hélène, moi je me suis fortement ennuyé pendant les 3 premiers actes, ce n'est qu'à partir du 4e acte que le spectacle prend réellement son envol et ces trois derniers tableaux sont effectivement bien plus captivant).

Bon, ceci dit, reste la découverte passionnante de quantité de morceaux que l'on n'entend jamais. Rien que pour cela le spectacle mérite d'être vu, revu, re-revu encore, !!



Mon sentiment, c'est que c'est captivant mais en dépit de la mise en scène, et surtout de la scénographie qui est très désagréable, très peu inspirée, froide, pauvre que pour tout dire, je déteste. Ce plateau trop vaste, ce monastère réduit à une grosse boîte rouge vaguement transparente Il y a des partitions et des textes tellement forts que la pire des mises en scène n'arrive pas à les tuer. C'est ce que j'avais éprouvé quand j'avais vu Rigoletto, mise en scène prétentieuse et ridicule de Claus Guth, Rigoletto doublé par un Rigoletto qui se remémore l'histoire etc etc, sa boîte en carton faisant office d'emballage de tout le spectacle, oh la la! Mais j'ai réussi à passer outre tout ce fatras.

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Re: Verdi - Don Carlos - Jordan/Warlikowski - ONP - 10-11/2017

Message par wababelooba » 17 nov. 2017, 02:05

Faustin, j'ai dans l'idée que tu comptabilises
Et que sur ce forum en vain tu t'éternises
Vouant aux gémonies ceux qui,avec toupet
Ont des didascalies aussi peu de respect
Juste pour t'établir , en Grand Inquisiteur
Du post aux cent mill' vues l'indétronable auteur.
Si c'est le noble but que tu t'es assigné
Que ta mauvaise foi te sois donc pardonnée
Et s'il faut que Warli soit voué au bûcher
Pour un de ses travaux les plus désincarnés
Décortique encor' plus , tempête , vitupère
Comme dit l'expression , sodomis' le diptère.

Ps :Excuse les rimes pauvres et les élisions mais à 2 heures du mat ', je n'ai plus toute ma fraîcheur...

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Re: Verdi - Don Carlos - Jordan/Warlikowski - ONP - 10-11/2017

Message par lionrougeetblanc » 17 nov. 2017, 04:09

:clapping:

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