Donizetti - Lucia di Lammermoor - R.Abbado - vc - TCE - 12/09/2017
- PlacidoCarrerotti
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Re: Donizetti - Lucia di Lammermoor - R.Abbado - vc - TCE - 12/09/2017
Bon, je n’ai pas un avis fondamentalement différent de l’espèce de moyenne qui se dégage.
Pratt n’est pas la nouvelle Sutherland, il me semble que ça avait été dit largement avant le concert. Ce n’est pas non plus la nouvelle Anderson. Par rapport à des Lucia plus récentes, on peut préférer Yoncheva et son côté animal « ça passe ou ça casse » (qui perso m’avait bluffé), voire Ciofi pour une charge émotive plus forte avec des moyens bien moindres (mais la dernière fois à Bastille il y avait des soirées avec et d’autres « sans »). Mais tout ça, comme dirait Bernard, c’est le passé.
Parmi les interprètes actuelles du rôle, je trouve que Pratt est supérieure à Damrau (le suraigu est devenu difficile et l’interprétation était trop histrionique). Je n’ai pas encore vu Oropesa dans Lucia (sans doute à Londres, sinon je l’ai eu dans Don Pasquale à Glyndebourne) mais ses moyens et sa technique, quoique de très bon niveau, sont largement inférieurs. Pretty Yende, dont on a fait grand cas récemment, c’est franchement la classe en dessous.
Pratt était un peu fade à certains moments. La folie était plutôt habitée. Il lui faudrait un vrai metteur en scène, mais pour cela il faudra sortir des scènes de province italiennes ou des reprises distribution Z à la Scala.
Elle a eu un beau triomphe (2 mn 30 d’applaudissements au milieu de la folie, c’est rare) : j’espère que les Grandes Voix la réinviteront pour un concert (elle aurait chanté avec Brownlee à la place de Garifullina, on aurait eu une soirée autrement exceptionnelle).
Et puis de toute façon, ça faisait 30 ans que j’attendais le fa dans le duo avec la basse (version Sills) : maintenant je peux mourir.
Sur Paolof, je ne vais pas tout redire : chanteur sous dimensionné en projection, limité en aigu, monochrome mais souvent musical quand la tessiture ne le sollicite pas trop, avec un beau registre mixte.
Salsi très bien mais je ne suis quand même pas au bord de l’extase : ce n’est pas parfait, mais c’est du beau chant italien, à l’ancienne (il fait d’ailleurs les extrapolations classiques à l’aigu que ne font plus les barytons actuels). Même sentiment pour Zanellato, bien chantant mais avec un timbre un peu passe-partout.
Comme beaucoup, coup de cœur pour Xabier Anduaga qui met son rival dans les cordes. Valérie Lemercier m’a moins fait rire que d’habitude.
Du bon et du moins bon dans la direction, plutôt correct : je n’attendais pas Karajan à Vienne mais quand je lis les critiques envers Bonynge …
Chœurs à chier, osons le mot.
Mise en scène inexistante : on aurait dit une version concert.
Pratt n’est pas la nouvelle Sutherland, il me semble que ça avait été dit largement avant le concert. Ce n’est pas non plus la nouvelle Anderson. Par rapport à des Lucia plus récentes, on peut préférer Yoncheva et son côté animal « ça passe ou ça casse » (qui perso m’avait bluffé), voire Ciofi pour une charge émotive plus forte avec des moyens bien moindres (mais la dernière fois à Bastille il y avait des soirées avec et d’autres « sans »). Mais tout ça, comme dirait Bernard, c’est le passé.
Parmi les interprètes actuelles du rôle, je trouve que Pratt est supérieure à Damrau (le suraigu est devenu difficile et l’interprétation était trop histrionique). Je n’ai pas encore vu Oropesa dans Lucia (sans doute à Londres, sinon je l’ai eu dans Don Pasquale à Glyndebourne) mais ses moyens et sa technique, quoique de très bon niveau, sont largement inférieurs. Pretty Yende, dont on a fait grand cas récemment, c’est franchement la classe en dessous.
Pratt était un peu fade à certains moments. La folie était plutôt habitée. Il lui faudrait un vrai metteur en scène, mais pour cela il faudra sortir des scènes de province italiennes ou des reprises distribution Z à la Scala.
Elle a eu un beau triomphe (2 mn 30 d’applaudissements au milieu de la folie, c’est rare) : j’espère que les Grandes Voix la réinviteront pour un concert (elle aurait chanté avec Brownlee à la place de Garifullina, on aurait eu une soirée autrement exceptionnelle).
Et puis de toute façon, ça faisait 30 ans que j’attendais le fa dans le duo avec la basse (version Sills) : maintenant je peux mourir.
Sur Paolof, je ne vais pas tout redire : chanteur sous dimensionné en projection, limité en aigu, monochrome mais souvent musical quand la tessiture ne le sollicite pas trop, avec un beau registre mixte.
Salsi très bien mais je ne suis quand même pas au bord de l’extase : ce n’est pas parfait, mais c’est du beau chant italien, à l’ancienne (il fait d’ailleurs les extrapolations classiques à l’aigu que ne font plus les barytons actuels). Même sentiment pour Zanellato, bien chantant mais avec un timbre un peu passe-partout.
Comme beaucoup, coup de cœur pour Xabier Anduaga qui met son rival dans les cordes. Valérie Lemercier m’a moins fait rire que d’habitude.
Du bon et du moins bon dans la direction, plutôt correct : je n’attendais pas Karajan à Vienne mais quand je lis les critiques envers Bonynge …
Chœurs à chier, osons le mot.
Mise en scène inexistante : on aurait dit une version concert.
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).
Re: Donizetti - Lucia di Lammermoor - R.Abbado - vc - TCE - 12/09/2017
Merci Placido pour ce commentaire en tout point juste.
En tout cas je m'y retrouve de part en part.
B.
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B.
Sunt lacrymae rerum et mentem mortalia tangunt Énéide I v
- MariaStuarda
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Re: Donizetti - Lucia di Lammermoor - R.Abbado - vc - TCE - 12/09/2017
Moi itou.
Je rajouterai juste que si on cite les chanteuses qui se sont attaquées à Lucia ces dernières années, il ne faut pas oublier Sierra qui en fut une très belle à Venise, bien inférieure à Pratt sur le plan technique, mais autrement plus habitée par le rôle (sans parler de la petite Markova avec qui elle était en alternance que je trouve remarquable dans le rôle).
Par ailleurs, puisque la question de la version concert est soulevée, je rappelle que Pratt sera sur la scène du MET (pas gagné en termes de projection ! ) aux côtés d'un Edgardo autrement plus excitant, en la personne de Vittorio.
- Philtre-Isolde
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Re: Donizetti - Lucia di Lammermoor - R.Abbado - vc - TCE - 12/09/2017
Je me lance, même si mon vocabulaire me semble bien pauvre par rapport à d'autres intervenants du site.
Pratt: Extraordinaire. Certes je n'ai pas trouvé qu'elle habitait le rôle. C'est ce que je lui reprochais dans Ciro, Adelaide, Aureliano. La dernière fois que je l'avais entendue, dans La morte di Didone, j'avais pensé qu'enfin, elle savais insuffler une intensité dramatique. Hier, c'était raté. Mais je suis stupéfait de lire des critiques disant "certes c'était très bien techniquement", comme si ça allait de soit. Damrau, Devia, Anderson, Jo ne faisaient pas mieux techniquement (je cite celle que j'ai vues sur scène) et je ne croyais pas plus à leurs états d'âme. Alors certes, on peut préférer, et c'est mon cas, une Lucia plus dramatique. Mais je n'en ai jamais entendue. Callas reste pour moi la référence, mais mais un autre genre.
Fanale: Beau timbre, bonne technique mais rien à faire dans cet entourage. S'il veut interpréter Donizetti, L'elisir ou Don Pasquale me semblent plus appropriés. Mais je l'imagine plus en Don Ottavio.
Salsi: Une merveille de brute épaisse qui envoie très bien l'air difficile du I.
Zanellato: Efficace. Légère tendance à vouloir tirer la couverture à lui en tenant les notes au delà du raisonnable.
Anduaga: Bonne surprise. Mais ayant laissé ma baguette magique au vestiaire, je serais bien incapable de dire quel rôle, rossinien en ou autre, il pourrait assumer.
Lemercier et Amiel: Efficaces (elle plus que lui).
L'orchestre et son chef ont fait correctement leur job.
Pratt: Extraordinaire. Certes je n'ai pas trouvé qu'elle habitait le rôle. C'est ce que je lui reprochais dans Ciro, Adelaide, Aureliano. La dernière fois que je l'avais entendue, dans La morte di Didone, j'avais pensé qu'enfin, elle savais insuffler une intensité dramatique. Hier, c'était raté. Mais je suis stupéfait de lire des critiques disant "certes c'était très bien techniquement", comme si ça allait de soit. Damrau, Devia, Anderson, Jo ne faisaient pas mieux techniquement (je cite celle que j'ai vues sur scène) et je ne croyais pas plus à leurs états d'âme. Alors certes, on peut préférer, et c'est mon cas, une Lucia plus dramatique. Mais je n'en ai jamais entendue. Callas reste pour moi la référence, mais mais un autre genre.
Fanale: Beau timbre, bonne technique mais rien à faire dans cet entourage. S'il veut interpréter Donizetti, L'elisir ou Don Pasquale me semblent plus appropriés. Mais je l'imagine plus en Don Ottavio.
Salsi: Une merveille de brute épaisse qui envoie très bien l'air difficile du I.
Zanellato: Efficace. Légère tendance à vouloir tirer la couverture à lui en tenant les notes au delà du raisonnable.
Anduaga: Bonne surprise. Mais ayant laissé ma baguette magique au vestiaire, je serais bien incapable de dire quel rôle, rossinien en ou autre, il pourrait assumer.
Lemercier et Amiel: Efficaces (elle plus que lui).
L'orchestre et son chef ont fait correctement leur job.
Re: Donizetti - Lucia di Lammermoor - R.Abbado - vc - TCE - 12/09/2017
Parfaitement résuméPlacidoCarrerotti a écrit : ↑13 sept. 2017, 10:48Parmi les interprètes actuelles du rôle, je trouve que Pratt est supérieure à Damrau (le suraigu est devenu difficile et l’interprétation était trop histrionique). Je n’ai pas encore vu Oropesa dans Lucia (sans doute à Londres, sinon je l’ai eu dans Don Pasquale à Glyndebourne) mais ses moyens et sa technique, quoique de très bon niveau, sont largement inférieurs. Pretty Yende, dont on a fait grand cas récemment, c’est franchement la classe en dessous.
Pratt était un peu fade à certains moments. La folie était plutôt habitée. Il lui faudrait un vrai metteur en scène, mais pour cela il faudra sortir des scènes de province italiennes ou des reprises distribution Z à la Scala.
Oh oui, et diable que cela fait du bien !!! Je revenais aux années Mario Sereni, Zancanarro, Boyagian, ... Ils n'avaient pas la classe des Milnes et autres Bruson, mais quel panache ! Panache que je retrouve avec Salsi.PlacidoCarrerotti a écrit : ↑13 sept. 2017, 10:48Salsi (...) c’est du beau chant italien, à l’ancienne (il fait d’ailleurs les extrapolations classiques à l’aigu que ne font plus les barytons actuels).
Re: Donizetti - Lucia di Lammermoor - R.Abbado - vc - TCE - 12/09/2017
Diffusion le 1 octobre me semble-t-ilMariaStuarda a écrit : ↑13 sept. 2017, 07:31J'avoue humblement que je n'ai pas tenu jusque là, primo parce que je m'étais levé à 4h30,deuzio parce que j'en avais assez subi avec Fanale et préférais rester sur la bonne impression d'une scène de la folie techniquement impeccable à défaut de m'avoir fait passer un quelconque frisson.
Je pense que ça a été enregistré. j'écouterai ça afin d'essayer quand même de dire un mot gentil sur cet artiste.
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Donizetti - Lucia di Lammermoor - R.Abbado - vc - TCE - 12/09/2017
Bon, mais je ne promets rien, hein !JdeB a écrit : ↑13 sept. 2017, 15:55Diffusion le 1 octobre me semble-t-ilMariaStuarda a écrit : ↑13 sept. 2017, 07:31j'écouterai ça afin d'essayer quand même de dire un mot gentil sur cet artiste.
Re: Donizetti - Lucia di Lammermoor - R.Abbado - vc - TCE - 12/09/2017
j'ai trouvé que Ciofi (Orange, Marseille, Paris, ...), Dessay (Bastille, Met), Yoncheva (Paris), Markova (Avignon) ont vraiment proposé des conceptions du rôle dramatiquement beaucoup plus fouillées et infiniment plus touchantes. Idem pour Anderson (que Pratt a tendance à imiter un peu dans sa tenue de la première partie, sa coupe de cheveux, certains gestes et un côté BCBG propre aussi à sa prof, L. Cuberli..)Peleo a écrit : ↑13 sept. 2017, 13:36Je me lance, même si mon vocabulaire me semble bien pauvre par rapport à d'autres intervenants du site.
Pratt: Extraordinaire. Certes je n'ai pas trouvé qu'elle habitait le rôle. C'est ce que je lui reprochais dans Ciro, Adelaide, Aureliano. La dernière fois que je l'avais entendue, dans La morte di Didone, j'avais pensé qu'enfin, elle savais insuffler une intensité dramatique. Hier, c'était raté. Mais je suis stupéfait de lire des critiques disant "certes c'était très bien techniquement", comme si ça allait de soit. Damrau, Devia, Anderson, Jo ne faisaient pas mieux techniquement (je cite celle que j'ai vues sur scène) et je ne croyais pas plus à leurs états d'âme. Alors certes, on peut préférer, et c'est mon cas, une Lucia plus dramatique. Mais je n'en ai jamais entendue. Callas reste pour moi la référence, mais mais un autre genre.
Pratt a tout de même chanté Lucia très souvent depuis 10 ans (Florence, Zurich, Bologne, Gênes, Venise, Turin, Melbourne, etc...) et elle se contente encore d'effleurer le personnage et son drame intérieur...
Oui, techniquement c'est étourdissant sauf la rondeur et le fini de l'aigu (très facile et puissant)
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Donizetti - Lucia di Lammermoor - R.Abbado - vc - TCE - 12/09/2017
Pendant la scène de folie elle avait trouvé LE geste de s'effleurer l'épaule comme pour se débarrasser d'une mouche imaginaire
"Gérard Mortier a raison d'offrir Elektra sans entracte"
( Eric Dahan Libération 25/06/2005)
( Eric Dahan Libération 25/06/2005)