Verdi - Otello - Arrivabeni/Mazzonis - Liège - 06/2017
Verdi - Otello - Arrivabeni/Mazzonis - Liège - 06/2017
Otello de Verdi
Chef d'orchestre Paolo Arrivabeni
Metteur en scène Stefano Mazzonis di Pralafera
Décors Carlo Sala
Costumes Fernand Ruiz
Lumières Franco Marri
Chef de choeur Pierre Iodice
~
Otello José Cura
Desdemona Cinzia Forte
Iago Pierre-Yves Pruvot
Cassio Giulio Pelligra
Emilia Alexise Yerna
Lodovico Roger Joakim
Roderigo Papuna Tchuradze
Montano Patrick Delcour
Un Araldo Marc Tissons
Liège, le 20 juin 2017
Depuis 20 ans et sa prise de rôle en mai 1997 à Turin sous la baguette de Claudio Abbado, José Cura a fait d'Otello son rôle fétiche et y a triomphé sur les plus grandes scènes : Barcelone, Berlin, New York, Paris (au Châtelet en mars 2001), Vienne, Zurich, .. Il a même réalisé une mise en scène de l'ouvrage au Teatro Colon de Buenos Aires en juillet 2013. Il y a fait montre du meilleur de son art et du pire versant d'un histrionisme désinvolte avec la partition. Ce soir, malgré un Esultate sans panache et une émission parfois instable, il en a offert un portrait très fouillé, relativement sobre et pathétique, particulièrement émouvant dans la scène finale d'une rare intensité et d'une véritable musicalité, comme déjà projeté outre-monde. Il reste donc l'un des trois meilleurs titulaires au monde de ce rôle redoutable aux côtés de Galouzine et d'Antonenko, plus monolithiques et plus sauvages. En attendant d'y découvrir Kaufmann...
Cinzia Forte dessine une Desdemona très engagée et sensible mais son vibrato gâche ses grandes qualités techniques. Pierre-Yves Pruvot campe un Iago avec beaucoup de justesse psychologique et une rare probité stylistique, une voix riche de noirceur et bien projetée. Tout juste peut-on déplorer quelques sons engorgés. Mais son aplomb scénique emporte tout. On sent qu'il a lu et médité les écrits de Victor Maurel ! Sa vision correspond parfaitement à ce qu’écrivait le créateur du rôle dans son ouvrage Dix ans de carrière :
« Yago est le véritable auteur du drame, il en crée les fils, les recueille, les combine, les entremêle. L’erreur la plus grossière (..) est de le représenter comme une espèce d’homme-démon, de lui mettre sur la face le masque méphistophélique, ou de lui faire faire les yeux sataniques.(…)
Une de ses plus grandes facultés est celle de changer d’aspect selon les personnes avec lesquelles il se trouve, et cela afin de mieux les tromper et les dominer. Dégagé et gai avec Cassio, ironique avec Rodrigue, avec Otello il apparaît bonasse, prévenant, dévotement soumis : avec Emilie, brutal et menaçant ; obséquieux avec Desdémone et Ludovic.
son expression plastique dominante doit être l’impassibilité. (…)Dans le « Credo » seulement, les instincts mauvais qui sont en lui peuvent apparaître, car il n’est vu de personne. Mais encore faut-il une réserve assez grande dans les gestes ; sans cela les principaux effets de cette superbe page de déclamation lyrique se trouveraient amoindris. »
A l’exception de l'Emilia stridente d'Alexise Yerna, les seconds rôles sont très bien tenus avec mention spéciale au Cassio de Giulio Pelligra déjà remarqué en Ismaël l'automne dernier.
Paolo Arrivabeni offre une lecture très personnelle, puissante et raffinée de la partition, avec des tempi inattendus, tandis que la production de Stefano Mazzonis di Pralafera, très traditionnelle, fluide et fidèle, sait convaincre agréablement malgré quelques scories comme l'aquarium où on précipite une maquette d'un navire chétif au moment de la grande tempête...Belle image finale des trois cadavres réunis dans une trinité funèbre.
Ainsi s'achève en beauté une saison qui affiche un taux de remplissage de 100 % tous les soirs !
Jérôme Pesqué
Chef d'orchestre Paolo Arrivabeni
Metteur en scène Stefano Mazzonis di Pralafera
Décors Carlo Sala
Costumes Fernand Ruiz
Lumières Franco Marri
Chef de choeur Pierre Iodice
~
Otello José Cura
Desdemona Cinzia Forte
Iago Pierre-Yves Pruvot
Cassio Giulio Pelligra
Emilia Alexise Yerna
Lodovico Roger Joakim
Roderigo Papuna Tchuradze
Montano Patrick Delcour
Un Araldo Marc Tissons
Liège, le 20 juin 2017
Depuis 20 ans et sa prise de rôle en mai 1997 à Turin sous la baguette de Claudio Abbado, José Cura a fait d'Otello son rôle fétiche et y a triomphé sur les plus grandes scènes : Barcelone, Berlin, New York, Paris (au Châtelet en mars 2001), Vienne, Zurich, .. Il a même réalisé une mise en scène de l'ouvrage au Teatro Colon de Buenos Aires en juillet 2013. Il y a fait montre du meilleur de son art et du pire versant d'un histrionisme désinvolte avec la partition. Ce soir, malgré un Esultate sans panache et une émission parfois instable, il en a offert un portrait très fouillé, relativement sobre et pathétique, particulièrement émouvant dans la scène finale d'une rare intensité et d'une véritable musicalité, comme déjà projeté outre-monde. Il reste donc l'un des trois meilleurs titulaires au monde de ce rôle redoutable aux côtés de Galouzine et d'Antonenko, plus monolithiques et plus sauvages. En attendant d'y découvrir Kaufmann...
Cinzia Forte dessine une Desdemona très engagée et sensible mais son vibrato gâche ses grandes qualités techniques. Pierre-Yves Pruvot campe un Iago avec beaucoup de justesse psychologique et une rare probité stylistique, une voix riche de noirceur et bien projetée. Tout juste peut-on déplorer quelques sons engorgés. Mais son aplomb scénique emporte tout. On sent qu'il a lu et médité les écrits de Victor Maurel ! Sa vision correspond parfaitement à ce qu’écrivait le créateur du rôle dans son ouvrage Dix ans de carrière :
« Yago est le véritable auteur du drame, il en crée les fils, les recueille, les combine, les entremêle. L’erreur la plus grossière (..) est de le représenter comme une espèce d’homme-démon, de lui mettre sur la face le masque méphistophélique, ou de lui faire faire les yeux sataniques.(…)
Une de ses plus grandes facultés est celle de changer d’aspect selon les personnes avec lesquelles il se trouve, et cela afin de mieux les tromper et les dominer. Dégagé et gai avec Cassio, ironique avec Rodrigue, avec Otello il apparaît bonasse, prévenant, dévotement soumis : avec Emilie, brutal et menaçant ; obséquieux avec Desdémone et Ludovic.
son expression plastique dominante doit être l’impassibilité. (…)Dans le « Credo » seulement, les instincts mauvais qui sont en lui peuvent apparaître, car il n’est vu de personne. Mais encore faut-il une réserve assez grande dans les gestes ; sans cela les principaux effets de cette superbe page de déclamation lyrique se trouveraient amoindris. »
A l’exception de l'Emilia stridente d'Alexise Yerna, les seconds rôles sont très bien tenus avec mention spéciale au Cassio de Giulio Pelligra déjà remarqué en Ismaël l'automne dernier.
Paolo Arrivabeni offre une lecture très personnelle, puissante et raffinée de la partition, avec des tempi inattendus, tandis que la production de Stefano Mazzonis di Pralafera, très traditionnelle, fluide et fidèle, sait convaincre agréablement malgré quelques scories comme l'aquarium où on précipite une maquette d'un navire chétif au moment de la grande tempête...Belle image finale des trois cadavres réunis dans une trinité funèbre.
Ainsi s'achève en beauté une saison qui affiche un taux de remplissage de 100 % tous les soirs !
Jérôme Pesqué
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Verdi - Otello - Arrivabeni/Mazzonis - Liège - 06/2017
Tu y vas Jérôme je suppose ...
L'occasion de nous dire si, même avec l'usure, Cura est toujours un fantastique Otello.
L'occasion de nous dire si, même avec l'usure, Cura est toujours un fantastique Otello.
Re: Verdi - Otello - Arrivabeni/Mazzonis - Liège - 06/2017
oui, je vais y aller. Je vous dirai. Histoire de comparer avec ce qu'il fut lui-même dans ce rôle et avec ce que va en faire JK
Un autre ténor très prometteur en Cassio.
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Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Verdi - Otello - Arrivabeni/Mazzonis - Liège - 06/2017
Ce sera intéressant. En 2013 au Met, il était tout simplement abominable dans le rôle au Met. Mais depuis il a été un excellent Tannhaüser sur le Rocher ...MariaStuarda a écrit : ↑14 juin 2017, 15:55Tu y vas Jérôme je suppose ...
L'occasion de nous dire si, même avec l'usure, Cura est toujours un fantastique Otello.
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).
Re: Verdi - Otello - Arrivabeni/Mazzonis - Liège - 06/2017
Etonnant que Liège ait choisi un "has been" (au regard de ses dernières interventions), alors qu'il existe des tenors, moins connus certes, mais qui démontrent encore qu'ils savent tenir le rôle (comme Jean-Pierre Furlan, par exemple, superbe Otello à Massy)
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Re: Verdi - Otello - Arrivabeni/Mazzonis - Liège - 06/2017
José Cura est autrement prestigieux dans une distribution que Furlan ! (il était Otello dans la dernière production du festival de Salzburg l'an dernier à Pâques, un DVD en est sorti).
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère
Mon blog :
https://passionoperaheleneadam.blogspot.fr
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Re: Verdi - Otello - Arrivabeni/Mazzonis - Liège - 06/2017
Un has been Cura ? (et le remplacer par Furlan LOL)
Tu aurais du voir son Tannhauser à Monaco.
Re: Verdi - Otello - Arrivabeni/Mazzonis - Liège - 06/2017
Que ses dernières interventions (enfin certaines...) aient été mauvaises, c'est possible. Mais ça n'en fait pas un has been, juste un chanteur en petite forme (ou en méforme passagère), ou connaissant des problèmes vocaux.
Le sommeil de la raison engendre des monstres (Goya)
Re: Verdi - Otello - Arrivabeni/Mazzonis - Liège - 06/2017
A Liège, en début de saison, il a été un très bon Calaf.