Liège, vendredi 17 mars
J'attendais avec impatience de voir et entendre pour la première fois sur scène cet opéra de Verdi, rarement proposé, et dont la seule connaissance que j'avais était une version de la Felice sur YT, avec, entre autres, Carlo Colombara en Roger.
La représentation a été bien accueillie par le public ; pour ce qui me concerne, je suis restée souvent en-deçà de ce que j'espérais . Une réécoute de l'œuvre semble bien confirmer cette déception … à moins que je n'ai pas eu l'oreille musicale ce soir là !
Pour une fois, je ne dirais pas que c'est la mise en scène du chef de maison qui est en cause, non pas que monsieur
Mazzonis ait changé de méthode : c'est toujours bien à une succession de tableaux qui est proposée mais dans ce cas cela ne pose pas vraiment de problème. Par ailleurs, les décors de
Jean-Guy Lecat et surtout les costumes de
Fernand Ruiz sont de très bonne tenue et efficaces (sauf peut-être les casques des soldats leur donnant une allure "strartrekienne" peu élégante).
J'ai été déçue par la direction de
Speranza Scappucci forte, forte et encore forte ! A force de pousser aux limites et l'orchestre et le chœur, de nombreuses discordances ont fait jour. Ma situation presque au-dessus l'orchestre ne favorise sans doute pas la meilleure écoute mais je l'occupe depuis plus de 30 ans et jamais comme vendredi, je n'ai été aussi fatiguée par un son toujours poussé au maximum !
Côté plateau, on souffle le chaud et le froid …
Même si leurs prestations ont été assez inégales, au final,
Marcel Laho et
Elaine Alvarez nous ont offert de beaux moments dans les rôles de Gaston et Hélène. Marcel Laho, malgré quelques difficultés dans les suraigus de son air "Je veux encore entendre" a incarné avec talents un Gaston très engagé. La voix d'Elaine Alvarez est assez particulière dans certains registres mais je l'avais déjà beaucoup aimée dans le dernier "Ernani" proposé à Liège et, ici encore, elle m'a séduite tant par son jeu que par son interprétation.
Marco Spotti, malade, est remplacé par
Roberto Scandiuzzi pour le rôle de Roger … la voix n'a plus guère de couleurs et la basse peine à de nombreux moments. La prestance en scène est certes impressionnante mais elle ne suffit malheureusement pas !
Le chant d'
Ivan Thirion a bien progressé depuis son rôle dans "Lucia" d'une précédente saison à l'ORW, même s'il a eu du mal parfois à dépasser l'orchestre ! Par contre, sa présence en scène doit encore s'améliorer … il ne faisait guère autorité en Conte de Toulouse. Ce n'est pas le cas du Légat du Pape interprété avec brio par un habitué de la maison,
Patrick Delcour .
Les rôles secondaires sont bien tenus et il faut signaler la belle qualité des brèves interventions de membres du chœur avec un mention particulière pour le héraut de
Benoît Delvaux et l'émir d'
Alexei Gorbatchev.
La représentation était agrémentée en deuxième partie d'un ballet dû au chorégraphe
Gianni Santucci. J'ai surtout apprécié la très belle musique de ce moment, la danse ne m'ayant pas vraiment séduite.
Je ne peux pas dire que j'ai passé une mauvaise soirée mais je regrette que, pour une œuvre si peu donnée, tous les éléments n'aient pas été réunis pour mieux apprécier ce qui, pour moi, est un très bel opéra de Verdi.