Verdi-la Traviata-Luisotti/Decker-MET-03/2017

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HELENE ADAM
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Verdi-la Traviata-Luisotti/Decker-MET-03/2017

Message par HELENE ADAM » 11 mars 2017, 22:43

La Traviata

Giuseppe Verdi

Mise en scène
Willy Decker

Direction Musicale
Nicola Luisotti

Distribution
Sonya Yoncheva (Violetta Valéry)
Michael Fabiano (Alfredo Germont)
Thomas Hampson (Giorgio Germont)



Image

J'ai vu la retransmission en direct du MET ce soir au cinéma. Fabuleuse Yoncheva. CR demain.
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère

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Stefano P

Re: Verdi-la Traviata-Luisotti/Decker-MET-03/2017

Message par Stefano P » 11 mars 2017, 23:17

Yoncheva meravigliosa, tout le reste un peu moins...

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apoline
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Re: Verdi-la Traviata-Luisotti/Decker-MET-03/2017

Message par apoline » 11 mars 2017, 23:27

Yonchera remarquable aux deux et troisième actes, son interprétation dans le premier acte ne m'a pas convaicue avec deux aigus limite faux. Fabiano pas vraiment au top, j'ai trouvé que le couple manquait de passion, de chaleur en comparaison avec la paire Villazon - Netrebko il y a déjà 12 ans à Salzbourg dans cette même mise en scène.

muriel
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Re: Verdi-la Traviata-Luisotti/Decker-MET-03/2017

Message par muriel » 11 mars 2017, 23:31

la plus belle voix du monde, la plus belle Traviata , notamment la fin du II et tout le III.
Grande actrice. Grande musicienne, Grande championne.
Elle se sent comme Roger Federer, j'ai bien compris ?
la mise en scène manque de passion, ses partenaires aussi
Hampson m'a fait penser et regretter Leo Nucci
orchestre somptueux

romance
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Re: Verdi-la Traviata-Luisotti/Decker-MET-03/2017

Message par romance » 12 mars 2017, 00:42

muriel a écrit :
11 mars 2017, 23:31
Hampson m'a fait penser et regretter Leo Nucci
orchestre somptueux
Leo Nucci qui interprétait Germont, jeudi à Milan. Il a été - bien-sûr avec Netrebko -, le triomphateur de la soirée. Sans la "fragilité" perçue au début de son Nabucco monégasque, avec une maîtrise absolue qui lui a valu donc, une véritable ovation. Il n'a pas triché, lui.
(Quant à Netrebko, en Violetta... je ne sais pas si elle "est" Violetta, comme je l'ai lu, mais elle la connaît plutôt bien. Elle se promène, sans efforts,... elle est "rodée". Tant pis si ça choque. Son opulence vocale, sa générosité ont bien amené quelque émotion, mais, comme Sonya -tj à Monaco il y a qqs années-, elle meurt en pleine santé.

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jerome
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Re: Verdi-la Traviata-Luisotti/Decker-MET-03/2017

Message par jerome » 12 mars 2017, 01:26

Une bonne soirée dans l'ensemble mais ça ne fonctionne que très partiellement.
Yoncheva est assez formidable et elle a les moyens vocaux du rôle (même si je n'irai pas jusqu'à dire qu'elle a la plus belle voix du monde, faut quand même pas exagérer).
Fabiano très très bien vocalement mais scéniquement très gauche et un peu flippant au niveau facial ... (ce regard semi-débile, semi-cinglé!!)
Hampson, très bien si on a encore dans l'oreille les prestations catastrophiques in loco de Domingo. Dans l'absolu, ça a de la classe mais c'est assez gris de timbre.
Luisotti dirige très bien.
La mise en scène reste ce qu'elle est: une expérimentation singulière souvent intéressante avec des images fortes mais tout aussi souvent illogique! En outre, à plus d'une reprise, elle casse l'émotion.
J'ai eu un énorme fou rire pendant tout l'air d'Alfredo car au moment où il évoque sa relation depuis quelques mois avec Violetta dans ce lieu enchanteur, la spectatrice assise derrière moi a lâché tout fort: "tu parles d'un lieu enchanteur!!" :lol:
Il faut bien avouer que le décor de cette production est d'une laideur rare...

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Re: Verdi-la Traviata-Luisotti/Decker-MET-03/2017

Message par abfab » 12 mars 2017, 03:22

romance a écrit :
12 mars 2017, 00:42
muriel a écrit :
11 mars 2017, 23:31
Hampson m'a fait penser et regretter Leo Nucci
orchestre somptueux
Leo Nucci qui interprétait Germont, jeudi à Milan. Il a été - bien-sûr avec Netrebko -, le triomphateur de la soirée. Sans la "fragilité" perçue au début de son Nabucco monégasque, avec une maîtrise absolue qui lui a valu donc, une véritable ovation. Il n'a pas triché, lui.
(Quant à Netrebko, en Violetta... je ne sais pas si elle "est" Violetta, comme je l'ai lu, mais elle la connaît plutôt bien. Elle se promène, sans efforts,... elle est "rodée". Tant pis si ça choque. Son opulence vocale, sa générosité ont bien amené quelque émotion, mais, comme Sonya -tj à Monaco il y a qqs années-, elle meurt en pleine santé.
Triomphateur ? Ovation pour Nucci ? Étrange car jeudi, de là où j'étais j'ai clairement entendu un Nucci en méforme (à sa décharge faut-il rappeler que les chanteurs ne sont pas des machines, surtout à cet âge)... au point de se faire franchement huer au rideau par quelques abrutis.

Stefano P

Re: Verdi-la Traviata-Luisotti/Decker-MET-03/2017

Message par Stefano P » 12 mars 2017, 09:36

Impressions fort mitigées après cette Traviata du Met en Live HD : la production est très cheap, avec son fond de scène en tôle ondulée, ses canapés de skaï que l'on trimballe d'un acte à l'autre, ses tentures et housses fleuries assorties aux peignoirs des protagonistes à l'Acte II, une sorte d'apothéose du mauvais goût. Tout ça baigne dans une lumière très crue, avec les visages blafards des choristes, les masques grimaçants, dans une ambiance un peu Eyes wide shut, mais sans le génie glacial de Kubrick. J'ai trouvé assez bonne l'idée d’enchaîner sans pause les deux tableaux du II et le dernier acte, même si évidemment du point de vue de la logique dramatique, c'est un peu à côté de la plaque ; cela donne tout de même une belle tension à l'action, comme une sorte de course à l'abîme. Tout est très centré sur le trio Violetta-Alfredo-Germont, les figurants étant souvent rejetés à la périphérie de la scène ou tout en haut du décor. Violetta est présente sur la scène du début à la fin, et on se demande ce qui resterait de la production si la chanteuse n'était pas à la hauteur de la situation ; heureusement, ce n'est pas le cas de Yoncheva qui aimante littéralement le regard, présence charismatique et vraiment bouleversante. Grande chanteuse et grande musicienne, elle nous offre une prestation magnifique, totalement maîtrisée de bout en bout. On peut pinailler sur quelques aigus un peu limite dans sa grande scène de la fin du premier acte, mais l'ensemble est incroyable de présence et d'intensité, ce qui lui a fait dire dans l'interview de l'entracte qu'après ça, elle se sentait comme Federer à la fin d'un match ! Dans le dernier acte, elle chante l'Addio del passato comme si elle était déjà de l'autre côté, avec une sorte de force intérieure et de nostalgie sereine vraiment admirables ; je ne voudrais pas alimenter la polémique, mais quand on se rappelle des tonnes de pathos que nous a servies Jaho à Orange dans le même air, on peut vraiment saisir la différence entre la pesanteur et la grâce sur une scène d'opéra. Et il y a toujours chez Yoncheva (c'était perceptible aussi dans sa Norma), ces furtives intonations callasiennes qui ne sont pas de l'imitation, mais plutôt de petites réminiscences qui effleurent l'auditeur et renforcent l'émotion.

Le reste du trio n'est pas, à mon avis, à ces hauteurs-là : Fabiano (qui devrait renoncer définitivement à ces ridicules perruques ; il est vraiment beaucoup mieux sans) campe un Alfredo un peu ahuri, border-line, limite dépressif, introverti au point que son émission vocale elle-même est parfois aussi bizarrement retenue, comme si la voix avait du mal à s'épanouir (il faut dire que la mise en scène ne l'aide pas, par exemple quand on lui fait chanter sa cabalette héroïque en enfilant son pantalon et en remontant sa braguette) ; je n'aime pas trop ces histoires de manque d'italianità de la voix, mais dans le cas de Fabiano, cela rend assez bien compte de ce que l'on perçoit : ça manque d'expansion, de générosité, de richesse dans le timbre, c'est toujours trop retenu, trop précautionneux, l'anti-Grigolo pour résumer... Hampson nous fait un Germont méphistophélique, incazzatissimo, à l'allure aussi raide que la ligne vocale monocolore, incapable de nuance, de suavité, très limite parfois dans la justesse, en particulier dans le registre aigu. C'est si glaçant dans l'autorité monolithique qu'on pense parfois à Christopher Lee dans le comte Dracula, et on tremble d'autant plus pour la pauvre Violetta ! Cela dit, la prestation reste évidemment très digne puisque le métier est toujours là, mais l'usure de l'instrument est fort perceptible...

Pour le reste, c'est toujours la grande qualité du Met : orchestre et chœurs impeccables, belle direction de Luisotti. L'hôtesse de la soirée était Isabel Leonard et on peut la rassurer pleinement, elle n'a pas loupé sa vocation : elle est beaucoup plus douée comme chanteuse que comme intervieweuse... :P

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Re: Verdi-la Traviata-Luisotti/Decker-MET-03/2017

Message par muriel » 12 mars 2017, 10:00

Stefano P a écrit :
12 mars 2017, 09:36

Pour le reste, c'est toujours la grande qualité du Met : orchestre et chœurs impeccables, belle direction de Luisotti. L'hôtesse de la soirée était Isabel Leonard et on peut la rassurer pleinement, elle n'a pas loupé sa vocation : elle est beaucoup plus douée comme chanteuse que comme intervieweuse... :P
pas pire que les autres, et d'une beauté qui a impressionné toute la salle

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Re: Verdi-la Traviata-Luisotti/Decker-MET-03/2017

Message par HELENE ADAM » 12 mars 2017, 10:18

Plutôt dans la veine de ce que dit Stefano.
J'ai déjà vu plusieurs fois la mise en scène de Decker (avec des protagonistes divers dont leurs "créateurs" Netrebko, Villazon et Hampson). Elle fonctionne mieux en salle qu'au cinéma surtout avec ce parti pris des prises de vue en plans rapprochés qui ne donnent que rarement une vision globale du plateau, dont l'occupation du haut en bas, de gauche à droite, a pourtant du sens en permanence.
A l'inverse, cela permet de saisir les expressions des artistes et le jeu de Yoncheva est de ce point de vue proche de la perfection, elle habite avec sobriété son personnage et traduit toutes les émotions, les désirs, les peurs (la mort rôde en permanence, symbolisée par le vieil homme qui est aussi le docteur Grévil et par l'horloge énorme qui est, avec les canapés, l'accessoire principal).

J'aime plutôt l'idée de fondre les personnages en permanence dans l'action y compris lors du choeur des bohémiens ou celui des toreros, une Violetta apeurée, son double, un Alfredo perdu, de placer une Violetta imaginaire, heureuse et légère pendant l'air d'Alfredo ("de miei bollenti spiriti"). Il y a un parti pris de fondu-enchainé assez déroutant j'imagine pour celui qui n'aurait jamais vu l'opéra (avec pas mal de contresens de temps et de lieux) mais assez séduisant à l'inverse, pour qui connait la musique et l'histoire.

Ceci dit, pour la réussite de cette étrange mise en scène, il faut sans doute davantage d'alchimie entre les deux amoureux et, j'ai trouvé en effet Fabiano un peu à côté de son rôle, qu'il interprète de manière trop outrée la plupart du temps. Il semble déconcerté par la fantastique capacité d'intériorisation de sa partenaire, par sa réserve et sa simplicité qui font mouche à chaque fois.
Je me suis d'ailleurs fait la réflexion plusieurs fois la concernant : il me semble qu'elle n'a pas trouvé encore un partenaire qui joue et chante comme elle, c'est à dire avec lequel elle trouverait une vraie osmose.

Vocalement Hampson manque désormais de la souplesse vocale et des nuances nécessaires à Germont père même s'il a une classe folle sur scène (comme toujours). Fabiano est très bon en Alfredo désespéré mais beaucoup moins séduisant en Alfredo amoureux. Pas facile d'incarner les évolutions d'un tel personnage (amoureux naïf, sale gosse égoïste et cruel, amoureux désespéré et culpabilisé)...Je ne suis pas sûre que ce rôle lui convienne encore même si le public du MET l'adore manifestement.

Yoncheva est pour moi, à l'heure actuelle, la meilleure Violetta. Je ne reprends pas les éloges de Stefano, c'est exactement ce que je ressens et je ne le dirai pas mieux. C'est la troisième fois que je la vois dans ce rôle et elle me fait toujours autant d'effets. Je regrette d'autant plus qu'elle ait déclaré forfait pour sa Tatianna que j'attendais avec impatience....
Stefano P a écrit :
12 mars 2017, 09:36
Violetta est présente sur la scène du début à la fin, et on se demande ce qui resterait de la production si la chanteuse n'était pas à la hauteur de la situation ; heureusement, ce n'est pas le cas de Yoncheva qui aimante littéralement le regard, présence charismatique et vraiment bouleversante. Grande chanteuse et grande musicienne, elle nous offre une prestation magnifique, totalement maîtrisée de bout en bout. On peut pinailler sur quelques aigus un peu limite dans sa grande scène de la fin du premier acte, mais l'ensemble est incroyable de présence et d'intensité, ce qui lui a fait dire dans l'interview de l'entracte qu'après ça, elle se sentait comme Federer à la fin d'un match ! Dans le dernier acte, elle chante l'Addio del passato comme si elle était déjà de l'autre côté, avec une sorte de force intérieure et de nostalgie sereine vraiment admirables ; Et il y a toujours chez Yoncheva (c'était perceptible aussi dans sa Norma), ces furtives intonations callasiennes qui ne sont pas de l'imitation, mais plutôt de petites réminiscences qui effleurent l'auditeur et renforcent l'émotion.

Très bel orchestre en effet, très belle direction, de la belle ouvrage globalement et une excellente retransmission cette fois.
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère

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