Nabucco à Zürich
Nabucco à Zürich
Il s'agit de la reprise de la production d'Ulrich Senn, avec les magnifiques costumes et décors de Isabella Bywater.
Scéniquement, on se croirait un peu dans un péplum hollywoodien, mais en même temps, le tout reste realtivement sobre : C'est entre le British Museum et Maciste à Babylone, et vraiment rien que pour la robe d'Abigaille ça vaut le coup d'oeil !
Scéniquement par contre, c'est assez monotone : solistes en rang d'oignon, choeurs livrés à eux-mêmes (avec des numéros d'acteurs TRES inégaux chez les choristes).....
Nello Santi est un vieux de la vieille, mais il a de l'énergie à revendre ! Du coup l'orchestre est comme électrisé : c'est précis, rapide, efficace et rondement mené ! Pas de bla-bla, et pas non plus d'épanchements ni de rubato languissant. Ca manque un peu de sensualité, mais au moins on ne s'endort pas !
Stefania Kaluza est une Fenena de première classe. C'est bien simple : sa prière finale fut le plus beau moment vocal de la soirée. Déjà en Mère Marie dans les Dialogues elle m'avait fait grimper au lustre, mais là....je prédis qu'on entendra parler de la mezzo polonaise autre part qu'à Zürich dans les très prochaines années.
Boiko Zvetanov est une caricature de ténor : court sur pattes, les bras ballants, il chante Ismaele comme il lirait le bottin, mais avec un métal tranchant dans la voix, un timbre épais et une projection assurée. Volumineux, pour résumer !
Carlo Colombara est un Zaccharia beaucoup plus classe : son 'Vieni O Levita ' fut une véritable leçon de chant, tout en émotion retenue, avec un legato suave et ample.
Paoletta Marrocu est un peu dépassée par les exigences d'Abigaille : elle est magnétique sur scène et incarne la diabolique esclave jusqu'aux bouts des ongles, mais les graves sont très poitrinés, et le suraigu un peu crié. Par contre, le médium et les aigus sont beaux, soyeux et larges. Le grand air, la cabalette, et sutout son grand duo avec Nabucco furent de purs moments de bonheur verdien...
J'étais assez bouleversé de voir Renato Bruson sur scène. Le grand baryton verdi a toujours ce timbre séduisant, ce médium épanoui et un jeu de scène où l'on sent le metier jusqu'à l'autre bout de la ville de Zürich. Le 'Dio di Giuda' fut tellement intense que j'en ai pleuré. Certes, l'aigu est gaché par un vibrato un peu envahissant, mais quelle voix. Comme il a été ovationné après le grand air du IV, tout à sa joie, il a tenu un aigu final qui ferait passer Corelli pour un asthmatique ! J'ai bien ri !
A vous les studios !
Scéniquement, on se croirait un peu dans un péplum hollywoodien, mais en même temps, le tout reste realtivement sobre : C'est entre le British Museum et Maciste à Babylone, et vraiment rien que pour la robe d'Abigaille ça vaut le coup d'oeil !
Scéniquement par contre, c'est assez monotone : solistes en rang d'oignon, choeurs livrés à eux-mêmes (avec des numéros d'acteurs TRES inégaux chez les choristes).....
Nello Santi est un vieux de la vieille, mais il a de l'énergie à revendre ! Du coup l'orchestre est comme électrisé : c'est précis, rapide, efficace et rondement mené ! Pas de bla-bla, et pas non plus d'épanchements ni de rubato languissant. Ca manque un peu de sensualité, mais au moins on ne s'endort pas !
Stefania Kaluza est une Fenena de première classe. C'est bien simple : sa prière finale fut le plus beau moment vocal de la soirée. Déjà en Mère Marie dans les Dialogues elle m'avait fait grimper au lustre, mais là....je prédis qu'on entendra parler de la mezzo polonaise autre part qu'à Zürich dans les très prochaines années.
Boiko Zvetanov est une caricature de ténor : court sur pattes, les bras ballants, il chante Ismaele comme il lirait le bottin, mais avec un métal tranchant dans la voix, un timbre épais et une projection assurée. Volumineux, pour résumer !
Carlo Colombara est un Zaccharia beaucoup plus classe : son 'Vieni O Levita ' fut une véritable leçon de chant, tout en émotion retenue, avec un legato suave et ample.
Paoletta Marrocu est un peu dépassée par les exigences d'Abigaille : elle est magnétique sur scène et incarne la diabolique esclave jusqu'aux bouts des ongles, mais les graves sont très poitrinés, et le suraigu un peu crié. Par contre, le médium et les aigus sont beaux, soyeux et larges. Le grand air, la cabalette, et sutout son grand duo avec Nabucco furent de purs moments de bonheur verdien...
J'étais assez bouleversé de voir Renato Bruson sur scène. Le grand baryton verdi a toujours ce timbre séduisant, ce médium épanoui et un jeu de scène où l'on sent le metier jusqu'à l'autre bout de la ville de Zürich. Le 'Dio di Giuda' fut tellement intense que j'en ai pleuré. Certes, l'aigu est gaché par un vibrato un peu envahissant, mais quelle voix. Comme il a été ovationné après le grand air du IV, tout à sa joie, il a tenu un aigu final qui ferait passer Corelli pour un asthmatique ! J'ai bien ri !
A vous les studios !
- PaoloAlbiani
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"mais avec un métal tranchant dans la voix, un timbre épais et une projection assurée"
C'est déjà pas si mal, tant d'autres en étant dépourvu....
"'Dio di Giuda' fut tellement intense que j'en ai pleuré. Certes, l'aigu est gaché par un vibrato un peu envahissant, mais quelle voix."
Un très grand, l'un des derniers..... Dans 'Dio di Giuda' sa science du chant fait merveille....
Tu as effectivement du passer un très grand moment.
C'est déjà pas si mal, tant d'autres en étant dépourvu....
"'Dio di Giuda' fut tellement intense que j'en ai pleuré. Certes, l'aigu est gaché par un vibrato un peu envahissant, mais quelle voix."
Un très grand, l'un des derniers..... Dans 'Dio di Giuda' sa science du chant fait merveille....
Tu as effectivement du passer un très grand moment.
Si le grave est uniquement poitriné, et que le timbre ne reste pas 'accroché' au résonnateurs, ça produit une rupture de timbre, et une sorte de voix caverneuse qui plait à certains, mais pas à moi. J'aime entendre les harmoniques aigus dans le grave. Ecoute bien les graves de Shirley Verrett, et tu verras : elle ne poitrine pas, les graves restent mixés, et c'est beaucoup plus musical ....tuano a écrit :C'est pas bien de poitriner les graves ?
Pourquoi ?
je m'immisce, tel monsieur Jourdain, dans ce cours de chant.
Verret a une bonne voix musicale donc, et pourtant je trouve qu'elle casse sa voix quand elle passe dans les graves. je vous dis de suite que je ne connait rien à la technique, alors si ma question est mal venue, vous le dites je vais goûter.
pourrais tu philou expliquer à nouveau avec des exemples?
Verret a une bonne voix musicale donc, et pourtant je trouve qu'elle casse sa voix quand elle passe dans les graves. je vous dis de suite que je ne connait rien à la technique, alors si ma question est mal venue, vous le dites je vais goûter.
pourrais tu philou expliquer à nouveau avec des exemples?
Yves, j'ai cité Verrett parce que j'ai réentendu récemment sa Lady Macbeth et je m'étais dit 'tiens, elle ne poitrine pas du tout, c'est comme dans Abigaille'. Mais il se peut qu'à d'autres moments, elle ait poitriné et que tu l'aies remarqué.
Cossotto est le meilleur exemple qui me vienne à l'esprit, ses graves sont presques toujours mixés : écoute si tu peux son Requiem de Verdi par Karajan avec Price, Ghiaurov et Pavarotti. Dans le 'Liber scriptus' elle nous sort les plus beaux graves que je connaisse, avec ceux de mon présent avatar bien sûr ! Voilà d'ailleurs un autre exemple : écoute Troyanos dans n'importe quoi (Didon par exemple), les graves sont toujours mixés.
Cossotto est le meilleur exemple qui me vienne à l'esprit, ses graves sont presques toujours mixés : écoute si tu peux son Requiem de Verdi par Karajan avec Price, Ghiaurov et Pavarotti. Dans le 'Liber scriptus' elle nous sort les plus beaux graves que je connaisse, avec ceux de mon présent avatar bien sûr ! Voilà d'ailleurs un autre exemple : écoute Troyanos dans n'importe quoi (Didon par exemple), les graves sont toujours mixés.