bajazet a écrit :EdeB a écrit :bajazet a écrit :Tout se passe comme si (c'est mon impression) votre analyse du livret vous rendait sourd à la musique (le Commandeur, le trio des masques, Anna). C'est sûrement ce qui me stupéfait le plus, en l'occurrence.
Quand à la seconde affirmation, elle ne mérite même pas que j'y réponde.
Mea culpa pour l'amalgame, cela visait ton compère Friedmund qui en tenait pour un trio des masques ironique ou bouffe ou je ne sais plus quoi.
Bajazet, si jamais tu faisais référence à cela...
Friedmund a écrit :Un truc auquel je viens de penser... Le trio des masques... des déguisements, des quiproquos... ça ne sentirait pas le buffo à plein nez tou ça?
Friedmund - parti s'abriter dans un bunker le temps que l'orage passe...
... je suis désespéré que tu n'en aies pas saisi le second degré et la distanciation introduite par l'ajout de la signature.
Parce que pour le reste, je rappelle, factuellement, ce que j'ai énoncé tout au long de ces pages:
Friedmund a écrit :Si ma vision bascule très majoritairement du côté du buffo, je n'en récuse pas pour autant que le sang et les larmes coulent sur cette scène. Je dis simplement que ce sang et ces larmes doivent être relativisés comme instrument théatral avant tout. Et que si ces éléments s'apparentent à du serio, ils n'en font pas pour autant que Don Giovanni est un mélange ambigu et équilibré de serio et de buffo. C'est un buffa, dans lequel on a introduit du seria pour coller à l'histoire archi-connue qui y est contée.
Friedmund a écrit :Et si le quatuor était parodique? Et si le stéréotype des réponses conventionnelles d'Anna et Ottavio, pasticcio de seria, n'y contribuait pas également! Come scoglio isolé de son contexte pourrait passer pour un air des plus tragiques...
Idem pour le trio des masques: il y a quand même une véritable démesure entre les sentiments exprimés et la réalité de l'action théatrale du moment. Déjà joué à un tempo décent, l'effet émotionnel du trio change radicalement.
Friedmund a écrit :Que l'on rit et pleure à Don Giovanni est une évidence, ne me faites pas dire non plus ce qu je n'ai pas dit. Cela dit je maintiens que beaucoup d'éléments dans cet équilibre (qui n'en est pas un d'ailleurs de fait par le mélange du seria et du buffa, voir ci-dessus ma réponse à David) attribués à la partie seria n'en sont pas (et je te rejoins volontiers sur le fait que ce que nous trouvons aujourd'hui buffo a pu être classé seria en 1787 et vice-versa), et qu'il ne faut certainement pas prendre trop aux sérieux les mésaventures de nos personnages: tout cela est du théatre, rien que du théatre, de divertissement, où l'on rit, où l'on pleure, mais où tout le temps on se divertit.
La thèse que j'ai défendu tout au long de ces pages est que le sérieux de certains éléments de Don Giovanni est réel mais doit être relativisé, parce qu'il tient en partie du pasticcio (c'est à dire de l'ajout de stéréotypes théatraux, comme celui du seria, entre autres), requisits de cette histoire archi-connue. Dans l'art du pasticcio, il peut y avoir ironie ou non, mais second degré et distanciation toujours.
Par ailleurs, cela n'empêche pas aux larmes et au sang de couler, et à créer de l'effet pathétique, bien entendu, je suis fatigué d'avoir à le rappeller.
Je voudrais quand même bien qu'après avoir écrit pendant 15 pages sur ce fil, mon point de vue ne soit pas systématiquement déformé et caricaturé en "tutto buffo", cela fait au moins la quatrième fois que je m'en insurge explicitement...