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Posté : 26 juin 2008, 23:19
par tuano
J'ai voté Olivero et cela représente des remords terribles pour moi. J'avais acheté il y a longtemps un disque soldé mais censé être neuf chez un disquaire du 14e arrondissement de Paris qui n'existe plus. J'ai eu la surprise de voir en ouvrant le disque qu'il était... dédicacé et daté par Magda Olivero elle-même !
Pourquoi me suis-je débarrassé de ce disque par la suite ?? 8O
Son "Io son l'umile ancella" était pourtant fantastique, à la fois très modeste et terriblement divesque.

Si un ODBien a récupéré ce disque à la Chaumière ou autre, je serais curieux de savoir qui !

Posté : 24 juil. 2008, 10:15
par Leyla
L'Adriana d'Olivero est très belle, mais son medium aigrelet est souvent gênant. La plus grande Adriana est pour moi Leyla Gencer, qui n'a chanté ce rôle qu'une fois à Naples, en décembre 1966 sous la direction d'Oliviero de Fabritiis. Elle est idéale, car elle possède à la fois un medium rond et chaud à l'époque, et les aigus ppp nécessaires au rôle (l'air d'entrée est divin), le lyrisme et les éclats dramatiques (la scène de Phèdre est électrisante). Enregistrement difficile à trouver, chez Bongiovanni.

Posté : 24 juil. 2008, 13:10
par valery
L'enregistrement CBS est pour moi un bijou: quelle distribution!
Je ne connaissais pas l'oeuvre quand un ami m'a fait entendre comme première écoute le monologue de Phèdre, qui est traduit littéralement du français à l'italien. Quel choc cela a été pour moi! Ce théâtre dans le théâtre, avec ses sous-entendus...
Olivero n'est pas mal non plus dans ce passage.
Evidemment Sutherland réciterait l'annuaire que je trouverais cela encore stupéfiant :o) mais Scotto est idéale pour moi.
Freni avait aussi une belle autorité à Bastille. J'avais l'impression que sa voix était 2 fois plus importante que toutes les autres voix des artistes partageant l'affiche avec elle... Ce n'était peut-être pas qu'une impression :o)

Posté : 24 juil. 2008, 15:25
par aurele
Le live de Paris du 7 avril 1975 avec Caballé dans le rôle titre, Domingo en Maurizio, Janet Coster en Principessa di Bouillon est dans l'ensemble très intéressant. Cet opéra est surtout très intéressant pour le côté de l'orchestration (le motif des violettes qui est repris plusieurs fois est magnifique notamment lors du prélude de l'Acte IV) et pour son dramatisme. L'air "Io l'umile ancella" est jolie et est très bien chanté par Caballé. Le "Poveri fiori" de Caballé est un des plus beaux que j'ai entendu. Janet Coster que je n'avais jamais entendu auparavant m'a fait une bonne impression en Principessa même si elle force un peu trop sa voix (j'adore "Acerba voluttà...O vagabonda stella"). Le monologue de Phèdre au IIIe acte est vraiment très bien interprété par Caballé. Ce rôle permet à Caballé de montrer son talent dramatique. Placido Domingo est un charmant Maurizio même si ce n'est pas son rôle qui comporte les meilleures pages.

Posté : 24 juil. 2008, 15:57
par paco
valery a écrit :Freni avait aussi une belle autorité à Bastille. J'avais l'impression que sa voix était 2 fois plus importante que toutes les autres voix des artistes partageant l'affiche avec elle... Ce n'était peut-être pas qu'une impression :o)
je me souviens aussi de cette puissance, que j'avais trouvé par moments un peu "too much", j'aurais aimé plus de nuances, surtout dans la dernière scène. Ceci dit ça avait été une très belle prestation.

je n'ai jamais vu Scotto ds ce rôle, mais comme d'autres OdBiens sur ce fil, je l'imagine assez comme interprète idéale

Posté : 24 juil. 2008, 21:33
par tuano
Freni n'est pas un (petit) soprano lyrique ? On dirait que vous parlez de Ghena Dimitrova !

Est-ce possible de hurler les airs d'Adriana, si élégiaques ?

Posté : 24 juil. 2008, 21:54
par Leyla
tuano a écrit :Freni n'est pas un (petit) soprano lyrique ? On dirait que vous parlez de Ghena Dimitrova !

Est-ce possible de hurler les airs d'Adriana, si élégiaques ?
Je vous conseille d'écouter Leyla pour l'élégie : elle est insurpassable. Elle console du fait que Callas, qui aurait été l'idéal absolu, n'ait pas abordé le rôle autrement que par les deux airs dans son disque récital de 1954. Callas interprétant ces deux airs avec une approche de belcantiste et une infinie variété de couleurs surpasse toutes les autres, Olivero, Scotto ou Caballé comprises.
Aujourd'hui, Nelly Miricioiu est sans doute la seule Adriana intéressante, car elle se situe précisément dans la lignée de Callas et Gencer, à la fois belcantiste émérite et découvreuse de partitions véristes oubliées. Elle chantera le rôle à Londres l'an prochain. Courez-y !

Posté : 24 juil. 2008, 22:46
par raph13
J'avais lu le plus grand bien sur l'Adriana de Manon Feubel il y a quelques années à Lausanne. Est-ce que quelqu'un l'a entendu dans ce rôle? Pour ma part je l'avais trouvé excellente dans La Forza del Destino en Avignon en mars 2006.

Posté : 25 juil. 2008, 08:19
par Polyeucte
tuano a écrit :Freni n'est pas un (petit) soprano lyrique ? On dirait que vous parlez de Ghena Dimitrova !
Dans les années 90, on ne peut plus parler d'un (petit) soprano lyrique... La voix s'était élargie à partir de la fin des années 70 et cela lui a permit de chanter des rôles comme Elisabeth, Aïda...
Et après, il y a aussi une question de projection... hors ceux qui l'ont vu m'ont dis qu'elle avait une très bonne projection!

J'aime beaucoup son Adrienne Lecouvreur, que ce soit à Paris ou à La Scala avec Cossotto vieillissante en Princesse de Bouillon, mais qui donne encore de la voix! Et la mise en scène très traditionnelle est superbe!

Sinon, Tebaldi est superbe aussi en Adrienne...

Posté : 25 juil. 2008, 09:16
par paco
tuano a écrit :Freni n'est pas un (petit) soprano lyrique ? On dirait que vous parlez de Ghena Dimitrova !

Est-ce possible de hurler les airs d'Adriana, si élégiaques ?
non, rassures-toi tuano, j'ai dû utiliser des mots un peu exagérés, Freni n'a pas hurlé les airs d'Adriana, simplement la palette de couleurs qu'elle a utilisées à Bastille allait du mezzoforte au forte, il n'y a eu que de rares piani. Mais encore une fois je te rassure, les forte n'étaient pas hurlés, ils étaient ronds, extrêmement bien projetés, chauds, parfaitement maîtrisés y compris dans l'aigu et le grave, ils sonnaient très naturel, sans effort, bref c'était de la très belle musique, pas du cri ! ;-)

Pour le reste la Freni des années post 70 n'avait plus rien à voir avec le timbre très délicat de sa Butterfly avec Karajan, la voix s'était assombrie, le medium était devenu très rond, chaud, et la projection était extraordinaire (quelle puissance sortant d'un si petit gabarit physique). Le tout avec une musicalité et un professionnalisme légendaires. On ne pouvait plus parler d'un petit soprano lyrique, Susanna était bien loin...