Récitals mozartiens
Récitals mozartiens
Des préférences dans ce registre ?
Je viens d'en réécouter deux :
Celui de Janet Baker (1985, Erato, dirigé par Leppard) auquel je reviens depuis 20 ans alors même qu'il est incontestablement non seulement tardif, mais en plus raté. Les airs alternatifs de Suzanne et ceux pour Villeneuve sont franchement tristounets : la voix est tout simplement élimée, on la sent à bout de ressource et même de simple substance, tout grisonne assez peu joliment et on cherchera en vain le sourire ou la chair indispensables à ces airs (quand je pense que c'est pour moi une des voix les plus érotiques du monde). C'est mieux pour le "chi'o mi scordi di te" (version avec piano) parce que le grand ton mélancolique lui va bien et j'aime assez son Motet, chanté, probablement par nécessité, avec beaucoup de réserve et de délicatesse, effleuré presque, mais avec une belle méditation (évidemment) dans la section lente et une application musicienne à rendre les fioritures et même le contre-ut. Bref, Baker est une si grande chanteuse, que tout ce qu'elle fait est artistiquement fait, j'adore son timbre, j'adore cette musique ... mais je ne peux pas conseiller ce disque.
Celui de Barbara Hendricks (EMI, dirigé par Tate) est à l'inverse absolu : tout n'est que timbre solaire, ton radieux, flot de notes, ferveur juvénile et legato imperturbable (elle substitue d'ailleurs aux notes piquées de l'air de Pamina des notes liées ravissantes mais hors sujet). On a rarement autant entendu Rosine et ses 20 ans derrière la comtesse dans le grand air. J'aime beaucoup aussi et j'ai écouté le disque en boucle, même si l'imagination est un peu courte, la grammaire technique un peu sommaire (pas de reprise piano sur le souffle, pas de trille et des appogiatures mal articulées), l'italien soigné mais embarrassé. Elle respire le naturel et surtout quelque chose d'un peu éperdu et enthousiaste, très mozartien et très romantique à la fois (ou peut-être du Mozart revu par les Romantiques ?). A noter, pour cette édition, le texte d'accompagnement par André Tubeuf, reconnaissable dès le premier paragraphe.
Je viens d'en réécouter deux :
Celui de Janet Baker (1985, Erato, dirigé par Leppard) auquel je reviens depuis 20 ans alors même qu'il est incontestablement non seulement tardif, mais en plus raté. Les airs alternatifs de Suzanne et ceux pour Villeneuve sont franchement tristounets : la voix est tout simplement élimée, on la sent à bout de ressource et même de simple substance, tout grisonne assez peu joliment et on cherchera en vain le sourire ou la chair indispensables à ces airs (quand je pense que c'est pour moi une des voix les plus érotiques du monde). C'est mieux pour le "chi'o mi scordi di te" (version avec piano) parce que le grand ton mélancolique lui va bien et j'aime assez son Motet, chanté, probablement par nécessité, avec beaucoup de réserve et de délicatesse, effleuré presque, mais avec une belle méditation (évidemment) dans la section lente et une application musicienne à rendre les fioritures et même le contre-ut. Bref, Baker est une si grande chanteuse, que tout ce qu'elle fait est artistiquement fait, j'adore son timbre, j'adore cette musique ... mais je ne peux pas conseiller ce disque.
Celui de Barbara Hendricks (EMI, dirigé par Tate) est à l'inverse absolu : tout n'est que timbre solaire, ton radieux, flot de notes, ferveur juvénile et legato imperturbable (elle substitue d'ailleurs aux notes piquées de l'air de Pamina des notes liées ravissantes mais hors sujet). On a rarement autant entendu Rosine et ses 20 ans derrière la comtesse dans le grand air. J'aime beaucoup aussi et j'ai écouté le disque en boucle, même si l'imagination est un peu courte, la grammaire technique un peu sommaire (pas de reprise piano sur le souffle, pas de trille et des appogiatures mal articulées), l'italien soigné mais embarrassé. Elle respire le naturel et surtout quelque chose d'un peu éperdu et enthousiaste, très mozartien et très romantique à la fois (ou peut-être du Mozart revu par les Romantiques ?). A noter, pour cette édition, le texte d'accompagnement par André Tubeuf, reconnaissable dès le premier paragraphe.
l'enlevement de Clarissa a été un des évènements de ma jeunesse.
Re: Récitals mozartiens
Il faut connaître les récitals de Blake et de Réti chez les ténors, de Tajo pour les basses et de Margaret Price.
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
Odb-opéra
Odb-opéra
Re: Récitals mozartiens
Ah je n'aurais pas pensé à Blake, que j'aime assez mais je trouve généralement peu gracieux et a priori donc peu mozartien (à mes oreilles, je veux dire). Merci pour la suggestion.
l'enlevement de Clarissa a été un des évènements de ma jeunesse.
Re: Récitals mozartiens
moi mes albums mozartiens préférés sont:
Re: Récitals mozartiens
J'aime beaucoup le CD Mozart de Marina Rebeka.
Si on remonte dans le temps, Reti, Moser, Gruberova pour les airs de concert, et Bartoli (avec Come scoglio).
Si on remonte dans le temps, Reti, Moser, Gruberova pour les airs de concert, et Bartoli (avec Come scoglio).
Re: Récitals mozartiens
Réécoute, pour continuer dans ce registre, du disque de Carol Vaness (1990 - RCA - pochette minable avec couverture vilaine en plus). Je l'avais acheté sur les conseils de Jean-Didier () peu attiré a priori par les voix avec des vibratos larges et des émissions un peu épaisse (j'aime plutôt les timbres claires et les émissions légères). Mais là c'est tellement bien chanté et caractérisé que même Hager, baguette molle pour les intimes, n'arrive pas à gâcher mon plaisir, sauf qu'il éteint un peu la folie d'Elettra (mais Vaness, magnifique dans le récitatif, m'a réjoui en CHANTANT la descente piquée finale, en belcantiste, sans la transformer en ricanement). Quelques réserves : les consonnes qui disparaissent à la fin du grand air de Vitellia, les vocalises de Donna Anna pas très claires, une difficulté à trouver le sourire et ton quasi mutin d'"Idol Mio" (pas d'humour chez Fiordiligi non plus, même si l'hystérie manifeste est amusante en soi). C'est que c'est un disque "grand genre", très sérieux, très seria. Le timbre est particulièrement sombre (un des plus sombres que je connaisse pour un soprano), un peu opaque et Vaness accentue encore ce côté mezzo en poitrinant très haut. Mais le plus important c'est la maitrise complète des tessitures (y compris Fiordiligi, y compris Vitellia, y compris Sesto : dans le deuxième air de Vitellia j'ai rarement entendu une voix aussi glorieuse d'un bout à l'autre de la tessiture), la pureté des vocalises (souvent ébouriffantes, avec des trilles superbes - le premier air de Vitellia en montre de beaux exemples), la variété des accents, la noblesse du profil (symptomatiquement, le grand drapé de "Zeffiretti" lui va bien mieux que l'aurore d'"Idol Mio"), la franchise des attaques. Finalement, c'est devenu un des mes disques mozartiens favoris, il est dommage qu'il ne soit pas plus connu.
l'enlevement de Clarissa a été un des évènements de ma jeunesse.
Re: Récitals mozartiens
Je vais sans doute écouter le récital Moffo, que signale Jérôme, dans les jours à venir (ce sera une découverte). C'est assez amusant, c'est une chanteuse que je n'aime pas beaucoup (je ne lui reproche rien, c'est moi qui ai souvent du mal avec sa voix et sa manière) mais j'ai énormément de ses récitals.
Je me rappelle avoir été agacé par Segalini qui disait qu'il fallait absolument chanter Mozart comme Moffo, à l'italienne et non pas à l'allemande (il avait dans le collimateur toutes les chanteuses germaniques que j'aime dans ce répertoire).
Blake et Réti on été mentionnés deux fois, décidément, je note, même si mon affection pour la voix de Palacio me rend curieux à l'égard du disque dont Jérôme parle.
Et je me souviens aussi avoir été faire une recherche pour savoir qui était Marina Rebeka, car Peleo mentionnait déjà ce disque dans une liste consacrée à ses récitals favoris, de manière générale.
Je me rappelle avoir été agacé par Segalini qui disait qu'il fallait absolument chanter Mozart comme Moffo, à l'italienne et non pas à l'allemande (il avait dans le collimateur toutes les chanteuses germaniques que j'aime dans ce répertoire).
Blake et Réti on été mentionnés deux fois, décidément, je note, même si mon affection pour la voix de Palacio me rend curieux à l'égard du disque dont Jérôme parle.
Et je me souviens aussi avoir été faire une recherche pour savoir qui était Marina Rebeka, car Peleo mentionnait déjà ce disque dans une liste consacrée à ses récitals favoris, de manière générale.
l'enlevement de Clarissa a été un des évènements de ma jeunesse.
Re: Récitals mozartiens
Poursuite d'un "dimanche à la campagne avec Mozart". Récital de Sumi Jo (Erato). Je m'arrête moins longtemps sur le sujet, mais je trouve la justesse et l'intelligence de cette fille épatantes. Ce sont, pour l'ensemble, des airs très vocalisants et suraigus, elle chante ça en se promenant (un mi naturel à faire pâlir la jeune Gruberova), avec toujours cet incroyable densité du son, ce placement si sûr, quasi étincelant, cette articulation parfaite des traits virtuoses. Et en même temps, la diction est d'une précision toujours impeccable (presque implacable d'ailleurs) et puis il y a surtout quelque chose d'un peu indéfinissable qui me fait tout le temps penser "ah oui, c'est comme ça qu'il faut le faire" que ce soit pour le phrasé (je pense à une variation inédite pour moi dans L'Amero, saro costante"), pour le style ou pour le geste expressif (la Suzanne croquée en quelques lignes de récitatif).
Quand je pense à la vaste blague que constituent ses Reines de la Nuit frigides et inertes au disque ...
Quand je pense à la vaste blague que constituent ses Reines de la Nuit frigides et inertes au disque ...
l'enlevement de Clarissa a été un des évènements de ma jeunesse.
Re: Récitals mozartiens
J'avais oublié le récital Vaness en effet.
Étant en vacances à Pesaro, je n'ai pas tout en tête.
On y a d'ailleurs entendu du Mozart hier pendant le concert Abdrazakov avec l'air du catalogue et la sérénade. Il y était SUPERBE.
Étant en vacances à Pesaro, je n'ai pas tout en tête.
On y a d'ailleurs entendu du Mozart hier pendant le concert Abdrazakov avec l'air du catalogue et la sérénade. Il y était SUPERBE.
Re: Récitals mozartiens
Merci pour tous ces conseils ! Oserais-je la monomanie en conseillant les quelques airs de Mozart du récital classique (Mozart-Haydn-Gluck) d'Anne-Sofie von Otter (même si elle aurait dû mettre le grand air de Sesto plutôt que celui de Vitellia comme clotûre du récital).
La liste de jerome permet de rappeler que même si Grubie clive dans ses exploits actuels et récents, l'écoute de ses récitals Mozart (surtout celui d'airs de concert) est un vrai bonheur !
La liste de jerome permet de rappeler que même si Grubie clive dans ses exploits actuels et récents, l'écoute de ses récitals Mozart (surtout celui d'airs de concert) est un vrai bonheur !