Ermione de Rossini
Re: Ermione de Rossini
il y a aussi la fabuleuse version caballé horne Merrit & Blake mais tu n'as indiqué que les versions "officielles"?
- PlacidoCarrerotti
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Re: Ermione de Rossini
Ah que c'était bon !
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).
Re: Ermione de Rossini
et en live:
Re: Ermione de Rossini
Chouette! Elles ont toutes les deux les tenues de scène de Demis Roussosjerome a écrit :et en live:
Re: Ermione de Rossini
Loïs a écrit :
Chouette! Elles ont toutes les deux les tenues de scène de Demis Roussos
« Life’s but a walking shadow, a poor player / That struts and frets his hour upon the stage / And then is heard no more. It is a tale / Told by an idiot, full of sound and fury, / Signifying nothing. »
— Shakespeare, Macbeth
— Shakespeare, Macbeth
Re: Ermione de Rossini
mon pseudo indique tout l'intérêt que je porte à cette oeuvre-là C'est à mon sens un des opéras majeurs du compositeur: dramaturgie, audace musicale, richesse mélodique et orchestration somptueuse. Le finale du premier acte (à partir du sublime "Sperar... Temer... Poss'io? ") me met en particulier en transe à chaque écoute.
Concernant la discographie / videographie :
La version Scimone est très recommandable. Pour ma part j'ai "appris" l'oeuvre en écoutant ces deux CD en boucle. Objectivement, cette version est pourtant bourrée de défaut :
Zimmerman bèle et beugle à tout-va (son aria di sortita donne le mal de mer : une vraie épreuve). Merritt (génial !) gente Oreste alors qu'il possède la typologie vocale de Pirro. Palacio, comme toujours impeccable et grand musicien, peine dans les passages les plus périlleux (là où Merritt aurait brillé de tous ses feux). Gasdia, bien qu'elle enfile une fois encore un costume trop grand pour elle, demeure la meilleure Ermione qu'il m'ait été donné d'entendre : technique rossinienne sûre, présence et incarnation troublante, beauté de l'instrument... Disons que ses qualités rachètent les defauts d'ampleur de la voix. Enfin, Alaimo est parfait dans son rôle très court.
L'orchestre fait du zim-boum-boum à la Scimone, mais le finale du 1 est vraiment réussi : même Zimmerman nous offre des sonorités de velours dans "Sperar... Temer... Poss'io? " qui ont largement de quoi mettre à genoux l'auditeur.
La version de Pesaro meriterait tous les éloges (blake, horne, Merritt : l'âge d'or du chant rossinien), sans Caballe. Fan absolu de la chanteuse catalane, je dois avouer que sa prestation à de quoi éloigner pour toujours les sceptiques du Rossini serio : vocalises savonnées, passages escamotés, absence de caractérisation vocale et scénique... La voix même (de miel et d'or, comme disait Segalini) n'est plus au zénith. Ce qu'elle fait ici gâche une soirée qui, avec Gasdia, serait entré au panthéon des grandes soirées rossiniennes.
La version Perry est à fuir absolument : je la juge calamiteuse à tous points de vue et ne mérite pas une analyse détaillée. Les années 80 sont bien loin
Quant au DVD de Glyndebourne, il est intéressant à plusieurs égards. Antonnacci (superbe à regarder) accuse, selon moi, toujours les mêmes défauts : voix intéressante dans le médium, elle se déchire malheureusement dans l'aigu, dès le haut médium. Elle n'est de plus pas réellement brillante dans la vocalise. Mais l'interprète fascine : femme blessée jusqu'au-boutiste, Ermione est bien là, vibrante et troublante.
Montague a un fort joli timbre et une technique aguerrie : je la trouve juste un peu légère pour un contralto serio rossinien, surtout de la période napolitaine. Très subjectivement, je n'aime pas les deux ténors : passe Bruce Ford (acceptable malgré l'instrument médiocre et la technique défaillante, à des années lumières derrière Blake et Merritt), mais M. Lopez-Yanez (que je ne connaissais pas) s'effondre dans Pirro. "Balena in man del figlio" est difficilement acceptable.
Je ne connais pas encore la version Abaddo. Dans l'attente de vos commentaires...
Concernant la discographie / videographie :
La version Scimone est très recommandable. Pour ma part j'ai "appris" l'oeuvre en écoutant ces deux CD en boucle. Objectivement, cette version est pourtant bourrée de défaut :
Zimmerman bèle et beugle à tout-va (son aria di sortita donne le mal de mer : une vraie épreuve). Merritt (génial !) gente Oreste alors qu'il possède la typologie vocale de Pirro. Palacio, comme toujours impeccable et grand musicien, peine dans les passages les plus périlleux (là où Merritt aurait brillé de tous ses feux). Gasdia, bien qu'elle enfile une fois encore un costume trop grand pour elle, demeure la meilleure Ermione qu'il m'ait été donné d'entendre : technique rossinienne sûre, présence et incarnation troublante, beauté de l'instrument... Disons que ses qualités rachètent les defauts d'ampleur de la voix. Enfin, Alaimo est parfait dans son rôle très court.
L'orchestre fait du zim-boum-boum à la Scimone, mais le finale du 1 est vraiment réussi : même Zimmerman nous offre des sonorités de velours dans "Sperar... Temer... Poss'io? " qui ont largement de quoi mettre à genoux l'auditeur.
La version de Pesaro meriterait tous les éloges (blake, horne, Merritt : l'âge d'or du chant rossinien), sans Caballe. Fan absolu de la chanteuse catalane, je dois avouer que sa prestation à de quoi éloigner pour toujours les sceptiques du Rossini serio : vocalises savonnées, passages escamotés, absence de caractérisation vocale et scénique... La voix même (de miel et d'or, comme disait Segalini) n'est plus au zénith. Ce qu'elle fait ici gâche une soirée qui, avec Gasdia, serait entré au panthéon des grandes soirées rossiniennes.
La version Perry est à fuir absolument : je la juge calamiteuse à tous points de vue et ne mérite pas une analyse détaillée. Les années 80 sont bien loin
Quant au DVD de Glyndebourne, il est intéressant à plusieurs égards. Antonnacci (superbe à regarder) accuse, selon moi, toujours les mêmes défauts : voix intéressante dans le médium, elle se déchire malheureusement dans l'aigu, dès le haut médium. Elle n'est de plus pas réellement brillante dans la vocalise. Mais l'interprète fascine : femme blessée jusqu'au-boutiste, Ermione est bien là, vibrante et troublante.
Montague a un fort joli timbre et une technique aguerrie : je la trouve juste un peu légère pour un contralto serio rossinien, surtout de la période napolitaine. Très subjectivement, je n'aime pas les deux ténors : passe Bruce Ford (acceptable malgré l'instrument médiocre et la technique défaillante, à des années lumières derrière Blake et Merritt), mais M. Lopez-Yanez (que je ne connaissais pas) s'effondre dans Pirro. "Balena in man del figlio" est difficilement acceptable.
Je ne connais pas encore la version Abaddo. Dans l'attente de vos commentaires...
Balena in man del figlio
L'asta di Achille ancora,
Né sa temer periglio
Di Troja il vincitor.
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- PlacidoCarrerotti
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Re: Ermione de Rossini
C'est une vraie caricatureermione a écrit :
La version de Pesaro meriterait tous les éloges (blake, horne, Merritt : l'âge d'or du chant rossinien), sans Caballe. Fan absolu de la chanteuse catalane, je dois avouer que sa prestation à de quoi éloigner pour toujours les sceptiques du Rossini serio : vocalises savonnées, passages escamotés, absence de caractérisation vocale et scénique... La voix même (de miel et d'or, comme disait Segalini) n'est plus au zénith. Ce qu'elle fait ici gâche une soirée qui, avec Gasdia, serait entré au panthéon des grandes soirées rossiniennes.
Sauf erreur de ma part, il s'agit de l'enregistrement de la générale. De mémoire, à la première c'était pire (il faudra que je réécoute).
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).
Re: Ermione de Rossini
A propos de Caballe à Pesaro, on connait une célèbre anecdote. Huée par une partie du public, elle s'empare d'une partition d'un des musiciens et la tend en public, d'un air de dire : "j'ai chanté ce qui est écrit. Adressez-vous au compositeur si ca ne vous a pas plu..."
Balena in man del figlio
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- jean-didier
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Re: Ermione de Rossini
Merci Ermione pour ce passage en revue des différentes versions. Il n'y en a aucune d'idéal, mais moi aussi j'ai été "élevé" à la version Scimone que j'ai aussi écouté en boucle (notamment en prépa quand je révisais, c'était un de mes carburants !). J'ai trouvé la version Antonacci ennuyeuse à l'extrême, et la version Caballé reste palpitante si on retire le rôle-titre (et pour mon cas Horne que je ne supporte pas dans Rossini).