Discographie de la Médée de Cherubini
Discographie de la Médée de Cherubini
Bref rappel, déboîté du fil sur la prochaine Medea à Toulouse et Paris :
Version française d'origine :
? chez Dynamic, avec Iano Tamar
? extraits avec Rita Gorr et Chauvet (EMI, dans le coffret Le Chant français)
Version italienne : ont été recommandés prioritairement
? la version studio de Callas (dir. Serafin), EMI
? le live de Milan avec Callas, dir. Bernstein, EMI
Mais quid des témoignages de Callas avec Vickers ? J'avoue ne pas les connaître. Deux sont au catalogue :
? dir. Schippers (Milan 1961), avec Simionato, chez Opera d'Oro
? dir. Rescigno (Dallas), avec Berganza, chez Gala
Pouvez-vous en dire quelque chose ? L'une des deux est-elle préférable ? Quelle qualité du son ?
D'autre part, comment est la version avec Sylvia Sass (Hungaroton) ?
Version française d'origine :
? chez Dynamic, avec Iano Tamar
? extraits avec Rita Gorr et Chauvet (EMI, dans le coffret Le Chant français)
Version italienne : ont été recommandés prioritairement
? la version studio de Callas (dir. Serafin), EMI
? le live de Milan avec Callas, dir. Bernstein, EMI
Mais quid des témoignages de Callas avec Vickers ? J'avoue ne pas les connaître. Deux sont au catalogue :
? dir. Schippers (Milan 1961), avec Simionato, chez Opera d'Oro
? dir. Rescigno (Dallas), avec Berganza, chez Gala
Pouvez-vous en dire quelque chose ? L'une des deux est-elle préférable ? Quelle qualité du son ?
D'autre part, comment est la version avec Sylvia Sass (Hungaroton) ?
- Friedmund
- Baryton
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- Enregistré le : 20 nov. 2004, 00:00
- Localisation : Paris
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Pour les deux versions Callas-Vickers, je possède le Milan 61, son correct assez clair (mais brouillon au niveau définition), pas propre à certains moments (on dirait une bande qui se froisse), et orchestre saturé; on a connu bien pire, c'est très audible.
Mon édition du Bernstein chez Belcanto propose en complément 3 "Dei tuo figli la madre" callassien, Florence 53 avec Gui, Dallas et le Scala 61; le son du Dallas est bien moins bon que celui du Scala 61, mais je soupçonne que l'éditeur s'est mélangé les pinceaux dans l'ordre des morceaux, le Florence 53 étant étonnament clair de son et bien défini!
Pour revenir à l'interprétation, Scala 61, c'est avant tout la version la mieux chantée que je connaisse. Grâces en soient rendues au tandem Callas-Vickers, lui jeune, clair, lumineux et encore facile dans l'aigu, elle encore somptueuse malgré la date (y compris dans la violence de ses aigus), plus humaine et moins sorcière qu'avec Bernstein; inutile de dire que c'est le couple de tragédien par excellence! Grâces en soient également rendues aux Néris et Creonte de Simionato et Ghiaurov. La direction de Schippers est équilibrée entre les tempêtes de Bernstein, et le classicisme strict de Serafin, mais se révèle du coup la moins interéssante des trois à mes oreilles.
Serafin, c'est bien, c'est classique, stylistiquement sans doute la plus correcte des trois, mais Callas, Picchi et Serafin y sont bien sages dans leur excellence et leur respect de la partition et du style... surtout quand on connait Bernstein et les éruptions permanentes de l'orchestre, passionné, quasi-expressioniste, et de Callas, vraie sorcière déchainée, violente, intense, menaçante, à la voix sombre et pleine, au sommet... J'en tremble rien que d'y penser! Penno, Barbieri et Modesti 'assurent' à défaut d'être sublimes, et contribuent à la grandeur de cette soirée de légende, certes peu orthodoxe stylistiquement, mais à la puissance émotionnelle et théatrale ravageuse.
Voila, j'ai un peu dépassé le cadre de ta question sur les versions 'Vickers', mais dès que l'on me parle de Medée, je ne peux pas m'empêcher de parler de la version Bernstein
Mon édition du Bernstein chez Belcanto propose en complément 3 "Dei tuo figli la madre" callassien, Florence 53 avec Gui, Dallas et le Scala 61; le son du Dallas est bien moins bon que celui du Scala 61, mais je soupçonne que l'éditeur s'est mélangé les pinceaux dans l'ordre des morceaux, le Florence 53 étant étonnament clair de son et bien défini!
Pour revenir à l'interprétation, Scala 61, c'est avant tout la version la mieux chantée que je connaisse. Grâces en soient rendues au tandem Callas-Vickers, lui jeune, clair, lumineux et encore facile dans l'aigu, elle encore somptueuse malgré la date (y compris dans la violence de ses aigus), plus humaine et moins sorcière qu'avec Bernstein; inutile de dire que c'est le couple de tragédien par excellence! Grâces en soient également rendues aux Néris et Creonte de Simionato et Ghiaurov. La direction de Schippers est équilibrée entre les tempêtes de Bernstein, et le classicisme strict de Serafin, mais se révèle du coup la moins interéssante des trois à mes oreilles.
Serafin, c'est bien, c'est classique, stylistiquement sans doute la plus correcte des trois, mais Callas, Picchi et Serafin y sont bien sages dans leur excellence et leur respect de la partition et du style... surtout quand on connait Bernstein et les éruptions permanentes de l'orchestre, passionné, quasi-expressioniste, et de Callas, vraie sorcière déchainée, violente, intense, menaçante, à la voix sombre et pleine, au sommet... J'en tremble rien que d'y penser! Penno, Barbieri et Modesti 'assurent' à défaut d'être sublimes, et contribuent à la grandeur de cette soirée de légende, certes peu orthodoxe stylistiquement, mais à la puissance émotionnelle et théatrale ravageuse.
Voila, j'ai un peu dépassé le cadre de ta question sur les versions 'Vickers', mais dès que l'on me parle de Medée, je ne peux pas m'empêcher de parler de la version Bernstein
Merci beaucoup, cher Friedmund. Tu me donnes une furieuse envie d'entendre la version Schippers.
Le studio de Callas me semblait prioritaire pour qui veut découvrir l'?uvre, et dans des conditions d'écoute confortable. Les enregistrements live, il faut quand même un peu d'habitude quand ce n'est pas du son radio.
J'ajoute que si Bernstein est hors concours, l'entourage de Callas est assez hard : Glauce est affreuse, Jason plébéien, Barbieri trémule grassement, bref la distribution du studio est quand même notablement plus tenue et équilibrée.
P.S.
Ponto a publié une Médée en allemand, captée à Berlin en 1958 sous la direction de V. Gui, avec Inge Borkh (très très exotique, manquant de netteté, mais qui a ses moments), L. Suthaus, S. Wagner en Néris et une soprane en Glauce qui n'est pas Rita Streich comme indiqué sur la pochette.
En complément, les Quatre derniers lieder par Borkh, avec l'Orchestre symphonique de Vichy (sic) dirigé par Leitner. Mieux vaut prendre quelque chose contre le mal de mer avant d'écouter ça.
Le studio de Callas me semblait prioritaire pour qui veut découvrir l'?uvre, et dans des conditions d'écoute confortable. Les enregistrements live, il faut quand même un peu d'habitude quand ce n'est pas du son radio.
J'ajoute que si Bernstein est hors concours, l'entourage de Callas est assez hard : Glauce est affreuse, Jason plébéien, Barbieri trémule grassement, bref la distribution du studio est quand même notablement plus tenue et équilibrée.
P.S.
Ponto a publié une Médée en allemand, captée à Berlin en 1958 sous la direction de V. Gui, avec Inge Borkh (très très exotique, manquant de netteté, mais qui a ses moments), L. Suthaus, S. Wagner en Néris et une soprane en Glauce qui n'est pas Rita Streich comme indiqué sur la pochette.
En complément, les Quatre derniers lieder par Borkh, avec l'Orchestre symphonique de Vichy (sic) dirigé par Leitner. Mieux vaut prendre quelque chose contre le mal de mer avant d'écouter ça.
- Friedmund
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Sinon, il y aussi les versions Gardelli-Jones (studio) et Stein-Rysanek (Vienne). Mais, bon, elles ont mauvaises réputations l'une et l'autre, bien que je sois très curieux de la façon dont Rysanek peut sonner là-dedans (je devine la faille, trop émotive, Leonie, trop émotive...).
Il me semble qu'il existe aussi des lives de Gencer, Caballé, et une version en allemand (avec Suthaus en Jason, mais j'ai perdu, non pas mon Euridyce, mais le nom de la chanteuse qui s'y colle).
Il me semble qu'il existe aussi des lives de Gencer, Caballé, et une version en allemand (avec Suthaus en Jason, mais j'ai perdu, non pas mon Euridyce, mais le nom de la chanteuse qui s'y colle).
Voir le P.S. que j'ai rajouté à mon précédent message.
J'avais entendu le live viennois de Rysanek (RCA, avec Popp en Glauce et Gruberova en "Madame est servie"). Rysanek m'avait laissé une impression mitigée : on a vocalement ce qu'on attend, encore que l'écriture du rôle ne soit pas très favorable à la faiblesse de son registre inférieur, mais c'est le texte (italien) qui n'y est pas : la déclamation, la pulsation rythmique de cette partie trouvent Rysanek un peu gênée. Bref, on ne la sent pas très à l'aise.
Mais c'est la rengaine d'usage : une fois qu'on a Callas dans l'oreille pour ce rôle ?
J'avais entendu le live viennois de Rysanek (RCA, avec Popp en Glauce et Gruberova en "Madame est servie"). Rysanek m'avait laissé une impression mitigée : on a vocalement ce qu'on attend, encore que l'écriture du rôle ne soit pas très favorable à la faiblesse de son registre inférieur, mais c'est le texte (italien) qui n'y est pas : la déclamation, la pulsation rythmique de cette partie trouvent Rysanek un peu gênée. Bref, on ne la sent pas très à l'aise.
Mais c'est la rengaine d'usage : une fois qu'on a Callas dans l'oreille pour ce rôle ?
- lyricomaniaque
- Mezzo Soprano
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Toutes les versions Callas me semblent à connaître ; on a beaucoup glosé sur l'évolution du personnage... à juste titre ! En voyant ses moyens changer et face à des metteurs en scène de plus en plus exigeants, Maria a infléchi la mégère-sorcière-démon pour dresser le portrait d'une femme brisée. Je voue une admiration sans borne à la version Gui (un chef vraiment sous-estimé !), avec Carlos Guichandut (un de mes Otelli préférés !) et Barbieri. Une soirée survoltée (et sans le "faux départ" du "Nemici senza cor" de la soirée milanaise). Dans la version de Dallas 58 (Melodram) Berganza, Vickers et Zaccaria font des merveilles, et le dernier acte est introduit par ce qui est à mes yeux l'horreur sublime : le récitatif "Numi venite a me" de Maria cloue l'auditeur sur place (argh ! le "voi l'opra mia compier dovete" avec la vague orchestrale !!!). Londres 59 n'est pas mal non plus (!) avec Cossotto, Carlyle, Zaccaria et Vickers (!!) dirigés par Rescigno. D'autres instincts, d'autres intonations.
Préférence immodérée à la version Gui.
Je préfère taire l'approche Caballesque. Rysanek n'est dans ce rôle que hululements sans maîtrise et graves absents. Autre déception : Olivero (que j'adore, pourtant), que j'ai trouvé étrangement tendue et petite (et en compagnie de l'affreuse Sciutti - je ne peux supporter cette perceuse à la voix de fiel qui crisse au moindre sol dièse !).
La version Borkh m'a beaucoup séduit (là encore, Borkh, c'était quelqu'un !!!). Il manquera pourtant quelque chose à cette version (plus de "soleil méditerranéen, peut-être ?).
Autre version importante : Gencer à la Fenice. Malgré les excès, j'ai beaucoup aimé ce que la fiancée des pirates opère dans le genre "imitation millimétrée de Callas avec quelques trouvailles perso histoire de faire semblant de me détacher du modèle". L'entourage est peu inoubliable (Raimondi - Ruggero - largement compris !).
Si vous la trouvez, jetez-vous sur M. Galvany (avec Ramey !) à New York : là encore, filiation Callassienne et jusqu'auboutisme vocal. Sur le plan du style, c'est une autre affaire ! Car Maria avait ce don de rester malgré tout dans les frontières du classicisme - le "Dei tuoi figli" le montre suffisamment !! Les autres catatrices qui ont relevé le défi n'ont gardé que la sauvagerie : mai quid du phrasé ? du style ?
La version française de Martina Franca est indispensable pour entendre l'oeuvre avec les dialogues parlés et en français. Il faut avoir entendu Jano Tamar dire "je te donne ma haine" avant d'attaquer furibarde le duo du I par ses "perfides ennemis" !!! Ciofi est toute fraîche, Lombardo trémule un peu mais sa sobriété a du bon, Courtis vrille, Damonte se fait discrète, mais Fournillier tient très bien la barre de la représentation. L'ensemble fonctionne et permet un éclairage nouveau. Honnêtement, c'est cette version que j'aurais aimé entendre avec AC Antonacci ! J'ai un beau souvenir de l'approche faite par Command à Compègne.
Préférence immodérée à la version Gui.
Je préfère taire l'approche Caballesque. Rysanek n'est dans ce rôle que hululements sans maîtrise et graves absents. Autre déception : Olivero (que j'adore, pourtant), que j'ai trouvé étrangement tendue et petite (et en compagnie de l'affreuse Sciutti - je ne peux supporter cette perceuse à la voix de fiel qui crisse au moindre sol dièse !).
La version Borkh m'a beaucoup séduit (là encore, Borkh, c'était quelqu'un !!!). Il manquera pourtant quelque chose à cette version (plus de "soleil méditerranéen, peut-être ?).
Autre version importante : Gencer à la Fenice. Malgré les excès, j'ai beaucoup aimé ce que la fiancée des pirates opère dans le genre "imitation millimétrée de Callas avec quelques trouvailles perso histoire de faire semblant de me détacher du modèle". L'entourage est peu inoubliable (Raimondi - Ruggero - largement compris !).
Si vous la trouvez, jetez-vous sur M. Galvany (avec Ramey !) à New York : là encore, filiation Callassienne et jusqu'auboutisme vocal. Sur le plan du style, c'est une autre affaire ! Car Maria avait ce don de rester malgré tout dans les frontières du classicisme - le "Dei tuoi figli" le montre suffisamment !! Les autres catatrices qui ont relevé le défi n'ont gardé que la sauvagerie : mai quid du phrasé ? du style ?
La version française de Martina Franca est indispensable pour entendre l'oeuvre avec les dialogues parlés et en français. Il faut avoir entendu Jano Tamar dire "je te donne ma haine" avant d'attaquer furibarde le duo du I par ses "perfides ennemis" !!! Ciofi est toute fraîche, Lombardo trémule un peu mais sa sobriété a du bon, Courtis vrille, Damonte se fait discrète, mais Fournillier tient très bien la barre de la représentation. L'ensemble fonctionne et permet un éclairage nouveau. Honnêtement, c'est cette version que j'aurais aimé entendre avec AC Antonacci ! J'ai un beau souvenir de l'approche faite par Command à Compègne.
- philopera
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je rajoute ma dernière découverte grace à ODB :Cristina Deutekom que je ne trouve pas ridicule du tout dans Médea (extraits dans le double CD Gala ); c'est même cette interpretation qui m'a montré que Miss Deutekom était une chanteuse exceptionnelle contrairement à mes a priori .Sills Sutherland Scotto ....et Gruberova ( je touche du bois!) n'ont pas osé ce rôle. Elle si !
"Gérard Mortier a raison d'offrir Elektra sans entracte"
( Eric Dahan Libération 25/06/2005)
( Eric Dahan Libération 25/06/2005)
- lyricomaniaque
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