Concert russe- J. Lisiecki / K. Urbanski- Montpellier- 23/07/2019

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JdeB
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Concert russe- J. Lisiecki / K. Urbanski- Montpellier- 23/07/2019

Message par JdeB » 28 juil. 2019, 09:13

Mikhaïl Glinka: Rouslan et Ludmila: Ouverture
Serge Rachmaninov: Concerto pour piano n° 2, opus 18
Dimitri Chostakovitch: Symphonie n° 10, opus 93

Jan Lisiecki (piano)
Australian Youth Orchestra, Krzysztof Urbanski (direction)

Montpellier, Le Corum, le 23 juillet 2019

Le Festival de Radio-France a toujours misé sur la jeunesse en programmant les principales formations juvéniles (Orchestre français des jeunes, Orchestre Gustav Mahler dirigé par C. Abbado, Orchestre des Jeunes des Pays-Bas, Orquesta Simon Bolivar de Caracas, National Youth Orchestra USA dirigé par V. Gergiev il y a 3 ans), et la fine fleur des stars en bourgeon. Relevons pour en rester au piano les noms de P. Bianconi, JM Luisada et R. Muraro dès 1986, H. Grimaud et MJ Jude l’année suivante, N. Angelich en 1991, N. Goerner et A. Tharaud en 1992, FF Guy, E. Kissin et F. Say en 1995, etc…
Déjà invité par le festival dans la petite salle Pasteur il y a 7 ans, Jan Lisiecki, plus photogénique que superbement beau comme le veut sa réputation, séduit plus qu’il ne transporte par une lecture très personnelle, très construite et très raffinée du fameux Deuxième Concerto (1901) de Rachmaninov même si les tempi trop sages du chef polonais et sa lecture trop léchée nuisent à l’impact de cette page qui doit être grisante. J. Lisiecki nous a offert un extrait du Prélude n° 2 du même Rachmaninov en bis, ciselé avec élégance.

Au terme d’une période sans création, Chostakovitch a composé sa dixième symphonie à l’été 1953 (année de la mort de Prokofiev qui le laisse donc seul compositeur russe de réputation mondiale) dans le golfe de Finlande, à Komarovo, et s’inscrit donc parfaitement dans la thématique de l’été 2019 du festival. Après sa création par E. Mvravinski en décembre de la même année, ce nouvel opus suscita trois longues journées de débats houleux au sein de l’omnipotente Union des compositeurs et Chostakovitch dut se résoudre à reconnaître publiquement les « défauts » de sa partition.

Ce soir, le très looké K. Urbanski y cabotine à qui mieux mieux mais réussit les insertions insolites de valse, les sonorités métalliques, les montées en puissance de l’Allegro et le climax du final avec un sens acéré de l’effet sans parvenir vraiment à traduire le pessimisme profond de l’ouvrage, en gommant les stridences des vents et tout ce que cette grande fresque noire contient de lugubre et de déchirant. Il ne perçoit pas que cette symphonie d’un monde déshumanisé et robotisé par le totalitarisme stalinien est traversée par l’angoisse du créateur pris sous l’œil de l’ogre implacable.

Pour leur unique date en France, nos jeunes Australiens, d’allure très preppy, brillent surtout par une joie de faire corps dans la musique qui irradie et vivifie sous l’œil bienveillant de leur ambassadeur en France qui songe à acheter, avec son futur mari, à Montpellier.

Jérôme Pesqué
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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