Concert de l'Orchestre National de France sous la direction d'Emmanuel Krivine
Piano : Bertrand Chamayou.
Initialement prévu sous la direction de Ricardo Mutti, ce dernier ayant annulé pour raison de santé, le concert du 3 mars avait changé sa programmation.
Malgré la légère déception (et le fait que, du coup, l'auditorium n'était pas plein à craquer), le concert a tenu ses promesses, Krivine ayant fait preuve d'une énergie redoutable, et nous ayant interprété avec une fougue délectable ces trois très belles oeuvres.
'Le Corsaire" est une très belle oeuvre de Berlioz qui prend tout son sens sous l'énergique battue de Krivine, très belle introduction pour un orchestre en forme et qui semble vraiment apprécier ce chef toujours élégant et charmeur, tout en étant très précis et très directif. Une main de fer dans un gant de velours.
La complicité dans la virtuosité et l'engagement entre Chamayou et le chef font merveille dans le concerto de Saint-Saens que Chamayou attaque dès le premier mouvement (c'est le piano qui commence) si vite que l'on sent l'orchestre un poil déconcerté avant de se reprendre.
Chamayou n'est pas mon jeune pianiste actuel préféré (c'est Trifonov à cause de son côté lunaire et poète) mais c'est un jeune et talentueux artiste avec ce petit côté "premier de la classe" qui se ferait diablotin dès que ses mains se posent sur le clavier, assez désarmant de charme et d'émotion.
Beaucoup d'applaudissements mérités et un "bis" de rêve, le Lied Auf flügeln des Gesanges de Mendelssohn (sur les ailes du chant) transcris pour piano par Litzt. Un modèle de cantabile, très agréable à jouer comme à écouter.
Après l'entracte c'est la très belle 5ème de Chostakovitch qui nous est proposée. Et là, encore une fois, chapeau. Pour l'orchestre (au grand complet avec ses 8 contrebasses, ses deux harpes, sa grosse caisse et ses cuivres éclatants), qui se montre en fusion totale avec son chef comme avec l'oeuvre ce qui est jubilatoire quand on connait la qualité et la difficulté de cette symphonie que Chosta écrivit pour faire oublier le scandale que fit Staline pour son "politiquement incorrect" Lady Macbeth de Mzensk, qui se voulait plus "classique" et s'est révélée une merveille d'inventivité musicale, ne serait-ce que par la richesse et les différences des 5 mouvements, les grands moments époustouflants de pizzicati des cordes et la place faites aux solistes dans le coeur de la symphonie. Pour Krivine dont les origines Russes ont dû remonter à la surface pour lui inspirer une direction aussi respectueuse de l'oeuvre. Et pour l'acoustique. Comme d'habitude.
Petite métaphore du chef en fin de concert pour vanter les mérites de cette salle (un peu confuse...)
Hector Berlioz
Le Corsaire, ouverture
Camille Saint-Saens
Concerto pour piano et orchestre n°2
Dimitri Chostakovitch
Symphonie n° 5
Bertrand Chamayou piano
Emmanuel Krivine direction
Concert Auditorium RF/Krivine-Chamayou-3/03/2016
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Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère
Mon blog :
https://passionoperaheleneadam.blogspot.fr
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Re: Concert Auditorium RF/Krivine-Chamayou-3/03/2016
Très beau concert, je suis d'accord.
Pour le Mendelssohn/Liszt, j'étais derrière Chamayou au 2è balcon alors j'ai bien vu, c'est redoutable à jouer, dans la 2è moitié de la pièce la mélodie est en octaves tantôt à la main droite, tantôt à la main gauche, tantôt aux deux mains (les pouces) tandis que chaque main repart de son côté pour faire des arpèges, la gageure est de faire sonner ça toujours aussi serein et tranquille alors que c'est très difficile.
D'ailleurs il suffit de regarder la partition, on dirait que c'est écrit pour 3 mains!
http://ks.imslp.info/files/imglnks/usim ... s_scan.pdf
Le Chostakovitch était superbe, je suis d'accord.
L'acoustique est un régal de clarté et de précision, c'est vrai, et j'aime beaucoup, mais je me suis quand même dit que dans une telle oeuvre j'aurais été vraiment soulevé à la Philharmonie, alors que là je n'ai été qu'admiratif.
Pour le Mendelssohn/Liszt, j'étais derrière Chamayou au 2è balcon alors j'ai bien vu, c'est redoutable à jouer, dans la 2è moitié de la pièce la mélodie est en octaves tantôt à la main droite, tantôt à la main gauche, tantôt aux deux mains (les pouces) tandis que chaque main repart de son côté pour faire des arpèges, la gageure est de faire sonner ça toujours aussi serein et tranquille alors que c'est très difficile.
D'ailleurs il suffit de regarder la partition, on dirait que c'est écrit pour 3 mains!
http://ks.imslp.info/files/imglnks/usim ... s_scan.pdf
Le Chostakovitch était superbe, je suis d'accord.
L'acoustique est un régal de clarté et de précision, c'est vrai, et j'aime beaucoup, mais je me suis quand même dit que dans une telle oeuvre j'aurais été vraiment soulevé à la Philharmonie, alors que là je n'ai été qu'admiratif.