Mariss Jansons - Weber/Beethoven/Chostakovitch - 31/10/2019 - Philharmonie de Paris

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Mariss Jansons - Weber/Beethoven/Chostakovitch - 31/10/2019 - Philharmonie de Paris

Message par HELENE ADAM » 01 nov. 2019, 08:55

Orchestre symphonique de la Radiodiffusion bavaroise
Mariss Jansons, direction
Rudolf Buchbinder, piano

31 octobre 2019


Carl Maria von Weber
Ouverture d'Euryanthe
Allegro marcato, con molto fuoco – Largo – Tempo primo, assai moderato
Composition : 1822-1823, à Dresde.
Dédicace : à Sa Majesté l’Empereur d’Autriche François Ier.
Création : le 25 octobre 1823, au Kärntnertortheater de Vienne,
sous la direction du compositeur.
Édition : partition de chant, Vienne, 1824 ; partition complète, Ernst Rudorff, Berlin, 1866.
Effectif : 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons – 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones – timbales – cordes.

Ludwig van Beethoven
Concerto pour piano et orchestre no 2 en si bémol majeur op. 19
I. Allegro con brio
II. Adagio
III. Rondo
Composition : commencée en 1788, remaniée jusqu’en 1801. Dédicace : à Charles Nickl de Nickelsberg.
Création : le 29 mars 1795, à Vienne, par le compositeur au piano. Édition: 1801.
Effectif : piano solo – flûte, 2 hautbois, 2 bassons – 2 cors – cordes.


Dmitri Chostakovitch
Symphonie no 10 en mi mineur op. 93
I. Moderato
II. Allegro
III. Allegretto
IV. Andante – Allegro
Composition : été-automne 1953.
Création : le 17 décembre 1953, à Saint-Pétersbourg (Leningrad),
sous la direction d’Evgueni Mravinski.
Effectif : 2 flûtes, piccolo, 2 hautbois, cor anglais, 3 clarinettes (la 3e piccolo), 2 bassons, contrebasson – 4 cors, 3 trompettes, 3 trombones, tuba – timbales, triangle, 2 tambours, cymbales, grosse caisse, tam-tam, xylophone – cordes.

Un concert exceptionnel ce jeudi soir à la Philhar, avec le retour d'un Mariss Jansons qui avait du annuler pas mal de ses prestations ces derniers mois pour soucis de santé et qui revenait avec cette oeuvre-monument de l'après guerre qu'est la 10ème de Chostakovitch à la tête de Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise.
Le maestro n'est plus tout jeune et quand il arrive sur scène pour l'ouverture d'Euryanthe, on ne peut s'empêcher de s'inquiéter à le voir marcher précautionneusement (mais sans aide) jusqu'à son estrade. Mais à peine a-t-il levé la baguette qu'il redevient le chef subtil et passionné qu'on admire depuis longtemps. Les signes de fatigue, il les réservera aux aller et retour entre les morceaux, quand il dirige, plus rien d'autre n'existe.
Et il n'y a guère que la PP aujourd'hui pour nous offrir des programmes aussi luxueux.
Même si la première partie est moins originale et moins rare, c'est un plaisir d'entendre une ouverture d'Euryanthe (très beethovénienne) flamboyante et colorée, avec un orchestre de la radio bavaroise, véritable orfèvre où chaque instrumentiste sait ciseler sa partie avec talent (ah ces cordes... quel soyeux, quelle beauté, c'est ainsi qu'il faut jouer Weber... :wink: ).
Le concerto pour piano n°2 de Beethoven n'est pas mon oeuvre préférée mais la complicité entre Rudolf Buchbinder (pas tout jeune lui non plus mais en grande forme aussi pour la musique) fait merveille. Le pianiste nous offre d'ailleurs un "bis" endiablé.

Mais c'est la "Dixième" qui constitue le morceau de choix. Et pour cause, c'est l'une des pièces maitresse d'un Chostakovitch alors en délicatesse avec le pouvoir soviétique de Joseph Staline. Sa "Neuvième" n'a pas été apprécié en haut lieu et une lettre écrite sur ordre de Jdanov avaient été publiée au sortir de la Guerre, en 1948, attaquant avec virulence la composition "dégénérée" des compositeurs les plus célèbres d'alors, notamment Chostakovitch et Prokofiev. Qualifiées de "formalistes", "d'anti-démocratiques", selon ses détracteurs parlant au nom du peuple soviétique et de ses supposés "goûts", les oeuvres, notamment les opéras et les symphonies. La lettre caractérise ainsi cette "musique" : "Cette musique se caractérise notamment par le rejet des principes fondamentaux du classicisme, par l’apologie de l’atonalité, de la dissonance et de l’absence d’harmonie, présentées comme l’expression de l’innovation et du progrès dans l’évolution formelle de la musique, par l’abandon d’éléments musicaux aussi essentiels que la mélodie, et par des combinaisons sonores chaotiques et névrotiques, qui transforment la musique en cacophonie. »
Chostakovitch écrit une oeuvre sombre, pessimiste, bouleversante, d'où l'espoir peine à surgir. C'est l'année de la mort de Staline et c'est l'obsession du dictateur qui guide sa composition tout comme ses inquiétudes face au monde contemporain.
Jansons aime cette oeuvre passionnément car un tel monument attire forcément des sentiments extrêmes par sa puissance et sa démesure. La salle de la PP hier soir était figée dans un impressionnant silence (à peine ponctué par quelques toux entre les mouvements de la symphonie), comme saisi par la totale fusion entre le chef, les fantastiques instrumentistes (mention spéciale aux cuivres et au timbalier) et cette véritable cascade furieuse d'une musique qui semble ne connaitre aucune limite ni aucune frontière.
Et les "pianissimo" de l'allegro puis de l'andante précédant le final à proprement parler, sont autant de respirations que Jansons ménage avec la subtilité habituelle qui est la sienne pour conduire ensuite son orchestre à nouveau à la démesure du temps présent.
Certains, hier, découvraient Chostakovitch (il y a beaucoup de jeunes à la PP, c'est habituel). Ils en sont sortis comme pétrifiés.
Immense ovation.
Il ne fallait pas rater le BRSO, Jansons et Chosta, hier, un pur instant de bonheur absolu.
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère

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Re: Mariss Jansons - Weber/Beethoven/Chostakovitch - 31/10/2019 - Philharmonie de Paris

Message par titoschipa » 01 nov. 2019, 21:42

HELENE ADAM a écrit :
01 nov. 2019, 08:55
Orchestre symphonique de la Radiodiffusion bavaroise
Mariss Jansons, direction
Rudolf Buchbinder, piano

31 octobre 2019


Carl Maria von Weber
Ouverture d'Euryanthe
Allegro marcato, con molto fuoco – Largo – Tempo primo, assai moderato
Composition : 1822-1823, à Dresde.
Dédicace : à Sa Majesté l’Empereur d’Autriche François Ier.
Création : le 25 octobre 1823, au Kärntnertortheater de Vienne,
sous la direction du compositeur.
Édition : partition de chant, Vienne, 1824 ; partition complète, Ernst Rudorff, Berlin, 1866.
Effectif : 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons – 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones – timbales – cordes.

Ludwig van Beethoven
Concerto pour piano et orchestre no 2 en si bémol majeur op. 19
I. Allegro con brio
II. Adagio
III. Rondo
Composition : commencée en 1788, remaniée jusqu’en 1801. Dédicace : à Charles Nickl de Nickelsberg.
Création : le 29 mars 1795, à Vienne, par le compositeur au piano. Édition: 1801.
Effectif : piano solo – flûte, 2 hautbois, 2 bassons – 2 cors – cordes.


Dmitri Chostakovitch
Symphonie no 10 en mi mineur op. 93
I. Moderato
II. Allegro
III. Allegretto
IV. Andante – Allegro
Composition : été-automne 1953.
Création : le 17 décembre 1953, à Saint-Pétersbourg (Leningrad),
sous la direction d’Evgueni Mravinski.
Effectif : 2 flûtes, piccolo, 2 hautbois, cor anglais, 3 clarinettes (la 3e piccolo), 2 bassons, contrebasson – 4 cors, 3 trompettes, 3 trombones, tuba – timbales, triangle, 2 tambours, cymbales, grosse caisse, tam-tam, xylophone – cordes.

Un concert exceptionnel ce jeudi soir à la Philhar, avec le retour d'un Mariss Jansons qui avait du annuler pas mal de ses prestations ces derniers mois pour soucis de santé et qui revenait avec cette oeuvre-monument de l'après guerre qu'est la 10ème de Chostakovitch à la tête de Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise.
Le maestro n'est plus tout jeune et quand il arrive sur scène pour l'ouverture d'Euryanthe, on ne peut s'empêcher de s'inquiéter à le voir marcher précautionneusement (mais sans aide) jusqu'à son estrade. Mais à peine a-t-il levé la baguette qu'il redevient le chef subtil et passionné qu'on admire depuis longtemps. Les signes de fatigue, il les réservera aux aller et retour entre les morceaux, quand il dirige, plus rien d'autre n'existe.
Et il n'y a guère que la PP aujourd'hui pour nous offrir des programmes aussi luxueux.
Même si la première partie est moins originale et moins rare, c'est un plaisir d'entendre une ouverture d'Euryanthe (très beethovénienne) flamboyante et colorée, avec un orchestre de la radio bavaroise, véritable orfèvre où chaque instrumentiste sait ciseler sa partie avec talent (ah ces cordes... quel soyeux, quelle beauté, c'est ainsi qu'il faut jouer Weber... :wink: ).
Le concerto pour piano n°2 de Beethoven n'est pas mon oeuvre préférée mais la complicité entre Rudolf Buchbinder (pas tout jeune lui non plus mais en grande forme aussi pour la musique) fait merveille. Le pianiste nous offre d'ailleurs un "bis" endiablé.

Mais c'est la "Dixième" qui constitue le morceau de choix. Et pour cause, c'est l'une des pièces maitresse d'un Chostakovitch alors en délicatesse avec le pouvoir soviétique de Joseph Staline. Sa "Neuvième" n'a pas été apprécié en haut lieu et une lettre écrite sur ordre de Jdanov avaient été publiée au sortir de la Guerre, en 1948, attaquant avec virulence la composition "dégénérée" des compositeurs les plus célèbres d'alors, notamment Chostakovitch et Prokofiev. Qualifiées de "formalistes", "d'anti-démocratiques", selon ses détracteurs parlant au nom du peuple soviétique et de ses supposés "goûts", les oeuvres, notamment les opéras et les symphonies. La lettre caractérise ainsi cette "musique" : "Cette musique se caractérise notamment par le rejet des principes fondamentaux du classicisme, par l’apologie de l’atonalité, de la dissonance et de l’absence d’harmonie, présentées comme l’expression de l’innovation et du progrès dans l’évolution formelle de la musique, par l’abandon d’éléments musicaux aussi essentiels que la mélodie, et par des combinaisons sonores chaotiques et névrotiques, qui transforment la musique en cacophonie. »
Chostakovitch écrit une oeuvre sombre, pessimiste, bouleversante, d'où l'espoir peine à surgir. C'est l'année de la mort de Staline et c'est l'obsession du dictateur qui guide sa composition tout comme ses inquiétudes face au monde contemporain.
Jansons aime cette oeuvre passionnément car un tel monument attire forcément des sentiments extrêmes par sa puissance et sa démesure. La salle de la PP hier soir était figée dans un impressionnant silence (à peine ponctué par quelques toux entre les mouvements de la symphonie), comme saisi par la totale fusion entre le chef, les fantastiques instrumentistes (mention spéciale aux cuivres et au timbalier) et cette véritable cascade furieuse d'une musique qui semble ne connaitre aucune limite ni aucune frontière.
Et les "pianissimo" de l'allegro puis de l'andante précédant le final à proprement parler, sont autant de respirations que Jansons ménage avec la subtilité habituelle qui est la sienne pour conduire ensuite son orchestre à nouveau à la démesure du temps présent.
Certains, hier, découvraient Chostakovitch (il y a beaucoup de jeunes à la PP, c'est habituel). Ils en sont sortis comme pétrifiés.
Immense ovation.
Il ne fallait pas rater le BRSO, Jansons et Chosta, hier, un pur instant de bonheur absolu.
Oui superbe soirée, orchestre fabuleux et Jansons dans son élément, mais il décline à vue d’œil. La France le découvre bien tardivement

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Re: Mariss Jansons - Weber/Beethoven/Chostakovitch - 31/10/2019 - Philharmonie de Paris

Message par HELENE ADAM » 05 nov. 2019, 10:18

titoschipa a écrit :
01 nov. 2019, 21:42
Oui superbe soirée, orchestre fabuleux et Jansons dans son élément, mais il décline à vue d’œil. La France le découvre bien tardivement
Très beau texte de Christian Merlin dans le Figaro (réservé aux abonnés ce que je ne suis pas) mais lu en partie sur France Musique ce matin et qui dit notamment "Le concert que viennent de donner Mariss Jansons et l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise à la Philharmonie de Paris fait partie des quelques expériences qui restent gravées à jamais dans une vie d’auditeur."
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère

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Re: Mariss Jansons - Weber/Beethoven/Chostakovitch - 31/10/2019 - Philharmonie de Paris

Message par titoschipa » 06 nov. 2019, 14:19

HELENE ADAM a écrit :
05 nov. 2019, 10:18
titoschipa a écrit :
01 nov. 2019, 21:42
Oui superbe soirée, orchestre fabuleux et Jansons dans son élément, mais il décline à vue d’œil. La France le découvre bien tardivement
Très beau texte de Christian Merlin dans le Figaro (réservé aux abonnés ce que je ne suis pas) mais lu en partie sur France Musique ce matin et qui dit notamment "Le concert que viennent de donner Mariss Jansons et l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise à la Philharmonie de Paris fait partie des quelques expériences qui restent gravées à jamais dans une vie d’auditeur."
Souffrant, Mariss Jansons annule la suite de sa tournée: Anvers, Luxembourg, Essen

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Re: Mariss Jansons - Weber/Beethoven/Chostakovitch - 31/10/2019 - Philharmonie de Paris

Message par HELENE ADAM » 09 nov. 2019, 23:32

titoschipa a écrit :
06 nov. 2019, 14:19
HELENE ADAM a écrit :
05 nov. 2019, 10:18
titoschipa a écrit :
01 nov. 2019, 21:42
Oui superbe soirée, orchestre fabuleux et Jansons dans son élément, mais il décline à vue d’œil. La France le découvre bien tardivement
Très beau texte de Christian Merlin dans le Figaro (réservé aux abonnés ce que je ne suis pas) mais lu en partie sur France Musique ce matin et qui dit notamment "Le concert que viennent de donner Mariss Jansons et l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise à la Philharmonie de Paris fait partie des quelques expériences qui restent gravées à jamais dans une vie d’auditeur."
Souffrant, Mariss Jansons annule la suite de sa tournée: Anvers, Luxembourg, Essen
en effet :cry:
C'est Vassily Petrenko qui le remplace sur le même programme à Carnegie hall.
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
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Re: Mariss Jansons - Weber/Beethoven/Chostakovitch - 31/10/2019 - Philharmonie de Paris

Message par philipppe » 12 nov. 2019, 07:34

titoschipa a écrit :
01 nov. 2019, 21:42
HELENE ADAM a écrit :
01 nov. 2019, 08:55
Orchestre symphonique de la Radiodiffusion bavaroise
Mariss Jansons, direction
Rudolf Buchbinder, piano

31 octobre 2019


Carl Maria von Weber
Ouverture d'Euryanthe
Allegro marcato, con molto fuoco – Largo – Tempo primo, assai moderato
Composition : 1822-1823, à Dresde.
Dédicace : à Sa Majesté l’Empereur d’Autriche François Ier.
Création : le 25 octobre 1823, au Kärntnertortheater de Vienne,
sous la direction du compositeur.
Édition : partition de chant, Vienne, 1824 ; partition complète, Ernst Rudorff, Berlin, 1866.
Effectif : 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons – 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones – timbales – cordes.

Ludwig van Beethoven
Concerto pour piano et orchestre no 2 en si bémol majeur op. 19
I. Allegro con brio
II. Adagio
III. Rondo
Composition : commencée en 1788, remaniée jusqu’en 1801. Dédicace : à Charles Nickl de Nickelsberg.
Création : le 29 mars 1795, à Vienne, par le compositeur au piano. Édition: 1801.
Effectif : piano solo – flûte, 2 hautbois, 2 bassons – 2 cors – cordes.


Dmitri Chostakovitch
Symphonie no 10 en mi mineur op. 93
I. Moderato
II. Allegro
III. Allegretto
IV. Andante – Allegro
Composition : été-automne 1953.
Création : le 17 décembre 1953, à Saint-Pétersbourg (Leningrad),
sous la direction d’Evgueni Mravinski.
Effectif : 2 flûtes, piccolo, 2 hautbois, cor anglais, 3 clarinettes (la 3e piccolo), 2 bassons, contrebasson – 4 cors, 3 trompettes, 3 trombones, tuba – timbales, triangle, 2 tambours, cymbales, grosse caisse, tam-tam, xylophone – cordes.

Un concert exceptionnel ce jeudi soir à la Philhar, avec le retour d'un Mariss Jansons qui avait du annuler pas mal de ses prestations ces derniers mois pour soucis de santé et qui revenait avec cette oeuvre-monument de l'après guerre qu'est la 10ème de Chostakovitch à la tête de Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise.
Le maestro n'est plus tout jeune et quand il arrive sur scène pour l'ouverture d'Euryanthe, on ne peut s'empêcher de s'inquiéter à le voir marcher précautionneusement (mais sans aide) jusqu'à son estrade. Mais à peine a-t-il levé la baguette qu'il redevient le chef subtil et passionné qu'on admire depuis longtemps. Les signes de fatigue, il les réservera aux aller et retour entre les morceaux, quand il dirige, plus rien d'autre n'existe.
Et il n'y a guère que la PP aujourd'hui pour nous offrir des programmes aussi luxueux.
Même si la première partie est moins originale et moins rare, c'est un plaisir d'entendre une ouverture d'Euryanthe (très beethovénienne) flamboyante et colorée, avec un orchestre de la radio bavaroise, véritable orfèvre où chaque instrumentiste sait ciseler sa partie avec talent (ah ces cordes... quel soyeux, quelle beauté, c'est ainsi qu'il faut jouer Weber... :wink: ).
Le concerto pour piano n°2 de Beethoven n'est pas mon oeuvre préférée mais la complicité entre Rudolf Buchbinder (pas tout jeune lui non plus mais en grande forme aussi pour la musique) fait merveille. Le pianiste nous offre d'ailleurs un "bis" endiablé.

Mais c'est la "Dixième" qui constitue le morceau de choix. Et pour cause, c'est l'une des pièces maitresse d'un Chostakovitch alors en délicatesse avec le pouvoir soviétique de Joseph Staline. Sa "Neuvième" n'a pas été apprécié en haut lieu et une lettre écrite sur ordre de Jdanov avaient été publiée au sortir de la Guerre, en 1948, attaquant avec virulence la composition "dégénérée" des compositeurs les plus célèbres d'alors, notamment Chostakovitch et Prokofiev. Qualifiées de "formalistes", "d'anti-démocratiques", selon ses détracteurs parlant au nom du peuple soviétique et de ses supposés "goûts", les oeuvres, notamment les opéras et les symphonies. La lettre caractérise ainsi cette "musique" : "Cette musique se caractérise notamment par le rejet des principes fondamentaux du classicisme, par l’apologie de l’atonalité, de la dissonance et de l’absence d’harmonie, présentées comme l’expression de l’innovation et du progrès dans l’évolution formelle de la musique, par l’abandon d’éléments musicaux aussi essentiels que la mélodie, et par des combinaisons sonores chaotiques et névrotiques, qui transforment la musique en cacophonie. »
Chostakovitch écrit une oeuvre sombre, pessimiste, bouleversante, d'où l'espoir peine à surgir. C'est l'année de la mort de Staline et c'est l'obsession du dictateur qui guide sa composition tout comme ses inquiétudes face au monde contemporain.
Jansons aime cette oeuvre passionnément car un tel monument attire forcément des sentiments extrêmes par sa puissance et sa démesure. La salle de la PP hier soir était figée dans un impressionnant silence (à peine ponctué par quelques toux entre les mouvements de la symphonie), comme saisi par la totale fusion entre le chef, les fantastiques instrumentistes (mention spéciale aux cuivres et au timbalier) et cette véritable cascade furieuse d'une musique qui semble ne connaitre aucune limite ni aucune frontière.
Et les "pianissimo" de l'allegro puis de l'andante précédant le final à proprement parler, sont autant de respirations que Jansons ménage avec la subtilité habituelle qui est la sienne pour conduire ensuite son orchestre à nouveau à la démesure du temps présent.
Certains, hier, découvraient Chostakovitch (il y a beaucoup de jeunes à la PP, c'est habituel). Ils en sont sortis comme pétrifiés.
Immense ovation.
Il ne fallait pas rater le BRSO, Jansons et Chosta, hier, un pur instant de bonheur absolu.
Oui superbe soirée, orchestre fabuleux et Jansons dans son élément, mais il décline à vue d’œil. La France le découvre bien tardivement
La france a découvert Janson avant octobre 2019 ! Notamment car pendant quelques années il est venu au TCE avec la Bayerischen Rundfunk chaque année. Je me rappelle particulièrement une Turangalila symphonie inattendue mais fantastique.

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Re: Mariss Jansons - Weber/Beethoven/Chostakovitch - 31/10/2019 - Philharmonie de Paris

Message par titoschipa » 12 nov. 2019, 13:25

philipppe a écrit :
12 nov. 2019, 07:34
titoschipa a écrit :
01 nov. 2019, 21:42
HELENE ADAM a écrit :
01 nov. 2019, 08:55
Orchestre symphonique de la Radiodiffusion bavaroise
Mariss Jansons, direction
Rudolf Buchbinder, piano

31 octobre 2019


Carl Maria von Weber
Ouverture d'Euryanthe
Allegro marcato, con molto fuoco – Largo – Tempo primo, assai moderato
Composition : 1822-1823, à Dresde.
Dédicace : à Sa Majesté l’Empereur d’Autriche François Ier.
Création : le 25 octobre 1823, au Kärntnertortheater de Vienne,
sous la direction du compositeur.
Édition : partition de chant, Vienne, 1824 ; partition complète, Ernst Rudorff, Berlin, 1866.
Effectif : 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons – 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones – timbales – cordes.

Ludwig van Beethoven
Concerto pour piano et orchestre no 2 en si bémol majeur op. 19
I. Allegro con brio
II. Adagio
III. Rondo
Composition : commencée en 1788, remaniée jusqu’en 1801. Dédicace : à Charles Nickl de Nickelsberg.
Création : le 29 mars 1795, à Vienne, par le compositeur au piano. Édition: 1801.
Effectif : piano solo – flûte, 2 hautbois, 2 bassons – 2 cors – cordes.


Dmitri Chostakovitch
Symphonie no 10 en mi mineur op. 93
I. Moderato
II. Allegro
III. Allegretto
IV. Andante – Allegro
Composition : été-automne 1953.
Création : le 17 décembre 1953, à Saint-Pétersbourg (Leningrad),
sous la direction d’Evgueni Mravinski.
Effectif : 2 flûtes, piccolo, 2 hautbois, cor anglais, 3 clarinettes (la 3e piccolo), 2 bassons, contrebasson – 4 cors, 3 trompettes, 3 trombones, tuba – timbales, triangle, 2 tambours, cymbales, grosse caisse, tam-tam, xylophone – cordes.

Un concert exceptionnel ce jeudi soir à la Philhar, avec le retour d'un Mariss Jansons qui avait du annuler pas mal de ses prestations ces derniers mois pour soucis de santé et qui revenait avec cette oeuvre-monument de l'après guerre qu'est la 10ème de Chostakovitch à la tête de Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise.
Le maestro n'est plus tout jeune et quand il arrive sur scène pour l'ouverture d'Euryanthe, on ne peut s'empêcher de s'inquiéter à le voir marcher précautionneusement (mais sans aide) jusqu'à son estrade. Mais à peine a-t-il levé la baguette qu'il redevient le chef subtil et passionné qu'on admire depuis longtemps. Les signes de fatigue, il les réservera aux aller et retour entre les morceaux, quand il dirige, plus rien d'autre n'existe.
Et il n'y a guère que la PP aujourd'hui pour nous offrir des programmes aussi luxueux.
Même si la première partie est moins originale et moins rare, c'est un plaisir d'entendre une ouverture d'Euryanthe (très beethovénienne) flamboyante et colorée, avec un orchestre de la radio bavaroise, véritable orfèvre où chaque instrumentiste sait ciseler sa partie avec talent (ah ces cordes... quel soyeux, quelle beauté, c'est ainsi qu'il faut jouer Weber... :wink: ).
Le concerto pour piano n°2 de Beethoven n'est pas mon oeuvre préférée mais la complicité entre Rudolf Buchbinder (pas tout jeune lui non plus mais en grande forme aussi pour la musique) fait merveille. Le pianiste nous offre d'ailleurs un "bis" endiablé.

Mais c'est la "Dixième" qui constitue le morceau de choix. Et pour cause, c'est l'une des pièces maitresse d'un Chostakovitch alors en délicatesse avec le pouvoir soviétique de Joseph Staline. Sa "Neuvième" n'a pas été apprécié en haut lieu et une lettre écrite sur ordre de Jdanov avaient été publiée au sortir de la Guerre, en 1948, attaquant avec virulence la composition "dégénérée" des compositeurs les plus célèbres d'alors, notamment Chostakovitch et Prokofiev. Qualifiées de "formalistes", "d'anti-démocratiques", selon ses détracteurs parlant au nom du peuple soviétique et de ses supposés "goûts", les oeuvres, notamment les opéras et les symphonies. La lettre caractérise ainsi cette "musique" : "Cette musique se caractérise notamment par le rejet des principes fondamentaux du classicisme, par l’apologie de l’atonalité, de la dissonance et de l’absence d’harmonie, présentées comme l’expression de l’innovation et du progrès dans l’évolution formelle de la musique, par l’abandon d’éléments musicaux aussi essentiels que la mélodie, et par des combinaisons sonores chaotiques et névrotiques, qui transforment la musique en cacophonie. »
Chostakovitch écrit une oeuvre sombre, pessimiste, bouleversante, d'où l'espoir peine à surgir. C'est l'année de la mort de Staline et c'est l'obsession du dictateur qui guide sa composition tout comme ses inquiétudes face au monde contemporain.
Jansons aime cette oeuvre passionnément car un tel monument attire forcément des sentiments extrêmes par sa puissance et sa démesure. La salle de la PP hier soir était figée dans un impressionnant silence (à peine ponctué par quelques toux entre les mouvements de la symphonie), comme saisi par la totale fusion entre le chef, les fantastiques instrumentistes (mention spéciale aux cuivres et au timbalier) et cette véritable cascade furieuse d'une musique qui semble ne connaitre aucune limite ni aucune frontière.
Et les "pianissimo" de l'allegro puis de l'andante précédant le final à proprement parler, sont autant de respirations que Jansons ménage avec la subtilité habituelle qui est la sienne pour conduire ensuite son orchestre à nouveau à la démesure du temps présent.
Certains, hier, découvraient Chostakovitch (il y a beaucoup de jeunes à la PP, c'est habituel). Ils en sont sortis comme pétrifiés.
Immense ovation.
Il ne fallait pas rater le BRSO, Jansons et Chosta, hier, un pur instant de bonheur absolu.
Oui superbe soirée, orchestre fabuleux et Jansons dans son élément, mais il décline à vue d’œil. La France le découvre bien tardivement
La france a découvert Janson avant octobre 2019 ! Notamment car pendant quelques années il est venu au TCE avec la Bayerischen Rundfunk chaque année. Je me rappelle particulièrement une Turangalila symphonie inattendue mais fantastique.
En ce qui me concerne je l'ai découvert à la fin des années 80 au palais des Congrès à Paris avec l'orchestre philharmonique de Léningrad!
Ma remarque valait par rapport aux autres pays (GB, Allemagne,Oslo,...) où il était apprécié dans les années 90, et bien avant la venue du BRSO au TCE!

marlyd
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Re: Mariss Jansons - Weber/Beethoven/Chostakovitch - 31/10/2019 - Philharmonie de Paris

Message par marlyd » 13 nov. 2019, 19:39

Vos messages me donnent l'impression d'avoir manqué un grand moment. Savez-vous si le concert a été enregistré ? J'ai trouvé l'enregistrement audio d'un concert légèrement antérieur avec le même programme symphonique et un concerto de Mozart. https://www.br-klassik.de/audio/2019102 ... h-100.html

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