Je viens d'écouter en replay sur BBC3 le Turridu/ Canio que Roberto Alagna vient de chanter au Met. C'est une splendeur !
Après son magnifique Calaf au ROH, me voilà de plus en plus "réconcilié" avec ce ténor dont je m'étais fortement désintéressé pendant sa longue période de difficultés vocales (grosso modo ce que j'appellerai la période "prises de rôle ratées à Orange", couplée à des Faust et Werther parisiens totalement inintéressants sur le plan dramatique).
Certes, il y a çà et là quelques duretés dans la voix, quelques derniers vestiges de sa longue traversée du désert vocal, mais la voix est redevenue lumineuse, le phrasé souple et long, la projection percutante, les couleurs variées et les nuances nombreuses, et surtout on retrouve un "interprète", ce qu'il avait oublié d'être depuis une grosse décennie. Il ne cherche plus à "réussir" tel ou tel aigu, à produire du son, mais il compose un personnage, souvent décalé par rapport à la tradition d'ailleurs - et c'est tant mieux-. On est loin, ici, des Turridu ou Canio excessivement mélo, ce qu'il fait est très touchant.
Si vous réussissez à vous procurer un autre Replay quelque part n'hésitez pas à l'écouter, c'est absolument splendide, et surtout étonnant d'originalité.