Placido Domingo
Posté : 07 oct. 2015, 17:30
Plusieurs fils ont été ouverts sur Placido Domingo, ses enregistrements, sa carrière en France, sa tessiture, son activité de chef d'orchestre, ses problèmes de santé... Mais je constate avec surprise qu'il n'existe aucun fil général dans la rubrique Artistes.
J'ai fait cette recherche après avoir vu une vidéo récemment diffusée de la cérémonie des prix "Goldene Deutschland 2015" qui a eu lieu le 26 juillet dernier au théâtre Cuvilliés de Munich. Au cours de cette cérémonie Domingo a reçu un prix pour l'ensemble de sa carrière. C'est Jonas Kaufmann qui a prononcé son éloge. Je ne sais si je peux citer le lien à cette vidéo privée, mais je peux citer la traduction que j'ai faite pour un autre site du discours de Kaufmann (traduction qui n'est pas intégrale mais partiellement résumée) :
"Quand je chante comme maintenant [il vient de chanter un air du "Paganini" de Lehar] un air ou un opéra entier et que des milliers de personnes m'écoutent, parfois même des millions quand c'est retransmis dans le monde entier, je ne suis pas du tout nerveux, mais quand je me tiens ici pour faire un discours en l'honneur de ce modèle quasi-divin qui est assis là au 1er rang, je suis extrêmement nerveux.
Donc, mon cher Placido, par quoi commencer. Peut-être par ce compliment qu'on ne peut éviter à partir d'un certain stade de la carrière : je vous admirais déjà quand j'étais enfant. Il vaudrait mieux l'éluder mais dans ce cas particulier ce serait criminel de ma part de ne pas mentionner que tu règnes sur la vie musicale depuis 50 ans : 48 ans à Vienne et au Met, 50 ans bientôt au festival de Salzbourg. Donc oui, je t'admirais déjà quand j'étais enfant".
Sur quoi Jonas évoque la collection de disques de ses parents, une cassette de sa grand-mère avec "Granada" "Du bist mein ganzes Herz" etc, écoutée et réécoutée jusqu'à ce qu'elle soit hors d'usage. Puis il rappelle une fois de plus le choc du 1er concert des 3 ténors à Rome à l'occasion de la coupe du monde de football.
Il rappelle aussi qu'en 1976 par ex. Domingo n'avait pas enregistré moins de 9 intégrales d'opéra, sans parler des concerts et représentations sur scène. Il avoue qu'il n'en va pas de même pour lui, qu'il n'a sans doute pas cet incroyable flot de force et d'énergie. Il tente aussi de décrire cette voix "incroyablement belle, ronde, barytonale, chaude, et cette passion quand il chante, ce feu, cette énergie. Qui pourrait encore dans un âge avancé chanter Tristan comme Domingo l'a fait dans l'enregistrement dirigé par Pappano ?".
Ce qui l'a toujours fasciné aussi c'est ce "quelque chose" qui caractérise les grands artistes, ce charisme. Ce que ça signifie il ne l'a compris qu'en voyant Placido dans Parsifal à Bayreuth : "il est entré et soudain une vague d'énergie a envahi la scène, c'était comme si un film en noir et blanc se transformait en un film en couleurs"
Et Jonas conclut : "c'est phénoménal ce que tu nous a donné à tous, ce que tu as fait pour nous, ce que tu nous a appris (j'ai beaucoup beaucoup appris de toi). Il y a eu tant de moments magnifiques où nous pouvions et pouvons encore jouir, souffrir et être heureux avec toi. Pour tout cela et au nom de tous ceux que tu as comblés de tant de présents, je veux te dire un très sincère merci"
Domingo, visiblement ému, répond en anglais en renvoyant à Kaufmann ses compliments, puis en déclarant qu'il est particulièrement heureux de recevoir cette récompense car il a toujours pensé qu'en Allemagne, et aussi en Autriche, on prenait au sérieux la musique en général et l'opéra en particulier, et que le public allemand avait toujours été loyal et chaleureux avec lui.
Après quoi le présentateur demande si les 2 ténors ne pourraient pas chanter un petit quelque chose ensemble. Domingo commence par décliner, invoquant un concert en plein air qu'il avait donné la veille au soir. Mais finalement il cède et chante en duo avec JK (en précisant qu'il lui laisse la partie la plus difficile) et avec micros "Dein ist mein ganzes Herz". Bien sûr standing ovation.
La soirée s'achève un peu plus tard par le brindisi de la Traviata interprété par Kaufmann et Diana Damrau (qui avait reçu le prix de chanteuse de l'année), Domingo toujours présent sur scène. Brindisi repris par les autres lauréats et le public dans une ambiance festive
J'ai fait cette recherche après avoir vu une vidéo récemment diffusée de la cérémonie des prix "Goldene Deutschland 2015" qui a eu lieu le 26 juillet dernier au théâtre Cuvilliés de Munich. Au cours de cette cérémonie Domingo a reçu un prix pour l'ensemble de sa carrière. C'est Jonas Kaufmann qui a prononcé son éloge. Je ne sais si je peux citer le lien à cette vidéo privée, mais je peux citer la traduction que j'ai faite pour un autre site du discours de Kaufmann (traduction qui n'est pas intégrale mais partiellement résumée) :
"Quand je chante comme maintenant [il vient de chanter un air du "Paganini" de Lehar] un air ou un opéra entier et que des milliers de personnes m'écoutent, parfois même des millions quand c'est retransmis dans le monde entier, je ne suis pas du tout nerveux, mais quand je me tiens ici pour faire un discours en l'honneur de ce modèle quasi-divin qui est assis là au 1er rang, je suis extrêmement nerveux.
Donc, mon cher Placido, par quoi commencer. Peut-être par ce compliment qu'on ne peut éviter à partir d'un certain stade de la carrière : je vous admirais déjà quand j'étais enfant. Il vaudrait mieux l'éluder mais dans ce cas particulier ce serait criminel de ma part de ne pas mentionner que tu règnes sur la vie musicale depuis 50 ans : 48 ans à Vienne et au Met, 50 ans bientôt au festival de Salzbourg. Donc oui, je t'admirais déjà quand j'étais enfant".
Sur quoi Jonas évoque la collection de disques de ses parents, une cassette de sa grand-mère avec "Granada" "Du bist mein ganzes Herz" etc, écoutée et réécoutée jusqu'à ce qu'elle soit hors d'usage. Puis il rappelle une fois de plus le choc du 1er concert des 3 ténors à Rome à l'occasion de la coupe du monde de football.
Il rappelle aussi qu'en 1976 par ex. Domingo n'avait pas enregistré moins de 9 intégrales d'opéra, sans parler des concerts et représentations sur scène. Il avoue qu'il n'en va pas de même pour lui, qu'il n'a sans doute pas cet incroyable flot de force et d'énergie. Il tente aussi de décrire cette voix "incroyablement belle, ronde, barytonale, chaude, et cette passion quand il chante, ce feu, cette énergie. Qui pourrait encore dans un âge avancé chanter Tristan comme Domingo l'a fait dans l'enregistrement dirigé par Pappano ?".
Ce qui l'a toujours fasciné aussi c'est ce "quelque chose" qui caractérise les grands artistes, ce charisme. Ce que ça signifie il ne l'a compris qu'en voyant Placido dans Parsifal à Bayreuth : "il est entré et soudain une vague d'énergie a envahi la scène, c'était comme si un film en noir et blanc se transformait en un film en couleurs"
Et Jonas conclut : "c'est phénoménal ce que tu nous a donné à tous, ce que tu as fait pour nous, ce que tu nous a appris (j'ai beaucoup beaucoup appris de toi). Il y a eu tant de moments magnifiques où nous pouvions et pouvons encore jouir, souffrir et être heureux avec toi. Pour tout cela et au nom de tous ceux que tu as comblés de tant de présents, je veux te dire un très sincère merci"
Domingo, visiblement ému, répond en anglais en renvoyant à Kaufmann ses compliments, puis en déclarant qu'il est particulièrement heureux de recevoir cette récompense car il a toujours pensé qu'en Allemagne, et aussi en Autriche, on prenait au sérieux la musique en général et l'opéra en particulier, et que le public allemand avait toujours été loyal et chaleureux avec lui.
Après quoi le présentateur demande si les 2 ténors ne pourraient pas chanter un petit quelque chose ensemble. Domingo commence par décliner, invoquant un concert en plein air qu'il avait donné la veille au soir. Mais finalement il cède et chante en duo avec JK (en précisant qu'il lui laisse la partie la plus difficile) et avec micros "Dein ist mein ganzes Herz". Bien sûr standing ovation.
La soirée s'achève un peu plus tard par le brindisi de la Traviata interprété par Kaufmann et Diana Damrau (qui avait reçu le prix de chanteuse de l'année), Domingo toujours présent sur scène. Brindisi repris par les autres lauréats et le public dans une ambiance festive