Message
par paco » 17 mars 2007, 11:11
tout à fait d'accord sur le fait que pour prendre goût à l'opéra il est impératif d'aller sur place. Le DVD est soporifique pour un néophyte (à vrai dire pour un amateur éclairé aussi...).
L'ambiance de la salle, la respiration des interprètes, l'électricité du spectacle, etc..., tout ceci est indispensable pour mordre et s'intéresser à ce qui se passe.
Pour le reste, il y a jeune et jeune. Jusqu'à l'adolescence, Mozart est un peu difficile (récitatifs), sauf peut-être la Flûte Enchantée.
Personnellement j'ai débuté à l'âge de 7 ans avec les Vêpres Siciliennes de Verdi, mais ce n'est pas forcément l'idéal, et rétrospectivement je pense que j'ai été bcp plus fasciné ce soir-là par les dorures de Garnier et les bravi qui saluaient Domingo et Arroyo... (l'amphi de Garnier tremblait de partout, un vrai stade de foot...).
J'ai souvent emmené des "jeunes" pour la 1ere fois à l'opéra. Quel que soit l'âge, Verdi plait à tous les coups, c'est parfait pour débuter : c'est concis, dynamique, électrisant. J'en dirais autant de certains Puccini, comme par exemple Tosca (curieusement La Bohême "passe" moins bien).
Cependant, j'ai aussi remarqué que dans la tranche 15-25 ans le XXe siècle séduit énormément, du moins certains ouvrages avec une action proche d'un scénario cinématographique. Je pense notamment à Cardillac, Katya Kabanova, Jenufa, Peter Grimes, Streetcar named desire, ...
Je dirais en résumé que pour débuter il faut :
- un spectacle pas trop long (3h y compris entracte)
- un livret riche en actions et rebondissements (Wagner est rhédibitoire pour un débutant...)
- une histoire qui nous parle, et dont le texte du livret, le style de la langue, ne soient pas complètement datés (de ce point de vue Faust a bcp de handicaps avec ses e muets et ses niaiseries stylistiques çà et là)
- une mise en scène qui "joue le jeu". Peu importe qu'il y ait transposition à notre époque ou non, mais il faut que ça bouge, qu'il y ait décors et costumes. N'oublions pas que la jeune génération est abreuvée d'Hollywood et ses effets spéciaux, une mise en scène minimaliste comme les adorent les metteurs en scène contemporains (genre une table et dix chaises...) ne leur parle pas du tout
- une construction dramaturgique bien foutue, avec crescendo dramatique. De ce point de vue, Verdi est idéal, mais également certains Janacek, Puccini, Donizetti, Tchaikowski, ...
- des chanteurs qui soient aussi de très bons acteurs (du genre Villazon, Uria-Monzon, Florez, Dessay, Antonacci, Domingo, Degout, etc...). Le style ténor la main sur la poitrine les yeux rivés sur le chef ne passe plus du tout auprès des 15-25...
- bref, il faut du spectacle !