H. Lacombe, Francis Poulenc (Fayard, 2013)

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JdeB
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H. Lacombe, Francis Poulenc (Fayard, 2013)

Message par JdeB » 07 févr. 2013, 15:17

LACOMBE, Hervé, Francis Poulenc, Paris, Fayard, 2013, 1103 pages.

Francis Poulenc est né à Paris, le 7 janvier 1899 « à quelques mètres de l’Elysée », dans une famille d’industriel de la chimie (Rhône-Poulenc) qui « baignait dans la folie de la musique et du théâtre » (Paul Guth). Les premières pages du livre sont consacrées à l’ascension de cette dynastie de grands bourgeois alliés par mariage à des aristocrates, les Baduel d’Oustrac (p. 15) dont Stéphanie d’Oustrac descend. L’auteur y révèle l’existence d’enfants du couple Poulenc morts très jeunes (p. 16), l’acte de baptême de Francis (p 17).

Le futur compositeur fréquente dès sa plus tendre enfance les artistes. Et non des moindres. « Elevé sur les genoux d’Edmond Clément », le grand ténor de l’époque (p. 24), un ami intime de son oncle, le jeune Francis rêve de devenir à son tour chanteur d’opéra (p. 26) et hante la salle Favart. Mais c’est par le biais du piano, dès l’âge de 4 ans, qu’il devient musicien. Sept ans plus tard, la découverte du Voyage d’hiver est un choc pour lui (p. 30). Parmi les autres événements musicaux qui le marquent, citons un concert de Maggie Teyte accompagnée au piano par Debussy lui-même (p. 28) et quelques années plus tard, la création mondiale de Mavra de Stravinsky en juin 1922 (p. 250).
Il est dévoré très tôt par trois autres passions : la littérature (des classiques aux avant-gardes qu’il découvre dans la mythique librairie d’Adrienne Monnier), la peinture ( il se rend très souvent à la galerie Bernheim »), et, à la suite de son père, la photographie (p. 19).
Toute sa vie, il évolue dans les milieux artistiques les plus prestigieux (Picasso, Prokofiev, Cocteau, Satie, …), dans les salons les plus chics (Polignac, Noailles, Beaumont, …) tout en allant assidûment dans les guinguettes et dans toutes les salles de music-hall. A partir de 1949, il devient un fidèle du festival d’Aix où l’on joue ses œuvres, où il applaudit celles des autres (Mozart, Purcell, Britten) et où il donne des conférences. Lors d’une tournée aux USA en 1950, il rencontre Barber, Stravinsky, Landowska (qui lui demande de lui parler de Colette), Lotte Lehmann et Horowitz avant d’assister à une représentation du Consul de Menotti.
Tous ses réseaux d’amis, de collaborateurs, de confrères et de relations mondaines sont cultivés selon une « stratégie de sympathie » (p. 305) dont le domaine de Noizay, près d’Amboise, est le centre.
Cette nouvelle biographie donne force détails sur tout (on trouvera même le relevé exhaustif de ses notes au lycée Condorcet et le numéro de la loge qu’il occupa lors de la générales des Mamelles p. 583) et éclaire parfaitement l’activité de pianiste de concert et d’accompagnateur (de Pierre Bernac puis de Denise Duval) de Poulenc.
Si le fort volume de lettres et d’écrits réunis chez le même éditeur en octobre 2011 sous le titre « J’écris ce qui me chante » ne comportait aucune révélation sur sa vie privée (très secret sur le sujet, Poulenc s’était contenté d’avouer sa fascination pour un camarade de lycée, champion de boxe…), Hervé Lacombe nous présente ses principaux amants dont le peintre Robert Chanlaire (par le biais de lettres inédites) et sa fille cachée…
A cette abondance de faits nouveaux mis à jour s’ajoutent un esprit de synthèse (« les pôles de sa vie » p. 358), une finesse psychologique et des qualités dans l’analyse musicales qui font de cet ouvrage une somme sur l’art et la vie d’un artiste qui ne cesse d’être joué, chanté et redécouvert partout dans le monde quarante ans après sa mort.

Jérôme Pesqué
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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