Répertoire comparé de grandes maisons d'opéra

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Re: Répertoire comparé de grandes maisons d'opéra

Message par elisav » 30 mai 2016, 19:28

Stefano P a écrit :
elisav a écrit :Les Italiens préfèrent de loin Verdi à Puccini.
Puisqu'il s'agit de statistiques, il faut aussi considérer l'aspect quantitatif : Verdi, c'est une quarantaine d’œuvres, et Puccini une douzaine !
Sans doute. Mais la logique n'explique pas tout.
Si la logique y était pour quelque chose, Puccini (avec une douzaine de titres) ne constituerait pas 28% (!) des représentations du Met, contre 8.5%, en tout et pour tout, pour 3 siècles d'opéra français (dont 6% pour Carmen, sur 2 titres joués). Pareillement, si la logique y était pour quelque chose, on n'aurait pas 23.4% de Puccini à La Scala, contre 3% pour 3 siècles d'opéra français (1 seul titre: Carmen, bien sûr).

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Re: Répertoire comparé de grandes maisons d'opéra

Message par David-Opera » 30 mai 2016, 19:38

elisav a écrit :
Stefano P a écrit :
elisav a écrit :Les Italiens préfèrent de loin Verdi à Puccini.
Si la logique y était pour quelque chose, Puccini (avec une douzaine de titres) ne constituerait pas 28% (!) des représentations du Met, contre 8.5%, en tout et pour tout, pour 3 siècles d'opéra français (dont 6% pour Carmen, sur 2 titres joués). Pareillement, si la logique y était pour quelque chose, on n'aurait pas 23.4% de Puccini à La Scala, contre 3% pour 3 siècles d'opéra français (1 seul titre: Carmen, bien sûr).
Il faut diviser les % de Puccini par 2. Car, une fois placés ses opéras dans les premiers 50%, il n'y a quasiment plus rien au delà.

Donc Puccini est plutôt autour de 12 à 14%, alors que Verdi a de la réserve, et au MET et à la Scala, il représente plutôt 20%.

Mais il est vrai que le répertoire français se situe entre 5% et 7% hors France et Belgique, et c'est surtout Carmen qui fait le boulot, si je puis dire ainsi...
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Re: Répertoire comparé de grandes maisons d'opéra

Message par Stefano P » 30 mai 2016, 19:43

David-Opera a écrit :Ça, c'est du même niveau que Lissner ne reconnaissant pas Norma. :wink:
Verdi, c'est 28 opéras.
J'avais aussi en tête les remaniements de certains opéras (Vêpres / Vespri, Don Carlos / Don Carlo) et je n'ai pas couru sur Wikipédia pour recompter (je n'ai pas autant que toi la passion effrénée des chiffres et des statistiques). De toute façon, cela ne change rien au fond : ce que je voulais dire, c'est que quantitativement, Verdi, c'est presque trois fois plus de titres que Puccini et qu'il n'est donc pas évident d'affirmer en se basant sur des statistiques que "Les Italiens préfèrent de loin Verdi à Puccini"...

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Re: Répertoire comparé de grandes maisons d'opéra

Message par David-Opera » 30 mai 2016, 20:24

Stefano P a écrit : De toute façon, cela ne change rien au fond : ce que je voulais dire, c'est que quantitativement, Verdi, c'est presque trois fois plus de titres que Puccini et qu'il n'est donc pas évident d'affirmer en se basant sur des statistiques que "Les Italiens préfèrent de loin Verdi à Puccini"...
Oui, j'avais bien compris. Les italiens préfèrent d'abord leur répertoire national.
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Re: Répertoire comparé de grandes maisons d'opéra

Message par paco » 30 mai 2016, 23:29

Si tu as accès aux archives, je pense que sur la même période années 70- 2015 c'est le Mariinski qui doit battre le record de la diversité de répertoire, à la fois en nombre de titres (il y a grosso modo 1 titre différent par soir, la plupart n'étant repris que 2 ou 3 fois dans la saison) et en "originalité" (on y voit des oeuvres totalement absentes des scènes occidentales, notamment de nombreux Rimsky).

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Re: Répertoire comparé de grandes maisons d'opéra

Message par JdeB » 31 mai 2016, 08:08

Je rappelle les Actes de notre colloque sur Le Répertorie de l'Opéra de Paris (1671-2009) : analyse et interprétation, sous la direction de M. Noiray et de S. Serre, Paris, Editions de l'Ecole des Chartes, 2011, 400 pages.

L’Opéra de Paris, loin de l’uniformité qui règne aujourd’hui entre tous les opéras du monde, a longtemps fait cavalier seul : en jouant majoritairement des œuvres anciennes, en se refusant aux langues étrangères, en cultivant jalousement sa propre tradition. Les études réunies ici explorent les principales options qui structurent son répertoire pendant plus de trois siècles : l’ancien et le nouveau, l’équilibre entre opéra et ballet, l’inclusion progressive d’autres genres et d’autres styles, la montée en puissance de la mise en scène. Ce répertoire forme un continent en grande partie englouti, mais il suffit d’en chercher la problématique sous-jacente pour qu’il nous apparaisse sous un jour étrangement familier.

Sommaire.

Michel Noiray et Solveig Serre, Introduction –

Mario Armellini, Opéra pour la monarchie, opéra pour la république : Paris et Venise à l’époque de Lully –

Maud Pouradier, Le répertoire. Enjeux musicaux d’une notion théâtrale (1680-1840) –

Herbert Schneider, L’Histoire de l’Académie royale de musique en France de Durey de Noinville et Travenol : conception et contexte éditorial –

Jérôme Pesqué, La carrière de six ouvrages lyriques tirés de la Jérusalem délivrée à l’Opéra de Paris (1686-1913). Lully, Campra, Desmarets, Gluck, Sacchini et Persuis –

Hugh Macdonald, Bizet’s asparations to the Opéra –

Florence Poudru, Les tournées du Ballet de l’Opéra de Paris au temps de Lifar (1930-1958) –

Cécile Auzolle, Les créations lyriques à l’Opéra de Paris entre 1945 et 1955 –

Mark Darlow, The repertory of the Paris Opéra, 1789-1799 –

David Chaillou, L’Opéra de Paris à l’épreuve du pouvoir impérial (1804-1814) –

Vincent Giroud, Le répertoire du docteur Véron (1831-1835) –

Jann Pasler, « The question of opera » in the early Third Republic : national luxury or public good ? –

Matthias Auclair et Aurélien Poidevin, Jacques Rouché, de l’Opéra de Paris à la Réunion des théâtres lyriques nationaux (191-1945) : le directeur, le répertoire et l’institution –

Philippe Agid, Le répertoire de l’Opéra national de Paris de 1995 à 2004 –

Rebecca Harris-Warrick, Le prologue de Lully à Rameau –

Sylvie Bouissou, Les versions multiples des opéras de Rameau et le concept d’authenticité –

Françoise Dartois-Lapeyre, La danse et la notion de nouveauté dans le répertoire de l’Opéra au XVIIIe siècle –

Jean-Claude Yon, L’Opéra au XIXe siècle : un répertoire original ?

Hélène Laplace-Claverie, Le répertoire chorégraphique de l’Opéra entre 1870 et 1914 : décadence ou transition ? –

Claire Paolacci, Le renouveau chorégraphique de l’Opéra sous l’ère Jacques Rouché –

Sylvie Jacq-Mioche, L’évolution du répertoire chorégraphique de l’Opéra de Paris depuis 1950 –

Emmanuel Pedler, L’impossible retour du grand opéra français ? –

Nicole Wild, La question de la mise en scène à l’époque du grand opéra –

Marian Smith, Ballet at the Opéra : frequency of performance, scene types shared with opera –

Isabelle Moindrot, Le répertoire au fil du temps, du Romantisme à 1914 : création, remises, reprises –

Karine Boulanger, Reprises, nouvelles productions et créations : la mise en scène à l’Opéra de Paris sous la direction d’André Messager et Leimistin Broussan (1908-1914) –

Jorge Lavelli, Mettre en scène à l’Opéra de Paris (1975-2005) –propos recueillis par Jérôme Pesqué

Michel Noiray et Solveig Serre, Le répertoire de l’Opéra de Paris : grille d’analyse.
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Répertoire comparé de grandes maisons d'opéra

Message par PlacidoCarrerotti » 31 mai 2016, 09:13

Par ailleurs, la Monnaie joue (fort bien) sur un marché de niche.

Avec ses moyens financiers, ce théâtre serait bien incapable de donner des représentations lyriques aux standards musicaux des grandes capitales européennes. J'y vais occasionnellement (et je ne les remercierai jamais assez pour les splendides Huguenots et le magnifique Hamlet), mais j’ai été abonné deux saisons à l’époque de Mortier et j’ai fini par arrêter, essentiellement (*) parce que le niveau musical était insuffisant. Peu m'importe que Manrico et Azucena soient attachés l'un à l'autre par une corde symbolisant le cordon ombilical quand ce sont des Mauro et Budai chantant atrocement faux !

Grâce à Gerard Mortier (parce que c’était lui, parce que c’était eux), la Monnaie a trouvé un positionnement différent : une plus grande diversité du répertoire, davantage d’opéras contemporains, moins de grands tubes, des productions en rupture. Quelque part, nécessité a fait loi et c'était un coup de génie.

Tout l’intérêt de la Monnaie est dans ce positionnement : si demain toutes les scènes internationales se mettaient à afficher tous les soirs Wozzeck avec Domingo, Die Soldaten avec Stemme et dans des productions trash, ce qui fait l’unicité de ce théâtre disparaitrait.
Le second effet « Kiss-Cool », c’est un public passionné et fidèle d’autant qu’il se sent valorisé par cette proposition (un peu comme l’ado qui a acheté un Apple et qui regarde avec commisération ses potes qui ont un vulgaire PC). Le fidèle de la Monnaie, sait qu'il fait partie d'une élite : paradoxalement, la pire chose qui pourrait lui arriver, c’est que tous les théâtres soient comme celui-ci.

(*) En plus, il fallait se coltiner le voyage avec les autres abonnées, tous plus pédants et vaniteux les uns que les autres.J’en avais revu un à une présentation de saison à l’AROP : il avait demandé à GM s’il allait « reprendre la magnifique production de Saint François donné au festival de la Ruhr. Alors qu’il toisait la salle, fier de son effet, un autre invité avait rebondit avec « Ah oui, c’était un spectacle magnifique ! ». Le premier avait jeté un regard noir au second, c’était magique !
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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Re: Répertoire comparé de grandes maisons d'opéra

Message par JdeB » 31 mai 2016, 09:37

PlacidoCarrerotti a écrit :Par ailleurs, la Monnaie joue (fort bien) sur un marché de niche.

Avec ses moyens financiers, ce théâtre serait bien incapable de donner des représentations lyriques aux standards musicaux des grandes capitales européennes. J'y vais occasionnellement (et je ne les remercierai jamais assez pour les splendides Huguenots et le magnifique Hamlet), mais j’ai été abonné deux saisons à l’époque de Mortier et j’ai fini par arrêter, essentiellement (*) parce que le niveau musical était insuffisant. Peu m'importe que Manrico et Azucena soient attachés l'un à l'autre par une corde symbolisant le cordon ombilical quand ce sont des Mauro et Budai chantant atrocement faux !

Grâce à Gerard Mortier (parce que c’était lui, parce que c’était eux), la Monnaie a trouvé un positionnement différent : une plus grande diversité du répertoire, davantage d’opéras contemporains, moins de grands tubes, des productions en rupture. Quelque part, nécessité a fait loi et c'était un coup de génie.

Tout l’intérêt de la Monnaie est dans ce positionnement : si demain toutes les scènes internationales se mettaient à afficher tous les soirs Wozzeck avec Domingo, Die Soldaten avec Stemme et dans des productions trash, ce qui fait l’unicité de ce théâtre disparaitrait.
Le second effet « Kiss-Cool », c’est un public passionné et fidèle d’autant qu’il se sent valorisé par cette proposition (un peu comme l’ado qui a acheté un Apple et qui regarde avec commisération ses potes qui ont un vulgaire PC). Le fidèle de la Monnaie, sait qu'il fait partie d'une élite : paradoxalement, la pire chose qui pourrait lui arriver, c’est que tous les théâtres soient comme celui-ci.

(*) En plus, il fallait se coltiner le voyage avec les autres abonnées, tous plus pédants et vaniteux les uns que les autres.J’en avais revu un à une présentation de saison à l’AROP : il avait demandé à GM s’il allait « reprendre la magnifique production de Saint François donné au festival de la Ruhr. Alors qu’il toisait la salle, fier de son effet, un autre invité avait rebondit avec « Ah oui, c’était un spectacle magnifique ! ». Le premier avait jeté un regard noir au second, c’était magique !
Oui, élément fondamental que cette distinction entre saison constituée de nombreuses reprises et des saisons avec un maximum de NP.
Ce qui, selon moi, fait que La Monnaie appartient au même groupe que nos grands Opéras de province (Lyon, Strasbourg + Montpellier).
A Montpellier, en 25 ans, il n'y a eu qu'une seule production reprise, celle mythique d'Atys dont cette maison était coproductrice dès le départ de l'aventure, et l'accent mis sur des raretés, sur Mozart et ses contemporains, sur le répertoire allemand, sur le XX ième siècle et peu de Puccini finalement mais La Fanciulla

Ensuite, oui, à la La Monnaie, comme à l'ONR, on ne peut pas avoir grands metteurs en scène et grandes voix à ce niveau de budget
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Re: Répertoire comparé de grandes maisons d'opéra

Message par David-Opera » 31 mai 2016, 11:37

PlacidoCarrerotti a écrit :Pour le Met, sur la période 1973 à aujourd'hui, je compte 169 titres différents (en incluant par exemple Roberto Devereux et Les Pêcheurs de Perles qui n'apparaissent pas encore dans les statistiques) et 188 pour l'ONP.
Le répertoire du Met est inférieur de 10% à celui de l'ONP : ce n'est pas le Pérou.
Le comparatif complet de septembre 1973 à juillet 2017.
En vert, les œuvres jouées dans un théâtre mais pas dans l'autre.

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Re: Répertoire comparé de grandes maisons d'opéra

Message par PlacidoCarrerotti » 31 mai 2016, 13:52

Je dois être bigleux mais je ne vois pas Mefistofele dans la liste du Met ?!?
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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