Soirée nostalgie ce soir dans la grande salle de l'UGC Normandie à Paris (865 fauteuils !), fort bien remplie, avec cette Tosca presque mythique.
Cela faisait quelques temps que je ne l'avais pas revue, de l'eau a coulé sous les ponts et les deux héros ont eu quelques mésaventures ensemble depuis lors, dans cette même oeuvre, mais à l'époque, ROH 2011, tout baigne.
Cette mise en scène de Kent a bien des qualités d'ailleurs (dont celle d'être consensuelle) et notamment, une excellente direction d'acteurs (au service d'excellents interprètes) et fourmille de tas de détails que l'on ne voyait pas forcément depuis la salle : le bureau en désordre de Scarpia, les bouquins par terre et sa bibliothèque vide ou en trompe-l'oeil qui ne sert qu'à dissimuler l'entrée de la chambre de tortures, les multiples bougies à des stades divers ou les ailes de l'ange qui noircissent soudain un ciel étoilé au dessus du toit du château quand Mario meurt. Beaucoup de mouvements, beaucoup de gestes utiles et importants, une interaction assez impressionnante entre tous les rôles (y compris les plus petits), bref c'était de la très belle ouvrage qui n'a pas vieilli.
Cavaradossi et Tosca d'une beauté à rendre jaloux tous les autres, Scarpia d'une noirceur vulgaire extrême, le contraste est saisissant, lui aussi se retrouve avec plaisir.
Angela Gheorghiu a ses limites en Tosca mais elle donne tout malgré la présence un peu écrasante des deux autres dont la complicité est manifeste. Kaufmann offre l'un de ses premiers Cavaradossi avec ses nuances, sa subtilité mais aussi ses beaux moments "forte" et son sens des contrastes soudains. Terfel joue tellement bien qu'on en oublie les petites imperfections de son chant. Et en fait, globalement, tout ceci se tient fort bien, l'émotion y est, la beauté aussi... et l'harmonie.
Pappano très en forme, l'orchestre aussi.
Pas sûr qu'on ait fait une meilleure captation depuis celle-ci. En tous cas ce n'est pas par hasard qu'Alain Duault, grand ordonnateur des programmes de Viva l'Opéra, l'ait choisie pour fêter les 10 ans de l'initiative des salles UGC.
Et pourtant à l'époque, les critiques avaient fait plutôt la fine bouche...
Encore à l'affiche le 14 novembre, voir les salles....